« Mais pourquoi la Slovaquie ? », tout le monde se demande, s’interrogeant sur ce qu’il peut y avoir de bien particulier qui me lie tant à ce pays, grand comme la vallée de la Garonne et peuplé de 5 millions d’habitants, rachitique orphelin de la défunte Tchécoslovaquie, membre à part entière de l’UE, avec sa propre langue et sa propre monnaie… Des liens familiaux ? Un quelconque lien particulier ?
A priori, rien. Ce n’est ni celui de mon expatriation à durée indéterminée, ni son plus proche voisin. Et pourtant, chaque fois qu’un jour férié se profile à l’horizon, accompagné d’une quelconque opportunité de pont, les semaines précédant le jour J, je ne pense plus qu’à la Slovaquie. Je réouvre mes atlas (j’en ai un au 1/100 de tout le pays, l’équivalent des IGN séries vertes), je me mets à consulter quotidiennement l’évolution des prévisions climatiques pour les 4 ou 5 jours à venir. Je me mets à imaginer de multiples plans en fonction des éventualités, je visite des dizaines de sites Internet consacrés à des endroits particuliers. Je ne rêve plus que de Slovaquie.
Il est vrai que depuis le début de ma vie en Pologne, j’ai paradoxalement peu visité les montagnes Polonaises. Trop bondées de monde à la haute saison, trop obscures l’hiver, parfois lugubres (les journées sont courtes, et l’on est versant Nord). Nous allons dans presque 90% des cas en Slovaquie.
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Secundo, je dirais que la Slovaquie exerce un peu la même fascination sur moi que le versant Espagnol des Pyrénées.
Sans toutefois présenter de tel contraste météorologique, paysager et culturel, j’apprécie le fait de sillonner des montagnes baignées par les rayons du soleil du matin au soir. Sur ce versant, la végétation présente toujours cette même splendeur des grandes forêts de conifères et d’érables, mais elle est métissée de « Sud », en y incluant des pins, fleurs et buis odorants de toutes sortes. De bleues gentianes qui poussent sur les rochers chauffés par le soleil, quelques types de chardons inconnus…
Le vert des pâturages y est plus précoce au printemps, de la même manière que l’été indien s’y savoure plus longtemps.
Autre fait non négligeable, les montagnes de Slovaquie sont incomparablement plus vastes et variées que le versant Polonais. On apprécie de pouvoir y savourer la solitude, de pouvoir repartir à chaque fois sans revenir aux mêmes endroits, de pousser à chaque fois l’exploration plus loin. Je prends même parfois plaisir à emprunter en voiture des routes plus longues, plus tortueuses, juste pour le plaisir de nos yeux, et satisfaire notre curiosité.
Ici, dans les endroits reculés, il est possible d’observer une véritable activité pastorale, chose rarissime en Pologne, les traditions étant déformées, dénaturées par le tourisme de masse, et ce que j’appellerais le « folklore artificiel ».
Enfin, j’ajouterai la simplicité et la gentillesse vraie de ses habitants, pas chauvins ni xénophobes pour un sou, jamais animés par un quelconque sentiment pervers vis-à-vis du touriste étranger. La tranquillité de leur rythme de vie, à mille lieues du train de vie stressé des Polonais et de leurs habitudes calculatrices…
Ajoutons à cet avantage la particularité que la langue slovaque est étonnamment proche de la polonaise (sa myriade d’accents correspondant en fait aux syllabes pleines de « z » du polonais), au point que moi-même, le « néo-polonais » au parler encore hésitant, arrive à tenir une conversation basique avec un Slovaque. Quelle satisfaction d’apprendre une langue et d’en comprendre 2 ou 3 autres « en kit » !
Pienniny, Gorce, Beskides, depuis mon arrivée en Pologne, lorsque la saison n’est pas encore propice à la haute montagne (les Tatras, inévitablement), nous sommes sans cesse passés tour à tour par différents massifs de moyenne montagne. Chacun nous a charmé avec ses charmes spécifiques. L’an dernier, ce furent les Mala Fatra, qui nous ont laissé un souvenir grandiose.
De la même manière que je me plaisais jadis à explorer sans cesse de nouvelles vallées des Pyrénées, de nouveaux massifs : tantôt le Cotiella, tantôt les Encantats, tantôt quelque coin reculé du Néouvielle, j’ai attrapé le « virus » des Montagnes Slovaques.