Ascension du Huayna Potosí par la voie normale

Ascension du Huayna Potosí par la voie normale en 2 jours, un grand classique de la Bolivie et malgré tout une aventure extraordinaire avec des vues magnifiques


Télécharger la "Trace GPX du Huayna Potosí" (209 téléchargements)

Focus Rando :Ascension du Huayna Potosí par la voie normale
2 jours +1280 m/-1280 m 10,6 km 3
Alpinisme Aller-Retour Refuge
Bolivie Cordillère Orientale Pas de transport en commun
Montagne Mai, Juin, Juillet, Août, et Septembre

Après avoir comparé nombre d’agences de La Paz pour mon ascension du Huayna Potosí en deux jours par la voie normale, je pense pouvoir dire qu’on peut globalement les réunir en trois catégories :

  • les agences avec guides UIAGM (Union Internationale, donc aux standards européens) et matériel récent : 3 fois plus chères que les autres et too much selon moi pour la voie normale. Le Huayna Potosí par sa voie normale étant facile d’accès, un guide AGMTB m’est suffisant, il n’y a aucun passage technique et je pourrais faire l’ascension seul mais mon principe est d’être encordé sur glacier. Ces agences sont tout de même à garder en tête en cas d’ascension par une autre voie, plus technique que la voie normale, ou pour d’autres sommets plus difficiles ;
  • les agences avec guides AGMTB (compagnie des guides boliviens) avec leur propre matériel : le meilleur choix à mon avis, car à peine plus chères (entre 10 et 15$ de plus) que celles de la troisième catégorie et permettent d’avoir du matériel bien plus récent ;
  • les agences avec guides AGMTB (compagnie des guides boliviens) qui louent leur matériel à une centrale, appelée Base Camp. Le matériel du Base Camp est bien obsolète et usé, donc aucun intérêt selon moi vu l’écart de prix avec les agences ayant du meilleur matos.

Les agences de la seconde catégorie sont peu nombreuses en Bolivie, personnellement j’ai fait mon choix au feeling en choisissant South Treks.

J1. La Paz – Camp de base (4800m) – Camp avancé Casa de guias (5200m)

+ 440 m / – 0 m 2,4 km

Le rendez-vous à l’agence est à 8:30 pour préparer le matériel. L’agence fournit tout : couche intermédiaire, couche imperméable, couche isolante, pantalon, guêtres, chaussures d’alpinisme, crampons, piolet, baudrier, sac à dos, sac de couchage, gants et cagoule, et même un thermos. Bon perso j’avais déjà pas mal de matos avec moi, donc je passe rapidement mon tour.

Nous partons ensuite en mini-bus privée pour deux heures de route, le plus long étant de sortir de La Paz. Arrivé proche du Huayna Potosí, la vue sur celui-ci est saisissante. On se rend bien compte de sa taille gigantesque !

Le mini-bus se gare au camp de base, juste à côté du Refugio Casa Blanca, car c’est ici que tous les guides de toutes les agences se réunissent pour discuter montagne. Ils parlent en aymara entre eux et il m’est donc impossible de comprendre quoi que ce soit.

Nous mangeons ici notre déjeuner, et je fais connaissance avec nos guides, Javier et Esteban, et avec deux jeunes femmes qui font l’ascension en trois jours et qui se joignent à nous. Ezra, une afghane de 19 ans, et son amie Estrella, une péruvienne de 20 ans. Toutes deux font leurs études à l’école allemande de La Paz et n’ont jamais fait de montagne de leur vie !

Pour ce premier jour d’ascension, nous n’avons que 400 mètres de dénivelé à monter, mais nous sommes autour de 5000 mètres d’altitude et bien chargés ! Le rythme est donc lent. Trop lent. Les filles n’avancent pas et s’arrêtent toutes les 5 minutes. Javier décharge le sac à dos d’Estrella qui est vraiment à la peine.

À plusieurs reprises, il me demandent si ça va. Je ne suis pas essoufflé et je n’ai pas perdu une seule goutte de sueur. Je lui propose de décharger Ezra, il accepte, puis ils m’envoient seul avec Esteban. Souhaite-il me tester ?

Arrivés au refuge Casa de guias, la vue sur le sommet se dégage et une partie de l’itinéraire de montée est bien visible. Je monte juste au-dessus pour en avoir une vue élargie. Le refuge est très propre et plutôt cosy.

Une heure plus tard, les filles arrivent. Et après elles, deux autres groupes accompagnés d’une cholita. Les cholitas sont des femmes au respect fort des traditions aymaras, elles sont habillées en habits traditionnels colorés et surmontées d’un chapeau melon. Celle-ci est ici pour s’occuper de la cuisine du refuge et je l’aime bien : d’habitude les cholitas sont assez taiseuses, elle, est toute pétillante et met l’ambiance dans le refuge !

Le dîner venu, je fais plus ample connaissance avec Ezra. Je suis fasciné qu’une afghane si jeune se retrouve ici. J’ai voyagé en 2010 en Afghanistan, et j’ai lu de nombreux livres associés, si bien qu’Ezra est autant surprise de croiser une personne qui a été faire du tourisme dans son pays et s’y intéresse.

Puis Javier nous expose son plan pour l’ascension finale du lendemain : un départ à 23:00 pour Ezra et Estrella, un départ à minuit pour les autres cordées, et je suis le seul à partir à 2:00 du matin avec Esteban.

J2. Sommet du Huayna Potosí (6088m)

+ 800 m / – 1240 m 8,2 km

Je tourne, vire et jure toute la nuit. Au petit matin, je n’ai rien dormi de la nuit. Entre le coucher tôt, le bruit des autres départs, l’altitude, et le manque de confort des matelas, je n’ai pas fermé l’oeil. Quand l’heure du lever arrive, c’est une délivrance ! Comme un Usain Bolt dans ses starting-blocks.

Nous engloutissons quelques biscuits et un café, un tour aux toilettes et nous enfilons baudriers et crampons. Dans la lueur de la nuit, plus aucune frontale à l’horizon, avec Esteban nous sommes seuls sur ce départ tardif.

Durant toute la montée dans le noir seulement éclairé de nos frontales, nous doublons des cordées. Nous en croisons aussi une, les espagnols croisés la veille au refuge font demi tour, ils ne supportent plus le froid aux pieds. Pour ma part, tant qu’on marche ça va, dès qu’on fait une minute de pause pour boire une gorgée d’eau, le froid mort mes orteils. J’ai de la chance d’être seul avec un guide et de pouvoir monter à mon rythme.

Arrivé à 5900 mètres, il ne reste plus beaucoup de frontales au-dessus de nous, mais toujours pas de trace des filles. Peut-être les aurais-je doublées sans les reconnaître ? Peu probable, Esteban aurait forcément discuté avec Javier.

Nous doublons les dernières cordées avant d’entamer la partie rocheuse avant le sommet. Une longue traversé de pierres délitées dans laquelle nous rejoignons enfin Javier et les filles. Vu ce qu’il leur reste, elles vont y arriver ! Je suis content pour elles, elles qui n’avaient jamais fait de montagne de leur vie. Javier a su prévoir un départ à la bonne heure, les rassurer, et adapter un bon rythme pour les amener au sommet entre gestion de l’effort et du froid.

Nous arrivons les premiers au sommet, dans 15 petits centimètres de neige fraiche qu’il est tombé la veille. Esteban me laisse faire les derniers pas pour que je sois le premier. 4h15 pour atteindre le sommet ! En attendant la seconde cordée, celle des filles, je prends mes premières photos du lever de soleil. Le Huayna Potosí a beau être une montagne facile et la plus parcourue de Bolivie, l’ambiance n’en est pas moins magique !

Merci à ma compagne Janine pour ce magnifique cadeau d’anniversaire ! Je fais ce sommet aussi un peu avec elle, elle qui ne supporte pas la haute altitude malgré ses racines paceñas et qui aurait tant voulu être là avec moi.

Les filles arrivent enfin en seconde cordée, elles peuvent être fières d’elles ! Séance photo tous ensemble au sommet puis le froid a rapidement raison de nous.

Les vues alentours sur la Cordillère Royale sont superbes et inspirent d’autres aventures ! À l’instar de nos Alpes, les possibilités sont infinies !

À la descente avec la lumière du jour, le décor est tout autre. On se rend bien compte de tout ce qu’on a gravi et traversé pour arriver au sommet.

Un passage au refuge où j’ai le temps de me reposer en attendant les filles et, même si on se sent vivant au sommet des montagne, nous devons repartir vers des altitudes plus clémentes où la vie peut se développer.

À la lecture de mon récit avec la réussite des filles, jeunes et sans expérience, on pourrait se dire que tout le monde peut faire cette ascension. Pour ma part je pense qu’il n’en est rien, les espagnols qui ont fait demi tour n’en étaient pas à leur première ascension à plus de 6000 mètres. La montagne est imprévisible et parfois on peut tout autant retrouver “Un tocard sur le toit du monde” et en même temps voir des guides aguerris et autres stars y périr.

Ascension en 3 jours 

J’étais en altitude autour de 4000 mètres depuis plus de 10 jours lors de mon ascension du Huayna Potosí, et je passe de nombreuses journées en montagne chez moi dans les Alpes. Aussi ai-je décidé de faire cette ascension en deux jours, mais il est tout à fait possible de la faire en trois jours.

J1. Acclimatation et exercices matos (4900m)

La première journée sera une journée d’acclimatation pendant laquelle vous apprendrez les basic de l’alpinisme avec le port d’un baudrier, la mise en place de crampons, et la marche encordée en crampons piolet. Cette journée se passe sur le glacier vieux, à quelques minutes de marche du camp de base ou vous passerez votre première nuit.

Les deux journées suivantes seront équivalentes aux miennes.

Laisser un commentaire

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Share via
Copy link
×