Tu l’as voulu, tu y es

Tu l'as voulu, tu y es - Trek entre Kerlingarfjöll et Dreki

Focus Rando :Tu l’as voulu, tu y es

Réveil pas du tout matinal. Il y’a une fine pellicule de glace sur ma tente. Je comprends pourquoi je me suis bien pelé cette nuit. Premier petit déjeuner avec muesli à la façon de chez moi. Incapable de dire si c’en est un avec ou sans farine. Ce serait bon signe, sauf que je le trouve absolument infect. Mais je me force, c’est ça qui doit me tenir pour la journée. Les matins vont pas être gais tous les jours avec cette tambouille. Et ce matin également quelques mouches me tournent autour de la tête, me rappelant l’atroce souvenir de Myvatn l’an dernier. Un peu de vent pour les tenir à distance respectable toutefois.

 

Ma première grosse journée à venir. Une grosse vingtaine de kilomètres vers l’est donc par la piste nord dans le désert d’Illahraun. Vu comme j’ai été fringuant hier sur 10 km, je ne suis vraiment pas pressé de lever l’ancre. Donc tournage en rond. Un petit café à nouveau au refuge pour faire passer le goût de l’immonde mixture. Discussion avec les gardiennes. Elles m’indiquent où se trouve la source chaude de Kerlingarfjöll. Ce serait dommage de passer à côté. Elle est au fond du canyon à une petite demi-heure. Et c’est parti pour la source. Bien sûr à l’opposé de là où je dois aller mais ça vaut vraiment le coup, même si l’eau n’est pas très chaude. A poil et plouf, c’est toujours aussi agréable. Là, la baignade conjuguée à l’extraordinaire ballade d’hier soir commencent à me faire rentrer dans mon trip. Je n’aime pas trop à la sortie rester mouillé de cette eau chaude, toujours des inquiétudes bactério. Bien que le débit de la source soit vraiment important. Donc je me jette dans le torrent en contrebas pour me rincer des éventuelles cochonneries qui pourraient m’embeter dans les jours à venir. Je me jette, je me jette… Pas vraiment non plus. Et je me mets au confluent entre le torrent et la sortie de la source chaude. l’eau doit être autour des 10°C à cet endroit. C’est revitalisant et tonifiant. Enfin, je sens remonter les good vibrations. Fin prêt pour le départ.

Retour au refuge pour les remercier de leur gentillesse et de leurs indications. La boss semble toujours inquiète de mon projet. Elle arrête pas de répéter: be careful, it’s very dangerous. Pour la rassurer, je lui dis une phrase qui restera dans l’histoire aux côtés des citations célèbres du 20° siècle, telle que "I have a dream" ou "ich bin ein Berliner".

Don’t worry. If I cannot, I won’t do it.

 

Je rigole encore de ma nullité quand je prends enfin la piste pour le refuge de Setrið. Il est midi largement passé. Ce n’est pas trop comme ça qu’une journée de marche devrait s’articuler si je veux avancer à une allure correcte. Magdalena m’a filé une pomme en me disant de bien en profiter vu que je ne devrais plus voir ni fruits and vegetables d’ici un bon bout de temps.

Départ facile, je suis bien reposé. Et puis, ça descend, alors forcément, c’est quand même plus facile. Le début est assez joli. Premières vues sérieuses sur le Hofsjökull. La piste contourne le Loðmundur. Déjà quasiment plus de végétation. Déjà dans le désert. 2 petits gués à traverser, niveau 0. Juste un rafraichissement comme hier et une coupure amusante à la monotonie de la marche et du paysage.

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Car le paysage est monotone, et au bout de quelques heures, ça commence à devenir particulièrement pénible. En dehors des gués, je m’occupe. J’ai trouvé le moyen de modifier le poids de mon sac. En effet, beaucoup d’obsidiennes trainent de ci de là. J’en ramasse une. Non, celle là est est plus belle, non, celle là. Bon, ok, je les ramasse toutes, on triera plus tard (et 1 kg de plus).

Une fois Loðmundur contourné, commence une douce montée dans les champs de lave d’Illahraun. Douce mais longue. Vent furieux de face en pleine figure. La monotonie n’a pas changé. Il y a beaucoup de champs de neige très molle à franchir, alors que je suis à une altitude très modeste (autour de 800m). Ca n’en finit pas. Cap vers le sud pendant un bon moment. J’attends avec impatience le moment où la piste bifurquera vers l’est pour aller au refuge. Ce sera le signe qu’il ne reste plus que 3 très longs et abominables km. Je suis extrêmement fatigué. Je ne supporte plus cette journée. Il est quasiment 20h quand enfin j’atteinds la bifurcation. Après le franchissement de quelques collines dignes en ce jour pour moi des plus hauts cols himalayens, j’aperçois de l’autre côté d’une petite vallée le refuge. Sur une butte bien sûr. Au moins 10m de haut, il ne me sera rien épargné.

Allez, un effort, plus qu’une petite demi-heure de marche. A 500m de l’arrivée, foudroyé par une crampe à la cuisse droite, alors que je sentais monter celle dans la cuisse gauche. Ok, j’ai plus 20 ans, mais merde…Finis d’arriver en rampant au refuge. On va rire un bon coup pour se détendre, il est fermé. Propriété du club des 4*4 islandais, il faut demander la clé à leur association. Juste le vestibule où on se dessape et une salle de bain flambant neuve mais non alimentée en eau sont ouverts. Le refuge en lui même est superbe, refait à neuf. Je vois l’intérieur à travers les vitres. Il parait vraiment confortable. D’autant plus que je n’y ai pas accès. Bon, c’est pas grave, on n’est pas venu pour le confort.

 

Cuisine dans le vestibule. Risotto de boeuf aux oignons et compote de pommes, mais trop fatigué pour manger le risotto, je le laisse en l’état et vais pioncer dans la salle de bain. J’ai pris de l’eau dans une petite source juste à côté du refuge.

La journée a été vraiment dure. J’ai failli abandonner. Compté 8 par l’arbitre, j’ai frôlé le KO. Je ne sais pas comment je vais pouvoir enchainer les jours si je ne récupère pas rapidement et si ma positive attitude ne prend pas le dessus sur mes petites douleurs quotidiennes.

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