Beinadalur – Graenalon

Beinadalur - Graenalon - Trekking de de Þorsmörk à Skaftafell

Focus Rando :Beinadalur – Graenalon

Depuis le début de mon voyage, en dehors de la journée de repos à Alftavotnkrokur, je n’ai cessé d’enchainer de très grosses marches. Jamais moins de huit heures, jamais moins de 20 km par jour.
Je suis en vacances, ne l’oublions pas. Il serait temps de se la jouer cool un petit peu, surtout qu’à ce rythme, si je ne ralentis pas, j’aurais terminé dans trois jours, c’est à dire lundi soir, alors que j’ai programmé dans mes calculs une arrivée jeudi ou vendredi. Vraiment très en avance donc. Keep cool now et profite, man…

Aujourd’hui, petite journée prévue donc. Dieter m’a refilé les coordonnées (mais non vérifiiées in situ) d’une source chaude au milieu du Beinadalur. Aussi, une petite douzaine de km à couvrir en une petite demi-journée et je tremperai les fesses dans l’eau chaude avec bivouac juste à côté.
Elle est pas belle la vie? Compte tenu du programme, réveil tardif sans usage de dispositif artificiel.
P’tit déj le plus tôt possible dès que je retrouve la petite rivière d’hier soir où j’avais fait le plein, sauf que ce matin, l’eau est parfaitement claire alors qu’elle était trouble hier du fait de la montée des eaux sous la chaleur de la journée.
Temps magnifique. Pas pressé, je la sens bien cette journée. Bien relax.
Je m’autorise même un double nesquik. Le grand luxe.

Et donc c’est bien tard que je pénètre dans le Beinadalur, autrement dit la Vallée des Ossements; tout un programme donc. Heureusement que je suis si courageux. Je ne connais pas le pourquoi de ce nom.

J’adore le départ, mélange idéal de couleurs. Trois volcans alignés du plus petit au plus grand et chacun d’une couleur différente.
Mais j’ai du mal à marcher ce matin. Un peu trop cool, pas du tout concentré. La première heure est une succession de gamelles stupides dont une où je me fais très mal au tibia.
Difficile de se ressaisir. C’est le problème des moments où l’on fonctionne en dilettante, quelque soit l’activté à laquelle on s’adonne.
La vallée se resserre. Je marche entre d’immenses blocs de pierre qui sont tombés de je ne sais où.

Un fauteuil de troll pour se remettre de cette matinée laborieuse. et la rivière qui fait son apparition avec les premières fleurs depuis les marécages de Skaftardalur, il y’a une éternité déjà.
Quand je dis que je suis un grand romantique… Pourquoi personne veut me croire?
NB à l’attention de ceux qui sont révoltés parce que j’ai posé mes fesses dans un parterre de fleurs: j’ai fait attention. Il n’y a pas eu de dégats.

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Je ne m’attendais vraiment pas à trouver ce type de végétation et cette douceur dans cette vallée enchassée entre deux énormes glaciers.
Et cette rivière que je longe, qu’il faudra franchir à un moment où l’autre, qu’est ce qu’elle est belle. Une eau transparente, cristalline.
Une cascade totalement inattendue. Magnifique. Envie de se baigner (presque, l’eau fait un bon 4-5°C).
Que c’est beau, oui, mais voilà un bruit important au loin.
Ben non, ma rivière n’était pas la principale. Voilà qu’elle se jette dans un cours d’eau bien gris, bien caractéristique des rivières glaciaires. Je fais connaissance avec la Vestri-Bergvatnsa, le bras principal de ce qui va donner plus en aval la fameuse Nupsa, si impressionnante à l’entrée du Skeiðararsandur sur la route n°1.
Fini donc le buccolisme (bucholisme, buccholisme???). Ca fait un peu dentaire cette affaire…
Fini donc les jolies petites fleurs roses agitant leurs corolles sous la fraiche brise vespérale (oui, on est le matin, je sais, mais ça fait plus romantique) le long de l’onde bleue, riant contre les blancs rochers chauffés sous le magnanime soleil de printemps complice.

J’adore aussi le mélange des eaux aux couleurs différentes.
Grosse pause. Je suis presque arrivé. Pas de raisons de se presser.
Je n’ai plus qu’à longer la rivière. La source est au bord.
Evidemment, ce n’est plus tout à fait pareil côté rivière.
De temps en temps, une autre petite rivière claire vient gonfler les eaux de la principale.
C’est amusant qu’au même endroit, on ait des régimes différents: sources glaciaires et sources claires des champs de lave. On en croise quelques uns.
Ah oui, cet endroit est vraiment très beau et niveau fréquentation… doit pas y’avoir foule tous les jours.
Ils sont bien gentils et bien beaux tous ces torrents mais à force, ma Bergvatnsa, elle va commencer à ressembler à quelque chose de sérieux à traverser.
J’arrive à proximité de la source de Dieter. Allumage du gps. 200 mètres, je vois rien fumer.
J’approche du bord de la rivière. 30 mètres, c’est de l’autre côté. Ah ah… Curieux, j’y vois rien en face.
Bon, faut remonter la rivière de 300 mètres environ pour trouver un passage à gué. Il est pas super dur car le courant est assez faible malgré l’eau jusqu’à mi-cuisses.
Le problème, c’est qu’il faut pas tomber parce que derrière… Vous allez voir ce qu’il y’a derrière à moins de 10 mètres de là où je traverse. Je vous jure que ça renforce la concentration.

Déjà le gué.
Et maintenant l’espèce de bidule qui me guettait dessous. J’adore l’arche.
Bon, de source chaude point il n y’a. It was a joke.
Pourtant, ça ressemble vraiment à l’endroit que j’ai vu en photo. Mais comme elle semblait vraiment très proche du lit de la rivière, peut être que le niveau qui me parait vraiment haut a noyé la source, mais il n’y a aucun indice pour confirmer l’hypothèse.
A la place, il y’a cette sublime cascade avec une gorge où la puissance de la rivière est impressionnante. A la limite, je préfère à la source.
Il est 16h30. En l’absence de source, ça m’amuse beaucoup moins de rester là.
Et si je poussais finalement jusqu’à Graenalon, ce sera beaucoup plus rigoler d’avoir une journée de repos au bord des glaçons du lac.
Ah… Ces inspirations à deux balles crétines qui sortent parfois de mon esprit malade…

Au bout d’une heure de marche, il faut commencer par franchir la deuxième Bergvatnsa (mið-Bergvatnsa).
Entre temps, on est beaucoup monté sur le plateau entre ces deux branches avec une belle vue sur les zones de cascades de la Nupsa beaucoup plus au sud et la confluence des deux Bergvatnsa
Grosse descente pour atteindre le lit.
Tout petit gué mais faut quand même se dessapper.
Et maintenant the final clim pour atteindre Graenalon.
Pas méchant mais un petit peu de marécages que vous saupoudrez de champs de lave et de fortes pentes en éboulis, vous obtenez alors un type déglingué à 18h00 qui a trop avancé pour s’arrêter et qui est sous le choc du paysage qui s’ouvre devant lui.
Graenalon, réceptacle des séracs du Skeiðararjokull, lac qui reçoit les Jokulhaupt importants du Vatnajökull vers le sud. Endroit mythique d’Islande au décor tellement particulier.
Rien n’est doux ici. Hostilité absolue. Lugubre.
Il faut effectuer une grosse descente dans le vallon du Graenalonsjökull dans des pentes de sable très raides, contourner comme on peut les ravins qui plongent vers le lac.
Si vous cherchez une belle plage de sable pour vos enfants, ne cherchez pas plus loin, je l’ai.
19h00, je suis au bord de l’eau.
Devant moi, les obstacles de mes deux derniers jours de marche à venir: Skeiðararjökull (autrement plus menaçant que le précédent) et la chaine des Skaftafellsfjoll.
Je ne reste pas longtemps à faire mumuse avec les glaçons.
De toute façon demain journée de repos. J’aurai le temps de me promener le long des berges.

Généralement, le bivouac commun à Graenalon se fait sur sa rive nord à proximité du glacier en balcon au-dessus du lac.
D’abord franchir le torrent qui descend du glacier. Jamais fait un aussi long gué. Plusieurs bras à enchainer, mais de l’eau jusqu’aux genoux maxi qui font que la force du courant ne pose aucun problème (j’ai oublié de le prendre en photo et ma tentative de filmer la traversée a donné un résultat pitoyable, aucun intérêt à le montrer)
L’accès au plateau est plus qu’ardu par la raideur des pentes et la multiplication des vallons à descendre et remonter pour avancer vers l’est. Il est très important de remonter assez haut pour ne pas se faire bloquer par des falaises infranchissables dans certains de ces vallons.
20h00. Enfin, l’emplacement du bivouac. Vraiment au bout du rouleau. A la limite de ramper pour finir. Je ne m’étais pas préparé à la base aujourd’hui à monter jusqu’ici. Vraiment souffert.
Emplacement extraordinaire. Une source à 50 mètres. Des pierres pour arrimer la tente. Graenalon juste dessous.
It’a a kind of mgic. Je vais me régaler demain pour ma journée de repos.
L’un des panoramas les plus sensationnels qu’on puisse avoir en Islande.
Et des bivouacs comme ça, on n’en fait pas tous les jours.

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