Camp 1 à Camp 3

Camp 1 à Camp 3 - Récit d'une expédition à l'assaut du sommet de l'Ama Dablam (6812m) au Népal réalisée en 1992 (Partie III)

Focus Rando :Camp 1 à Camp 3

J16 : Camp I à Camp II

Michel et Cathy restent au camp I. Cathy tousse, a mal à la gorge. Je pars en direction du CI avec : Eric, Pierre, Marie, Claude, Alain. Ça ne se passe pas trop mal. Ils trouvent cependant les sacs lourds, alors qu’ils ne font qu’un aller et retour. Tout le monde surmonte le mur avec plus ou moins de bonheur. Au camp II, je décide d’en garder deux avec moi. Pierre et Marie se décident à rester. Beaux moments de tranquillité… Les autres redescendent au CB.

J17 : Camp II à Camp III (6300 m)

Départ 9 h 30 à 10 h, le temps que les premiers rayons de soleil nous réchauffent. L’ambiance est très « grande course ». Pierre et Marie avancent lentement. Une large pente à 60° (mixte) mène sous la Tour Jaune sous laquelle on traverse vers la grande succession de pente de glace et de neige (50/55°) pour atteindre l’arête raide au début puis horizontale.

C’est là que l’équipement en cordes fixes prend fin. Il reste une centaine de mètres à équiper pour rejoindre le Camp III. Marie est très en retard, nous laissons les gros sacs avec Pierre pour équiper jusqu’au Camp III, ce qui se fait sans trop de problème vu les nombreux vestiges d’ancrages. Arrivés au plateau avec les cordes fixes, nous revenons sur nos pas, trouvons Marie qui continue, reprenons nos sacs, arrivons au Camp III dans la nuit et le vent, montons la tente et la déplaçons quelque temps après car des petits glaçons viennent la frapper depuis le haut. Nous taillons au piolet une plateforme à l’abri…

J18 : Camp III

Je monte équiper en corde fixe (il me reste 100 m) la belle pente de glace qui domine le Camp III jusqu’au sérac en « proue de navire ». C’est agréable ainsi de monter sous ces immenses tours de glace dans une lumière qu’on ne rencontre qu’ici (nombreux ancrages anciens, nous n’utilisons quasiment pas nos pieux et broches). Retour au Camp III où J.-Noël arrive, son sherpa  l’ayant abandonné, il redescend chercher sa tente. Pour vivre ici, il faut tout apporter et l’effort physique est parfois si important qu’il en fait craquer beaucoup. Il faut porter à la fois les choses nécessaires à sa survie en milieu hostile avec des écarts de T° de 30° à 40° entre la nuit et le jour – tente, sac de couchage, matelas, réchauds, nourriture, etc. – mais en plus le matériel nécessaire à l’équipement de la montagne pour la rendre plus accessible (cordes, broches, pieux, mousquetons, etc.).

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Hier, le sherpa nous a laissé 400 m de cordes fixes entre le Camp II et le Camp III. Aujourd’hui, un autre sherpa abandonne également. Nous nous installons sur la montagne avec J.-Noël. Pour assurer ensuite les « charters » quand elle sera équipée.

J19 : Camp III

Le vent continue à souffler (60/80 km/h) avec des T° de -10° à – 15°C. La vie dehors n’est possible qu’entre 10 et 15 h. Le reste du temps on congèle sur place. Pierre et Marie se reposent. Je vais récupérer les 2 rouleaux (2 x 200 m) de cordes fixes qui ont été abandonnés entre le Camp II et le Camp III et je remonte au camp récupérer. Vers 16 h, les Rolland arrivent et attaquent de suite sur le fait que mon sherpa n’avait pas de crampons. Gonflés ! Ils feraient mieux de « balayer devant leur porte ».Deux guides devraient déjà être au sommet en cordée alpine, ils attendent mine de rien qu’on tire le fil jusqu’au sommet. En fait, ils ont peur et ne veulent pas l’admettre. Je lui fais remarquer que même si mon sherpa n’avait pas de crampons, j’ai assuré son remplacement et je ne suis pas resté au camp de base à me reposer et à démoraliser les clients d’expé commerciale. Ils ont déjà pronostiqué que personne n’irait au sommet. Suit une bordée d’injures où je suis traité de guide sans palmarès. Que lui s’en fout de l’AMA DABLAM, qu’il n’est pas payé pour ça. Qu’il n’a plus 35 ans comme moi sic ! etc… etc…

J20 : Camp III à SOMMET

Enormément de vent ce matin, ce qui amène la T° réelle de – 10° C à une T° subjective de – 20° à – 30° C. Nous partons malgré tout vers le sommet à 3 tout en installant les cordes fixes. Je file en tête. Pierre et Peter (guide américain qui se greffe au dernier moment, ce qui est une bonne surprise) me démêlent les cordes fixes derrière, ce qui prend le plus de temps. Nous allons lutter contre le froid toute la journée et je garde quelques séquelles de gelures superficielles aux orteils (1er degré). Les ASOLO expé sont chaudes, mais les surbottes « Cartier » n’eussent pas été superflues. Les Rolland (de mauvais augure) restent tranquilles pour l’instant, ils trouvent qu’il fait trop froid. (Les conquérants du K2 !). Je suis tout à mon plaisir et à ma concentration de gravir en solo de grandes longueurs sur des pentes en glace, puis en neige de 45° à 55°, si bien que j’en oublie parfois le froid et le vent. Sortis des séracs, nous nous trouvons dans une belle pente terminale en « neige à bouts de pied », ce sont les « ice flutes », formation spécifique de ces altitudes. La neige est de bonne qualité, ce qui permet de franchir des pentes impressionnantes. Un dernier ancrage facile sur le petit rognon rocheux qui partage l’arête de la pente terminale. Puis quelques « corps morts » qui obligent à creuser une neige homogène qui offre peu de résistance. Ils nous manquent 100 m. Peter laisse une de ses cordes ainsi que les Canadiens qui précèdent. L’Ama Dablam est enfin ficelé de pied en cape et à 17 h nous sommes au sommet. Emotion, photos bien sûr avec le nounours mascotte de Pierre. Après avoir admiré les géants de la Terre, nous entamons la descente, rapide, c’est un plaisir de se laisser glisser sur les cordes que nous avons installées. En arrivant au Camp III, j’apprends que les Rolland n’ont pas supporté …le froid, ils sont redescendus ! Marie est restée à se reposer, elle ne se sentait pas bien. On se réfugie vite dans la tente pour se réchauffer les pieds exsangues.

Daniel Pétraud – Guide de Haute Montagne : Expédition & alpinisme dans les Alpes et dans le monde

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