Neuf éclats de terre surgis du grand bleu. C’est ainsi qu’apparaissent les Açores lorsqu’on les cherche sur une carte, à environ 1500 kilomètres à l’ouest des côtes du Portugal. Car, si on en connaît le nom – le fameux anticyclone des Açores du bulletin météo – on a aussi bien souvent du mal à situer cet archipel de l’océan Atlantique, à part si l’on est un marin. Lorsqu’on parle île, en effet, ce ne sont pas vraiment les Açores qui viennent en premier lieu à l’esprit. Et quand on parle randonnée encore moins. Et pourtant, aujourd’hui, je mesure à quel point cette semi confidentialité est regrettable, à quel point les Açores méritent d’être connues. En dépit de neuf identités propres, les îles de l’archipel crient aujourd’hui d’une seule voix leur désir affiché de reconnaissance et invitent le monde entier à découvrir chacun de leurs atouts. Pour nous autres marcheurs, citons un climat agréable en toute saison, un réseau de près de 60 sentiers parfaitement balisés, des hébergements plutôt bon marché et des paysages variés qui ne laissent personne insensible. De Sao Miguel à Pico, j’ai disposé d’une semaine pour appréhender l’intimité des Açores et évaluer leur intérêt en tant que destination de randonnée. Voici mon compte-rendu, en forme d’ode définitivement enthousiaste. Regardez aussi ma vidéo.
São Miguel – Faial da Terra & la Cascade de Salto de Prego
- D+ : 170 m
- Distance : 4 km
- Temps de marche : 2 h
Je suis bourlingué depuis une heure à l’arrière de la voiture de location. Je suis totalement impressionné par ces routes sinueuses – et c’est peu dire – qui escaladent et dégringolent sans cesse le long de hauts et raides versants verdoyants. São Miguel est surnommé l’île verte. Rien d’étonnant. Outre les précipitations régulières mais inégales dans leur répartitions, l’île dispose simplement d’une couverture végétale resplendissante : eucalyptus, platanes, arbres exotiques accrochés contre vents et marées à des pentes qui lorgnent plus du côté de la falaise qu’autre chose. Les falaises ? On ne voit qu’elle du côté sud. Une muraille de roche noire et volcanique, surgie de l’océan et s’achevant 1.000 mètres plus haut en moyenne. Un air de Jurassic Park, les dinosaures en moins. Jalonnée de bouquets roses de belladonna, les petites routes de l’arrière pays dégagent une atmosphère exagérément romantique. Pour l’heure voici Faial de Terra, un bourg isolé, engoncé dans une crique étroite, où chacun (sur)vit en cultivant son propre lopin de terre. Le tourisme est en train de débloquer petit à petit cette situation.
C’est le moment de marcher. Ce qui ressemble à une calade bien faite, mais raide, s’envole vers Saltinho, un ancien hameau d’altitude datant de l’époque de la piraterie et aujourd’hui prêt à être transformé en guest-houses pour vacanciers. Et sur le chemin des fleurs, beaucoup de fleurs, en particulier la conteira (Hedychium gardnerianum), qu’on aperçoit partout avec ses fleurs jaunes au style exotique et ses racines robustes qui ressemblent à du gingembre. Une beauté qui se fait parasite : introduite massivement, son poids favorise désormais les glissements de terrain… Au-delà du hameau en rénovation, un sentier succède à la calade, agréable trace à flanc de montagne qui disparaît dans l’ombre d’une épaisse forêt. Tout au bout, la fameuse cascade de Salto de Prego, qui joue les cascades tropicales. Une parfaite imitation de jungle, sans les inconvénients : aux Açores on ne trouve ni moustique, ni serpent, ni araignée ! En revanche il se murmure par ici l’existence d’anguilles géantes dissimulées dans les profondeurs du torrent qui accompagne notre retour à Faial da Terra.
A force de voir gamin des grands avec des gros sacs, le moment est forcément arrivé où j’ai eu envie de faire comme eux. De randos à la journée en trek de plusieurs jours, je finis par tenter l’expérience des treks au long cours : traversée des Pyrénées (2002), GR5 français (2004) et traversée de l’arc alpin (2006). Ces grands périples m’ont mené sur la voie de l’écriture et de la phtographie. Aujourd’hui je suis journaliste pour mon propre média sur internet sur le thème de la randonnée, appelé "Carnets de Rando".