J’aime le massif de la Vanoise. Après plusieurs randonnées itinérantes au sein du parc national, je suis retourné en Vanoise pour réaliser le tour de la Grande Casse en 5 jours de marche et en dormant dans des refuges.
La Grande Casse
La Grande Casse est l’une des montagnes mythiques de la Vanoise. C’est aussi le plus haut sommet du massif et de la Savoie avec ses 3855 m. Le col des Grands couloirs sépare la Grande Casse de la pointe Mathews (3 783 m) tout proche. Cette crête de sommet avec la Grande Motte (3 653 m) constitue la ligne de partage des eaux entre les vallées de la Tarentaise au nord et de la Maurienne au sud.
La première ascension de la Grande Casse a été réalisée le 8 août 1860 par William Mathews, Michel Croz et Étienne Favre. Pour nous, il ne sera pas question d’en faire l’ascension mais de randonner autour de la Grande Casse au départ du Laisonnay d’En-Bas. Nous arrivons dans l’après-midi et ne faisons que 400 m de marche le premier jour pour rejoindre le refuge du Laisonnay. On s’installe dans le dortoir et on se détend sur la terrasse en buvant l’Antidote, une bière locale brassée à Bozel.
Refuge de Laisonnay – Refuge du col du Palet
+ 1103 m / – 76 m 10,5 km Refuge du Col du PaletAprès une bonne nuit, on est d’attaque pour se lancer sur le tour de la Grande Casse. Il est 7h00 quand on se lève. Dehors, l’orage gronde déjà. Les prévisions météorologiques ne l’avaient pas prévues. Le gardien nous fait un point météo. L’épisode orageux sera de courte durée. Du coup, on attend sagement dans le refuge que le déluge passe. Nous quittons donc le refuge de Laisonnay vers 8h45 en direction du refuge de la Glière (2010 m)
Le chemin alterne des bouts de piste et de sentiers. Au delà du refuge, les premières marmottes sortent de leur terrier. Les jeunes s’amusent entre-eux pendant que les adultes veillent. C’est toujours un plaisir de croiser une marmotte en randonnée et le parc national de la Vanoise est le paradis des marmottes. Nous croisons aussi quelques VTT électrique qui remontent la piste des Glières. Le VTT y est autorisé jusqu’au Grand Plan.
Nous longeons la Grande Casse et devinons le haut des remontées mécaniques du glacier de la Grande Motte. Les arbres ont laissé la place à une prairie alpine où s’ébattent d’autres marmottes. A l’approche du col de la Croix des Frêtes (2647 m), un vent glacial se lève. Bien que le refuge du col du Palet ne soit plus très loin, on ajoute une polaire. Sur la crête qui relie le col du Palet, le paysage est clairement lunaire. En contrebas, le refuge du col du Palet nous attend. Nous prendrons toutefois le temps d’observer quatre bouquetins au col du Palet.
Quelques minutes plus tard, nous sommes attablés sur la terrasse du refuge autour d’un thé au jasmin et d’une tarte à la framboise. Nous observons les allers et venus d’un couple de niverolles alpines qui vient nourrir les jeunes au nid ; lequel est soigneusement dissimulé dans le sous-toit du refuge. Trois ans plus tôt j’avais dormi dans ce même refuge lors de ma traversée de la Vanoise de gare à gare. Je voulais même y redormir lors du tour du Mont Pourri mais le refuge avait fermé en 2022 le 18 juillet car sa source était à sec. Pour cette année 2023, les gardiens scrutent le niveau d’eau avec attention de peur d’en manquer. D’ailleurs, la douche froide est fermée pour cette raison.
On finit par s’attabler dans le réfectoire car le vent est glacial à l’extérieur. Un peu de lecture et discussion avec d’autres randonneurs sur le GR5 ou sur le Tour de la Vallaisonnay.
Refuge du col du Palet – Refuge de la Leisse
+ 710 m / – 805 m 13,3 km Refuge de la LeisseLa nuit n’a pas été bonne. Nous avons eu trop chaud. Après un petit-déjeuner frugal (deux tranches de pain par personne), nous quittons le refuge à 8h00. Nous arrivons rapidement au col du Palet et entamons la descente en direction de Tignes. Il fait beau mais venteux et frais. Le bonnet n’est pas de trop ce matin.
Les marmottes sont de sortie une fois encore et malgré un zoom qui plafonne à 70 mm, j’arrive à faire quelques photos. Elles ne sont vraiment pas farouches. Nous rejoignons la croix de Lognan qui offre une superbe vue sur Tignes. Mais je dois vous avouer que l’approche de Tignes est quand même un choc. D’ailleurs, on ne s’y attarde pas. Court arrêt aux toilettes du funiculaire puis nous entamons la montée dans le vallon du Paquis. Une fois les remontées mécaniques passées, nous nous sentons revivre. La montée est progressive. Le vent est toujours aussi glaciale. Il nous faut remettre les polaires.
On traîne un peu les pieds ce matin. Du coup, on pique-nique sous le col de la Leisse. Le pique-nique est aussi frugal que le petit-déjeuner même si la salade de pattes est bonne. A l’approche du col de la Leisse et du glacier de la Grande Motte, le paysage devient plus lunaire. Il y a trois ans lors de mon dernier passage, le névé était énorme autour du col de la Leisse. Aujourd’hui, il n’y a que quelques poches de neige à droite à gauche.
Nous passons le col et descendons en direction du lac des Nettes. Je n’avais pas fait attention en regardant le fond de carte IGN mais en plus du GR55 qui fait le tour de la Vanoise, la Via Alpina passe ici. On rejoint le refuge de la Leisse en début d’après-midi. Coca et tarte au citron feront mon bonheur à l’arrivée. On s’installe dans le dortoir (il est plein) et on file prendre une douche chaude certes facturée 4€ mais ça fait tellement du bien.
L’après-midi s’égrène entre lecture et discussions avec d’autres randonneurs. Le soir après le dîner (délicieuses spaghettis complètes), on joue aux cartes.
Refuge de la Leisse – Refuge les Barmettes
+ 439 m / – 910 m 14,5 km Refuge Les BarmettesLes premières randonneurs se réveillent à 6h00. Du coup, on prend le petit-déjeuner à 7h00 et on quitte le refuge à 7h30, un peu plus tôt que d’habitude. Aujourd’hui, c’est l’étape la plus longue de notre tour de la Grande Casse mais rien d’insurmontables non plus.
Nous descendons la magnifique vallon de la Leisse avec en toile de fond le dôme de Chasseforêt. La Grande Casse domine le vallon ainsi que son glacier suspendu. Nous rejoignons le point de Croé Vie (2099 m) que nous traversons pour remonter sur l’autre versant en direction du col de la Vanoise.
Le début de le pente est plutôt raide jusqu’à la voûte du clapier blanc (2300 m), puis la pente se fait douce jusqu’au col de la Vanoise. Le vent s’est encore intensifié par rapport à la veille. Il est froid, ce qui nous évite d’avoir chaud dans la montée. Mais une fois que nous sommes sur la partie plus plate, nous sortons nos vestes imperméable qui coupent aussi du vent car là, ça vaille vraiment. Dire que la semaine dernière c’était la canicule. Nous passons le lac du col de la Vanoise puis le lac Rond. Un randonneur me dira plus tard dans la journée qu’il a vu un lagopède alpin dans ce secteur. Nous n’avons pas eu cette chance.
Nous arrivons au col de la Vanoise (2516 m) où se trouve le refuge éponyme. Nous y avions dormi lorsque nous avions fait le tour des glaciers de la Vanoise. Le refuge a depuis été rénové. Les marmottes sont toujours aussi nombreuses autour du refuge. A cause du vent et parce que toutes les tables sont occupées, nous ne pique-niqueons pas ici. Nous nous arrêtons un peu plus loin près du lac Rond pour casser la croûte. Le pique-nique du refuge de la Leisse est bon et mieux fourni que les précédents. Face à nous la Grande Casse, la pointe Mathews, le glacier des Grands Couloirs et sa moraine qui constitue un barrage naturel pour le lac Long.
Nous reprenons notre tour de la Grande Casse. Le sommet et son glacier sont derrière nous. Nous arrivons sur le fameux lac des Vaches et ses marches sur l’eau. Il y a aujourd’hui un peuple fou, de quoi me gâcher ce moment. Dire qu’il y a 20 ans, il n’y avait pas grand monde ici. Ce tourisme de masse de pleine nature est un vrai problème.
On poursuit la descente jusqu’au refuge Les Barmettes. Ma première impression se renforce. Le tout venant vient se balader ici, mal équipé voire pas équipé du tout. Quand on arrive au refuge, celui-ci est encore fermé mais son restaurant fait le plein de touristes montés avec le télésiège du génépi. On boit un coup et on mange une glace. Avant 15h30, on nous ouvre le refuge. Le dortoir est spacieux, la douche chaude (gratuite) aussi.
La fin de journée s’égrène entre lecture et internet car le refuge a aussi le wifi.
La tartiflette du dîner est excellente. Mais les prévisions météorologiques du lendemain sont mauvaises. Des orages sont annoncés dès midi. Il nous faudra partir tôt.
Refuge des Barmettes – Parking du Laisonnay par le bus et le taxi
Ce matin, nous avions prévu de rejoindre le refuge du Grand Bec par le col de Leschaux (2564 m) mais les prévisions météorologiques prévoient des orages toute la journée. D’ailleurs, les orages sont déjà là depuis 4h00 du matin. Pour des questions de sécurité, on préfère donc changer nos plans et rejoindre Pralognan-La-Vanoise. Dans la descente, on recevra deux averses de grêle sur la tête. A Pralognan-la-Vanoise, direction le parking du bouquetin pour emprunter le bus S66 pour Champagny-en-Vanoise. Nous pensions finir à pied jusque le Laisonnay d’en-Bas où notre voiture était garée mais l’orage se poursuivant, on a fini en taxi (0611405253).
Informations pratiques – Tour de la Grande Casse
Comment s’y rendre ?
Train jusqu’à Moutiers. Puis transport en autocar uniquement par la ligne S66 jusqu’à Champagny-la-Vanoise ou Pralognan-la-Vanoise. Plus d’infos. Ensuite deux options :
- Soit vous démarrez votre randonnée de Champagny-la-Vanoise ou Pralognan-la-Vanoise (Pralognan est une meilleure option)
- Soit vous rejoignez Laisonnay-le-Bas en taxi
Quand faire la randonnée ?
Le tour de la Grande Casse est généralement accessible de mi-juin à mi-septembre selon le niveau d’enneigement.
Quelle difficulté pour réaliser le tour de la Grande Casse ?
Le tour de la Grande Casse n’est pas une randonnée itinérante techniquement difficile. Les étapes sont plutôt courtes. Veuillez néanmoins faire attention au niveau du col de Leschaux (passage aérien, col exposé et présence de névés en début de saison).
Le Tour de la Grande Casse en 4 jours
- J1 : Pralognan-la-Vanoise – Refuge de la Leisse
- J2 : Refuge de la Leisse – Refuge du col du Palet
- J3 : Refuge du col du Palet – Refuge du Bois
- J4 : Refuge du Bois – Pralognan la Vanoise
Le tour de la Grande Casse en bivouac
Le bivouac est très réglementé dans le parc national de la Vanoise. il n’est autorisé qu’aux abords de certains refuges. La réservation est obligatoire car la demande est forte et le nombre de places limitée. Sur le tour de la Grande Casse, vous pouvez bivouaquer près des refuges suivants :
- Refuge de Laisonnay
- Refuge de la Glière
- Refuge du col du Palet
- Refuge de la Leisse
- Refuge du col de la Vanoise
- Refuge des Barmettes (en dehors du parc national)
- Refuge du Plan des Gouilles
L’étape 4 entre le refuge des Barmettes et le refuge du Grand Bec n’est pas dans le parc national mais en lisière. Tant que vous restez en dehors du parc national, le bivouac est autorisé.
Où se ravitailler en chemin ?
Le Tour de la Grande Casse ne traverse pas de villages, il reste en altitude. Les seuls points de ravitaillement et d’alimentation sont les refuges de montagne.
Cartes IGN pour le tour de la Grande Casse
Deux cartes IGN sont nécessaires pour couvrir le tour de la Grande Casse
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.
On partage le même amour pour la Vanoise ! Cela me replonge dans les souvenirs de ma traversée de la Vanoise en 7 jours (2019) : https://www.i-trekkings.net/carnet-outdoor/randonnee-a-travers-la-vanoise/
Il est dommage que tu n’ais pas pu faire les 2 derniers jours en sérénité. La piste en balcon jusqu’au col de Leschaux avant le refuge du Grand Bec est l’une des plus belles de Pralognan ! J’espère que tu pourras la faire dès que la météo sera clémente.
Je remarque que le niveau d’eau du lac Long, au pied de la Grande Casse, est toujours aussi bas.
Je te rejoins sur le tourisme de masse en montagne. Certains coins sauvages sont devenu trop accessibles à des personnes qui se conduisent comme à la ville, le respect en moins et les travers en plus. Le mois dernier autour de Pralognan, j’ai discuté avec des trekkeurs qui éprouvent des difficultés à trouver des sentiers loin de la foule. Cela devient une denrée rare, à moins de faire de l’escalade jusqu’aux hauts sommets ou à un cirque.
Aujourd’hui, pour éviter le flot des touristes jusqu’au col de la Vanoise, il n’y a plus mille solutions : soit partir très tôt le matin (le touriste de base n’est pas courageux et se lève tard), soit traverser le cirque de l’Arcelin (plus technique et périlleux).
C’est sûr, j’adore la Vanoise et y revenir chaque année. L’an prochain, on finira sûrement cet itinéraire… Finalement redescendre sous l’orage à Pralognan nous a évité la foule de la veille quand on est arrivé au refuge des Barmettes.