Ayant traversé la Chartreuse rapidement au cours d’une longue randonnée il y a quelques années nous souhaitions découvrir plus en profondeur ce massif aux paysages si particuliers. Guettant un créneau météo favorable nous avons entrepris ce tour début octobre, période durant laquelle les forêts commencent à se colorer de teintes chaudes et dorées. Des fermetures d’hébergement ne nous ont pas permis de boucler le tour complet et nous avons du utiliser la voiture pour rejoindre les départs de randonnée des deux derniers jours, faute de transport en commun disponible à l’intérieur du massif. En effet, à notre grand étonnement, aucune liaison en bus ne relie les deux principaux villages du massif, Saint Pierre d’Entremont et Saint Pierre de Chartreuse. Le premier s’atteint par bus depuis Chambéry, le second depuis Grenoble mais le stop ou le taxi restent le seul moyen de liaison entre eux.
L’itinéraire ne présente pas de difficulté particulière et est correctement balisé (balisage du sentier de randonnée Tour de Chartreuse et GR9). La vigilance s’impose en cas de temps pluvieux sur certains chemins qui deviennent alors particulièrement glissants. Quelques passages boueux sur la trace des engins d’exploitation forestière imposent parfois un contournement malcommode au travers de la forêt.
Saint Pierre d’Entremont – la Ruchère
- 10,1 kms
- D+ 745m
- D- 350m
- 3h30
Le ciel est intensément bleu et va rapidement dissiper la fraîcheur de la nuit qui a déposé une mince couche de givre automnal. Le soleil illumine chaudement les parois rocheuses dominant le Guiers Vif pendant que nous parcourons le paisible village de saint Pierre.
Le pont sur le Guiers nous transporte en Savoie. Après des courses rapides à la boulangerie nous traversons un lotissement de chalets abondamment fleuris. Une petite route s’enfonce au creux de gorges profondes dominée par une paroi rocheuse verticale au milieu de laquelle une route en encorbellement défie le vide. L’humidité fraîche et pénétrante nous incite à hâter le pas.
Une passerelle métallique permet de traverser le Guiers. Nous poursuivons notre échauffement par un raide chemin qui déroule ses lacets pour affronter la pente boisée soutenue qui rejoint le Château, hameau perché dominant fièrement la vallée.
Du promontoire supportant les ruines du château de Montbel un vaste panorama s’étend depuis la dent de Crolles jusqu’à la plaine des Echelles baignée d’une atmosphère brumeuse.
Après une longue halte nous reprenons le cheminement vers le pas Dinay. La petite route cède la place à une piste. Emportés par notre élan nous manquons le balisage et arrivons à proximité des granges Bandet où nous prenons conscience de notre erreur. Au travers du sous-bois, en enjambant une clôture nous parvenons à retrouver rapidement la trace balisée qui chemine dans une profonde hêtraie et rejoint le pas Dinay où une fraîche bise nous accueille dans l’ombre. Le soleil inondant le belvédère proche nous convie à remonter la courte pente pour profiter confortablement de notre pique-nique. Le sentier dévale ensuite par de multiples lacets un vertigineux couloir dominé par d’impressionnantes falaises. L’étroitesse du chemin nécessite un minimum de vigilance durant la longue traversée sur les pentes abruptes qui permettent de gagner les abords de la Ruchère.
Le hameau est cerné de prairies qui adoucissent la sévérité du sombre couvert forestier. Dans le village de massives constructions aux toits à quatre pans en tuiles plates s’étagent sur la pente et la douce odeur du feu de bois taquine nos narines. Nous abandonnons le GRP pour redescendre la route sur 500m afin de rejoindre notre gîte. Il est encore fermé à notre arrivée tôt dans l’après-midi, mais le soleil réchauffe la terrasse et nous permet de profiter d’un agréable moment de détente après cette courte étape de « mise en jambes »
La randonnée est pour moi une source de découverte inépuisable. Amoureux de la montagne depuis de nombreuses années j’ai toujours autant de bonheur à parcourir les sentiers et à partir marcher aussi bien pour une journée que pour de longues itinérances. Mon départ à la retraite m’a offert le loisir de traverser les Pyrénées par la HRP dont je rêvais depuis longtemps. Cette longue traversée a encore renforcé mon envie de périples au long cours… Et depuis, j’ai traversé la France du sud vers le nord puis l’Espagne sans négliger quelques itinéraires plus courts au cœur de nos massifs. Cette envie de longues itinérances reste vivace et les projets ne manquent pas…