Il est probable que les premières images qui vous viennent en tête quand on vous parle de randonnée en canoë soient celles de la Loire. Mais avez-vous déjà entendu parler de la Leyre ? Il y a fort à parier que cette rivière de Nouvelle-Aquitaine, vous soit inconnue. Et quel dommage car elle n’est rien moins qu’un des plus beaux cours d’eau de l’hexagone. Ce n’est pas une de ces rivières torrentueuses qu’on voit dévaler les montagnes mais une belle rivière sauvage et calme qui serpente parmi les pins et les chênes, vous plonge dans une nature paisible et vous fait oublier, une semaine durant, le monde qui continue à s’agiter loin de ses berges.
10 raisons de faire la descente de la Leyre
- La Leyre est une vraie rivière sauvage
- Les paysages très variés, rivière, plages de sable, pinèdes, forêt galerie, delta, …
- Les nombreuses opportunités d’observer la faune, martins pêcheurs, limicoles, grenouilles et, avec de la chance, … la loutre
- Le charme des villages landais et en particulier du port de Biganos
- Les couleurs éclatantes du paysage
- L’itinéraire, à l’écart des parcours sur-fréquentés.
- Un itinéraire, jusqu’au Teich, sans difficulté technique dès la fin mai
- La possibilité pour les pagayeurs plus aguerris de s’aventurer sur le delta et le bassin d’Arcachon
- La gastronomie landaise…
- Une aventure modulable au gré des disponibilités et des envies, à portée de tous
Descente de la Leyre en canoë, premiers coups de pagaie
Nous rencontrons Florence à la fin avril, sur une petite plage de sable blond, au bord de la rivière. La cinquantaine, de longs cheveux noirs, le regard clair, Florence propose des découvertes douces de la région. Elle nous accompagnera tout au long de la descente qui nous conduira jusqu’aux eaux du bassin d’Arcachon. Pour elle, le canoë est une passion. Quand je dis passion, je pèse mes mots. Ne vous attendez pas à trouver ici de ces affreuses bassines en plastique que certains loueurs nomment abusivement canoë. Avec Florence, c’est à bord de véritables canoës canadiens que l’on embarque. Avec les pagaies en bois qui les accompagnent, c’est la garantie d’un grand confort et l’esthétique de beaux objets en prime.
Tout le nécessaire de bivouac est rapidement embarqué en bidons et sacs étanches. Passé le récapitulatif des quelques gestes techniques pour bien manœuvrer les bateaux sur l’eau, on attaque le briefing sur la sécurité. Nous sommes les premiers à effectuer l’intégralité de la descente cette année. C’est donc un peu “l’aventure” qui nous attend sur cette descente de la Leyre en canoë. La difficulté n’est pas ici dans le courant, les rochers ou les rapides mais dans les embâcles créés par les arbres couchés dans la rivière par les intempéries hivernales. Nous devrons être vigilant avec ces obstacles qu’il faudra parfois esquiver pour passer. A partir de mai, les équipes du Parc naturel régional des Landes interviennent pour dégager les obstacles, permettant une navigation plus facile.
Avec un printemps exceptionnellement sec, le niveau de la Leyre est bas. Mais le faible tirant d’eau de nos canoës nous permet de glisser sans difficulté sur les eaux dorées de la rivière chargée de tanins. Les journées passent au rythme apaisant de la pagaie. Loin de tout bruit, de toute perturbation, la rivière nous hypnotise. Dans un décor de bancs de sable, de berges peuplées de bouleaux, de vieux chênes et de pins, la Leyre méandre. Ses lacets sont si serrés qu’on ne voit souvent qu’à quelques dizaines de mètres devant soi. Cela oblige à être attentif à ce qui pourrait nous attendre à la sortie des virages mais nous permet également de nous concentrer sur mille et un détails; ici les traces d’une loutre, le battement d’ailes d’une libellule calopteryx ou d’une bergeronnette, là un bouquet d’osmondes royales, ces rares et sublimes fougères ou encore le jaune des premiers iris en fleurs. Les obstacles sur l’eau sont nombreux lors des premières journées. Parfois on débarque et pousse les canoës qui glissent sur des troncs à demi immergés, à d’autres moments la scie sort de son fourreau pour ouvrir un petit passage dans l’entrelac de branches d’un aulne tombé. Mais la plupart du temps il suffit de se baisser pour passer sous les troncs. On apprécie ces journées bien remplies mais qui laissent pleinement le temps au temps. Le temps des échanges du pique-nique ou du repas, le temps de la sieste ou d’un peu de lecture dans les hamacs au soleil doux des Landes.
De la confluence au delta
Passé le troisième jour, la Leyre rejoint son affluent principal, appelée “petite Leyre”, et le lit du cours d’eau s’élargit. Il y a bien encore quelques obstacles à notre progression mais ceux-ci se font de plus en plus rares. Un cri aigu suivi d’un éclair bleu qui file au ras de l’eau, c’est un martin-pêcheur qui semble nous guider vers la forêt-galerie. Les grands chênes auxquels se mêlent quelques frênes créent ici une vraie voûte de verdure qui masque le ciel. Aujourd’hui, il est couvert de nuage et n’a plus le bleu des premiers jours à nous offrir. Pour décrire cette forêt-galerie, certains parlent de petite Amazone mais l’image est un peu abusive et ne rend pas vraiment grâce à l’originalité du site.
Nous voici déjà au sixième et dernier jour de notre descente de la Leyre en canoë. Peu à peu, les roselières remplacent la forêt sur les berges. Nous atteignons à présent le delta. Les eaux salées de l’Atlantique pénètrent dans le bassin d’Arcachon et se mêlent aux eaux douces de la Leyre dans un rythme immuable. Toutes les six heures, à la marée montante succède la marée descendante. Le paysage change radicalement au fil de notre progression. L’horizon s’élargit, les berges disparaissent. Pour ne pas risquer de nous échouer à marée basse sur les bancs de vases, nous faisons halte à la plage du Teich. A deux pas de la réserve ornithologique du même nom, nous avons tout le loisir d’admirer les innombrables petits échassiers (avocettes, courlis, chevaliers gambettes, …) en attendant que les eaux remontent. Nous vérifiions la météo pour s’assurer que le vent ne se lève pas, puis nous entamons le contournement des îles de Malprat. Les canoës semblent minuscules dans l’immensité du bassin d’Arcachon. Nous retrouvons alors le second bras de la Leyre qui change d’orthographe dans le delta et devient L’Eyre. Nous remontons le cours d’eau jusqu’au petit port de Biganos. Le charme des petites cabanes de pêcheurs peintes de teintes vives opère immédiatement sur nous. Le rythme des pagaies ralentit comme pour savourer chaque détail. Sans doute ralentit-il également pour retarder le moment désormais proche de la fin de cette superbe micro-aventure au fil de l’eau, qui nous a conduit au-travers de paysages d’une incroyable variété, dans une nature préservée et accessible à la fois.
Carnet pratique – Descente de la Leyre en canoë
Descente de la Leyre en canoë, les étapes
Jour 1 : Commensacq à Trensacq, (4,5 kms – 1h30)
Jour 2 : Trensacq à Pissos (21,5 km – 6h)
Jour 3 : Pissos à Moustey (10 km – 3h)
Jour 4 : Moustey à Belin-Beliet (20,5 km – 5h)
Jour 5 : Belin-Beliet à Mios (21,5 km – 5h)
Jour 6 : Mios au Teich en passant par le port de Biganos (14 km – 3h30) possibilité de faire le tour du delta pour les plus aguerris, en fonction de la marée et du vent …
Prenez connaissance de la carte des lieux de mise à l’eau.
Difficultés techniques
Il est bien sûr indispensable de savoir nager.
Le courant est doux, il n’y a ni barrages, ni rapides et il n’y a pas de risque de collision avec des rochers (fond sableux). Néanmoins, maîtriser un minimum la technique de pagaie permettra de profiter pleinement de l’expérience sans trop se fatiguer. Il est également important de savoir comment réagir si le canoë venait à se renverser. La Leyre est une “rivière à branches”, ses berges sont très végétalisées et la contrepartie au plaisir de naviguer sous une “forêt galerie” implique de gérer parfois les embâcles (branches, troncs, ….) et de se retrouver avec un arbre tombé en travers du cours d’eau. Le Parc Naturel Régional organise l’entretien de la rivière au mois de mai et publie des points d’actualités . Bien évidemment, la faisabilité de la descente dépend du niveau d’eau, il est donc essentiel de prendre connaissance de la situation avant de se lancer. Consulter les échelles de référence des niveaux d’eau.
Quand faire la descente de la Leyre en canoë ?
Sous réserve des questions liées aux obstacles et au niveau d’eau, la descente est faisable toute l’année, la période la plus propice étant d’avril à décembre. Avant de partir, renseignez-vous sur la réglementation et les informations pratiques mises à disposition par le Parc Naturel Régional.
Où dormir ?
Le bivouac sauvage est interdit (réglementation spécifique du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne), les nuitées sont donc en aires naturelles de camping ou en gîte :
Jour 1 : aire naturelle de camping municipal – sanitaires, douche froide
Jour 2 : base de loisirs communale avec possibilité de nuit en gîte – sanitaires, douche chaude, coin cuisine extérieur, frigo
Jour 3 : ferme équestre avec possibilité de nuit en gîte ou tipi – sanitaires, douche chaude, coin cuisine intérieure, frigo
Jour 4 : aire naturelle de camping municipal en pleine forêt avec possibilité de nuit en gîte de pèlerins
Jour 5 : aire naturelle de camping municipal – sanitaires, douche chaude
Comment y aller ?
Si vous souhaitez vous y rendre en train, c’est possible : le Teich dispose d’une gare TER la reliant à Bordeaux (où différentes lignes de TER / TGV se croisent). Une fois au Teich, si vous avez réservé un prestataire pour vous accompagner, il vous prendra en charge et vous conduira au point de départ situé à une soixantaine de kilomètres. Si vous réalisez la descente par vos propres moyens, il faudra prévoir de laisser un véhicule au point de départ et de faire une navette à la fin de la descente pour aller le récupérer.
Avec qui partir sur la descente de la Leyre en canoë ?
Florence et son agence FL’eau propose des descentes en liberté avec transferts et mise à disposition de tout l’équipement pour la navigation (avec de beaux canoës traditionnels canadiens Nova Craft!). Le reste du programme se construit en fonction de vos besoins : elle s’occupe de la logistique, des réservations de campings ou gîtes, de la nourriture si vous le souhaitez, etc… Vous construisez votre séjour avec elle !
Quel équipement prévoir ?
- Canoë insubmersible
- Pagaies + pagaie de secours
- Bidons étanches
- Bout (corde) pour attacher le canoë lors des pauses
- Repose genoux
- Scie pour dégager la voie si une branche est en travers de votre chemin
- Carte de l’itinéraire avec les points de mise à l’eau
- Equipement pour la navigation:
- Gilet d’aide à la flottabilité
- Téléphone
- Casquette + voile anti-moustique (pour vous protéger des moucherons présents à certaines périodes)
- Lunettes avec cordons d’attache
- Maillot de bain
- [en fonction de la saison) T-shirt manches courtes ou longues, vareuse, short, legging, pantalon néoprène ou étanche (pour le haut, prévoyez plutôt de “vieux” vêtements car le passage dans les branches peut les abîmer.)
- Chaussures d’eau
Equipement pour les temps à terre
- Tente, sac de couchage, matelas, oreiller
- Couverts et popotes / vache à eau / gourde
- Lampe frontale / sacs poubelles
- Kit hygiène / Serviette de toilette / papier toilette
- Crème solaire / spray anti-moustique
- Veste / doudoune et/ou polaire / T-shirt
- Pantalon
- Chaussures ou sandales de marche
Comment limiter votre impact ?
Pagayez avec discrétion (si vous êtes très chanceux, vous pourrez peut-être apercevoir le martin-pêcheur, la loutre ou le vison)
Emportez tous vos déchets (y compris les restes de repas, vous pouvez également prévoir un sac poubelle pour récolter les déchets rencontrés)
Faites vos escales sur les zones de sable nu
Évitez de monter sur le haut de berge (vous et votre canoë) afin de ne pas favoriser l’érosion
Ne faites aucun feu (risque incendie réel toute l’année)
Ne prélevez rien (végétaux, sable…. )
Que voir, que faire dans la vallée de la Leyre ?
- A Sabres, visiter l’écomusée de Marquèze évoquant la vie dans un airial landais
- A Moustey : Landes Art quand l’art devient éphémère et naturel
- A Vieux Lugo ou Lugos , découvrir l’église en pleine forêt à 500m de la rivière
- A Mios se défouler dans le parc acrobatique
- A Biganos découvrir le joli petit port coloré côté terre comme côté rivière
- Au Teich , prendre une demi-journée pour parcourir la réserve ornithologique. Jolie balade et sentiers de randonnée desservant des observatoires qui offrent de belles observation de la faune, oiseaux, tortues, sangliers, etc.
Reportages d’itinérances à pied, à la pagaie et à ski-pulka