Les oasis de l’Adrar à pied

Randonnée chamelière de 5 jours en Mauritanie à travers les oasis de l’Adrar : Maaden, Toungad, Terjit. Dans les pas des dromadaires entre dunes et palmiers.

Terdav Sahara



Focus Rando :Les oasis de l’Adrar à pied
5 jours +1093 m/-991 m 70,5 km 1
Randonnée Ligne Bivouac
Désert Janvier, Février, Mars, Novembre, et Décembre

Voilà 4 ans que je n’avais pas randonné dans le désert de Mauritanie. C’est mon 5ème voyage dans l’Adrar et le 22ème au Sahara. Pour cette nouvelle aventure, je suis parti avec Terres d’Aventure avec qui j’ai déjà voyagé entre-autre au Maroc et en Jordanie. Direction les oasis de l’Adrar. Instants choisis.

Chinguetti, l’erg Ouarane et la palmeraie de Maireth

A peine arrivés sur le tarmac de l’aéroport que nous mettons le cap en 4×4 vers Chinguetti, septième ville sainte de l’islam. Chinguetti compte une dizaine de bibliothèques dont les ouvrages, parfois vieux de plusieurs siècles, traitent du Coran mais aussi de science, de culture ou de littérature. Ce patrimoine tout à fait unique lui vaut le surnom de « Sorbonne du désert ». L’ancienne ville est sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

La courte visite terminée, nous mettons le cap sur les dunes de l’erg Ouarane pour notre premier bivouac dans le désert.

Le jour suivant, direction la très belle palmeraie de Maireth puis le site d’Emra pour débuter notre randonnée chamelière de 5 jours à travers les oasis de l’Adrar.

L’oasis de Maaden

Le troisième jour, nous rejoignons à pied l’oasis de Maaden. Créée par Cheick Mohamed Lemine Ould Sidina dans les années 70, Maaden est une bourgade qui est maintenant connue des français grâce au projet de Pierre Rabhi, fondateur du mouvement Colibris et « figure représentative du mouvement politique et scientifique de l’agroécologie en France. Il a créé à Maaden une fondation qui porte son nom et qui a pour but d’amener les habitants à la transition écologique de leur village tant au niveau de l’agriculture que de leur habitat, de l’éducation, de la santé ou de l’économie. Pierre Rabhi est est parti rejoindre les étoiles fin 2021. J’espère sincèrement que les actions de la fondation vont perdurer par delà Pierre Rabhi.

Des femmes de Maaden attendent le groupe pour vendre des souvenirs de voyage ainsi que de la confiture de dattes ou de bissap.

La caravane du désert

La caravane constituée de nos 6 dromadaires et conduite par deux chameliers mauritaniens permet de transporter nourriture, eau, matériel de camping et sac des voyageurs pour les 5 jours de marche. Chaque camélidé pouvait transporter jusqu’à 120 kg sur le dos. Saviez-vous que les dromadaires marchent à l’amble ? Cela signifie qu’ils marchent en levant alternativement les deux jambes d’un même côté. La caravane touristique remplace les anciennes caravanes commerciales qui ont permis aux femmes et aux hommes du désert de troquer objets, épices et nourriture.

Nous ne marchions pas avec la caravane et ne sommes pas montés sur les chameaux hormis quelques minutes pour voir à quoi cela ressemblait. Nous la croisions dans la journée et la retrouvions le midi pour manger et le soir au bivouac.

Les oiseaux du guelb el Marad

Les amateurs d’ornithologie savent qu’en Mauritanie le parc national du Banc d’Arguin est un hot spot pour l’observation des oiseaux. Je ne m’attendais pas à croiser autant d’oiseaux dans les oasis de l’Adrar. Le traquet à tête blanche était de loin le plus couramment observé suivi par la pie-grièche grise. Ils fréquentent souvent les oasis, toutes les oasis.

Au Guelb el Marad, j’ai aussi pu observer un pic vert, des bruants du Sahara, un cochevis huppé, des cratéropes fauves et des tisserins minules. Tout cela en quelques heures le temps de la pause déjeuner et d’une sieste troquée pour l’occasion par une séance d’observation ornithologique.

Les oasis, sources de vie et de revenus grâce aux dattes pour les hommes du désert, le sont aussi pour les oiseaux ainsi que les fennecs, les mulots, les chacals dorés si j’en crois les empreintes laissées sur le sable autour des palmeraies.

L’ascension du Châtou es Saghir

Nous sommes le jour 4 du voyage dans les Oasis de l’Adrar. Nous posons le bivouac au pied de la montagne de Châtou es Saghir sertie de dunes. Il nous faut 40 minutes pour gravir cette montagne où selon les locaux le diable aurait élu domicile. Nous ne l’avons pas vu. Nous avons par contre pu admirer les peintures rupestres de girafes conservées sur un pan rocheux protégé du soleil. Il paraîtrait qu’elles ont 4000 ans et que c’est Théodore Monod, lui-même qui les aurait découvertes.

Châtou es Saghir est l’un de mes sites préférés de cette semaine de randonnée à travers les oasis de l’Adrar.

Bivouac : mode d’emploi

Chaque soir, nous bivouaquions là où l’équipe locale Terdav nous indiquait de dormir. Chaque soir, le bivouac était différent. Parfois près d’une oasis, d’autres fois près d’un puits ou d’un erg.

Chaque randonneur avait à sa disposition une tente et un matelas pour passer la nuit. Certains les utilisaient tandis que d’autres, comme moi, ont préféré dormir à la belle étoile. Trouver mon bivouac est l’un des passe-temps que je préfère lors de mes voyages au Sahara. Il faut un endroit plat, à l’abri du vent et si possible esthétique.

Deux khaïmas complétaient le camp : la première servait de cuisine tandis que la seconde pouvait être utilisée comme salle à manger ou même pour se réfugier en cas de mauvais temps la nuit pour les amateurs de belle étoile.

Nous avons eu des températures anormalement clémentes : jamais en dessous de 15°C la nuit et  30°C le jour. Nous mangions donc à l’extérieur matin, midi et soir, sur nos matelas.

Chaque soir, la kesra, le pain cuit dans le sable, était préparé par l’équipe. Juste un régal et un plaisir à regarder la préparation.

Chez le chamelier à Toungad

Ce matin, nous avons quitté Châtou es Saghir et nous nous dirigeons vers l’oasis de Toungad, l’une des plus grandes de l’Adrar. Dah, notre chamelier « Shibani » est originaire de cette bourgade désertique.

Nous nous arrêtons un instant chez lui dans la Jedida, la nouvelle ville de Toungad. Sa maison fait face à un puits. Sa fille, Fatoumatou, la sage-femme du village, nous sert le thé. Le cérémonial de la préparation est un vrai spectacle. Importé de Chine, le thé est la boisson nationale de la Mauritanie et des hommes du désert. Il se boit avec de la mousse et se sert trois fois. Le premier doit être amer comme la vie, le second fort comme l’amour et le troisième doux comme la mort. A moins que cela soit dans un ordre différent. Quoi qu’il en soit, je l’aime sucré, très sucré.

L’oued El Tenzzent, le Monument Valley mauritanien

Nous sommes déjà le jour 6 du voyage. Le voyage passe trop vite et j’ai pourtant aussi l’impression d’être parti de puis des mois tant mon quotidien en France me semble à des années lumières de ce que je vis ici au Sahara. Le temps ici est différent, il s’étire avec le vent, sans aucune pression de notre société occidentale.

Notre randonnée sur l’hamada, un plateau rocheux, nous conduit jusqu’au bord de l’oued El Tenzzent. Et là, c’est une autre claque. En bas, les dunes de sable semblent irrémédiablement avancer dans ce large canyon cerné par les pitons et autres mesas qui me font immédiatement pensé à Monument Valley aux Etats-Unis. En fermant les yeux, je m’imagine des indiens mauritaniens montés sur des dromadaires…

L’oasis de Terjit

L’oasis de Terjit est de loin l’oasis la plus connue de l’Adrar. Située à l’ombre d’une faille d’un canyon, nous rejoignons à pied la source qui coule toute l’année après avoir traversé le village. Plus il fait chaud, plus on apprécie Terjit à l’ombre des palmiers. C’est ici que se termine le trek. J’y bois mon dernier thé, un thé suave qui m’invite déjà à revenir une nouvelle fois. Inch Allah إِنْ شَاءَ ٱللَّٰهُ !

Informations pratiques – Les oasis de l’Adrar à pied

Avec qui partir en Mauritanie ?

Cette randonnée chamelière a été réalisée avec Terres d’Aventure qui propose 9 voyages en Mauritanie dont les « Oasis de l’Adrar » dont ce récit est tiré.

Les étapes de la randonnée dans les oasis de l’Adrar

  • Chinguetti – palmeraie de Maireth – Erma : 4 h de 4×4 ; 40 mn de marche – 2.3 km / +24 m / -91 m
  • Erma – oasis de Maaden – oasis d’Agmemine – Jouali Terebane : 5h30 de marche – 16.3 km / +296 m / -258 m
  • Jouali – Guelb el Marad – Châtou es Saghir : 4h30 de marche + 1h00 autour du camp – 16.3 km / +271 m / -315 m
  • Châtou es Saghir – Toungad – Châtou el Kebir – Techedrent : 5h30 de marche – 17.6 km / +174 m / -79 m
  • Techedrent – N’Kref – oued El Tenzzent : 5h30 de marche – 12.7 km / +163 m / – 87 m
  • Oued el Tenzzent – Terjit : 3h30 de marche – 7.6 km / + 233 m / -245 m

Quelles difficultés ?

La randonnée ne présente pas de difficulté particulière. Il faut savoir marcher 5h00 par jour sur un terrain sablonneux.

Un peu de lecture

2 réflexions au sujet de “Les oasis de l’Adrar à pied”

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