JOUR 1 : Le voyage, Saint-Etienne/Lyon → Portree (Ile de Skye)
Le voyage étant une aventure, je me permet de le conter : en ce lundi 1er mai, le réveil à 4h du matin est difficile, la nuit a été courte, due sans doute à l’excitation du départ imminent. Les copains (Jérôme, Benoît, Sylvain, Jean-Christophe) partent de Sainté et me récupèrent directement chez moi vers 05h30, sous la pluie. Ce sera l’unique occasion d’essayer l’imperméabilité de mon matériel. Direction ensuite l’aéroport lyonnais de Saint Exupéry, d’où notre vol décolle à 7h. Après 1h30 de vol nous atterrissons a Heathrow/Londres, puis après un long transfert, nous reprenons le vol suivant pour Glasgow. En arrivant nous espérons tous pouvoir récupérer nos sacs à dos, et surtout dans un bon état. Ce ne sera pas la cas pour Sylvain, qui se retrouve avec un bâton cassé en deux, et pour moi qui constate que la boucle ventrale de mon sac est brisée. Gros problème, car en trek le sac repose sur les hanches et donc principalement sur la sangle ventrale. Bref nous trouverons une solution à ce problème ultérieurement. En attendant nous en profitons pour savourer une bière et un burger avant de prendre le bus de 13h25 qui doit nous emmener à Glasgow Buchanan Station. Nous avons une fenêtre de 45min pour nous rendre dans une boutique pour acheter des bouteilles de gaz pour nos réchauds. Arrivés sur place, nous trouvons facilement le magasin que nous avions ciblé à proximité. Seulement nouveau problème, celui-ci est fermé (sans doute à cause du 1er mai). Pas de panique, nous nous adaptons et demandons des renseignements aux riverains. Ils nous indiquent un « mountain shop » pas très loin. Nous le trouvons et achetons ce dont nous avons besoin. J’en profite pour me procurer un lot de boucles de sangle, qui ne m’a pas l’air d’une qualité exceptionnelle mais devrait dépanner. Ouf ! Nos achats terminés nous reprenons le bus qui doit enfin nous mener sur l’île, jusqu’à Portree, le village principal. Le voyage est long, 6h40, et longe dans sa première partie la West Highland Way que nous avions faite deux ans auparavant. Cela a au moins le mérite de nous rappeler de bons souvenirs. Nous faisons un court arrêt à Fort Williams puis nous continuons notre route à travers les Highlands. Après 6h, nous atteignons enfin l’île, en franchissant un court pont entre celle-ci et l’Ecosse. Il ne manquerait pas grand chose pour qu’il ne s’agisse pas d’une île en fait. Le soleil se couche sur la mer et nous rappelle que nous allons devoir trouver le bivouac à Portree à l’aide de nos frontales. Cela ne s’avère pas une mince à faire lorsque l’on ne connaît pas les lieux où l’on se trouve mais nous arriverons à poser nos tentes sur un terrain vague en contrebas de l’Hôpital local, face à la mer. Il est 22h30 ; il fait bon mais nous ne traînons pas ; nous sommes éreintés.
JOUR 2 : Atteindre le bout de l’île, départ → début du Quirang
Le soleil se lève tôt et le chant des oiseaux nous force à être debout assez vite. Nous plions bagage et nous partons vers la place principale de Portree, où nous prenons un café en attendant le bus qui doit nous emmener au départ du trek. Nous discutons avec une bande de baroudeurs/survivalistes qui font le tour de l’île. Ils nous informent qu’ils ont subi un temps exécrable la semaine précédente. Pour nous, la chance semble au rendez-vous avec un soleil magnifique annoncé sur toute la semaine. Nous embarquons direction Duntulm pour une dernière heure de bus qui nous fait admirer nos futures traversées (Storr, Quirang…). Le bus nous dépose au milieu de nulle part, devant une cabine téléphonique « so british ». Il est 10h15 lorsque nous nous lançons enfin sur le trek. Dès les premiers instants, le paysage est brut et magnifique, sous un ciel bleu ensoleillé. Nous prenons plein Nord afin de nous rendre sur la presque île de Rubha Unish. Pour accéder à celle-ci il faut descendre dans une brèche escarpée. Nous longeons les landes avant de nous retrouver au bout d’un promontoire. Nous arrivons au point Nord de l’île et apercevons deux phoques qui barbotent dans les courants. Du coup Sylvain et Benoît se sentent obligés d’aller tester l’eau par eux mêmes. Après une bonne pause, nous rebroussons chemin afin de reprendre la ligne de crête qui surmonte de belles falaises de basalte. Nous arrivons au point le plus haut face à une cabane/abri de randonneurs, qui doit être la bienvenue en cas de météo déchaînée. Nous continuons notre chemin après la pause repas, il redescend sur un petit hameau que nous traversons. Les maisons ici se ressemblent toutes mais semblent chaleureuses à souhait. Nous longeons de nouveau de belles falaises qui surplombent des pics rocheux et des failles, et abritent aussi de nombreuses espèces d’oiseaux (goélands, corbeaux, , cormorans…). Nous oscillons entre mer et terre, en restant très près du bord, car au delà la tourbe est présente partout et on s’enfonce facilement jusqu’au chevilles. Nous arrivons en milieu d’après midi au village de Flodigary et son bel Hostel, point d’étape régulier mais nous ne nous y arrêtons que pour nous rafraîchir et continuons notre route. Notre préférence va au bivouac sous la tente. L’aventure, jusqu’au bout ! Nous entamons alors l’ascension vers le Quirang et nous laissons derrière nous deux lacs qui nous semblaient peu propices pour nous poser et poussons un peu plus haut. Notre objectif est d’entamer le dénivelé car il nous reste du temps sur la journée et cela sera toujours à faire en moins le lendemain. Nous trouvons presque en haut deux zones d’herbes un peu plates bien qu’un peu venteuses, mais nous décidons de nous y installer. Nous laissons nos affaires au camp et grimpons encore plus haut afin d’avoir un point de vue magnifique sur la région environnante. Ce sera l’occasion d’une petite séance photo sur les premières aiguilles du Quirang. De retour aux toiles de tente, le vent est tombé ce qui nous permet de passer une agréable soirée autour de nos premiers repas lyophilisés. Je tente même l’expérience du bain rapide, l’eau étant très froide, dans un lac voisin. La nuit s’annonce douce et récupératrice…
JOUR 3 : Premières difficultés, Quirang → Storr
La lueur de l’aube s’invite sur notre toile de tente, je sors la tête et constate un magnifique levé de soleil. Il fait bon en plus, la journée s’annonce excellente ! Nous prenons le temps de plier notre matériel avant de reprendre la route qui va nous mener en plein cœur du Quirang. Nous parvenons rapidement devant les fameuses aiguilles surplombant la vallée de ce sanctuaire. C’est tout simplement à couper le souffle. La profondeur de champ visuel est impressionnante, surtout que la météo est encore impeccable. Pas un nuage à l’horizon. Nous passons ici un long moment à faire une séance photo. Moi surplombant les autres sur leur aiguille, nous shootant les uns les autres. L’aventure est une drogue, qui emplit le cœur et l’esprit de joie. Nous finissons par quitter les lieux car nous devons avancer. En effet l’étape d’aujourd’hui s’annonce longue. Après avoir traversé le parking touristique qui mène au Quirang, nous attaquons l’ascension des crêtes qui doivent nous mener au Storr. Nous sommes encore en forme mais le relief qui suit va rapidement nous faire déchanter. En effet, les montées au dessus des crêtes, le long des falaises, puis les descentes, ne font que s’enchaîner. Le paysage est certes magnifique et brut à cet endroit, mais nous n’en voyons pas la fin. Nous donnons le rythme avec Ben, suivi de Sylvain, et JC et Jérôme ferment la marche. Parvenus en haut d’un beau sommet, nous décidons de faire la pause repas avec une belle vue à 360°. J’observe Jérôme et je constate alors chez lui les premiers signes d’une fatigue qui m’inquiète. Il me dit qu’il a des crampes et qu’il en a bavé sur la dernière montée. Heureusement la pause est salvatrice et tombe pile-poil. Après une bonne sieste, nous continuons notre route, et les collines à flanc de falaise s’enchaînent à nouveau. Le problème est qu’ici nous ne distinguons plus notre objectif. Nous tombons sur d’autres randonneurs qui effectuent le même trajet, et nous nous suivons sans discontinuer. Nous sympathisons avec l’un d’entre eux, un français venu de Clermont Ferrand, photographe, et qui effectue le trip en solo. Quel courage ! Je constate que Jérôme souffre de plus en plus, mais c’est un dur au mal, il serre les dents et fait mine que tout va bien. J’apprendrai plus tard qu’il n’a en fait pas beaucoup bu aujourd’hui, car il voulait laisser de l’eau à son fils, comme nous avions un peu de peine à en trouver dans ce secteur. Sans doute la cause de ses crampes….Nous arrivons à proximité du Storr, mais une dernière ascension se charge de tous nous achever. En effet, le chemin ici n’est vraiment pas marqué, et du coup nous décidons de couper à travers la tourbe pour esquiver le sommet et abréger les souffrances de tout le monde. Arrivés en vue de la fameuse montagne qui cache le Old Man, lieu où nous devons normalement bivouaquer, nous décidons cependant de poser notre camp dans le col qui précède le Storr, lieu où nous trouvons une source et un abri pour le vent. Le groupe est fatigué de la journée, et je vois que Jérôme a vraiment subi, il est temps de se poser. Avec Sylvain, nous décidons cependant de tenter la percée jusqu’au Old Man of Storr, en mode léger, sans nos sacs de trek. Nous franchissons l’épaule du Storr et constatons de l’autre côté qu’un groupe de personne s’amasse sur une petite colline. Ce doit être le point de vue sur le Old Man. Nous poussons jusque là et tombons sur le fameux « vieux monsieur rocailleux » en plein dans l’ombre de sa montagne protectrice. Le soleil est sur le point de nous quitter. Nous restons quelques minutes et rebroussons chemin jusqu’au bivouac, où nous attendent nos amis. La journée s’est avérée plus intense que prévu, le repos sera vraiment le bienvenu !
JOUR 4 : Gros bobo, doutes et combativité, Storr → Portree → Pointe du loch Sligachan
Sylvain et moi sommes réveillés par Jérôme, sous un vent glacial. Nous plions rapidement le camp et prenons le chemin qui nous emmène tous au Old Man of Storr. Nous franchissons l’épaule de la montagne avec une vue sur le levé de soleil qui embrase l’océan. Cela donne un air de Méditerranée à cet océan entre l’île et l’Ecosse en face. Nous parvenons au fameux monolithe entouré de ces aiguilles rocheuses. La lumière du matin donne encore plus de relief aux paysages alentours. Le symbole de l’île s’offre à nous pour une nouvelle séance photo. Nous quittons le site en faisant le tour, pour constater que par le bas, il ressemble en effet à un visage de vieux monsieur. J’évoque même une ressemblance avec Abraham Simpson père du fameux Homer, ce qui fait bien rire notre groupe. Nous quittons l’endroit par le parking en contrebas, puis prenons un petit bout de route qui contourne l’immense lac dans la vallée. Arrivés au bout, le minuscule sentier reprend le long de la côte et de collines a franchir. Après quelques minutes, je m’arrête et je constate que Jérôme à les traits tirés par la douleur et boîte. Je lui demande alors ce qu’il se passe, et il me dit que la crampe a lâché, qu’il vient de se faire une déchirure du quadriceps. Je précise qu’il est ancien rugbyman et très bon sportif, je n’ai aucun doute sur son diagnostic. La nouvelle me percute de plein fouet. D’une, nous n’en sommes qu’au 3ème jour du périple, et de deux, nous sommes en plein milieu de nulle part, dans la tourbe, et il nous reste encore plusieurs km a parcourir pour arriver à Portree, en franchissant de nombreuses crêtes. Je lui demande s’il se sent capable de continuer, connaissant la gniaque de l’animal, je n’en doute pas. Mais nous décidons ensemble de trouver un itinéraire alternatif pour esquiver les sommets qui s’annoncent. L’idéal étant de rester sur la même ligne de courbe pour contourner les difficultés et éviter les dénivelés. Nous déchargeons aussi notre ami d’une partie de son sac, pour le soulager. Après un moment, je constate que notre progression est lente et difficile, due à l’aspect du terrain et de la tourbe où l’on s’enfonce régulièrement. Nous étant rapprochés de la route en contournant les obstacles, nous nous concertons à nouveau et nous décidons de la rejoindre, afin que Jérôme puisse se faire ramener en stop jusqu’à Portree. Il parviendra à se faire récupérer par deux Allemands en road trip, pendant que nous finissons notre portion de route à pieds jusqu’au la ville. Une progression sans intérêt et plutôt longue, sous la chaleur, mais qui nous permet d’arriver à notre objectif sans traîner afin de rejoindre notre ami. Nous le retrouvons sur la place principale, et je constate à son expression que les nouvelles ne sont pas bonnes. Après être passé à la pharmacie, il m’informe que pour lui c’est terminé, qu’il ne peut pas continuer le trek. Nous prenons tous la nouvelle de plein fouet, et commençons a nous demander comment faire pour la suite. Nous nous mettons d’accord pour en discuter autour d’un bon fish and chips dans un restau local. Une pause est nécessaire pour nous requinquer car le début de journée a été stressant et éreintant pour tout le groupe. En discutant des options possibles, Jérôme se propose de rentrer sur Edinbourg et de nous attendre quelques jours là bas. Seulement, Benoît lui annonce que dans ce cas il arrête aussi le trek, étant venu surtout pour être avec son père. Jérôme ne l’entend pas ainsi et souhaite qu’il finisse avec nous. Je regarde l’échange, en comprenant les positions de chacun. Jérôme finit par pousser un long soupir, me regarde et me demande comment est la suite du trek, si il y a beaucoup de dénivelés et de difficultés ? Je le regarde et lui pose la question suivante : « Est ce que tu as l’intention de continuer avec une déchirure à la cuisse ? Je ne connais pas le terrain et cela ne me semble pas prudent…Il me répond qu’en saucissonant sa cuisse avec du strap et en prenant des anti-douleurs cela pourrait le faire ! Cet homme est fou ! Son courage m’impressionne mais je me demande si il ne commet pas une erreur de jugement. Bref, sa décision est prise, et je sais que mon ami est un homme fort. Après un passage au magasin local pour nous ravitailler, je le vois tomber son pantalon sur la place publique et se faire un garrot de cuisse pour bloquer sa déchirure. Je songe encore une fois aux possibles conséquences qui pourraient survenir, avant de reprendre la route ensuite. Une longue portion de bitume sans grand intérêt, mais qui aura au moins le mérite de permettre à Jérôme de « tester » sa cuisse sur un revêtement stable et sans difficulté. Nous parvenons après de longs kilomètres à trouver une zone confortable pour nous établir pour la nuit, avec une jolie vue sur la mer, sous un vent côtier qui ne nous fait pas traîner après cette longue et dure journée.
JOUR 5 : La vallée des merveilles, Pointe de Sligachan → Vallée de Slicaghan → Plage de Cladach a’ Ghlinne
Le soleil frappe sur notre toile et nous réveille encore très tôt. Jérôme semble en forme, sa cuisse tient bon et nous prenons notre temps pour ranger nos affaires avant de reprendre un bout de route qui se termine en cul de sac, là où commence le loch Sligachan, sorte de bras de mer. Ici débute un chemin marqué, mais étroit qui longe le Loch jusqu’au village de Sligachan. Les copains en profitent en route pour prendre une douche sous une charmante cascade, avant de terminer le chemin en arrivant dans le camping local. Nous ne nous attardons pas et partons à l’assaut de la vallée de Sligachan. Vallée traversée par une belle rivière, essentiellement composée de tourbières et dominée par des montagnes vertigineuses et massives. Ici le paysage change radicalement et rappelle beaucoup plus celui des Highlands. Le coin est vraiment impressionnant et nous nous sentons vraiment petits entourés par ces colosses de pierre. Le chemin est long et sinueux au fond de cette vallée, et la chaleur écrasante. Nous en profiterons pour faire deux longues pauses, l’une pour le repas au bord de la rivière, l’autre au bord d’un des nombreux grands lacs. Malgré le vent frais qui se lève, certains tenteront la baignade pendant que d’autres se reposeront dans cet endroit isolé. Nous finirons la traversée de la vallée en aboutissant sur une belle anse ventée composée d’une maison abandonnée et d’un abri pour randonneurs. Nous le laissons derrière nous après avoir hésité d’y passer la nuit, mais il est encore tôt et comme dit auparavant, nous préférons le bivouac. Le chemin reprend son cours le long de la côte, mais devient ici plus escarpé et difficile. Après quelques minutes, je commence à regretter notre choix d’avoir laissé l’abri, surtout en voyant Jérôme pousser des grognements de douleur à devoir franchir les marches naturelles et se baisser pour passer sous les branches des quelques arbres qui bordent le chemin. Heureusement nous ne tardons pas à entrevoir ce qui sera pour nous une bénédiction. Nous arrivons en effet sur une plage de galets, surmontée d’une grande et verte prairie où nous distinguons en bas d’anciens foyers entourés de pierres. Le lieu semble idéal pour notre campement ! Arrivés sur la plage, nous sommes face à l’une des plus belles vues qui m’ait été donnée de voir. L’océan s’étend devant nous et les montagnes acérées de l’île plongent dedans à la façon de Fjords Norvégiens. C’est idyllique ! Nous nous reposons un moment, Sylvain s’en va pêcher pendant que Jean Christophe et Ben préparent le bois pour le feu. Nous découvrons plus loin un cadavre de petite baleine bien décomposé, heureusement à bonne distance de nos toiles de tente. Cela ne nous empêche pas de passer une magnifique soirée au coin du feu, à griller quelques shamalows et à veiller en attendant l’apparition des premières étoiles.
JOUR 6 : Ca déroule – Plage de Cladach a’ Ghlinne → Torrin
La nuit n’a pas été aussi bonne que je le pensais. En effet le vent continu et froid s’est infiltré dans la toile et m’a empêché de trouver un bon sommeil. Cela a au moins le mérite de nous lancer rapidement à l’assaut du reste du chemin côtier. Ici les vues sur les «Fjords Ecossais »sont superbes. Nous parvenons rapidement au petit village portuaire d’Elgol où nous trouvons la minuscule boutique/café de ce village isolé et faisons quelques emplettes pour la dernière partie de notre voyage (précisions, les boutiques sur l’île ont une amplitude horaire restreinte, souvent 10h-17h). Jérôme nous fait goûter les fameux Scones au fromage, délicieux ! A partir de là, nous reprenons une longue route (single track) qui termine le tour de la péninsule d’Elgol. Parfois nous la quittons pour un chemin assez large avant de la retrouver plus loin, à plusieurs reprises. Nous passons ensuite à proximité d’une carrière de tourbe, et nous arrêtons un moment afin d’observer le travail des gens qui l’exploitent. Un travail manuel et physique mais qui permet à de nombreux foyers de se chauffer sur des terres dépourvues d’arbres. Nous quittons enfin la longue portion de route et décidons de faire une halte repas. C’est à ce moment là que nous faisons la rencontre de trois Français, eux aussi parcourant le Skye Trail mais à un rythme moins élevé que le nôtre. Après une courte discussion nous les laissons partir devant pendant notre sieste quotidienne. Le sentier rejoint par la suite de nouveau la route. Celle-ci fait le tour du Loch Slapin et nous porte jusqu’au village de Torrin, sous un vent de travers fort désagréable. Une partie encore longue et peu intéressante. Nous nous posons au café local, qui sert de délicieuses pâtisseries maisons. Ici nous croisons à nouveau nos amis français et poursuivons un peu plus nos échanges sur nos aventures respectives. Nous décidons finalement d’avancer notre route, comme il est encore tôt. Nous quittons le bitume peu après la sortie du village pour nous trouver sur un large chemin qui suit la côte au milieu des moutons et de leurs agneaux. Après quelques kilomètres, nous décidons de nous arrêter à proximité d’une rivière. Il est encore tôt, mais la journée a été longue et les parties sur le goudron fatigante. Cela nous permet de nous reposer et de profiter de ce dernier bivouac sauvage face à la mer. Nous parvenons encore à faire du feu et à allonger la soirée au chaud malgré le vent.
JOUR 7 : Fin du voyage, mais pas de l’aventure, Torrin → Broadford
Nous nous réveillons sans hâte en ce dernier jour. Le vent souffle toujours et nous prenons le chemin côtier qui nous mène jusqu’à la pointe suivante. Ici de nombreuses ruines de bergeries et de maisons jalonnent le paysage et les prés. Par la suite le chemin contourne une ferme, se rétréci, longe la côte et aboutit en bas de jolies falaises avec une belle vue sur le bras de mer en contrebas. Nous passons devant deux cascades dont le filet d’eau est à peine visible, sans doute la conséquence du temps sec de ces derniers jours. Nous en profitons pour faire une pause au bout du chemin sur un promontoire herbeux dominant la baie. Nous savons que nous touchons au but, donc nous en profitons. Le sentier repart de plus belle pour une dernière ascension assez pentue et raide, avant d’arriver sur un plateau parsemé de bruyères. Ici il est dit que 240000 arbres ont été replanté afin de reboiser l’île, nous n’en verrons pas la moindre partie. Broadford n’est pas encore en vue, nous sommes entourés de quelques sommets qui nous donnent l’impression d’être isolés jusqu’au bout. Avant de rejoindre la route qui mène au village, nous entendons un bêlement d’agneau. En nous retournant nous constatons une petite pelote de laine sur pattes qui accoure jusqu’à se retrouver à nos pieds. D’habitude ils sont plutôt craintifs, mais voilà le seul modèle curieux de l’île. Son empressement est vite rattrapé par les cris d’alarme de sa mère et par ceux de son troupeau qui, inquiet, le rappelle à l’ordre. Nous reprenons notre chemin enjoués par ce dernier spectacle. Le dernier petit tronçon de route nous conduit finalement à Broadford. Nous touchons enfin au but. Quelle aventure, le temps est passé si vite avec du recul, et nous finissons avec une belle performance de 5 jours ½ un trek initialement prévu en 7 jours. Qui plus est avec une belle blessure à la cuisse pour l’un de nous. Nous ne tardons pas à nous décider d’aller fêter notre victoire dans un restaurant local, autour d’un bon repas et même d’un verre du fameux whisky de l’île, le Talisker. L’aventure ne s’arrête pas là, car n’ayant pas réservé notre bus du retour, nous faisons des recherches sur le net et sommes surpris de n’en trouver aucun disponible, car tous complets, avant le lendemain 16h ! Nous parviendrons après quelques heures de recherches et de discussions entre nous à trouver une alternative, nous faisant passer par le Loch Ness et Inverness. Pendant ce temps nous sommes rejoints par nos 3 copains français, eux aussi finissant leur aventure. Ils nous parlent alors d’une zone de bivouac à proximité, qu’on leur a conseillé. Nous nous rendons sur place tous ensemble et établissons notre campement autour du feu pour une dernière soirée entre amis. L’occasion d’évoquer nos parcours et nos futures aventures qui se profilent déjà.
Car cette aventure n’est qu’un chapitre d’une belle histoire entamée il y a de nombreuses années avec des amis fidèles, et à laquelle s’ajoutent régulièrement de nouvelles têtes et de nouveaux projets. Un périple qui nous aura fait traverser des paysages magnifiques, bruts et sans équivalent .Il aura permis à l’équipe de se dépasser et de se souder autour de belles valeurs que sont l’amitié, le courage, le rire et le partage.
Carte utilisée : Harvey Map XT 40 Skye Trail.
Je suis un Aventurier Amateur de randonnées, de vtt, de raquettes, et surtout de trek au long cours, alternant les expés en solo et celles avec des Amis fidèles. Dépassement de soi, plaisir et partage sont mes crédos.
Bonjour.
Ce trek me fascine. J’ai une bonne condition physique mais n’ai jamais fait de trek en solitaire. Est-ce que vous pensez que c’est faisable ou trop dangereux pour une première (je pense notamment à l’orientation). Merci par avance pour votre réponse. Coralie
La météo est assez imprévisible en Ecosse. Mieux vaut partir avec une trace GPS.
Bonjour Coralie,
Grégory a tout à fait raison, un gps est un vrai plus car même l’été, pluie et brouillard peuvent être de la fête. Ceci dit en juillet-août il y a du monde sur le sentier, ce qui peut être utile en cas de doutes ou de pépin. En automne, saison fantastique pour les couleurs et les lumières,, l’engagement est plus grand car vous risquez d’être vraiment seule. En terme d’orientation, le sentier pourtant réputé non balisé, présente de nombreuses sections avec marques et panneaux. Si vous savez lire une carte, il n’est vraiment pas compliqué. Seul le début de la Trotternish ridge et le petit passage d’Elgol (contournable) méritent un peu de vigilance si vous êtes seule. Enfin, si vous avez un peu de temps faites, depuis Skye, un saut en ferry jusqu’aux Hébrides extérieures. L’île d’Harris & Lewis offrent une sublime expérience de randonnée sauvage ! Récit en préparation.