Cela faisait longtemps que nous n’avions pas chaussé de raquettes. Délaissées au profit des skis de randonnée sur les terrains nordiques, elles ressortent du placard pour une série de petites itinérances en terrain alpin. Il faut bien admettre que quand on est aussi mauvais skieur que nous le sommes, les randonnées en raquettes ouvrent des terrains de jeu extraordinaires. Nous sommes à la mi-mars, au cœur de la vallée de la Tarentaise pour la première d’une longue liste de sorties.
J1 : Le Miroir – refuge du Ruitor
+ 820 m / – 20 m 8 kmNous rejoignons notre guide Caroline au hameau du Miroir qui domine le village de Sainte-Foy-Tarentaise. A 1200 mètres d’altitude, il ne reste guère de neige et les raquettes rejoignent pelle et sonde, dans le sac à dos. Le DVA vérifié et allumé nous attaquons tranquillement la montée.
La météo très changeante de ces dernières semaines a profondément bousculé le manteau neigeux, le rendant instable sur les pentes raides et en diminuant profondément l’épaisseur. Très rapidement nous nous rendons compte que cela va bouleverser nos plans. Nous abandonnons tout d’abord l’idée de rejoindre les hameaux supérieurs par le lit de la rivière; l’eau coule abondamment sous des ponts de neige qui n’ont rien de rassurant. Nous passerons par le sentier.
A 1670 m, nous atteignons le hameau du Crot, quelques jolis bâtisses typiques de l’architecture des chalets de Tarentaise, un oratoire et une fontaine à l’écart du tumulte des stations. La neige y est enfin suffisante pour chausser nos raquettes MSR Lightning ascent. Encore quelques efforts et nous laissons derrière nous les derniers arbres. Autour, les sommets jouent à cache-cache dans les nuages. C’est entre les brumes que nous observons un jeune aigle royal, facile à distinguer avec ses grandes ailes et sa queue marquées de blanc. Malgré un balayage méticuleux des pentes à la jumelles, chamois et bouquetins restent, eux, invisibles. Nous n’avons malheureusement guère le temps de nous attarder. La neige est peu portante et notre progression assez lente.
Un bon coup de cul et nous voici enfin aux chalets des Mollettes. La vue s’ouvre sur le vaste plateau de Sassière, dominé par les sommets de 3000 mètres, Dents Rouges et Pointes Assaly, l’Italie est juste derrière. Les cuisses fatiguées par cette grimpée nous atteignons le refuge du Ruitor. Croziflette, vin de Savoie et chaleur humaine nous plongent dans une torpeur qui ferait presque oublier les ronflements du dortoir.
J2 : Des sources du Guillotan au Miroir
+ 80 m / – 890 m 10,5 kmC’est un magnifique ciel bleu et un soleil radieux qui nous accueillent au lever. Les conditions de neige rencontrées la veille nous amènent à revoir nos plans. Les sources du Guillotan, au fond de la Sassière, seront notre objectif de la matinée, moins difficile et exposé que la route pour les lacs initialement prévue. La progression se déroule dans un décor sublime, alternance de vaste plateau et de chaos rocheux. Les sources du Guillotan et du Petit se rejoignent ici pour former le torrent de Sassière qui alimente l’Isère en aval du village de Sainte-Foy-Tarentaise.
Bien qu’à plus de 2000 mètres d’altitude et en tout début de matinée, le cours d’eau n’est pas gelé et nous marquons une pause pour profiter du son de l’eau. Un décor idéal pour une séance de Taï Chi. L’apport d’un ou une accompagnatrice ne se limite pas à la gestion des risques. C’est toujours une rencontre enrichissante et Caroline, monitrice de ski, accompagnatrice en montagne, offre à qui le souhaite des pratiques Taï Chi, de marche Zen ou afghane . Des activités qui permettent d’appréhender différemment notre rapport au corps, à l’effort et la nature.
Après cette pause, nous reprenons le chemin du retour. La chapelle Saint Pierre s’offre à notre vue sur décor de neige immaculée. Notre tentative de rejoindre le bas de la vallée par la rive gauche se solde par un échec dans les éboulis du Pont des Arbès. Les ponts de neige cèdent sous nos pas et nous font courir le risque d’un passage à l’eau ou d’une méchante entorse. Nous reprenons donc le même chemin qu’à la montée. Deux heures plus tard nous rejoignons notre point de départ, des images de montagnes étincelantes de neige plein les yeux.
Randonnée raquettes à Sainte-Foy-Tarentaise, carnet pratique
Quand effectuer cette randonnée raquettes ?
Dès les premières chutes de neige (autour de novembre) jusqu’à avril, en surveillant les conditions d’enneigement et le risque d’avalanche.
Comment y aller ?
Bourg-Saint-Maurice, situé à une 15 aine de kilomètres, dispose d’une gare la reliant, notamment, à Lyon en TER et à Paris en TGV. De là, de décembre à avril, une navette par autobus dessert Sainte Foy-en-Tarentaise (chef lieu + stations).
Où dormir ?
Le refuge du Ruitor, situé à 2038 m d’altitude, est gardé de mars à mai puis de mi juin à mi septembre, et propose un service de restauration. Il est fortement conseillé de réserver. En dehors des périodes gardiennées, il faut téléphoner et passer récupérer les clés au hameau de la Masure. Le refuge est chauffé, mais relativement rustique.
Quelles difficultés ?
Passé par l’évaluation IBP Index, l’itinéraire ressort coté moyennement difficile. Le fait que ce soit en raquettes engendre un effort plus important, mais l’itinéraire ne présente aucune difficulté. Sur le WE, cela représente 18 km et 826 de dénivelé positif.
Quel équipement prévoir ?
Le traditionnel système trois couches vous permettra de vous adapter aux variations météo pendant la randonnée. Des chaussures de randonnée haute route, avec une bonne semelle, sont conseillées ainsi que des raquettes de qualité avec des crampons qui accrochent et permettent de tenir quel que soit l’état de la neige. Gants, bonnet et lunettes de soleil de catégorie 4 pour protéger efficacement de l’éblouissement lié à la neige. Pour la nuit en refuge, prévoir un sac à viande (oreiller et couette sont fournis).
Avec qui partir ?
Caroline De Klerk, monitrice de ski et accompagnatrice en montagne, propose une approche originale mêlant marche consciente et marche énergétique.
Réduire son impact environnemental ?
Ramener ses déchets – et ceux trouvés en chemin -, ne pas faire de feux sont des règles de base pour profiter durablement de la nature.
Randonnée raquettes à Sainte-Foy-Tarentaise, avec un chien ?
L’itinéraire, situé dans le Parc National de la Vanoise, n’est pas autorisé aux chiens. Avec moins de 1% du territoire national protégé pour la préservation de la faune, il est important de respecter ces réglementations. Vous vous posez des questions sur ce qu’il faut savoir pour randonner avec son chien. Lisez notre article sur ce sujet.
Randonnée raquettes à Sainte-Foy-Tarentaise, en savoir plus
Pour préparer son séjour, le site de l‘office de Tourisme de Sainte Foy Tarentaise.
Pour découvrir l’offre du Bureau des Guides de Sainte-Foy-Tarentaise
Reportages d’itinérances à pied, à la pagaie et à ski-pulka