C’est le bout du monde. De l’Ancien, en tout cas. Le cap Saint-Vincent est la pointe la plus à l’ouest de toute l’Europe. Chaque soir, on y vient de loin pour contempler le coucher de soleil. C’est vrai, le lieu a du cachet. Battues par les vagues, écrasées sous le soleil, deux rangées de falaises se rejoignent sous un vieux fort –en des temps plus anciens, c’était un couvent– aux épaisses murailles. Un beau et majestueux phare en pierre, datant du milieu du XIXe, complète le décor.
Une côte sauvage d’Algarve
Le cap Saint-Vincent est le point de jonction de deux grandes routes pédestres, la via Algarviana (GR 13) et la rota Vicentina (GR 11/ E 9). La première traverse l’Algarve dans toute sa largeur sur 300 km jusqu’au joli village d’Alcoutim, sur le fleuve Guadiana à la frontière espagnole. La seconde arrive du nord en longeant la côte depuis l’Alentejo, la plus grande des provinces portugaises. Autant s’offrir un panachage de ces deux parcours !
Les derniers tronçons de la rota Vicentina en direction du cap sont sans doute les plus beaux. Encore plus en empruntant le Sentier des pêcheurs, directement en bord de mer, plutôt que la voie historique. La côte est de l’Algarve est parmi les mieux préservées d’Europe, notamment grâce au parc naturel, son extrémité figurant parmi les plus sauvages. A partir de Monte Clerigo et d’Arrifana –une plage magnifique où les surfeurs s’en donnent à cœur joie– le randonneur chemine ainsi sur d’agréables sentiers sablonneux au sommet de hautes falaises noires.
Des cigognes dans les falaises
Une bonne idée consiste à couvrir ces dernières étapes de la rota Vicentina avec des ânes pour le portage de bagages. Des animaux très doux, que les familles goûteront plus particulièrement. Ils impriment un autre rythme à la rando, laissent le temps d’apprécier les choses. Les multiples panoramas, bien sûr. La végétation aussi, très colorée en cette fin de printemps. Les taches blanches des œillets des sables, le rose des buissons de cistes, le mauve des gueules de loup. Çà et là, des bosquets de pins, palmiers nains et cactus.
Chose étonnante, les cigognes nichent dans ces falaises, tout juste au-dessus des vagues. Menacées d’extinction dans les années 90, elles sont aujourd’hui très nombreuses. Plus qu’en Alsace, dirait-on ! Les grands et fins volatiles se nourrissent de poissons en s’élançant des rochers escarpés. Les pêcheurs, eux, doivent les escalader en s’aidant de cordes pour poser leurs lignes.
Devant Faro, les lagunes de ria FormosaA quelques encablures de Faro –dont la vieille ville est plaisante à visiter– s’étend une vaste zone de lagunes, le ria Formosa. Un sanctuaire environnemental d’une grande richesse, devenu parc naturel en 1987. Il abrite par exemple l’une des plus grandes populations d’hippocampes du monde. Les amateurs y viennent de loin pour admirer de très nombreuses espèces d’oiseaux. Notamment en hiver. Situé dans un couloir de migration, l’endroit est en effet l’un des derniers en Europe où ils peuvent se reposer avant de traverser la Méditerranée. On peut aussi y voir toutes sortes de canards et d’aigrettes ainsi que des variétés très rares, dont la talève sultane. |
Des thermes réputés à Monchique
Après le cap Saint-Vincent, radical changement de décor : direction la montagne, à quelques dizaines de km seulement avec le charmant village de Monchique. Un endroit réputé depuis fort longtemps pour ses thermes, comme le prouvent les belles villas du début du siècle dernier.
Ici, la via Algarviana fait grimper quelques sommets, à moins de mille mètres, d’où l’on aperçoit la mer. Et traverser de magnifiques forêts de chênes-lièges, d’agréables vallées verdoyantes. Dans l’une, en pleine nature, se trouve une vieille ferme où l’on confectionne un alcool de medronho, une petite baie, comme autrefois. Et non loin de là officie un boulanger, en l’occurrence une femme, qui cuit un pain succulent dans son four à bois…
Une langue curieuse
Beaucoup plus à l’est, quasiment à la moitié de la via Algarviana, voici la région d’Ameixial. Ici ont été trouvées un peu partout –en 2008 encore pour les dernières– des stèles de pierre qui font le bonheur des archéologues. Présentées au musée local, elles sont gravées dans une langue curieuse, qu’ils savent lire maintenant, mais sans en comprendre le sens ! Alentour, la campagne est paisible. Ce sont des vallons agréables, parsemés d’oliviers et de pins. Dans le ciel plane parfois le vautour noir ou l’aigle de Bonelli, des rapaces devenues très rares. Appuyé contre les ruines d’un ancien moulin à vent, un berger garde ses moutons. Loin de tout, c’est le Portugal rural et profond. Pour le randonneur, c’est pain béni.
Informations pratiques
Quelle route choisir, sachant qu’il est difficile de faire les deux dans leur totalité ? Le mieux est évidemment de combiner des portions de l’une et de l’autre. En sachant que la via Algarviana, dans l’intérieur des terres, est moins chère de 20 à 30% en hôtellerie et restauration que la rota Vicentina, sur la côte.
Les deux routes disposent de sites très complets, fournissant cartes, relevés GPS, possibilités d’hébergement ainsi que tous les renseignements souhaités
- La rota Vicentina
- La via Algarviana
L’Office de tourisme de l’Algarve édite un guide broché proposant une sélection de 33 randonnées de 3 à 20 km avec cartes et fiches pratiques détaillées. L’aéroport de Faro est desservi par plusieurs compagnies low cost. Informations sur notre comparateur de vols.
Guide Lonely Planet « Portugal ».
Avec qui partir ?
- Accompagnateur de montagne João Silvestre Minestro à Loulé (venez de notre part !)
- Randonnées accompagnées avec ânes
Bonnes adresses
- Hôtel Faro à Faro
- Hôtel Mira Sagres à Vila do Bispo
- Villa Termal das Caldas à Monchique
- Chambre d’hôtes Casa da Mãe à Salir
- Restaurant Estaminé sur l’Ilha Deserta, près de Faro
- La distillerie Monte da Lameira, près de Monchique, pour son excellent alcool de medronho et le superbe cadre dans lequel il est confectionné. Tel. 962 702 039.
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !