Sur le papier, Tachkent et Samarcande, distants de 250 km environ, sont reliés de bout en bout par une 2 × 2 voies. Cette infrastructure existe effectivement ; le problème, c’est qu’il n’est pas possible de l’emprunter ! Nous sommes obligés de la quitter pendant 70 km, pour une route ordinaire en fort mauvais état. La raison à cela : l’axe principal passe sur une vingtaine de kilomètres environ, en territoire du Kazakhstan. Et donc sans visa kazakh, ce n’est pas la peine d’y penser. Et cette restriction, qui n’existait pas à l’époque soviétique (on passait alors sans contrôle d’une république à l’autre), concerne maintenant non seulement les touristes, mais aussi les locaux ! Si le Kazakhstan s’est pendant quelques années montré tolérant à ce sujet, c’est maintenant terminé. Du coup la route ne sert absolument plus à rien. Et il ne faut pas croire que cet itinéraire constitue un cas isolé. Les frontières particulièrement tortueuses des états d’Asie centrale, tracées à l’époque de Staline, ont été conçues expressément pour diviser les peuples et ainsi mieux régner. Une division dont la région subit maintenant les conséquences.
Une cinquantaine de kilomètres avant Samarcande, la route quitte la plaine du Syr Daria pour traverser les contreforts de la chaîne du Turkestan, par un défilé remarquable surnommé les portes de Tamerlan. En voici une photographie, prise en fait retour. Il y avait quand nous sommes passés une noce qui s’était arrêtée prendre la photo de groupe à cet endroit (il semble que ce soit un peu une tradition). La plupart des mariages en Asie centrale sont arrangés et ça semblait bien être le cas de celui-là.
Après une nuit à Samarcande qui nous a donné l’occasion d’entrevoir quelques monuments, nous avons mis le cap sur la frontière tadjike. Nous avons de ce fait commencé à remonter la rivière qui arrose Samarcande, la Zeravchan (Дарёи Зарафшон en tadjik, Zarafshon en ouzbek), en principe un affluent de l’Amou Daria mais également très pompé pour l’irrigation. Le franchissement de la frontière est assez long, tous les bagages ont droit à un passage aux rayons X. Une fois passée la frontière, nous nous apercevons immédiatement de la différence ! Notre beau car climatisé est remplacé par une sorte de camion tout terrain pratiquement sans fenêtre (nous le surnommerons la « bétaillère »). La qualité des routes change du tout au tout (l’asphalte étant l’exception plutôt que la règle). Et la première (et d’ailleurs, la seule) ville que nous rencontrons, Pendjikent (Пенджикент) (photo) est bâtie de ce pur style stalinien dont sont encore si souvent constituées les villes d’ex union soviétique. Il faut dire que le Tadjikistan est le plus pauvre des cinq pays d’Asie centrale, c’est un pays presque en totalité montagneux, si l’on excepte les deux vallées de Ferghana et de la Zeravchan, ainsi que plus au sud la région autour de Douchanbé, la capitale. Le Tadjikistan se distingue de ses voisins par sa langue, qui n’est pas de la famille turque mais persane. C’est aussi le seul pays à avoir conservé l’écriture cyrillique, dont le gouvernement n’est plus constitué d’anciens communistes, et où les partis islamistes sont légaux (il y a d’ailleurs eu des ministres islamistes). Le pays a également connu une guerre civile dans les années 1990 (donc strictement aucun média occidental n’a jamais parlé), avant de s’ouvrir timidement au tourisme dans les années 2000.
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La vallée de la Zeravchan se rétrécit très vite. La route se fraye un chemin dans un univers totalement minéral, franchissant de temps en temps la rivière sur des passerelles suspendues. Étant donné la nature de notre véhicule, les seules photos de ces paysages auront été prises au retour.
Le massif où nous nous rendons s’appelle les monts Fanskye (Фанские Горы). Il s’agit d’un massif assez sec, coincé entre la vallée de la Zeravchan et la frontière ouzbèke, dont certains sommets, dépassant les 5000 m d’altitude, sont recouverts de glaciers et de neiges éternelles. Il semble que le tourisme dans ce massif relativement accessible se soit développé dès l’époque soviétique, le coin reste assez connu des Russes et de nombreux noms de sommets ont une consonance russe. Mais nous ne sommes là que dans les contreforts du Pamir : nous sommes loin des 7495 m du plus haut sommet du pays, le pic Ismaïl Samani (ex pic Communisme, c’était aussi le plus haut sommet de l’URSS). Il est malheureusement très difficile (et sans doute pas très sûr) de se rendre dans les vallées les plus reculées du Haut Pamir au pied de ces sommets gigantesques, aucune agence en tout cas ne semble le proposer jusqu’à présent.
Quoi qu’il en soit, même pour n’atteindre que les monts Fanskye, de longues heures de route sont nécessaires. D’abord, remonter la vallée de la Zeravchan jusqu’au-delà de la petite localité d’Ayni. Puis, obliquer pour la vallée de son affluent la Fan Darya, vallée encore plus étroite. La route atteint normalement le col d’Anzob (3373 m) pour se diriger ensuite vers la capitale Douchanbé. Mais en ce qui nous concerne, nous la quittons avant cela, abordant les monts Fanskye proprement dits. Peu avant le camp du soir (qu’accessoirement, nous devrons monter de nuit !), nous contournons le plus grand lac du massif, le lac Iskanderkul. Qu’Alexandre le Grand soit venu jusqu’ici comme le prétend la légende paraît quand même difficile à avaler…