Cette randonnée s’est déroulée dans le massif de la Sierre Nevada, au sud de Grenade. Nous avons marché 4 jours, et profité au maximum de la diversité que proposent ces montagnes. En effet, avec le Mulhacen à 3470 mètres, c’est le point le plus haut de l’Espagne continentale. Mais plus près des vallées, on trouve de sympathiques villages : les “pueblos blancos” des Alpujarras, anciens lieux d’habitats maures progressivement colonisés par les castillans.
Arrivés à Grenade le mercredi soir, nous apprécions la douceur estivale déjà présente en Andalousie en ce début mai, et jouissons d’un exceptionnel coucher de soleil sur l’Alhambra de Grenade,qui révèle ses tons rouges contrastant avec le blanc neigeux de la Sierra au loin.
Le lendemain matin, un prompt réveil nous mène jusqu’au pied de la citadelle. Le timing étant un peu serré, nous optons pour une visite du palais des Nasrides, le bâtiment construit par les sultans andalous successifs. Et nous ne sommes pas déçus, la splendeur de ses décorations n’ayant d’égal que la sérénité qui se dégage de son agencement intérieur avec ses nombreuses fontaines et rigoles d’eau courante rafraichissante.
Nous faisons une tranquille promenade dans les jardins en fleur, et poussons jusqu’au Generalife, avant de redescendre au centre-ville pour attraper notre bus.
3h plus tard, nous voici à notre point de départ, Capileira (1500 m). Nous faisons nos dernières provisions avant de démarrer la randonnée.
Quelque peu chargés, nous mettons 3h à gravir les mille mètres de montée, puis 1h30 de plat qui nous séparent du refuge del Poqueira (2500 m), où nous restons 2 nuits. En pleine semaine, le refuge est quasiment vide et nous avons un dortoir pour nous.
(Il existe aussi un refuge/bivouac non gardé, la Carihuela, à 3000 m environ).
Au cours du repas, nous apprenons par des Anglais que l’itinéraire que nous envisagions en très enneigé, et qu’un sentier alternatif, plus long, permet d’effectuer l’ascension du Mulhacen facilement. Nous suivrons donc le groupe d’Anglais le lendemain, après une bonne nuit de sommeil.
Oups, déjà 7h30! Il est temps de s’activer : départ à 9h. Nous rattrapons les Anglais, car une partie d’entre eux décide de redescendre à cause du vent. Il souffle en effet très fort, mais nous décidons de poursuivre tout de même. Nous parvenons à la hauteur du second groupe, dont certains peinent à la montée. Nous finirons par les laisser derrière nous, ils n’atteindront malheureusement pas le sommet.
Le vent est de plus en plus fort, et manque de nous déséquilibrer à chaque pas. Parvenus au Mulhacen 2, 150 m sous le sommet, nous faisons une halte et décidons de laisser le sac, dont la prise au vent est trop importante. La température au vent est de quelques degrés ressentis.
30 minutes plus tard, nous sommes à la cîme : autour de nous, la chaine de la Sierra Nevada; au loin , nous devinons les côtes du Rif Marocain. Miraculeusement, le sommet est un peu abrité du vent d’ouest et nous pouvons y rester quelques instants.
A priori, nous serons les seuls vainqueurs de la journée, car nous ne croisons personne. Le fait de laisser les plus grosses affaires au refuge a été décisif, car étant moins chargés, nous sommes montés plus facilement. Nous avons aussi eu de la “chance” car les conditions n’étaient pas idéales mais néanmoins suffisantes pour réaliser l’ascension.
La descente nous prendra 2h. Nous passons le reste de la journée à nous reposer autour du refuge, et renseignons 2 hollandaises qui escomptent faire la même randonnée le lendemain. D’autres néérlandais avec qui nous dînons nous renseignent sur le massif. Ils habitent ici 3 semaines sur 6 et viennent souvent randonner. Apparemment, il existait auparavant une route qui traversait la sierra, qui a été détruite lors de la création du parc, et qui n’est plus maintenant qu’une piste.
Nous ne sommes plus seuls dans le refuge, car le club alpin andalou est venu en masse pour profiter du beau temps et de la neige. Nous nous endormons au milieu des exclamations de joie en espagnol et des rafales de vent qui font vibrer la toiture.
Le refuge del Poqueira
Debout 7h30, nous faisons notre paquetage pour nous préparer à descendre à Trevelez, le village le plus haut d’Espagne, et capitale du jambon séché. Nous remontons au mirador de Trevelez, et franchissons quelques névés au début de la descente. Celle-ci (-1300 m) nous permet de gagner des degrés au fur et à mesure. Arrivés en bas, nous déjeunons et profitons de l’ombre pour faire une petite sieste.
Après une visite du village, très calme hors-saison, nous faisons quelques courses (du jambon, pour changer), et décidons de nous avancer sur notre étape du lendemain. Le village de Trévelez, comme les autres de la vallée, a été fondé par les arabes, avant d’être progressivement abandonné suite à la chute de Grenade (1492). Il a ensuite été recolonisé par les castillans.
Nous nous engageons donc sur la piste vers Capileira, et croisons quelques habitants du coin qui arrosent leur jardin ou vont voir leurs bêtes dans les prés en terrasse qui surpblombe le village.
Au détour de la piste, nous rencontrons des Anglo-Saxons qui sont sur le “Sierra Nevada Sulayr Track”. C’est un circuit récemment créé que nous n’avons pas emprunté pour le moment. Comme ils nous laissent leur carte, on se dit que ce serait dommage de rester sur la piste forestière. En route donc pour un nouveau sentier! Cependant, comme à l’habitude espagnole, le balisage est parfois un peu aléatoire et nous nous retrouvons à cheminer hors-sentier, sur les pistes de vaches. Nous traversons avec peine quelques estives, car de nombreux épineux entravent notre marche. Après quelques tergiversations, nous finissons par trouver un espace dégagé pour dormir, assez éloigné des troupeaux.
Nous pouvons enfin nous détendre et profiter de la soirée. Le soleil se couche sur la vallée tandis que nous installons notre campement pour la nuit. Après un bon repas, nous prenons soin d’accrocher le sac de nourriture dans un arbre (l’odeur pourrait attirer nos amis les sangliers…)
Chanceux, nous pouvons admirer à loisir les étoiles, bien emmitouflé dans nos duvets et dans nos sursacs. La température à dû descendre vers les 5-6°C dans la nuit.
Le lendemain matin, nous attendons paresseusement que le soleil pointe le bout de son nez pour nous lever. Un bon petit-déjeuner, et nous voilà prêts à repartir. Nous remontons un peu afin de trouver un terrain plus dégagé, puis continuons vers Capileira. Une véritable mer de nuages recouvre tout le sud de l’Andalousie, ce qui est un peu déroutant lorsqu’on est habitué à voir les reliefs en bas.
Nous continuons à monter, retrouvons le fameux “Sulayr Track” (balise ci-dessus) puis croisons des VTTistes qui nous confirment notre orientation. Nous progressons de forêts en coupes-feux, avec parfois même des passerelles! Le “Sulayr Track” est ici bien balisé. Un pique-nique au soleil et au jambon “iberico” ravit nos papilles.
En descendant vers le village, nous voyons de nombreux véhicules venir pour la journée (dimanche). Nous parvenons à Capileira à 14h, au milieu du brouillard. Après une mousse et un déjeuner local bien mérités, nous attrapons le bus pour repartir.
Informations pratiques
Accès: bus ALSA depuis Grenade, Malaga, très ponctuels, service quotidien.
Cars Eurolines depuis la France, trains de nuit (s’y prendre à l’avance) ou avion (Malaga, Séville).
Quand partir : le massif est praticable en randonnée de mai à septembre-octobre en fonction de l’enneigement.
Il est assez sec du fait du climat méditerranéen, mais sa haute altitude rend les tempêtes possibles même au coeur de l’été.
L’hiver, il se prête au ski de rando et à la raquette à neige.
J’aime beaucoup les massifs français dans lesquels je part le plus souvent possible, mais j’apprécie aussi de découvrir d’autres horizons…
Quelques-unes de mes randonnées :
Traversée du Vercors
Tour de la Vanoise
Autour du Puy Mary
Traversée du Sahro
Randonnées dans le Queyras
Traversée du Grand Paradis
Randonnée en Sierra Nevada
Tour du Vignemale
Traversée des Bauges
Tour du Mont-Blanc
Trek du Manaslu
Alta via n°1 des Dolomites
Je pratique aussi l’escalade et la course à pied en loisirs.