A l’occasion du 1er Tenerife Walking Festival, Tenerife s’est mis au vert pour faire la promotion de ses sentiers de randonnée qu’ils soient volcaniques, côtiers ou en pleine nature. Le Teide, le plus haut sommet des Canaries mais aussi d’Espagne avec ses 3718 mètres, est la grosse randonnée de Tenerife en dehors du GR131 qui traverse l’île de la Esperanza à Arona. J’y ai trainé mes Vibram. Retour sur cette ascension.
Montée au refuge Altavista
C’est depuis le kilomètre 40,7 de la route Tf21 sur Tenerife que nous commençons notre ascension du Teide par le sentier numéro 7. Ce point de départ est nommé la Montaña Blanca, une montagne totalement faite de pierre ponce. On est à 2348 mètres en plein cœur du parc national du Teide, il est 15h15. Classée comme difficile en raison du terrain et de l’altitude, la rando est réalisable en une grosse journée de marche de 8 heures par des randonneurs aguerris. Mais, la réaliser en deux jours permet à la fois de profiter du paysage et d’assister au lever du soleil après avoir passé une nuit au refuge d’Altavista. C’est cette deuxième option que nous avons choisi. Il est aussi possible d’atteindre la cime du volcan en ne marchant que les 200 derniers mètres à la sortie du téléphérique. Ce type d’approche n’est pas ma tasse de thé.
Le chemin démarre par une large piste qui monte en pente douce et contourne la Montaña Blanca. Au milieu de cette terre blanche complètement désertique, de gros blocs de basalte semblent avoir été déposés par les Dieux tellement ils sont énormes. Les locaux les appellent communément les œufs du Teide, les scientifiques les nomment les boules d’accrétion. Elles se sont formées lors d’une très ancienne éruption volcanique lorsque la lave a déroulé son tapis de feu dans une pente très raide. Le phénomène est tout en contraste avec la Montaña Blanca. On peut d’ailleurs voir la lave solidifiée de cette éruption en levant la tête. Impressionnant !
Le Teide est un volcan toujours actif. On raconte que Christophe Colomb en route pour les Amériques assiste à une éruption du pico. La dernière date de 1909 et a formé le cône du Chinyero situé au nord-ouest du sommet principal. Ici, tout le monde est persuadé qu’il va de nouveau entrer en activité. La seule question qui demeure c’est quand.
Le chemin quitte la piste et s’élève (enfin!) à travers les champs de lave solidifiés. Alors que la base du volcan est parsemée de genêts du Teide et d’Adénocarpes en fleur lorsque le printemps arrive, les mers de lave basaltiques qui jonchent les pentes du volcan semblent dénuées de vie. Nous passons à l’ombre, la température chute alors que nous grimpons de plus en plus haut. Vers 3000 m, je sens la pression sur ma boîte crânienne. Je dois ralentir le pas. Ce matin, nous étions à l’altitude zéro. En compagnie de Jean-Michel, je rejoins le refuge situé à 3270 mètres après 2h45 de marche. Il a été construit en 1892 puis rénové en 2007 sur le site de l’observatoire astronomique Piazzi Smith. Il fait 1° C l’extérieur à notre arrivée. On se blottit à l’intérieur pour se réchauffer. Le refuge gardé toute l’année dispose de 6 dortoirs pour 54 lits au total. Pas de restauration sur place, il faut apporter sa nourriture et la cuire dans la cuisine à disposition. Possibilité d’acheter café, chocolat, snickers et autres barres chocolatées et de l’eau. Prix prohibitif. Wifi également. Quelques minutes gratuites, ce qui m’a permis de partager la photo du coucher de soleil sur Facebook et Instagram.
Tenerife Walking FestivalPour la 1ère édition du Tenerife Walking Festival, plusieurs centaines de randonneurs venus des quatre coins de l’Europe et même du Guatemala s’étaient réunis durant 6 jours pour découvrir les beautés de Tenerife à pied. Chaque jour les randonneurs ont pu choisir leur itinéraire sur un programme pré-établi. Il n’a pas été rare de voir les journées se prolonger le soir autour d’un verre ou d’un bon repas. Convivialité au sommet ! L’opération sera reconduite chaque année à la fin de l’hiver. |
Lever de soleil au sommet du Teide
4h45, je me lève avant la sonnerie du smartphone. Mal dormi. Trop chaud, trop bruyant sans boules quies et l’altitude qui vient perturber le sommeil. D’ailleurs’ j’ai un peu mal au crâne ce matin et j’ai la tête des mauvais jours.
J’avale un chocolat chaud et deux trois bricoles puis nous partons à la lumière de la demi-lune et de nos frontales. J’aime cette ambiance de montagne où l’excitation d’atteindre le sommet se mêle à une certaine inquiétude d’y arriver. Je lis ça dans le regard d’un certain nombre de participants qui ne sont jamais montés aussi haut.
La température est très légèrement négative. Quelques poches de névé subsistent sur les versants nords. Je regrette de ne pas avoir emporté un bonnet et des gants. Je marche donc les mains dans les poches, le buff et la casquette vissés sur la tête. Si le regard est tendu vers le chemin ; les pensées sont perchées vers les étoiles. Le sommet du Teide n’est pas visible.
Plus nous montons, plus le crépuscule nous tend ses bras. Au Mirador de la Rambleta à un peu plus de 3500 mètres, le jour semble presque pointer son nez. Je décide de poursuivre en accélérant le pas pour ne pas rater le lever du soleil depuis la cime. C’est après 1h45 de grimpette que j’atteins le troisième plus grand volcan du monde depuis sa base, après le Mauna Loa et le Mauna Kea, à Hawaï. Il est 7h22, une légère brise glaciale nous caresse le visage. Le soleil sort de sa torpeur et illumine l’horizon de ses rayons. Il y a dans ce lever des rayons de bonheur. Les randonneurs jusque là silencieux clament leur joie haut et fort, et se prennent en photo pour immortaliser cet instant éphémère. Personne ne pourra nous retirer ce moment de délectation où dans l’effort nous sommes entrés en communion avec le Teide et le jardin Atlantique qui l’entoure.
Retour à la Montaña blanca après l’ascension du Teide
Nous sommes revenus à la Montaña blanca par le même chemin. Le sentier monté en pleine nuit se découvre. La lave nous entoure dans un étau sinueux et désolé. Plus bas, les couleurs changent. Tout semble si différent. Mais si vous n’aimez pas les randonnées en aller/retour, il est possible de redescendre par le sentier 12 qui rejoint le Pico Viejo (3 134 m) puis de redrescendre sur la route TF-21 par le sentier 23 qui rejoint l’hôtel Parador. Delà, des bus peuvent ramener les randonneurs au point de départ. Sinon, il reste le stop…
75 sentiers de randonnée représentant plus de 1 500 km de chemins balisés permettent de découvrir l’île par sa nature. Je vous livre quelques idées d’itinéraire pour compléter l’ascension du Teide : les chemins du parc national, malpaïs de Güímar ou la belle boucle à partir de Cruz del Carmen qui rejoint punta del Hidalgo. Il y a de quoi faire… Vous en voulez plus ? Allez lire l’article de Fabienne et Benoit sur leurs randonnées à Tenerife.
Informations pratiques
Données rando
- 17,6 km en aller/retour
- 1 536 m de dénivelé positif et négatif
- 12h00 de marche selon les guides de Tenerife ; 8h45 pause comprise sans forcer.
Dormir au refuge Altavista
Réservation obligatoire sur le site internet www.refugioaltavista.com. 54 places. Pas de restauration mais cuisine à disposition. Pas de douche.
Demande d’autorisation pour l’ascension du Teide
L’ascension au sommet du Teide est limitée chaque jour pour protéger le site. Il n’est pas nécessaire d’avoir un permis si vous êtes au Mirador de la Rambleta avant 9h00. Cela concerne essentiellement les randonneurs qui ont dormi au refuge. Au delà de 9h00, une demande d’autorisation est obligatoire et les gardes du parc national veillent à faire respecter cette législation. Faites votre demande bien en avance car l’ascension est courue.
Rejoindre le départ de l’ascension en bus
Les lignes de bus 348 depuis Puerto de la Cruz et 342 depuis Playa de las Américas permettent de rejoindre le départ de la Montaña blanca mais ils passent rarement dans la journée. Plus d’infos ici.
Plus d’informations
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.