Je me lève vers 9h00.
Je plane, c’est un truc de dingue.
Je glandouille. j’ai du mal à me dire que dans deux heures, je serai au milieu du monde.
Surprenant, mais ça me fait plaisir. L’envie de partager comme jamais.
Pour rejoindre skaftafell, c’est assez simple. Ou on passe par Svartifoss en coupant à travers les collines, ou on passe par l’extrémité sud et on longe la colline jusqu’au visitor center.
Pas envie de monter encore aujourd’hui et vu que je vais rester dans le quartier, je ferai les trucs sympa sans le sac à dos.
Donc c’est comme si on marchait sur la plage, sauf qu’il y’a pas la mer. C’est pas terrible mais je m’en fous. Je suis ailleurs.
Pfff, il est loin quand même le coin sud.
La Morsa. Pas de soucis, il doit y’avoir un pont un peu plus loin. Même sans pont, ça me stresserait pas vraiment.
Et bien voilà, nous y sommes.
Encore trente minutes. En phase d’atterrissage. Les baraquements des gens qui bossent dans le parc.
Pas beau…
Le camping apparait… Mais c’est immense.
Je commence à croiser un peu de monde… pas un qui dit bonjour… commence vraiment à revenir sur terre.
Visitor Center. L’abomination… Un grand parking style Carrouf bondé. Au moins 500 bagnoles.
Ambiance Carrouf aussi. Chacun totalement dans sa bulle vivant sa vie.
Je me dis juste que c’est le choc de l’arrivée, que je vais encaisser le coup et qu’après je vais réussir à surmonter le malaise.
Je m’assois à la table sous l’auvent du Visitor center. Pendant 10 minutes, je regarde passer les gens, les écoute. Toutes les langues. Beaucoup de Français évidemment. Je subis vraiment "l’agression" des gens qui rient, qui ralent, des gamins qui s’amusent, des couples qui s’engueulent.
Pas un regard amical ou intrigué vers moi, hormis sur ma tenue crado et mon bas de pantalon déchiré dans le champ de lave du Laki et massacré par mes crampons.
Moi qui espérais que je suciterai un peu d’intérêt, que les gens voudraient discuter avec moi de mon itinéraire, de là où je viens.
Bien sûr qu’ils s’en foutent et c’est normal. Chacun sa vie, son trip son délire. J’étais dans ma bulle, je me sentais un peu héroïque pour avoir franchi 50 km de glaciers en solo, traversé des gués impressionnants et marché 300 km en 12 jours dans des conditions parfois dantesques.
Oui, mais c’était ma vie, pas celle des gens qui viennent jusqu’ici dans le confort de leur voiture. Ils ne peuvent comprendre ce que je ressens tant qu’ils n’auront pas vécu ce type d’aventure. Moi même ne m’intéresse aux "marginaux" de mon espèce que depuis peu, que depuis que je fonctionne dans le voyage nature.
Le choc n’en est pas moins terrible. Je susi obligé d’aller me cacher derrière le Visitor center pour hurler ma rage, pleurer toutes les larmes de mon corps et balancer des grands coups de pied dans les murs pour faire passer ma colère.
Non, je ne veux pas revenir dans ce monde. J’étais si bien il y’a une heure encore.
De nouveau le rouleau compresseur vame passer dessus.
Nouvel essai. A moi d’essayer d’aller voir les gens. Oui, mon aspect barbu de deux semaines et amaigri (perdu au moins 10 kg, comme d’hab) et ma tenue couverte de boue et d’accidents culinaires dont j’ai le secret doivent bien être rébarbatifs mais quand même. Y’a rien à faire, le courant passe pas. Les discussions n es’engagent pas.
Juste un peu avec deux filles qui ont fait du cheval pendant trois semaines dans l’est.
Sauf que elles sont pas capables de me dire où, parce que bon, c’est pour le cheval qu’elles sont venues, que ce soit en islande ou au Burkina-Faso, elles s’en carrent grave.
Juste à l’accueil du Visitor center où je me suis présenté pour signifier la fin de mon voyage (indispensable vis à vis des secours), la fille manifeste un intérêt certain à mon trip. Elle appelle sa collègue, pas sure de comprendre d’où je viens (l’accent islandais, malgré toute ma bonne volonté est difficile à reproduire, surtout la prononciation de Þorsmörk).
Parce que ça lui parait absolument impossible de venir de là. Elle va chercher une carte grande échelle dans un rayon de vente au public et la déplie pour que je lui explique mon trajet.
"oauh!!! you’re an amazing guy"
je sais, je sais , modesté-je.
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ca me remet un peu de baume au coeur. mais je ne peux pas rester ici. L’abomination grouillante continue. Trop de monde d’un coup. Je ne peux pas. Il faut que je m’en vais (sic…)
Premier bus pour Kirkjubaejarklaustur dont le nom comporte plus de lettre que d’habitants pour me reposer en attendant Tatiana vendredi prochain…
Pour le calme, pas déçu, mais bon, pour le reste, je me suis pas trop éclaté, complètement sorti de mon trip.
Vivement vendredi…
DEBRIEFING
Je mettrai les photos du voyage en voiture later, mais comme il s’agit d’endroit beaucoup plus touristiques que ce que j’ai vus à pied, les photos n’apporteront pas grand chose à ce qu’on peut voir sur d’autres sites généralistes.
Je ne pense pas non plus raconter cette partie là du voyage.
Le débriefing… très court…
1 regret, 1 déception, 1 erreur
Pour le reste, c’est parfait.
Le laugavegur (juste ma partie), magnifique mais comme prévu trop couru à mon goût
Le strutivegur, c’est magnifique aussi, totalement différent du Laugavegur, malheureusement sous la pluie continue mais attention, complètement non balisé là où je suis passé. Ca méritera une autre visite.
Mais je suis plus fort à raler qu’à parler de ce qui m’a plû.
Donc
Le regret:
avoir écouté les gens du coin, ne pas avoir suivi mon intuition. J’en ai raté un fait de gloire (la traversée de la Skafta) et je suis passé à côté, je pense de l’endroit le plus beau d’islande. Vu de la rive gauche de la skafta, la partie Skaelingar Sveinstindur m’a paru extraordinaire, d’une beauté indicible, sans parler de Langisjor, complètement caché à ma vue.
La déception:
le Laki. Est ce que c’est lié à la fatigue du détour de trois jours? au fait que je suis arrivé au Laki après avoir vu l’extraordinaire zone d’Uxatindar? Peut être mais je persiste à dire que le Laki même n’est pas une zone agréable pour les marcheurs. on est confiné à de la très grosse piste trop roulante et très utilisée (encore que je sois passé très tard et très tôt, j’ai eu la chance de ne croiser aucun véhicule).
Mon bivouac dans l’alignement des cratères a été génial, mon petit tour sur certains volcans magnifique, mais voilà, le courant n’est pas passé. Je m’attendais à trop peut être.
L’erreur:
avoir craqué en arrivant à Skaftafell. Si j’avais réussi à surmonter mon coup de blues terminal, j’aurais pu marcher trois jours pleins dans le parc. Je suis passé à côté de Kristinartindar, d’une nouvelle tentative à Blatindur et de la vallée rougeoyante de Kjos.
Sur le coup, j’ai été très mauvais, oui… mais bon, les états d’âme ne se commandent pas.
Et bien voilà… A l’an prochain.
Je commence à réfléchir à un nouvel itinéraire mais ce sera plutôt en étoile à partir d’un camp de base. Ces traversées font survoler des régions entières mais on ne prend pas le temps d’explorer en profondeur les merveilles des secteurs que l’on traverse.