Située au cœur de la Réserve Mondiale de la Biosphère, la traversée de Charlevoix est un itinéraire de randonnée long de 105 km qu’il est possible de réaliser à pied et à ski en 7 jours ainsi qu’en VTT en 4 journées. Avec sa forêt boréale, ses lacs, ses rivières et ses montagnes moutonnantes, cette randonnée, assez exigeante selon qu’on porte ou non son sac à dos et sa nourriture, précipite le marcheur au sein d’une nature verdoyante et d’une aventure humaine commencée il y a plus de 30 ans.
Eudore Fortin, le fondateur de la traversée de Charlevoix
Eudore Fortin n’est pas seulement connu dans la région de Charlevoix pour avoir touché à tous les métiers, de garde-feu à patron d’un bar topless, il est surtout reconnu pour être le fondateur de la traversée de Charlevoix.
C’est en 1977 que le projet de création du sentier voit le jour sur une suggestion de la Fédération Québécoise de la Montagne. Eudore Fortin, séduit par l’idée, entame le chantier : préparation de l’itinéraire à partir des cartes d’état-major avant de défricher le chemin et de construire les premiers refuges.
Plus de 30 ans plus tard, du haut de ses 83 ans, le « patenteux » comme aime l’appeler les gens du coin, continue de faire vivre le sentier avec une passion, une détermination et une énergie sans égaux. Mais à quoi se dope t-il pour être aussi en forme qu’à ses 20 ans ? Pour lui rendre hommage, un chemin de randonnée à la journée et une montagne porte même son nom.
Into the wild
Le sentier de la traversée explore l’arrière pays des 5500 km² de la Réserve de biosphère de Charlevoix entre les abords de la route 381, 26,8 km au nord de Saint-Urbain et le Mont Grand-Fonds. 7 jours de marche à travers la forêt boréale alternant des sentiers sauvages et des passages par d’anciens chemins de bucherons. Si la randonnée n’apporte pas autant de point de vue qu’à l’Acropole des Draveurs ou le long du fjord du Saguenay, elle plonge le marcheur au cœur d’une nature sans chichi ni artifice. Ici l’épinette noire côtoie le tremble, le chanterelle se fait cueillir comme le bolet mais attention à ne pas confondre les délicieuses bleuets avec la baie toxique de la clintonie boréale. A regarder les excréments qui jalonnent le chemin, l’ours noir sait très bien faire la différence.
Le soir venu, les chalets nous accueillent pour la nuit. Pas un bruit de voiture à l’horizon, pas de réseau téléphonique, pas d’électricité ni d’eau. Le cocktail parfait pour une belle coupure en pleine nature. Que c’est agréable de décrocher avec le monde moderne ?
Chalets ou refuges en autonomie complète ou en formule de luxe
Les randonneurs choisissent de passer leurs nuits en chalets (15 places) ou en refuges (jusqu’à 8 places). Dans les premiers, le confort est plus important. Cuisine équipée avec cuisson et éclairage au propane, chauffage au bois et matelas sont fournis alors que dans les refuges, le randonneur doit apporter son propre nécessaire de cuisine, d’éclairage et de couchage. Une rivière, un torrent ou un lac est toujours situé à proximité des hébergements.
Autour du poële à bois, les affaires sèchent et les randonneurs se réchauffent d’une belle et longue journée de marche.
De la même façon, le marcheur peut opter pour un portage de ses bagages et de la nourriture. Une option qui réduit fortement le poids du sac à dos et la difficulté de la traversée. C’est pour la version de luxe que nous avons opté. Sacs et nourriture (y compris la bière boréale) sont transportés par l’association de la traversée de Charlevoix.
Contactez l’association de la Traversée de Charlevoix pour étudier avec eux la formule qui vous convient le mieux.
L’acropole des Draveurs, une option tout en hauteur
L’itinéraire classique de la traversée de Charlevoix prend 7 jours. Il est possible de le réduire à 6 en cumulant les deux premières journées (19,1 km en profil descendant). Je conseille de faire ainsi et d’ajouter une journée de marche après l’étape du chalet de la Chouette pour se rendre à l’Acropole des Draveurs dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Une belle randonnée de 10,5 km avec 800 mètres de dénivelé positif et négatif qui permet de dominer la rivière Malbaie. Face à moi et au dessus des gorges, cinq vallées glaciaires suspendues se perde à l’horizon. Je ne traîne pas, la température a chuté là-haut. Il reste deux petites heures pour rejoindre le parking, prendre la navette et rejoindre le camping Huttopia du parc national. Plus d’infos : www.sepaq.com.
« Maintes-fois, j’ai contemplé la plus haute montagne, lui posant des questions auxquelles elle ne répondait que par le silence de son mystère. » Félix-Antoine Savard, prêtre écrivain québécois.
Porc-épic et autres animaux moins piquants
Les grandes forêts du Québec abritent une multitude de bestioles sauvages plus ou moins grandes. Il y a bien sûr l’ours noir et le cougar que la majorité des randonneurs ne souhaite pas rencontrer. Elle ne les rencontre souvent pas d’ailleurs mais peut apercevoir des empreintes ou des excréments.
Plein d’autres animaux inoffensifs peuvent s’observer furtivement. Le va-et-vient du castor qui construit son barrage, l’écureuil roux qui disperse les noisettes sur le sol, l’orignal avec son air bête et imposant et le porc-épic d’Amérique. Abondant dans les forêts de Charlevoix, ce gros rongeur contient jusqu’à 30 000 piquants pour se défendre de ses prédateurs. Pour l’observer, il faut lever la tête car il traîne le plus souvent dans les arbres où il se nourrit d’écorces. Plus étonnant, il apprécie la colle des panneaux d’indication du sentier qu’il n’hésite pas à ronger comme un toxicomane en manque.
Moi, c’est la région de Charlevoix qui me manque déjà !
Regardez aussi la vidéo de ma traversée de Charlevoix. Vous n’avez pas 7 jours et souhaitez randonner dans la région de Charlevoix. Gabrielle du blog Vagabondeuse conseille la randonnée de deux jours au mont des Morios.
Informations pratiques
S’y rendre
Au départ de Paris CDG-2A, Air Canada propose un vol quotidien non-stop toute l’année à destination de Montréal-Trudeau (YUL). Un Bombardier Dash 8-300 permet de relier Québec en moins d’une heure. Pour trouver votre vol au meilleur prix, utilisez notre comparateur de billets d’avion.
Pour rejoindre le départ de la randonnée, il n’y a pas de transport en commun. Le stop est une option intéressante jusqu’à Baie-Saint-Paul. L’association de la Traversée de Charlevoix peut vous transporter jusqu’au lieu de départ.
A propos de la randonnée
7 jours de randonnée pour bons marcheurs (sans portage) à très bons marcheurs (avec portage et en autonomie complète). Le sentier est parfaitement balisé mais le chemin est accidenté la plupart du temps.
- Jour 1 : Route 81 au chalet Marmotte (ou refuge Boudreault) – 19,1 km – 6h00 de marche
- Jour 2 : Chalet Marmotte (ou refuge Boudreault) au chalet Chouette (ou refuge Bihoreau) – 19,4 km avec l’option de la montagne de la Noyée – 7h00 de marche
- Jour 3 : Chalet Chouette (ou refuge Bihoreau) au parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie – 16,6 km – 5h30
- Jour 4 : Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie au chalet Geai Bleu (ou refuge Prophète) – 17,5 km – 5h30
- Jour 5 : Chalet Geai Bleu (ou refuge Prophète) – Chalet Coyote – 15,7 km – 5h00
- Jour 6 : Chalet Coyote – Chalet Epervier – 19,7 km – 6h30
- Jour 7 : Chalet Epervier – Grands Fonds – 10,3 km – 3h00
Pour organiser votre randonnée, un seul contact, celui de la Traversée de Charlevoix : www.traverseedecharlevoix.qc.ca
Livres
- Lonely Planet Québec : pour préparer son voyage au Québec.
- L’autre nature de Charlevoix : guide écotouristique de la traversée et de l’arrière pays. S’achète au bureau de la Traversée de Charlevoix.
Plus d’informations
- Sur le Canada : www.canada.travel
- Sur le Québec : www.quebecoriginal.com
- Sur la région de Charlevoix : www.tourisme-charlevoix.com
- Sur les activités outdoor au Québec : www.aventurequebec.ca
- Traversée à ski de Charlevoix : www.skirandonnenordique.com
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.