J’ai réalisé le tour du Combeynot dans les Ecrins en 2 jours en bivouac au départ du col du Lautaret. L’itinéraire est aussi réalisable en gîtes d’étape et refuges en 3 ou 4 jours (voir les informations pratiques pour plus d’infos à ce sujet).
On dit tour du Combeynot mais on devrait dire tour des pics de Combeynot car plusieurs sommets forment le massif du Combeynot : Le Pic Est de Combeynot (3145 m), le Pic Ouest de Combeynot (3155 m), le Roc Noir de Combeynot (3112 m) et le Pic du Lac de Combeynot (3088 m).
La boucle se réalise en partie dans le parc national des Ecrins.
J1 : Col du Lautaret – Réou d’Arsine
+ 400 m / – 210 m 10 km Réou d’Arsine11h30. Je pars du parking du col du Lautaret en direction des refuges de l’Alpe de Villar-d’Arène et de Chamoissière par le sentier des crevasses. Il traverse des alpages entrecoupés par des tranchées d’aulnes verts.
Face à moi le massif de la Meije étale sa dentelle de glaciers. Avec majesté, il aimante le regard des randonneurs.
Je suis parti en montagne sur un coup de tête. Après la disparition de Crapule, cette petite boule de poils gris avec qui j’ai partagé presque 14 ans de ma vie, j’ai ressenti le besoin de me retrouver seul en montagne. J’ai l’espoir que cela aura un impact positif sur le profond vide et l’extrême tristesse qui m’envahi depuis le départ de mon chat au pays des étoiles il y a une semaine.
Le chemin monte progressivement. Après le passage d’une barrière, il rétrécie. Certains passages peuvent être difficiles pour les personnes sujettes au vertige.
Je passe le ruisseau du Colombier qui peut constituer un point de ravitaillement en eau. Mieux vaut filtrer son eau ou disposer de pastilles car les alpages peuvent être occupés par vaches et moutons.
Dans la descente vers le Plan de l’Alpe et le refuge de l’Alpe de Villar-d’Arène, je croise quelques marmottes assez farouches car les chiens non tenus en laisse sont nombreux sur le sentier.
Un banc de choucas, semblable aux poissons, fait des allers-retours au dessus de ma tête. Ils lancent des cris répétés stridents.
J’atteins le refuge de l’Alpe de Villar-d’Arène (2079 m) après 1h40 de marche. Je me pose pour prendre un déjeuner. Ça sera salade Romanche, un coca et une tarte aux myrtilles. Il y a du monde. Il faut dire que c’est la première semaine de beau temps depuis bien longtemps.
Des niverolles alpines, le moineau d’altitude, voltigent au dessus des quelques rochers et de la prairie alpine qui entourent le refuge.
Le ventre plein, trop plein sûrement, je me remets en marche en direction du col d’Arsine (2348 m), 269 m plus haut. Il est 14h30 quand je quitte le refuge et commence ma remontée de la vallée de la Planche. Les marmottes sont nombreuses le long du sentier. Elles profitent des rochers pour construire leur terrier et assurer un peu plus leur sécurité. J’observe aussi des chamois qui se déplacent dans les éboulis à droite à gauche du chemin.
Il est 16h00 quand j’arrive au col. D’ici, je peux rejoindre le glacier d’Arsine en 45 mn où descendre directement au Réou d’Arsine pour poser mon bivouac. Je me pose quelques instants au col. Puis décide de ne pas monter au lac, la partie du versant ouest du cirque étant déjà complètement à l’ombre. Je préfère prendre mon temps au bivouac. Je vous conseille de démarrer votre randonnée tôt le matin (et pas à 11h30 comme moi) pour monter au lac du glacier d’Arsine avant de basculer vers le vallon du Petit Tabuc.
Je rejoins mon lieu de bivouac en moins de 20 mn et en traînant. Mon Dieu que c’est beau. Les eaux de la fonte des glaciers d’Arsine se déversent dans le ruisseau du Petit Tabuc et donnent à l’eau une couleur turquoise légèrement laiteuse des plus étonnantes. Savez-vous pourquoi l’eau prend des teintes bleutées ? C’est la « farine de roche », un sédiment provenant de roches concassées sous le glacier qui donne cette couleur turquoise après avoir été transporté par les rivières vers les lacs ou laquets.
Je fais quelques photos des environs et pose ma tente au pied du ruisseau à environ 2200 m d’altitude. Je décide de manger assez tôt pour refaire des photos au coucher de soleil. Comme souvent en bivouac, c’est plat lyophilisé. Chose très rare, je n’ai pas réussi à finir le repas. Les œufs brouillés aux pommes de terre et aux poivrons d’Expedition Foods étaient juste immangeables. Je me suis contenté d’un peu de fromage et d’une très bonne crème croustillante à la pomme de Fuel your preparation en dessert. Après ce dîner frugal, je vais photographier le réou d’Arsine et le cirque d’Arsine dominé par la montagne des Agneaux (3664 m) et le Pic Neige Cordier (3614 m). A la nuit tombée, le berger passe me voir lorsque je réalise mes dernières photos. Il est en estive avec son troupeau de 850 têtes jusqu’à la fin août.
Lorsque je pars me coucher sur les coups de 22h00, la nuit noire n’est pas encore là. Je m’endors et me réveille vers minuit. J’entrouvre la porte de l’abside de la tente et regarde les étoiles. Les larmes me montent aux yeux. L’une d’entre-elles doit être Crapule. Mais laquelle ? Je me sens perdu.
Le bivouac dans le parc national des Ecrins est règlementé par la loi.
Le bivouac est autorisé dans les conditions cumulatives suivantes
- la tente devra être de petite taille, de dimension ne permettant pas la station debout,
- la tente devra être montée après 19h et démontée avant 9h,
- le bivouac est autorisé sous tente pour une nuit ou, au plus, pendant la durée des intempéries susceptibles de compromettre la sécurité du randonneur.
L’emplacement du bivouac devra être situé
- soit à plus d’une heure de marche d’un point d’accès routier ou des limites du cœur,
- soit à moins d’une heure de marche d’un point d’accès routier ou des limites du cœur, mais à proximité de refuges particulièrement fréquentés des itinéraires de grande randonnée : au Pré de la Chaumette à Champoléon, aux abords du Iac de la Muzelle à Venosc et au Pré des Selles aux abords du lac Lauvitel au Bourg d’Oisans (non concerné par cette itinéraire).
L’utilisation du réchaud portatif est autorisée. Les feux sont interdits.
Mon matos de bivouac :
- Tente MSR Freelite 1 : une tente 1 place légère et facile à monter (900 g).
- Matelas Therm-A-Rest NeoAir® UberLite™ : C’est le plus léger du marché !
- Sac de couchage Therm-A-Rest Hyperion™ -6C/2F : Un 0° confort pour seulement 580 g en version regular.
- Réchaud Jetboil Zip : un réchaud à gaz simple à utiliser et efficace.
J2 : Réou d’Arsine – Col du Lautaret
+ 540 m / – 740 m 16 kmJe me réveille à 6h00. J’ai les yeux bouffis. Je sors de la tente et me prépare un thé et fait chauffer de l’eau pour mon muesli aux raisins de Forclaz. Il est plutôt bon comme muesli. Je le recommande.
J’attends patiemment les premiers rayons du soleil pour faire de nouvelles photos autour de mon bivouac. Le cirque d’Arsine s’embrase quelques instants. Je profite de ce spectacle un maximum et retourne à ma tente pour la démonter. C’est à ce moment là que le troupeau de moutons accompagné de son Patou protecteur vient boire dans le laquet près de ma tente. Les moutons ne s’arrêtent que quelques instants, la bergère accompagnée de son border collie rejoint le troupeau pour le guider vers les pâturages d’altitude. Dans le ciel un aigle royal survolent le cirque d’Arsine. C’est un jeune. Ses parents ont déjà quitté le nid.
Quant à moi, je quitte le Réou d’Arsine en direction du hameau de Le Casset. Il est 8h15. Ce bivouac était juste incroyable. Je passe la cabane du couple de bergers. Un couple de linottes mélodieuses passe près de moi. C’est la première fois que je vois l’espèce dans les Alpes.
Je poursuis ma descente le long du ruisseau du Petit Tabuc jusqu’au lac de la Douche (1900 m). Dominé par le glacier du Casset, il étale ses teintes turquoise laiteuses. Voilà aussi un bon spot de bivouac. D’ailleurs, une famille plie leur tente à mon passage.
A partir d’ici jusqu’à le Casset (1520 m), le sentier serpente à travers les mélèzes. Je suis au hameau sur le coup des 10h00. Je fais un léger détour pour aller voir l’Église Saint-Claude, fondée au XVIIIe siècle et inscrite aux Monuments historiques depuis 1945.
Du Casset au col du Lautaret, le chemin remonte en pente douce la vallée de la Guisane. Sur ma droite les montagnes des Cerces dominent le paysage tandis que sur ma gauche, le Pic Est de Combeynot domine la forêt de mélèzes.
Au village du Lauzet, je fais une pause au gîte d’étape et reprend mon chemin. Cette portion n’est vraiment pas celle que je préfère. La route fréquentée de la vallée de la Guisane qui relie le col du Lautaret à Briançon est bruyante, surtout lorsque les motos accélèrent. Pour cette raison, je vous conseille d’éviter la période du 14 juillet au 15 août.
A la chapelle de la Madeleine (1820 m), je fais une pause pour manger un excellent taboulé aux petits légumes de chez Voyager. D’un point de vue énergétique, il sera suffisant pour que je termine ce tour du Combeynot. Il est 13h30 quand j’arrive au col du Lautaret.
Informations pratiques – Tour du Combeynot
Comment s’y rendre ?
Plusieurs grands parkings permettent de garer son véhicule au col du Lautaret, point de départ et d’arrivée de ce tour du Combeynot.
Le col du Lautaret est aussi accessible en bus par la Ligne Express Régionale n°35 qui relie Briançon et Grenoble.
Le Tour du Combeynot en gîtes d’étape et refuges
Le tour du Combeynot peut aussi être réalisé en gîtes d’étape et en refuges en 3 jours.
- J1 : Col du Lautaret – Refuge de l’Alpe de Villar-d’Arène ou refuge de Chamoissière
- (2h – 6.3 km – +120 m)
- J2 : Refuge de l’Alpe de Villar-d’Arène ou refuge de Chamoissière – Le Casset (4h30 – 13 km – +420 m). Nuit au Gîte Hôtel le Rebanchon
- J3 : Le Casset – Col du Lautaret (4h00 – 10,8 km – +560 m)
Quand s’y rendre ?
Selon le niveau d’enneigement, le tour du Combeynot est réalisable de mi-juin à mi-septembre.
Cartographie
IGN TOP 25 Meije Pelvoux 3436ET
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.
Encore une rando de fou ! et de vrai talent de photographe ^^
Ouais une superbe rando, plutôt facile. Merci.
Une superbe boucle dans un magnifique paysage avec des photos qui me donnent envie d’y retourner encore une fois de plus
C’est le genre de coin dont on ne peux se lasser.