30 jours – 800 km – +7.700/-10.000m
Après déjà plus de 3000 kilomètres à pied et 6 mois de voyage, nous arrivons en Argentine, le dernier pays de notre traversée. Ici, les sourires refont surface. Les Argentins sont plus accueillants et ouverts que sur l’Altiplano où la vie est rude. Nous sommes maintenant loin des Andes rurales et pittoresques. Le pays est bien plus moderne.
Nous nous trouvons dans la région du N.O.A., le Nord-Ouest Argentin. Elle fut un haut lieu pour les pratiques rituelles Incas. La région compte plus de 40 volcans, sur 200 à travers l’Empire Tahuantinsuyu, aux sommets desquels étaient sacrifiés des enfants, lors d’événements royaux ou religieux importants. Ces sacrifices étaient plutôt rares à l’époque. Considérés comme plus purs que les adultes, ils devenaient des ambassadeurs de l’au-delà et partaient vivre avec les dieux pour l’éternité. Non loin de là, se dresse le site archéologique le plus haut au monde. A 6739 mètres d’altitude, à la cime du volcan Llullaillaco, dans un lieu de culte Inca, reposaient 3 momies d’enfants, âgés de 6 à 15 ans, dans un état de conservation unique, dû au manque d’oxygène, au froid et au climat sec.
Notre marche reprend à San Antonio de los Cobres, un village à 3750 mètres d’altitude, avec des chaussures neuves ! Il était temps de les changer… La Puna, nom donné à la région de l’Altiplano Argentin, est coupée par la « Ruta 40 », une route mythique longue de 5200 kilomètres qui traverse tout le pays du N.O.A. au fin fond de la Patagonie. Elle sera notre axe de conduite durant les deux prochains mois. Les premiers jours, nous grimpons jusqu’au col Acay à 4970 mètres d’altitude. Sur ce plus haut col routier des Andes est érigé un cairn monumental, constitué de pierres, mais aussi d’os de guanaco, bouteilles de verre… Il serait le plus grand des Andes !
Une fois franchi, nous pénétrons dans la vallée de Calchaquí. En huit jours elle va nous conduire à 1600 mètres d’altitude. Dans cette ambiance aride, aux canyons rouges et aux montagnes abruptes, nous suivons la rivière Calchaquí. Le fait de retrouver de l’eau, des fleurs et de la verdure rend la marche beaucoup moins rude. C’est sous le soleil et la chaleur que nous alignons de longues journées, avec au soir, des baignades dans la rivière pour se rafraîchir. Nous nous disons alors que la traversée de l’Argentine va être très plaisante.
Plus bas dans la vallée, la Route 40 se confond avec la Route des Vins, dans la région de Cafayate. Nous longeons des vignobles étendus et des petits villages agréables comme celui de La Poma, Cachi, où nous nous attardons. Le voyage est devenu paisible. Après avoir navigué dans la Quebrada de Las Flechas, une vallée aux paysages étonnants, constituée d’immenses formations rocheuses friables pointant le ciel comme des flèches, nous arrivons à Cafayate. C’est l’occasion de déguster la production locale.
Nous découvrons le site archéologique de Quilmes, une forteresse datant de 800 av.JC. Outre la citadelle, c’est son peuple qui est mit en valeur ici, pour son courage et sa force. Il réussit à tenir tête aux Conquistadors, pendant des dizaines d’années, avant de se voir massacrer. Aujourd’hui encore, les habitants ont gardé leur indépendance. Toute la région est une réserve indigène où les terres ne peuvent être vendues à d’autres.
Dans cet arrière-pays, nous croisons aussi de nombreux Gauchos qui gardent les troupeaux de vaches et de taureaux. Des hommes emblématiques des pampas d’Argentine. D’abord hors la loi, libres, menant une vie vagabonde en chevauchant leurs montures à travers le pays, ils sont devenus au fil du temps des cow-boys et des artisans hors pair.
En nous engageant dans une zone désertique de 70 kilomètres, nous revenons à la réalité, la rivière Calchaquí était une exception, tout est à sec. L’été austral a débuté et c’est déjà la canicule ! Il fait 20°c sous la tente, au petit matin. Nos duvets, doudounes, pantalons… sont devenus complètement inutiles. L’après-midi, la chaleur est intenable et l’eau rare. Nous en consommons énormément et nous pouvons en porter difficilement pour plus d’une journée. Retrouver un climat estival reste tout de même agréable. Nous profitons des petites places ombragées des villages la journée, et le soir des longues soirées ensoleillées et chaudes, rendant ainsi le bivouac facile et les nuits à l’hôtel inutiles. Nous plantons la tente, sans mal, un peu partout, même sur les places de villages ou chez les habitants. Avec sa tradition du pique-nique et du barbecue, l’Argentine est un pays pour les campeurs. Durant ces 20 derniers jours, nous avons vécu 24h/24 en plein air. Un vrai plaisir !
Le mauvais côté, c’est que depuis Cafayate, la Ruta 40 est de plus en plus asphaltée. Nous marchons sur des longueurs interminables de route. De ce fait, dès que l’opportunité nous est donnée de prendre une variante par des petites pistes ou chemins, nous sautons sur l’occasion. En tout cas, nous pouvons apprécier des paysages variés, passant de plateaux désertiques, de falaises déchirées, de fond de vallées verdoyantes à d’étroits canyons. C’est peut être cela qui à fait de la 40 une route légendaire et nous nous sommes pris au jeu de la suivre.
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A Belén, nous prenons un peu de repos afin de se réhydrater. Une journée, nous buvons plus de 6 litres de boissons fraîches chacun, sans même aller au petit coin ! A la sortie de la ville, nous visitons la cité de Shincal de Quimivil, un centre urbain d’une grande importance à l’époque Inca. Situé dans une plaine à 1500 mètres d’altitude, entouré d’un cirque naturel, il était un carrefour des différents chemins du Qhapaq Ñan. C’est la plus importante construction Inca que nous ayons vu depuis le Pérou. Aujourd’hui, un Ushnu et deux collines cérémonielles occupent toujours la place principale.
De là, nous quittons la route pour la Cuesta de Zapata. Les « Cuesta » sont des pistes ou routes, qui serpentent dans les montagnes afin de franchir un massif. Une nouvelle portion de 65 kilomètres désertiques, sans un point d’eau, nous attend. Partis avec 7 litres, nous grimpons vers le col à 2200 mètres d’altitude. Dans cette vallée étroite, la canicule qui sévit depuis un moment se fait encore plus sentir. Nous avons soif et le rationnement est toujours de mise. Après 30 kilomètres sous une chaleur intenable, nous atteignons le col afin d’y passer la nuit. Nous espérons trouver un peu plus de fraîcheur. C’est la gorge sèche qu’il faut se coucher et toute la nuit nous ne rêvons que d’eau !
Au matin, comme il ne nous reste que 2 litres et 35 kilomètres pour rallier la prochaine ville, le réveil sonne à cinq heures du matin, afin d’éviter de souffrir des 40 degrés à l’ombre. Nous partons, lampes frontales allumées, sur une piste à flanc de montagne à travers un panorama de toute beauté, éclairés par le lever du jour. Nous enchaînons les kilomètres jusqu’à ne plus en pouvoir…
C’est épuisé, au point d’avoir du mal à marcher et complètement déshydratés, que nous arrivons vers midi à Tinogasta. Tout en siestant à l’ombre, nous réalisons alors qu’il n’est pas envisageable de continuer à traverser l’Argentine à pied comme cela. Si nous ne souhaitons pas que l’aventure s’arrête là, il nous faut trouver une solution…
Le soir même, nous confectionnons une petite remorque à l’aide d’un caddie pour nous permettre de transporter de plus grandes quantités d’eau et ainsi ne pas souffrir de la soif. Attachée à l’arrière du sac à dos par une simple sangle, elle va nous permettre de pouvoir maintenant transporter jusqu’à 12 litres. Un système simple, léger et compact qui permet de pouvoir la replier et la ranger une fois les rations bues.
Nous la tractons à tour de rôle, sur des chemins variés. Les journées sont animées par notre charrette que nous apprenons à maitriser. Grâce à elle, nous pouvons fêter, au milieu de nulle part, l’anniversaire de Simon avec des tonnes d’eau en guise de cadeau. Nous essayons également de nous lever plus tôt et de faire des siestes à l’ombre aux heures les plus chaudes. Malgré ces solutions, nous avons conscience que le voyage à vélo serait plus adapté à travers ces immenses étendues Argentines. Mais notre volonté de poursuivre jusqu’au bout à pied est forte.
Au bout de cinq jours de tractage, nous faisons escale à Chilecito, une petite ville, mais qui est la plus importante depuis le début de l’Argentine. Même ici, nous dormons sous tente. Cela fait déjà 30 nuits successives et nous n’avons aucun mal à trouver des lieux pour la planter. Sur une aire de bivouac ou dans un camping, dans un jardin de particulier ou d’hôtel, sur une place de village ou encore à l’arrière d’une station-service, le choix est vaste et varié. Pendant cette petite halte, nous en profitons pour fêter notre quatre millième kilomètre.
En chemin, nous apercevons de nombreux petits sanctuaires dédiés aux cultes de la Difunta Correa ou de Gauchito Gil : deux légendes répandues dans le pays, qui attirent les foules. Les Argentins les prient au même titre qu’un saint. Dispersés sur les bords des routes, de nombreux conducteurs y déposent des offrandes diverses, comme des bougies, des photos, mais aussi des bouteilles d’eau ou encore des pneus.
Voici quelques années, je me suis échappé d’une vie qu’il faut souvent suivre au pas…
Aujourd’hui je déborde d’énergie que je dépense dans la marche afin de parcourir des milliers de kilomètres pour découvrir les merveilles de la nature. Mes terrains de jeux préférés étant les montagnes et les zones désertiques, là où poussent les cairns. Mais je suis ouvert à toute la planète.
Je n’ai ni l’âme d’un écrivain, ni d’un photographe, mais j’ai un grand plaisir à faire partager mes aventures par l’intermédiaire de mes sites afin d’offrir un peu d’évasion.
Simon Dubuis
Carnets d’aventures : www.dubuis.net