Jusqu’à la Baume au bœufs par le sentier Martel
JOUR 1 : Après une visite de Moustier, classée parmi les plus beaux villages de France, au croisement entre la D952 et la D957, j’emprunte le Gr4, pour une ascension par un petit sentier (pour info, le balisage sur tout l’itinéraire est très bon). Je grimpe « sec » aux travers de pierriers massifs et je prend vite de la hauteur juqu’à la crête de L’Ourbès. Celle-ci domine l’eau bleu-glacier du lac de Sainte Croix. La vue nous offre un panorama sans fin jusqu’au confins du lac, la chaleur est écrasante mais heureusement le chemin serpente au travers de forêts de chênes offrant une ombre bienvenue.
Je franchis successivement le col de l’âne, puis le col de plein voir par un chemin large et déroulant jusqu’au point culminant de la journée à 1224 mètres (soit 700m de dénivelé +). Arrivé au carrefour du plateau de Barbin, je lâche le GR4 pour prendre le petit sentier (à peine visible au début) du ravin du Brusc qui descend jusqu’au sentier Bastidon. Le ravin porte bien son nom, puisqu’il ne ménage pas le randonneur. En effet, le sentier serpente en descente sur des pierriers très glissants et abruptes. Un conseil, soyez vraiment bien chaussés ! J’y laisserai presque un de mes bâtons et serai à deux doigts de perdre mon appareil photo. Bref, prudence sur cette partie !
Après un léger détour par le belvédère Maireste et une pause casse-croûte, toujours bien méritée en rando, j’attaque enfin les choses sérieuses avec le sentier Bastidon, long de 5 km. Là, surplombant vraiment le canyon et le Verdon, le sentier devient intéressant, parfois technique avec quelques passages très étroits avec main courante. Mais le point fort reste la vue sur les falaises alentours, monumentales et vertigineuses. A couper le souffle ! Le sentier se termine en sortant sur la route des belvédères. Un passage moins agréable de 4km sur la route, avec un passage régulier de voitures, mais qui a au moins l’avantage d’offrir de nombreux points de vue dominant le canyon.
A l’issue de la route, j’arrive au chalet de la Maline, gîte/buvette entretenu pas le Club Alpin Français, qui marque l’entrée du sentier Blanc-Martel. Ce dernier démarre par une descente en lacets et en escaliers, avec un dénivelé de 400m – direct jusqu’au fond du canyon. Pour la petite histoire, les sieurs Blanc et Martel sont les deux personnes qui ont décidé d’explorer cette partie des gorges afin d’y trouver le fameux chemin qui porte leur nom, se faisant aider par des locaux, au prix de nombreux efforts pour ouvrir la voie.
Arrivé en bas, premier contact avec la fameuse rivière, dont la couleur somptueuse invite à la baignade. Mais comme beaucoup de torrents de montagne, il reste très frais et avec un fort courant. Si la prudence est de mise, la pureté de son eau est très bonne, en témoigne la présence d’un poisson, l’Apron du Rhône, très sensible à la qualité de l’eau.
Je navigue en bas des gorges, bien à l’ombre de celle-ci et quittant toute forme de civilisation pour la soirée. Après quelques kilomètres, je tombe sur la baume aux bœufs, sorte de grotte peu profonde mais pouvant servir d’abri. C’est ici que je décide d’implanter mon bivouac pour la nuit. Pas trop loin de l’eau, mais suffisamment haut quand même car le niveau du Verdon peut monter de plusieurs mètres à cause des barrages situés en amont.
Je me risque tout de même à prendre un léger bain pour me rafraîchir et me laver dans une zone à faible courant, au bord d’une petite plage de sable, seul au monde. Je passe une soirée très agréable, loin de tout, à écouter les oiseaux chanter et à regarder le soleil disparaître sur le haut des falaises. Je me sens tout petit… Puis je retrouve le calme de ma caverne pour la nuit, et m’endors en homme Pré(sque)-historique…
En marche pour Castellane
JOUR 2 : Après une nuit reposante et bien au chaud, je plie mon camp assez vite et reprend la route avant 8h. Le chemin regrimpe rapidement, est assez pierreux et s’engage entre des parois rocheuses. Après les avoir franchies, je tombe sur l’escalier de la brèche Imbert. Bel assemblage métallique vertigineux qui redescend en flèche sur le Verdon (Un écriteau explique ici que l’escalier original était fait d’acier et de bois mais que complètement pourri, il a du être changé au profit d’une structure tout en métal).
Le chemin reprend son cours le long de la rivière, alternant les passages exposés au soleil levant, ceux à l’abri dans les bois, et les lacets avant d’arriver à l’un des deux tunnels que compte le sentier. Ce premier est assez court et l’on distingue l’autre extrémité, ce qui permet de le traverser sans lampe frontale. Elle est cependant nécessaire sur le deuxième tunnel, beaucoup plus long (je dirai 700 à 800 m) et fait de plusieurs virages ce qui le plonge dans le noir complet. Expérience spéléologique sympa, dans laquelle on peut admirer la baume aux pigeons, demie grotte surplombant le Verdon.
Enfin sorti, vous quitterez les gorges et le canyon en direction du point sublime. Et voilà un titre qui n’est d’ailleurs pas volé. En effet vous arriverez sur un belvédère qui vous offre une vue sur l’entrée des gorges : la plus belle de tout l’itinéraire. Comme pour clôturer le passage dans le canyon, je lève la tête pour constater qu’un vautour (espèce protégée et ré-introduite dans la région) tourne au dessus de mon promontoire avec un vol lent et majestueux. Un signe, une sorte d’au revoir ?
Après une longue contemplation, je reprend ma route en constatant que le temps vire à l’orage. Ce sera l’occasion de tester l’imperméabilité de mon matériel. L’ascension reprend en virages à travers champs jusqu’au charmant petit village de Rougon, dominé par une ancienne ruine de château sur un pic rocheux. Je vous conseille un petit tour par le (très petit) centre du village et la crêperie locale, Le Mur des Abeilles. L’accueil y est très chaleureux et les crêpes délicieuses.
Après ma pause gourmande, je reprend ici le GR4 avec une ascension sur un large chemin derrière le village. L’orage gronde derrière moi mais ne m’atteindra pas, heureusement car les plateaux sur lesquels j’arrive sont assez exposés. Ici le paysage change par rapport aux gorges, je me retrouve au pied du mont Pioulet qui domine de toute sa masse les pâturages du plateau et de nouveaux des petites forêts de chênes.
J’arrive après de nombreux kilomètres au petit village d’étape de Chasteuil. Le chemin assez monotone vous offre néanmoins une jolie vue sur la vallée et les deux sucs qui entourent la porte Saint Jean. Je quitte le village pour remonter lentement jusqu’à l’oratoire de la Chapelle Saint Jean. Je vous conseille le petit détour jusqu’à celle-ci, située presque au sommet et à flanc de montagne. Ici point de foi, mais son l’isolement et sa situation, en font un petit écrin protecteur pour le pèlerin perdu, ou exposé à la mauvaise météo. Il est à noter le travail des gens du coin qui œuvre à sa préservation et à son entretien.
Je reprend le large chemin qui redescend et qui m’offre une dernière vue sur la chapelle dominant la porte Saint Jean, et je songe encore une fois à ce qu’elle devait évoquer aux gens qui traversaient l’endroit. Je rejoins une route qui arrive au village de la Colle à proximité de Castellane, là où je termine mon périple au charmant camping Calme et Nature pour un repos bien mérité.
Encore une fois, la visite de Castellane est à conseiller. Village fortifié dominé par une chapelle impressionnante sur son pic rocheux, vous trouverez des endroits très sympa pour vous poser autour d’un bon repas. C’est également un village très sportif, avis aux amateurs de canyoning, rafting, randonnées…
Je suis un Aventurier Amateur de randonnées, de vtt, de raquettes, et surtout de trek au long cours, alternant les expés en solo et celles avec des Amis fidèles. Dépassement de soi, plaisir et partage sont mes crédos.
Bonjour,
Merci pour cet article qui fait rêver !
Combien d’heures de marche par jours cela t’as pris environ ?
Bon weekend !
Océane
Bonjour et merci pour le compliment. J’ai tendance à marcher assez longtemps sur les journées d’été. Au moins 8h. Donc pour faire l’ensemble de l’itinéraire il peut être utile de rajouter une demie journée, voir une journée si besoins pour prendre son temps. Mais cela reste faisable en 2 jours en mode sportif. Voilà.
Bonsoir,
Super récit !
Combien de kilomètres sur les 2 jours, et de dénivelé ?
Avez-vous une trace GPS de la randonnée ?
Merci
Bonjour
SVP savez-vous combien d’heures par jour? Nombre de kilomètres en tout?
Merci!