Un champ qui vient d’être labouré. La couleur de la terre, l’apparence des mottes… c’est à s’y méprendre. Mais les sillons sont hauts de plusieurs mètres et s’étendent, de manière chaotique, sur des kilomètres à la ronde. Un paysage apocalyptique. Plutôt de commencement du monde. Car c’est du basalte, du magma originel solidifié. Pas très ancien, qui plus est.
Teide : toujours actif
Même s’il est bien essoufflé aujourd’hui, le Teide, en plein centre de l’île de Ténérife, est encore considéré comme un volcan actif. Les fumerolles, visibles surtout près du sommet, le prouvent. Ici, sur son flanc ouest, les champs de lave ont un peu de deux siècles et la dernière éruption s’est produite en 1909. Un tableau étonnant et puissant. Il a servi au tournage du film « Le Choc des Titans », ce blockbuster avec notamment Liam Neeson qui met en scène les dieux de l’Olympe, où il contribue à la violence des affrontements.
Tombé sous le charme, l’humble marcheur, lui, ne se lasse pas. Les yeux se repaissent des couleurs changeantes. D’un versant de montagne à l’autre, elles vont du beige au presque noir en passant par toute la palette des ocres. Gigantesque avec ses 17 km de diamètre, la caldera, une dépression qui constitue le contrefort du volcan, est étonnamment variée.
A Tenérife, ces arbres-là résistent aux incendies
Montant en pente douce, l’approche vers le Teide se fait entre les pins canariens. Une variété bien plus tenace que ne le laisse penser le vert tendre des aiguilles : ces arbres-là résistent aux incendies ! Puis, parvenue aux altitudes que n’atteint pas la mer de nuages, au-delà de 2 000 m, la forêt fait place aux petits bosquets de genêts. C’est la plante la plus répandue –mais il y a aussi de la moutarde ou une magnifique et haute vipérine rouge ainsi qu’une espèce de violette connue seulement ici– dans le parc national du Teide.
Ceinturant le volcan sur quelque 189 km2 et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, ce parc est le plus fréquenté de toute l’Espagne ! Les visiteurs sont attirés par les superbes paysages, mais la plupart ne les contemplent que depuis le bord de la route. Aussi par la facilité de montée au Teide : sur son versant le plus abrupt, un téléphérique ultra-moderne grimpe de 2 356 m à 3 555 m en quelques minutes. La dernière partie, qui mène au sommet le plus haut du pays, à 3 718m, n’est pas offerte à tout le monde. Non pas que la marche soit rude, une bonne demi-heure suffit. Mais l’accès est restreint à 200 personnes par jour.
Le GR 131 colonne vertébrale des sentiers de TenérifeLa plupart des 1 000 km de sentiers de Ténérife s’articule autour du GR 131, véritable colonne vertébrale de la randonnée. Terminé voici peu, il court du nord au sud, coupant l’île en deux par l’arrête montagneuse et offrant les plus beaux paysages. Particulièrement bien balisé et fléché, le GR 131 compte 85 km. Il est divisé en cinq tronçons, dont la longueur varie de 11,3 km à …29,8 km. Cette étape la plus longue, qui est celle la plus au nord, se fait en 14h et 20 minutes. Les autres vont de 4h à 7h20. Une petite dérivation de 3,5 km, le 131.1, a été créée pour mener au Parador installé dans le parc national du Teide et bénéficier de ses différents services. L’itinéraire pèche par le manque d’hébergements. Il n’y en a guère qu’aux extrémités, dont ce Parador construit dans un cadre exceptionnel. Pour faire le GR131 dans sa totalité, il faut donc prévoir de bivouaquer ou organiser des transferts. Chaque tronçon du GR 131 fait l’objet d’une fiche détaillée où figurent notamment tous les numéros utiles pour les transports (bus et taxis) ainsi que bien entendu les renseignements pratiques. Télécharger les fiches |
Une vingtaine d’itinéraires balisés dans le parc
Sorti des endroits hyper touristiques, on ne croise finalement pas grand monde dans cette autre Ténérife, celle des volcans. Encore une très belle balade –une trentaine d’itinéraires sont balisés dans le parc– conduit au village de Vilaflor en six heures. Elle part d’un groupe de rochers au pied du Teide, des colonnes de lave que tous les Espagnols ou presque connaissent bien, même sans jamais y avoir été. Les « roques de Garcia » figuraient en effet sur les billets de mille pesetas ! La marche fait longer une dernière fois les « malpais », ces champs de lave où rien ne pousse. Plonger vers de petites collines où le basalte prend toutes les couleurs possibles en un patchwork surréaliste. Un arrêt s’impose pour admirer les « cheminées de fée », sculptées dans la roche par les coulées de lave en plusieurs endroits.
Plus bas, les sentiers retrouvent les forêts de pins, où s’accrochent les nuages d’un blanc duveteux. Accrochées à la montagne, les terrasses cultivées manifestent le retour à la civilisation. L’homme prouve son ingéniosité de manière éclatante : les plantations, des pommes de terre bien goûteuses, poussent dans de la pierre ponce concassée, idéale pour retenir la chaleur et l’humidité.
De belles randos mènent à la mer
Puis, tournant résolument le dos aux plages du sud qui font la réputation de Ténérife –et à l’urbanisation galopante–, direction la pointe nord. La nature y est toujours aussi sauvage. Et plus exubérante aussi, surtout dans cette étonnante forêt subtropicale de lauriers, la laurisylve d’Anaga., tapissée de mousse, recouverte de lichens.
De la ligne de crête qui scinde en deux l’éperon nord de l’ile, la vue est impressionnante : de part et d’autre une côte déchiquetée, des falaises, quelques cultures d’un côté et… rien de l’autre. De belles randos mènent à la mer. Ainsi, depuis Cruz del Carmen, où se trouve l’accueil du parc rural d’Anaga, trois chemins différents conduisent à Punta del Hidalgo, sur la côte, dont l’un passe par Chinamada et ses belles maisons troglodytes.
Dans la petite ville de La Laguna., d’anciennes et opulentes demeures jalonnent les rues qui quadrillent le centre historique, inscrit également au Patrimoine mondial de l’Unesco. Les façades aux couleurs veloutées et chatoyantes, jusque sur les églises et couvents, sont du meilleur effet. Et partout s’étalent des terrasses de cafés, prises d’assaut quel que soit le temps et l’heure : la douceur de vivre canarienne…
Informations pratiques
Office de tourisme : www.webtenerifefr.com
Randonnées
Tous les sentiers sont parfaitement balisés. Les itinéraires dans le parc du Teide sont consultables sur www.parquesnacionalesdecanarias.com. La description des itinéraires dans toute l’île sont à consulter ici.
Pour des randonnées guidées, contactez de notre part :
One Day In Tenerife
Felix de la Rosa
www.oditen.com
ou
Agencia Excursiones y Actividades
Juan Miguel Delporte Benitez
Guía-intérprete oficial
www.tenerife-adventure.com
mais aussi Gaiatours et Anaga Atraspiés.
Où dormir
- Parador Las Canadas, face au volcan du Teide
- Albergue Montes de Anaga, dans le parc rural d’Anaga,
- Hôtel Tigaiga à Puerto de la Cruz
- Domaine Sandos San Blas à San Miguel de Abona, qui dispose d’une réserve écologique privée
Où manger
Casa mi Suegra, près de La Laguna
Y aller
La compagnie Air Europa dessert Ténérife depuis Paris via Madrid.
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !