Méharée au Sénégal

Une méharée au Sénégal: c’est une aventure rare que j’ai vécue, monter un dromadaire à travers des paysages somptueux jusqu’en bord de mer. Un voyage fascinant.



Focus Rando :Méharée au Sénégal
5 jours +797 m/-797 m 157 km 2
Méharée Boucle Bivouac
Sénégal Avion et Bus
Campagne, Désert, et Mer Janvier, Février, Mars, Avril, Novembre, et Décembre

Sur mon dromadaire, j’ai voyagé durant une semaine dans le nord du Sénégal, pas très loin de Saint-Louis. Une méharée d’un autre temps à la découverte d’une région sauvage, très peu visitée, dans une rare proximité avec ses habitants. J’ai en effet eu la chance de participer à un voyage de reconnaissance qui m’a fait traverser des paysages somptueux, galoper sur les plages de la Grande Côte. Le voyage préparait le lancement de cette activité touristique tout à fait nouvelle au Sénégal, la méharée.

De stupéfaction, les yeux s’écarquillent, la bouche s’arrondit en un « ô ! » d’étonnement silencieux. L’arrivée de notre petite caravane fait souvent cet effet-là : ce n’est pas tous les jours que les paysans de ces campagnes isolées du nord du Sénégal, pas très loin de Saint-Louis, voient des Européens monter des chameaux ! Passé l’effet de surprise, l’accueil est franchement chaleureux, exubérant même. Au départ de la petite ville de Gandiol, j’ai ainsi eu l’occasion de participer l’hiver dernier à un voyage de reconnaissance dans une région rarement visitée. Cinq jours à dos de chameau -pardon de dromadaire, mais c’est tellement plus facile !- est une aventure qui marque, avec son lot de découvertes et de rencontres, de moments inoubliables.

Sans compter que diriger un dromadaire du matin au soir, toute une semaine durant, est déjà une petite aventure en soi. Rien que garder son équilibre lorsqu’il se lève ou s’accroupit n’est pas évident : cela surprend toujours. Les premiers km sont faciles, avec un méhariste aguerri qui, lui aussi sur son dromadaire, prend les rênes en main tout en m’expliquant les rudiments de la monte. Petit à petit, pendant que notre caravane s’éloigne de la civilisation, je me familiarise avec ma haute monture. Un bien bel animal que le dromadaire, et plus intelligent qu’on pourrait le penser ! En tout cas, il m’impressionne.

Mon apprentissage de méhariste dans la savane

C’est ainsi que je fais mon apprentissage de méhariste dans la savane, direction plein sud, vers la région du Djéri. Les premiers km sont parfois épiques. Notamment lorsque ma monture a envie de goûter son mets préféré, l’acacia. Comment lui refuser, avec tous les efforts qu’elle fournit ? Le problème, c’est lorsque le dromadaire s’enfonce toujours davantage sous la ramure. Or, les épines d’acacia, ça pique très fort et ça fait très, mais alors très bobo ! Je serai vigilant la prochaine fois…

Petit à petit, le paysage change. Au deuxième jour de rando, la savane, où surgit parfois une tribu de singes, fait place aux dunes de sables. Puis, entre les dunes apparaissent de grandes étendues vertes. Le contraste est alors saisissant. Ici, dans les Niayes, on profite des ressources de la nappe phréatique pour irriguer, planter. Cette région est le jardin du Sénégal, on y produit les 3/4 des légumes consommés dans le pays. Oignons, tomates et pommes de terre se récoltent à profusion, toute l’année. Partout, il y a du monde dans les cultures maraîchères. Du haut de mon dromadaire, je vois les paysans s’échiner sur les terres, tirer l’eau du puits lorsqu’il n’y a pas de pompe. Et partout, sur tous les visages un grand sourire. Parfois le paysan me fait signe de patienter, pour revenir les bras chargés de légumes en cadeau ! Ça marche dans les deux sens, d’ailleurs : un matin, notre petite troupe est allée donner un coup de main. Plus symbolique qu’autre chose, mais c’est l’intention qui compte.

Le chameau, une silhouette familière hier encore

Le chameau, ou plutôt le dromadaire, on ne s’attend pas tellement à le rencontrer dans un pays tel le Sénégal. Plutôt dans le Sahara. Et pourtant ! Hier encore, ce bel animal était une silhouette très familière dans les paysages semi-désertiques du Sénégal. Il était beaucoup utilisé pour le transport des marchandises, notamment dans cette partie du nord Sénégal, m’explique Omar, un exploitant agricole de 53 ans installé dans la région des Niayes.

Au début des années 2000, la construction de routes un peu partout dans la région a fait perdre au dromadaire son caractère indispensable. En même temps, les progrès de l’irrigation ont aussi fait disparaître ses terrains de prédilection. Aujourd’hui, on en voit encore pas mal dans les steppes et la savane. Mais leur utilisation se limite aux grandes occasions, aux fêtes d’apparat.

Le long de la mer, sur la Grande Côte

Après trois jours d’incursion dans les terres, elle se termine du côté des spectaculaires dunes de Lompoul, le retour se fait en bord de mer. La méharée chemine alors deux jours durant le long de la Grande Côte, une gigantesque ligne droite de plusieurs centaines de km. Quant à nous, nous en parcourons seulement quelques dizaines de km. Ce sont des heures magiques, sans rencontrer âme qui vive ou presque. Ici, la mer est très rude et les villages de pêcheurs ne sont pas légion. Il y en a cependant quelques uns. En journée, leurs longues barques multicolores sont assoupies dans le sable brûlant, attendant de repartir à l’assaut des vagues. Tout autour, les hommes reprisent les filets, font quelques réparations de fortune sur les bateaux. Très coloré, le spectacle est plaisant. Mais je ne peux m’approcher, visiblement mon dromadaire craint toute cette agitation.

Lorsque le soleil est au zénith, le pique-nique se prend en bordure de plage, à l’ombre des hauts filaos. C’est le bout de la « grande muraille verte », un long cordon végétal qui court à travers l’Afrique sur toute sa largeur pour tenter de retenir l’avancée du sable. Après le repas, je pique une tête dans les rouleaux. Pas question de s’aventurer très loin : les courants sont trop puissants.

Et puis, on enfourche à nouveau les dromadaires. Comme un vrai méhariste, enfin presque, je sais maintenant faire « baraquer » ma monture pour que je puisse en descendre ; et bien sûr aussi lui demander de se lever, ce qui est beaucoup plus facile. Ça change la vie d’être autonome. Sur cette longue plage, je fais ainsi une chevauchée en solitaire, me lance dans quelques galops. C’est grisant.

Le soir venu, après un fantastique coucher de soleil sur l’océan, c’est encore sous les filaos, dans une douce quiétude, que la méharée établit son bivouac. Devant le feu de camp, des notes de musique s’élèvent dans la nuit, comme presque chaque soir. Et, bercé par le rugissement continu des vagues, je m’endors, béat.

L’exubérante cité de Saint-Louis

Blanche et fleurie, l’ancienne cité coloniale de Saint-Louis met un joli point final à ce voyage au Sénégal. J’ai aimé flâné dans cette ville parsemée de vieilles demeures coloniales, où les rues se croisent à angle droit. Construite à l’embouchure du fleuve Sénégal, elle est l’ancienne capitale du Sénégal. Et même de toute l’Afrique occidentale française. Implantée sur une île reliée au continent par un pont -construit par Eiffel- la ville historique est d’ailleurs inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Du temps de l’Aéropostale, Mermoz et Saint-Exupéry y faisaient escale. Aujourd’hui, Saint-Louis est une ville gaie et colorée. Très vivante aussi, avec plein de galeries d’art ou de mode, de restos sympas, de brocanteurs… Les quais sont particulièrement animés, du matin jusque tard le soir : pas mal d’entrepôts sont devenus des bars et lieux de concerts. Saint-Louis est une ville bien exubérante.

Vous aimeriez prolonger votre découverte insolite du Sénégal ? Et pourquoi pas une croisière sur le fleuve Sénégal ?

Avec qui faire cette méharée ?

Ce reportage fait suite à un voyage de reconnaissance, un prélude aux séjours organisés par Nomade Aventure. Le voyagiste propose une formule remaniée. Baptisé « Méharée au Sénégal », c’est maintenant un voyage de 9 jours. La méharée est un peu raccourcie, elle dure quatre jours. Elle est complétée par une journée de kayak sur le fleuve Sénégal ainsi que par une balade en pirogue dans le parc national de la Langue de Barbarie, aux portes de la ville de Saint-Louis.

Photos © Frédérique Barraja

2 réflexions au sujet de “Méharée au Sénégal”

  1. Moi qui suit plutôt habitué aux randonnées chamelières dans le désert, je n’ai jamais tenté la méharée. J’ai toujours eu peur de m’emmerder sur un dromadaire. Mais je dois dire Bernard que ton article m’a presque convaincu 🙂

    Répondre
  2. A condition de maîtriser la monte du dromadaire, de savoir le diriger et donc de pouvoir s’écarter de temps en temps du reste de la méharée, d’avancer à sa propre allure, c’est un autre monde qui s’ouvre!

    Répondre

Laisser un commentaire

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Share via
Copy link
×