Nous nous réveillons de bonne heure, mais attendons 7h30 pour nous lever. Après les rituels du matin, nous préparons les sacs pour la journée.
Le vent continue de souffler, et les sommets se dégagent peu à peu. En suivant la rivière Dibidil, sur un terrain hors sentier, toujours aussi marécageux, nous progressons lentement vers le col Bealach on oir. En approchant le col, le vent devient de plus en plus violent, au point qu’il devient un allier, nous poussant dans la pente ascendante, sur le sentier difficile. Au sommet, la pluie nous rattrape, et nous sortons les ponchos afin de protéger les sacs.
Nous descendant sur une pente bien prononcée, et rejoignons la large vallée, au milieu de laquelle coule une importante rivière. Un mammouth surgit devant nous, dans cette immense steppe sauvage, ou bien est-ce le fantôme de Yukagir, retrouvé dans un état remarquable à l’extrême nord de la Sibérie. Il ne s’agit pas d’une hallucination, mais simplement d’une évocation, tant cette terre tient des allures de paysages sortis des livres d’histoire. Nous traversons, les chaussures emplies d’eau, nous enfonçant dans le sol spongieux de tourbe, jusqu’à atteindre une encolure qui nous donne vue sur l’océan.
En franchissant un gué, pour atteindre une habitation, je me retourne lorsque j’entend un cri : je vois alors Vincent étendu dans l’eau. Son pied a glissé sur une pierre, mais il est sauvé du bain par son poncho, et sort du lit de la rivière sans bobo. Lorsque Steph parle avec les deux filles présentes dans la maison- probablement des étudiantes en science- elles l’informent qu’un avis de tempête est annoncé pour la nuit, et nous déconseillent de planter la tente. Harris devait être notre lieu de bivouac, et nous nous retrouvons contraints de repartir pour Kinloch. Nous empruntons la piste 4*4, laissant derrière nous une côte déchirée, aux allures de Bretagne. La pluie nous escorte depuis le col, et le vent souffle violemment, nous déportant par rafale.
Une halte déjeuner, rapide, nous donne l’énergie pour continuer. Nick, transi de froid, est maintenant sur pilotage automatique, et seul un mouvement mécanique de ses jambes, lui permet encore d’avancer. Les rafales nous poussent dans les montées, et malgré les conditions exécrables, le paysage n’en reste pas moins magnifique. Une vue de lacs, dominés par des sommets, éveille le souvenir du Connemara. En fin nous sortons des limites de la réserve naturelle, et rejoignons bientôt Kinloch. L’auberge du château est complète, et nous apprenons que le ferry du lendemain n’est pas certain de pouvoir naviguer, à cause des conditions météorologiques…peu importe, nous n’avons pas l’intention de repartir. Une heure et demi plus tard, lorsque l’épicerie du port ouvre, nous nous faisons indiquer un lieu pour dormir.
Ce soir encore, nous ne planterons pas la tente. C’est une petite maison blanche, octogonale, qui sera notre refuge de la nuit. A l’intérieur, une bibliothèque nous propose de nombreux ouvrages. Des chaises feront office de fil à linge, et il y a même un petit évier avec de l’eau. Un grand tapis nous servira de lit, sur lequel nous étendrons nos sacs de couchage. Après une journée très arrosée, la chaleur d’une soupe chaude nous apporte du réconfort…Nick semble sorti d’affaire !!