Cela fait maintenant quinze ans que j’arpente avec plus ou moins de succès les sommets de plus de 6000 mètres des Andes, en portant un amour particulier pour une immense zone appelée Puna de Atacama qui s’étend sur plus de 1000 km, à cheval entre le Nord du Chili et le Nord-Ouest argentin. C’est ici que l’on trouve la plus grande concentration de sommets de plus de 6000m de toute la cordillère des Andes, et les paysages lunaires de ce désert (le plus aride du monde, dit-on) sont pour moi une perpétuelle source d’émerveillement. Lors de ma dernière expédition, j’ai voulu tenter seul l’ascension de l’Ojos del Salado, le 2ème sommet des Andes et le plus haut volcan du monde par la voie normale argentine, beaucoup moins fréquentée que la chilienne car moins facile d'accès.
Je vous en ai déjà parlé dans mon récit. Maintenant, place à la vidéo !
Pour m’acclimater à l’altitude, j’ai effectué à pied et en prenant mon temps les 55 km d’approche depuis la route jusqu’au pied de l’Ojos del Salado en trimbalant 15 jours de nourriture sur mon dos et sur mon Carrix (chariot). Sur mon chemin, j’ai rencontré Carlos, un argentin venu avec les mêmes intentions. Nous avons partagé une bonne partie de l’expé ensemble, même si le jour du sommet nos rythmes furent incompatibles pour arriver là-haut ensemble. Au total, 13 jours d’extase à l’issue desquels nous avons dû nous faire « exfiltrer » en 4×4 à cause d’une grosse tempête qui pointait le bout de son nez, alors que j’avais prévu l’ascension d’un autre gros 6000 et un retour à la route à pied, histoire de faire une expé 100% « by fair means ». Ça sera pour la prochaine fois !
Infos pratiques
Comment y aller ?
Depuis d’Argentine : Vol International jusqu’à Buenos Aires, puis bus (compter une nuit de route) ou avion en ligne intérieure jusqu’à Catamarca, puis 6h de bus pour atteindre Fiambala, puis environ 2h de route en voiture pour atteindre Quemadito, l’endroit où se faire déposer au bord de la route.
Depuis le Chili : Vol international jusqu’à Santiago, puis bus ou avion en ligne intérieure jusqu’à Copiapo. Quelques heures de 4×4 sont ensuite nécessaires pour rejoindre la laguna verde et le pied du massif.
Quand s’y rendre ?
La saison de grimpe dans cette zone appelée « los Seismiles » s’étend de Novembre à Mars et je vous recommande plus particulièrement Novembre et Décembre, les 3 mois suivants étant souvent moins stables. Pour mettre les chances le plus de votre côté, je vous déconseille les années El Niño, souvent synonymes de tempêtes fréquentes dans ces endroits.
Avec qui s’y rendre ?
Etant donné son double statut (2ème sommet des Andes et plus haut volcan du monde), l’Ojos del Salado est une montagne dont l’ascension est proposée par un grand nombre d’agences françaises, locales ou autres. Vous n’aurez donc pas de mal à trouver une formule qui vous conviendra. Pour ceux qui souhaitent un conseil, je vous encourage à contacter Ursula Expediciones, une petite agence dirigée par une jeune experte de ces endroits et qui fut la seconde argentine au sommet de l’Everest.
Pour ceux qui, comme moi, souhaitent se débrouiller seul en se faisant déposer au bord de la route, vous pouvez contacter Jonson Reynoso, un des meilleurs connaisseurs de la Puna de Atacama. Il réside à Fiambala où il est responsable de la sécurité touristique de la région des Seismiles. andestravesias@hotmail.com (il faut être patient car il est parfois lent à répondre).
Difficulté de ce trekking-ascension
Ce trekking ne présente pas de difficulté technique à proprement parler. La difficulté réside dans l’altitude et l’éloignement. Pour s’engager dans ces ascensions, il est impératif de s’être au préalable bien acclimaté sur au moins une semaine avec idéalement l’ascension d’un ou deux sommets de plus de 6000m. Heureusement, ce n’est pas ce qui manque à immédiate proximité ! A noter que, dans cette zone, il est aussi facile de s’acclimater du côté chilien qu’argentin. Attention, il n’existe pas de structure de secours en montagne organisée dans ces endroits. Cela implique un engagement et/ou une logistique qui doivent avant tout privilégier la sécurité. Personnellement, quand je pars seul dans ces endroits, je prends maintenant un téléphone satellite qui me sert surtout pour consulter la météo mais qui pourrait en cas de gros pépin peut-être me sauver la vie. A noter qu’on trouve de l’eau sous forme liquide tout au long du trek d’approche (sauf sur la section Aguas calientes et Agua de vicuña) et jusqu’à environ 6000m sur ce versant de l’Ojos ! Enfin, compte tenu du froid et des vents souvent démoniaques, je vous conseille de ne pas lésiner sur la qualité de votre équipement, tout particulièrement en ce qui concerne la tente, le duvet et les chaussures.
Livres
Outre les guides de voyage classiques, je vous recommande :
- The Andes : A Guide for Climbers de John Biggar (en anglais, mais une édition antérieure existe en français. Un excellent guide mais assez généraliste)
- +6500. Una forma de dimensionar los Andes de Dario Bracali et Guillermo Almaraz (en espagnol uniquement. Le livre le plus complet sur les sommets andins de plus de 6500m. Indispensable)