C’est durant la soirée pimentée par l’élimination au foot de la Pologne par l’Allemagne que nous préparâmes les bagages, après une folle semaine. Dès les premiers rayons le lendemain matin, nos neurones firent fi de l’heure avancée, comme si déjà dopées par les senteurs de résine et de chlorophylle des lointaines Fatra où nous avions jeté notre dévolu.
J’ai mis du temps avant de convaincre mon amie d’aller passer 4 jours dans cet endroit dont elle avait vaguement entendu le nom, pour ne pas dire jamais. Il faut dire que jusqu’à la fin de l’ère « socialiste », les pays de l’Est sont restés relativement coupés les uns des autres ; les Polonais partant en vacances dans un autre pays, et vice-versa, étaient rares, cela est encore profondément ancré dans les habitudes. Fatra ? C’est où ? » m’a-t-on dit au travail. Le comble des réponses auxquelles j’ai même eu droit :« Tu veux sûrement dire Tatras, pas Fatra … ».
Et pourtant, ce petit massif de moyenne montagne, presque-synonyme de son plus grand et illustre et voisin, fait partie intégrante de la même chaîne de montagne, juste au Sud des Beskides Polonaises de la région de Żywiec, à moins d’une heure de route passé la frontière (et ce pas tout droit…). Autant dire assez proche, plus que certaines autres montagnes Polonaises plus dépourvues d’intérêt ! Les Fatra présentent principalement des reliefs calcaires assez variés, stylistiquement à mi-chemin entre les plus hautes Beskides, et les reliefs modérés des Tatras Occidentales.
L’idée prit forme dès l’Automne dernier, lorsque nous randonnâmes vers le modeste dôme de Pilsko, sur la crête frontière dans les Beskides. Les Tatras pointaient fièrement au Sud-Est, comme prévu ; mais mon regard fut intrigué par ce regain de forme que prenait le relief dans sa continuité à l’Ouest, avant de s’éteindre définitivement dans la plaine de Moravie. Un mois plus tard, sur les sommets des Tatras Occidentales Polonaises, je m’émerveillai de voir la grosseur du reste de la chaîne, en Slovaquie ; mais je m’étonnai en même temps d’apercevoir dans la continuité d’autres sommets toujours plus loin, comme si les Tatras ne s’arrêtaient jamais, comme si l’on apercevait le Pic d’Anie depuis le département 65…. ce qui est théoriquement impossible, Dame Tatras étant loin d’avoir les mensurations de Pyrène.
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A la maison, puis à Empik, la principale librairie de Wroclaw, je décidai d’enquêter, toujours à l’affût de nouvelles cartes. Je mis un nom sur cette région, et je décidai d’aller plus loin en poursuivant mes recherches sur les Fatra sur le web. Bien évidemment, les investigations se resserrèrent progressivement autour de Rozsutec, la plus jolie montagne, située dans la zone des pics les plus hauts et les plus intéressants. L’épicentre de cette jolie région à visiter prit un nom en le village de Stefanova.
Afficher Mala Fatra sur une carte plus grande
Dès lors, j’enquêtai sur l’hébergement. Mais mis à part deux ou trois emails, qui me retournèrent des erreurs, rien ; absolument rien sur Stefanova. Rien non plus, à part quelques photos de mauvaise qualité, sur cet endroit mystérieux, apparemment un petit bled paumé. Je finis enfin par dénicher une carte scannée, où figurait un symbole « Camping », à l’intersection des 2 routes au centre de la vallée. A quoi bon m’évertuer à chercher, finis-je par me dire, et les recherches en restèrent là jusqu’au jour du départ.
Nous partîmes glacière et tente dans le coffre de la Clio, bourrée de vieilles couvertures pouvant faire office de matelas…