Le 11 avril 2024, je me suis lancée dans un tour de France « à portée de jambes » et plus précisément le long des frontières de l’hexagone. L’effectuant essentiellement à pied, je me laisse cependant la liberté de pouvoir improviser des tronçons à vélo, l’objectif étant de ne recourir qu’à ma propre énergie pour effectuer mon tour.
Cet article vient raconter le parcours effectué sur le GR®51 de Marseille à Nice, l’occasion de faire découvrir un GR encore bien méconnu.
J’ai quitté mon emploi, mon appartement et mon quotidien pour partir vivre un périple qui me fasse écho avec pour seul compagnon de route mon sac-à-dos de 14 kg. Il est lourd, mais il me permet de faire de l’itinérance en totale autonomie.
Ce projet est avant tout personnel mais je ne peux partir sans ma casquette d’architecte-urbaniste qui souhaite également observer les territoires dans leur Histoire, leurs spécificités culturelles, leur patrimoine, leur fonctionnement et leur mutation, notamment au regard des enjeux climatiques et environnementaux. Et la marche a de précieux qu’elle permet d’appréhender les territoires sous un autre angle.
Je partage du mieux que je le peux mes photos, journaux de bord et mes articles « Focus » (Randonnée, Paysage, Urbanisme, Architecture…) sur mes pages Instagram et Facebook.
Le GR®51, le balcon de la Méditerrannée
Également nommé « Balcons de la Méditerranée », le GR®51 est un itinéraire de randonnée de près de 500 km qui relie les villes de Menton à Marseille en passant par les départements des Alpes-Maritimes, du Var et des Bouches-du-Rhône d’Est en Ouest. Alternant sentiers côtiers et traversées dans les arrière-pays vallonnés, le GR®51 fait découvrir une multitude de paysages spécifiques marqués par leur richesse géologique, la diversité de leur faune et flore, mais aussi par l’histoire des territoires, leur culture et leur économie passée et présente qui les façonne.
Bien nommé, le sentier offre à de nombreuses reprises des vues panoramiques sur la mer et les massifs environnants (comme le Mercantour, l’Estérel, la Sainte-Baume, les Calanques de Marseille). Il concilie parfaitement randonnée en pleine nature et découvertes culturelles dans la mesure où des villes et villages pittoresques le jalonnent.
En ce qui me concerne, j’ai effectué le GR®51 dans le sens inverse, depuis la Madrague (Marseille) et je me suis arrêtée peu avant Menton, en bifurquant vers Nice depuis Aspremont. La partie entre Aspremont et Menton est la plus connue car la plus plébiscitée et parcourue. Il est facile de trouver de la documentation sur ce tronçon.
Au début des années 90, le GR®51 a fait l’objet d’un topoguide, mais il n’est plus édité. Pour ma part, il a été difficile d’obtenir des informations relatives au tracé exact du GR®. Les tracés que je trouvais sur le net ne corrélaient pas avec les étapes que certains sites de randonnée donnaient.
Arrivée à Le Revest-les-Eaux, le GR®51 n’était plus indiqué sur les rares panneaux de signalisation tandis que celui de Saint-Jacques-de-Compostelle, lui, l’était (GR®653A). Se posait alors la question « où passe le GR®51? », car même l’application IGN Rando n’indiquait plus le GR®51. Selon le zoom que je mettais le tracé ne passait pas au même endroit : l’ancien tracé passait à travers le Massif des Maures, le nouveau s’enfonce davantage en Provence Verte. Les locaux interrogés ? Ils ignoraient que ce GR® existait par chez eux. Mon hypothèse : avec les forts risques d’incendie et la fermeture quasi récurrente du Massif des Maures à toute personne de mi-juin à mi-septembre, le GR®51 est finalement dévié encore plus loin dans l’arrière-pays. Le risque incendie reste bien présent, mais les espaces traversés restent généralement accessibles au public durant la période estivale. Entre Le Revest-les-Eaux et Fréjus, le GR®51 suit donc le tracé de Saint-Jacques-de-Compostelle (GR®653A).
1- Traversée des Calanques : coup d’envoi depuis La Madrague
+ 1932 m / – 1868 m 40 km 3 joursAprès avoir arpenté Marseille sur deux jours, ce qui est bien trop peu pour bien appréhender la ville dans toute sa richesse et sa complexité, je reprends mon itinérance en entamant la traversée des Calanques (le GR®98 – 3 étapes). Les deux premières étapes de celle-ci font partie du GR®51, je ne peux m’empêcher cependant de la faire dans sa globalité tellement les paysages m’envoûtent, davantage sous le temps radieux qui m’accompagne.
Les Calanques sont époustouflantes et je vis un retour aux sources en parcourant de nouveau des sentiers dans un cadre naturel, voire même sauvage en certains endroits, avec des points de vue magnifiques sur des criques, des anses ou la côte déchiquetée au lointain. La roche, ses teintes, ses plis et ses diverses textures me fascinent. On constate vite que le Parc National (PN) des Calanques présente un patrimoine géologique et paysager riche et contrasté sur plus de 20 km de côtes.
La lumière du matin est sublime et révèle le relief mouvementé de la roche au loin ; la traversée est prometteuse.
Pour les habitués de la haute-montagne, la traversée n’est pas technique, elle peut en revanche présenter des passages délicats (aériens et vertigineux, étroits, accidentés) qui, parfois, peuvent nécessiter quelques prouesses en escalade d’autant plus que la roche est bien glissante tout du long. Bien chaussé et équipé, il vaut mieux partir très tôt pour évoluer tant que possible à la fraîche avant le cagnard de la journée. Les Calanques se caractérisent notamment par leur milieu aride et érodé, clairsemé de pins qui offrent occasionnellement des espaces ombragés. La roche calcaire blanche et vive des Calanques réfléchie bien la lumière du soleil : en plus d’être aveuglé, il se peut qu’on ait l’impression de progresser dans une fournaise. Fort heureusement, des brises marines donnent la sensation d’être rafraichie bien qu’elles assèchent. Plusieurs sentiers partant du GR® permettent aussi de rejoindre quelques spots pour se baigner. Quoiqu’il en soit, partir chargé en eau est fortement conseillé. Il n’y a aucune source en chemin. Quelques points d’eau ont été installés pour recharger les gourdes avant d’entamer une balade au niveau des coins urbanisés en marges du parc national comme à la Madrague, aux ports de Callongue et des Goudes, ou bien encore à Luminy.
Je débute la traversée depuis la Madrague d’où je prends vite de la hauteur en arpentant les flancs du massif de Marseilleveyre. Je laisse derrière moi le Mont-Rose pour ensuite découvrir en surplomb le petit port de pêche des Goudes avec les îles Tiboulen Maire et Maire en arrière-plan. La lumière du matin est sublime et révèle le relief mouvementé de la roche au loin ; la traversée est prometteuse. Je rejoins ensuite le petit hameau de Callelongue et son petit port, dernière halte de la route du littoral. Le lieu est bien animé et semble être le point de départ d’expéditions de plongée. Je m’enfonce progressivement vers le cœur des Calanques, d’abord en longeant la côte déchiquetée, en y croisant fréquemment des traileurs jusqu’aux alentours de la calanque de Marsilleveyre qui attire déjà du monde. Je pars ensuite à l’assaut des massifs, davantage dans les terres. Je surplombe les calanques de Sormiou puis de Morgiou, bien visible depuis le col du même nom. Celles-ci sont accessibles en voiture et je suis d’ailleurs amenée à traverser les voies carrossables déjà bien rythmées par la cadence des véhicules. Ma première journée prend fin une fois arrivée au campus universitaire de Luminy, après avoir arpenté la forêt aux abords du Mont-Puget.
La deuxième étape débute sur les contreforts du Mont-Puget, je m’enfonce dans le cœur sauvage des Calanques et de fait, je croise moins de monde que la veille. C’est lorsque je m’approche du chemin aménagé desservant la calanque d’En-Vau, une des calanques star du parc national, que je suis catapultée dans un tout autre univers : je me crois sur le parcours du Tour du Mont-Blanc (TMB) tellement il y a de monde, une véritable autoroute ! Un flux constant descend le chemin tant bien que mal du fait de son dénivelé important et des hauts emmarchements rocheux. Beaucoup ne semblent d’ailleurs pas habitués à marcher sur ce genre de terrain. Je suis une des rares personnes qui cherche à remonter à contre-courant. Je préfère m’éloigner de ce délire et admirer la calanque d’en haut, loin de la foule entassée. Ceci étant dit, elle doit sûrement être magnifique avec ses falaises vertigineuses. Mais voilà, il faut s’y rendre très tôt. Je fais une halte à la calanque de Port Pin, bien investie aussi, avant de longer celle de Port Miou pour rejoindre Cassis.
J’ai du mal à imaginer les Calanques durant la saison estivale tant celles-ci sont déjà sur-investies par le tourisme de masse par endroit. Il faut savoir que durant l’été, il faut réserver pour accéder à la calanque de Sugiton par exemple (« réserver, c’est préserver »). En effet, elle est victime d’une érosion très marquée liée à la surfréquentation.
Dans la mesure où il est interdit de bivouaquer au sein du parc national, j’établis mon point de chute au camping de Cassis pour faire mes étapes à la journée avec un sac-à-dos allégé. Des navettes permettent de relier les différents points d’accès et départs de randonnée depuis Marseille, Cassis et La Ciotat. Sur l’ensemble de le traversée, je suis bien contente de ne pas avoir le gros sac sur le dos car certains passages étroits auraient été bien compliqués à franchir.
Le soir, après mes journées de randonnée, je peux ainsi déambuler dans les rues de Cassis, flâner le long des quais, me poser sur la plage ou du côté de terrain de pétanque afin d’observer les boulistes et discuter avec d’autres habitués. Je ne m’éternise cependant pas le long des restaurants, bar et rues commerçantes; la foule m’oppresse. Bien que nous soyons au mois de mai, Cassis est déjà bien animée, pour ne pas dire sur-fréquentée.
Avant de poursuivre le GR®51, je décide de finir la traversée des Calanques en poursuivant jusqu’à La Ciotat. J’emprunte le sentier qui longe les falaises Soubeyranes jusqu’au jardin de Mugel (une véritable curiosité botanique et géologique). Le parcours est assez aérien et accidenté par endroit, il n’est pas à la portée de tout le monde. Le moindre gros coup de vent peut être fatal sur certains passages bien exposés. Mais depuis peu, la route des crêtes à proximité est fermée à la circulation motorisée le dimanche pour permettre aux cyclistes, piétons et autres modes actifs de profiter d’un parcours plus accessible et confortable afin de profiter des beaux points de vue, et ce, en toute sécurité. Une très bonne initiative qui attire du monde.
Cette portion me permet de découvrir les richesses des falaises aux couleurs d’ocres et du Cap Canaille. Ce jour-là, les pans rocheux sont enveloppés par des masses nuageuses volages.
2 – Au cœur du massif de la Sainte-Baume et de la Provence Verte
+ 4797 m / – 5002 m 210 km 10 joursJe quitte la côte pour m’enfoncer dans l’arrière-pays, loin de l’agitation du littoral et de son afflux touristique. J’entre dans le Parc Naturel Régional (PNR) du Massif de la Sainte-Baume dans lequel je sens la montagne du même nom me regarder évoluer. Régulièrement, je la regarde avec envie lorsque je grimpe une crête, que j’arpente un plateau naturel ou que je me rends au point le plus haut d’un village perché. Montagne belvédère, elle domine et impose le respect avec son relief emblématique de la Basse-Provence. Elle se distingue notamment par sa longue falaise abrupte de roches calcaires de 12 km de long dont le point le plus haut de sa crête culmine à 1148 m. Je n’irai pas à sa rencontre. Je la maintiens à distance en traversant une multitude de paysages conditionnés par la morphologie et la géologie du massif. En effet, au-delà de la montagne de la Sainte-Baume, les paysages du massif présentent une palette contrastée entre les vastes étendues à dominante boisée, les plaines agricoles et collines offrant des ambiances provençales traditionnelles (vignobles, maraîchage, polycultures, etc.) aujourd’hui menacées par l’urbanisation et l’évolution des pratiques agricoles, et les nombreux cours d’eau avec leur ripisylve structurant les paysages.
Tout du long de mon parcours, je suis marquée par l’étendue considérable de la forêt de la Sainte-Baume. Et de fait, la forêt du massif est une forêt relique : elle est reconnue et protégée depuis des siècles. Hêtraie, chênaie, pins sylvestres, érables, tilleuls, etc., … la forêt présente une palette floristique multiple et considérable qui contribue à un écrin rafraîchissant durant la période estivale. Sa flore comme sa faune sont particuliers, car intermédiaires entre la forêt méditerranéenne et la forêt alpine de moyenne montagne. Cette enclave préalpine en pleine Provence est d’ailleurs menacée par le changement climatique avec l’augmentation de la chaleur et de l’ensoleillement qui entrainent de plus en plus l’assèchement des sols par évapotranspiration (accroissement du stress hydrique).
D’ailleurs, même si la chaleur n’est pas encore à son comble lorsque j’y passe (selon les locaux, car en ce qui me concerne, c’est déjà trop), on est rapidement sensibilisé au risque incendie lorsqu’on marche dans les massifs : panneaux de sensibilisation/communication, QR code pour s’informer de l’état des forêts et de leur accès, tranchées quadrillées ou voies forestières entretenues à l’année pour faciliter l’intervention des pompiers en cas de nécessité, citernes, panneaux de numérotation sectoriel, etc. L’organisation est bien ficelée.
Je suis également subjuguée par la géologie fascinante du massif dont son intérêt tient non seulement dans l’originalité des processus liés à sa formation, mais aussi à sa structure complexe que l’on appelle le karst. Ce dernier prend plusieurs formes et façonne sur l’ensemble du territoire du Parc un univers fantasmagorique, qu’il soit lié au monde souterrain ou à celui de la surface : lapiaz, déclives, avens, gouffres, grotte, poljé, vallées sèches ou suspendues, reliefs ruiniformes des dolomies. Chaque jour, je suis amenée à découvrir une de ces curiosités géologiques. Je prends d’ailleurs vite conscience que je dois être vigilante et bien rester sur le sentier pour éviter de passer sous terre. D’autant plus que, très peu fréquenté, pour ne pas dire oublié, le sentier est souvent recouvert par de hautes herbes, des ronces, branchages et est barré par de nombreuses toiles d’araignée. Se frayer un passage est tout un exercice qui remplit mes journées.
Les étapes se font essentiellement en forêt, mais parfois, je peux atteindre et parcourir une crête. Là, on comprend pourquoi le GR®51 est ainsi nommé les “balcons de la Méditerranée”.
Les quelques dénivelés quotidiens se font sentir sous la chaleur écrasante et l’absence de brise. Comme dans les Calanques, ça monte et ça descend sans cesse sur de petits tronçons ce qui évite aux articulations de souffrir. Et de temps en temps, un point de vue sur l’horizon se dégage entre les masses arborées : je le vis comme une récompense.
Les étapes se font essentiellement en forêt, mais parfois, je peux atteindre et parcourir une crête. Là, on comprend pourquoi le GR®51 est ainsi nommé les “balcons de la Méditerranée” : une claque visuelle sur la côte d’un côté, et sur l’étendue forestière du massif de la Sainte-Baume de l’autre. Mais tout de même : même si les arbres me permettent de marcher essentiellement à l’ombre, évoluer dans la forêt me lasse. Je préfère vraiment être sur les hauteurs pour profiter des vues. En revanche, le vent peut parfois souffler fort une fois exposée sur les crêtes. Il peut ainsi déstabiliser selon son intensité, surtout avec le gros sac-à-dos sur le dos. Il faut faire attention de ne pas trop s’approcher du bord ou de bien se tenir à la roche. Des endroits restent escarpés et vertigineux, la chute peut vite arriver.
J’évolue au sein d’une palette paysagère variée, mais les chemins, quant à eux, sont peu diversifiés. En forêt, quand il ne s’agit pas de routes bitumées, ce sont des voies forestières ou des sentiers caillouteux qui mettent à l’épreuve les chevilles. Le sol est jonché de roches escarpées, mais surtout de pierres roulantes sous le pied. Les descentes me mettent à l’épreuve !
En dehors des forêts, le GR® emprunte beaucoup de route. Ponctuellement, je suis amenée à traverser des nationales, voire même des autoroutes et je le vis comme une agression tellement le trafic est dense. D’ailleurs, pour passer des Calanques au Massif de la Sainte-Baume, je suis prise en étau entre l’autoroute d’un côté et la nationale de l’autre ; je suis même obligée de traverser un échangeur et de longer une station de péage. Il y a plus agréable et sécurisant. Il faut savoir que le GR®51, dans sa globalité, nous fait souvent passer par des routes aux typologies diverses. J’emprunte régulièrement des départementales, des routes de campagne ainsi que des routes de desserte des lotissements aménagés en terrasse au-dessus des villages. L’arrière-pays fonctionne avec la côte d’où son urbanisation galopante. La côte draine beaucoup de flux et d’activités, l’arrière-pays attire pour son cadre, sa tranquillité et sa « fraîcheur » sans être enclavé.
Mes étapes sont ponctuées chaque jour par la découverte de petits villages. J’y prends souvent un verre, à l’ombre d’un platane ou près d’une fontaine, sur une place, savourant les ambiances provençales. Entre les villages perchés, les villages médiévaux et les villages plus atypiques, je tombe sous le charme des ruelles fleuries, étroites et sinueuses, dont certaines s’enroulent autour d’une église ou de vestiges d’un château disparu, parfois remplacé par des habitations aux façades colorées.
Déambuler dans les villages, c’est l’occasion aussi de mieux appréhender une culture locale, mais également de découvrir une histoire riche. Villages, massifs forestiers et terres agricoles forment un tout indissociable. En parcourant ces terres, je constate à quel point la spiritualité est imprégnée : dans les villages avec les fêtes locales, le son des cloches des églises et chapelles qui viennent rythmer les journées ; dans les forêts avec la présence d’oratoires, de chapelles, mais aussi d’abbayes. Et de fait, le Massif de la Sainte-Baume et la Provence Verte sont des hauts lieux de pèlerinage.
Sur le chemin, il m’arrive occasionnellement de croiser une ou deux personnes qui se promènent à la journée, davantage en forêt. Et dans la mesure où je chemine sur le sentier de Saint-Jacques de Compostelle, il m’arrive aussi de croiser quelques pèlerins.
3 – La côte d’Azur en quelques foulées
+ 598 m / – 600 m 43 km 2 joursJe quitte progressivement la Provence Verte pour rejoindre Fréjus et Saint-Raphaël, vers la côte d’Azur, lieux de vie saisonnière de la haute société mondaine arrivée à la Belle Époque. Bien qu’elle s’étiole, je marche toujours en grande partie dans la forêt. Je traverse des villages aux marges alloties de plus en plus étendues. Le dynamisme de la côte apporte attractivité à l’arrière-pays. J’emprunte aussi beaucoup de routes de campagne qui me font passer par des endroits isolés. Préservés dans un écrin paysager, ces lieux recèlent ponctuellement de grands domaines ou, plus fréquemment, de grandes propriétés bâties de villas. La discrétion est leur trait commun.
J’arpente ce qu’on appelle « la France moche » et à pied, ça n’est vraiment pas joyeux. Sous une chaleur écrasante, le bitume me liquéfie sur place, les pots d’échappement me brûlent en plus de m’enfumer ; je traverse un désert noir.
Après avoir passé le Rocher de Roquebrune et les Trois Têtes, les paysages se nuancent davantage, les vignes se font de plus en plus rares, je vois naître des domaines équestres et même des clubs de polo. Un univers discret se barricade et bloque certains chemins publics, parfois en se les appropriant, parfois en installant de faux panneaux pour dissuader les promeneurs de poursuivre.
En sortant de Puget-sur-Argens, à l’approche de Fréjus, comme précédemment pour entrer et/ou sortir d’autres petites villes, le GR® me fait longer/traverser des pénétrantes aux flux denses et passer par des zones d’activités économiques : un autre tableau du monde urbain se déroule sous nos yeux, loin des cœurs de bourg requalifiés pour le bonheur des visiteurs. J’arpente ce qu’on appelle « la France moche » et à pied, ça n’est vraiment pas joyeux. Sous une chaleur écrasante, le bitume me liquéfie sur place, les pots d’échappement me brûlent en plus de m’enfumer ; je traverse un désert noir.
Fréjus m’introduit sur la côte d’Azur : 2000 ans d’histoire se côtoie entre ses monuments romains, la cathédrale médiévale, joyaux du christianisme provençal, et les grands hôtels particuliers de la Belle Epoque. Entre terre et mer, Fréjus s’est étendue et s’est réinventée au fil des siècles tout en maintenant un fort attachement à son port duquel toute son histoire s’est construite. Longtemps port militaire et économique, il s’est aujourd’hui adapté au nautisme contemporain. Fréjus est devenue une véritable station balnéaire pourvue de longues plages de sable fin. Tout y est : les plages publiques et privées, les kiosques, la promenade des Bains le long des plages, les commerces, les restaurants, bars, glaciers, chichis et autres boutiques à foison en tout genre. Retour sur la côte.
Sa voisine, Saint-Raphaël, se dote des mêmes attributs. Elle se distingue davantage par ses villas et hôtels luxueux, implantés le long de la côte, mais aussi perchés sur les hauteurs, à flanc de colline, dans un écrin paysager qui préserve l’intimité des riches propriétaires. Son histoire est plus récente : petit village de pêcheur, elle commence à se dessiner à la fin du XIXe siècle, avec la croissance des activités commerciales. Elle se mue peu à peu en station balnéaire moderne et voit son développement touristique s’accélérer avec l’arrivée de la ligne de train Paris-Lyon-Marseille, en attirant un grand nombre d’artistes. Saint-Raphaël, c’est une bourgade disséminée dans un mélange d’architectures éclectiques et disparates.
Fréjus, Saint-Raphaël et leurs plages : c’est une cacophonie à la fois passionnante et fatigante.
Je décide d’établir mon point de chute à l’écart, à Saint-Aygulf. Bien qu’animée là aussi, Saint-Aygulf offre une parenthèse entre les étangs de Villepey, surnommés la « petite Camargue » (classé Natura 2000) et ses plages où il fait bon de s’y poser après une grosse journée plongée dans le tumulte urbain.
Pour rejoindre Agay, je décide de passer par le sentier du littoral qui serpente entre la mer et le massif d’Esterel. Je ne suis donc pas le GR®51 sur cette étape. Suivant l’ancien tracé du parcours des douaniers, le sentier me permet de découvrir toute une variété fascinante de socles rocheux qui se distinguent par leurs coloris, leurs textures et leurs plis : parfois déchiquetés parfois polis, évoluant d’un rouge vif au vert calciné. La roche du massif d’Esterel domine tout de même le parcours qui s’accompagne de pins parasols et d’eau cristalline. Je longe de belles propriétés pourvues de villas, dont certaines de style Belle Epoque, fondues dans un écrin arboré d’un côté et des criques escarpées, des calanques et des plages de l’autre. Bien que l’Homme soit intervenu dans les aménagements de la côte, je plonge dans un véritable trésors naturel de la Méditerranée, entre faune et flore typiques. Parcourir ce tronçon est un vrai régal pour mes sens : ma vue, mon ouï et mon odorat sont comblés. Le chemin offre aussi des vues sur le Lion de Mer, l’Île d’Or et le piton du Dramont.
Arrivée à Agay, j’ai l’impression que le temps s’est arrêté. Je m’y repose les pieds dans l’eau. La rade est à l’abri entre le Cap Dramont et la pointe de la Baumette. Elle constitue également une porte d’entrée naturelle vers le massif de l’Esterel qui la domine. C’est de ce point que je récupère le GR®51 pour traverser le massif.
Rejoindre Théoule-sur-Mer par le massif de l’Esterel, c’est traverser un massif aride et peu fertile, au relief accidenté, au paysage déchiqueté et aux criques abruptes, qui plonge dans la Méditerranée. C’est un milieu de contrastes issu d’une histoire géologique riche et mouvementée qui a démarré il y a 250 M° d’années. La roche rouge (la rhyolithe), si caractéristique du massif, vient de la lave qui est remontée à la surface lors d’un mouvement de plaque tectonique qui a fissuré la terre. C’est une terre qui semble hostile et pourtant, elle a accueilli tout au long de son histoire des civilisations du bassin méditerranéen. En marchant et en ouvrant l’œil, on peut observer des empreintes humaines comme un menhir ou une fontaine romaine qui semble sortir de nulle part. Le GR®51 emprunte d’ailleurs la voie Aurélienne qui longe la côte jusqu’à Agay. Je croise de nombreux randonneurs, mais aussi des VTTistes. C’est un coin qui, malgré le temps lourd et chargé, permet d’être un peu plus à la fraîche et de prendre de la hauteur sur la baie de Cannes et ses nombreux bateaux de plaisance. Les sentiers ne présentent aucune difficulté, la plupart du temps, je marche sur de vraies voies forestières.
En descendant du massif, je surplombe les divers quartiers qui jonchent la côte (et la privatisent) dont je peux admirer l’extravagance des demeures et de leurs terrains. J’y distingue d’ailleurs le fameux Palais Bulle de Pierre Cardin. J’aurais aimé la visiter, ce sera pour une prochaine fois.
Je sillonne entre quelques villas distinguées avant de rejoindre la Corniche d’or, cette route qui sillonne le long de la côte, offrant aux automobilistes un des plus beaux paysages de la Côte d’Azur. Le flux est constant et, par ailleurs, les piétons et cyclistes n’y ont pas leur place, ce qui est bien dommage.
Je profite de mon passage sur la baie de Cannes pour déambuler à travers le village de Théoule-sur-Mer puis la petite ville balnéaire de Mandelieu en m’accordant le loisir de visiter le château de La Napoule, véritable bijou posé sur le rivage Méditerranéen.
Ici, je contraste avec mon accoutrement, mais je ne compte pas m’attarder plus longtemps. Le GR®51 continue.
4 – En pays Grassois et Niçois, aux contreforts des massifs préalpins
+ 4425 m / – 4412 m 135 km 8 joursJe pars de Théoule-sur-Mer pour rejoindre les hauteurs et tenter de profiter de quelques panoramas sur la côte. Malheureusement, un voile brumeux et les nuages m’accompagnent quotidiennement ce qui ne me permet pas de distinguer nettement le paysage au loin. Dommage, les points de vue qui ponctuent le parcours semblent époustouflants.
Entre Alpes et Méditerranée, je traverse un nouvel environnement, bien distinct dans sa végétation et le type de culture. J’entre en pays Grassois, plaine bordée de collines boisées où cohabitent résidences, zones d’activités et terrasses d’oliviers, aux contreforts des massifs préalpins.
Les premières journées me font passer par de nombreuses routes étroites et sinueuses bien empruntées par les véhicules pour relier des villages perchés et anciennement fortifiés : ça n’est pas forcément agréable de devoir sans cesse anticiper l’arrivée d’une voiture. Je remarque aussi assez vite que j’arpente un petit paradis pour les motards. La vigilance est de rigueur. Peu à peu ce sont surtout des voies forestières puis de vrais sentiers qui se déploient sous mes pas. Les villages et hameaux que je croise dans les hauteurs sont essentiellement composés de vieilles maisons en pierre et gardent encore leur silhouette compacte. Quelques maisons ponctuelles s’installent en marge jusqu’à parfois venir créer un quartier contemporain, mais qui reste intégré sur le plan paysager. Je passe notamment par Cabris, petit paradis provençal où je me délecte d’une bonne limonade à la menthe sur la place du village, à l’ombre des grands arbres. Les locaux me regardent avec curiosité, ils ne semblent pas avoir l’habitude de voir des randonneurs au long cours. La discussion se fait facilement au comptoir. Pour la petite anecdote, Antoine de Saint-Exupéry y séjournait régulièrement, car sa mère, Marie, s’y était installée en 1938. Mais au-delà de ça, Cabris est typique du village perché du pays Grassois. Celui-ci s’articulait autour d’un château médiéval dont il ne reste que ruines et vestiges. Aujourd’hui, l’esplanade féodale offre un superbe panorama sur la Méditerranée et permet de comprendre le fonctionnement du territoire qui se déroule sous nos yeux.
Je traverse un paysage calme, quasi lunaire, croisant des roches calcaires blanches étonnantes dans leurs formes érodées.
En effet, je surplombe la vallée de la Siagne qui est bien marquée par l’étalement urbain. Les villages originels ne se distinguent plus et sont noyés dans une masse urbaine informe et tentaculaire. Comme la demande est importante, du fait d’une attractivité territoriale dynamique, de nombreux quartiers ont germé sur les flancs de collines. Je sillonne un territoire de contrastes entre échappées boisées et urbanisation déroutante.
Durant mon itinérance, je prends le temps de m’arrêter une journée pour visiter Grasse, capitale mondiale des parfums. Entre les champs de fleurs, la culture de l’olivier, les hôtels particuliers, les usines familiales et les ateliers de création de parfum, les jardins ou bien encore les musées, c’est toute une histoire culturelle locale qui se déploie à chaque coin de rue et à chaque point de vue qu’offre la ville. Le cœur de ville est très fréquenté et tout est là pour satisfaire les touristes venant du monde entier. Je prends beaucoup de plaisir à arpenter les ruelles piétonnes, à observer les façades provençales d’apparat, mais aussi les façades arrière qui montrent une autre réalité cachée du public. Ceci étant dit, la foule me fatigue là aussi. Je reprends vite mon itinérance en regagnant les hauteurs.
Sur le GR®51, m’éloigner de la côte me permet de fréquenter de vrais campings, et ce, à taille humaine, où la tente a toute sa place. Les tarifs sont encore élevés, fidèles à la côte Méditerranéenne, malgré le fait que je sois seule avec une tente riquiqui et non véhiculée. La logique va au forfait incompressible. Mais arrivée à Le Bar-sur-Loup, je retrouve un camping au tarif adapté et non abusif : je sens les Alpes approcher, le campeur est considéré. Et de fait, j’en ressens l’esprit.
Le village du Bar-sur-Loup est bâti sur un éperon rocheux, dominant la moyenne vallée du Loup, afin de remplir ses fonctions de bourg défensif durant le Moyen Âge. Le centre ancien est rendu aux piétons, ce qui permet d’apprécier le patrimoine au fil des ruelles étroites, souvent en pente ou en escalier, bordées de hautes maisons mitoyennes dont les façades se parent de végétation aux couleurs chatoyantes. Le crépi coloré que l’on retrouve généralement dans les villages de Provence laisse place aux façades en moellons de pierres. Bien qu’il y ait encore tout le vocabulaire du village provençal, le Bar-sur-Loup me fait tout de même penser, avec nostalgie, aux villages de montagne, ceux encaissés en fond de vallée, faits de pierres grises récupérées dans le lit des torrents. Il faut dire que le décor est presque là. D’un côté, un belvédère offre une vue panoramique au sud sur une nature provençale composée d’oliviers et de vignes, de rose, de jasmin et d’orangers en espaliers. De l’autre, les Alpes-Maritimes s’entrevoient au nord au fin fond des Gorges du Loup, parée de part et d’autre de falaises hautes de 700 m.
Je reprends ma route pour m’aventurer dans les Alpes-Maritimes. J’emprunte le vieux « chemin du Paradis », autrefois sentier muletier, qui escalade la falaise pour atteindre Gourdon, archétype du village perché en nid d’aigle, doté lui aussi d’une vue panoramique sur la Riviera française. Parfaitement restauré et entretenu, le village se compose de maisons médiévales en pierre blanche dressées autour du château féodal dont les jardins ont été aménagés par Le Nôtre, le paysagiste de Versailles. Les quelques ruelles, très concentrées, font étalage de tout un tas de petits produits « artisanaux » (parfums et savons, miel, nougat et pains d’épice, verrerie d’art et peinture …). Je ne traine pas trop dans ce village « touristifié », une grosse journée de marche m’attend.
L’itinéraire me mène à d’autres villages, plus authentiques et préservés de la surfréquentation comme Courmes, minuscule village de moyenne montagne qui revit peu à peu avec ses résidences secondaires et l’arrivée de citadins en mal de nature. Ici, on est au bout du monde et aux portes de nombreuses randonnées. Ma petite adresse : l’auberge ! Sans chichi, les gérants ont vraiment la main sur le cœur. C’est de cet endroit que je pars pour le plateau de Saint-Barnabé, vaste synclinal dénudé avec ses dolines, lapiaz et ses bosquets épars. Je traverse un paysage calme, quasi lunaire, croisant des roches calcaires blanches étonnantes dans leurs formes érodées. Les bergers du coin ont d’ailleurs ramassé et empilé de nombreuses pierres pour dégager des surfaces propres au pâturage. Ce jour-là, je suis seule et je me sens toute petite dans cette immensité karstique.
Pour atteindre Saint-Jeannet, j’effectue la traversée du Parc Naturel Départemental du Plan des Noves qui m’offre une vue troublée par une fine pellicule de sable sur la Méditerranée et le Mercantour. J’évolue à travers une mosaïque de milieux qui présente une grande diversité biologique, floristique et faunistique. Là aussi, des bosquets de chênes ponctuent le plateau tout comme la roche calcaire. Je croise d’ailleurs des tumulus de forme circulaire qui ont servi de sépultures, ils dateraient de l’Âge de Bronze. De nombreuses restanques accompagnent également mes pas, créant une succession de terrasses. C’est aux XVIIIe et XIXe siècle que les cultivateurs les ont construits pour ainsi augmenter les surfaces cultivables. Les bergers, de leur côté, ont construit des bories pour leur permettre de dormir à proximité de leurs troupeaux. Le plateau était jadis une terre fertile et accueillait une population paysanne sédentaire malgré l’absence de sources ou de ruisseaux. D’ailleurs, des bastides abandonnées sont encore visibles. Aujourd’hui, la sauvegarde de la biodiversité du plan des Noves est notamment assurée par le maintien d’activités agricoles ancestrales comme le pastoralisme et l’apiculture. Mais, là encore, je me retrouve seule dans cette vaste étendue.
En redescendant du Plan des Noves, j’entre dans l’arrière-pays Niçois. Après m’être reposée du côté de Saint-Jeannet, village résidentiel blottie au pied d’une immense falaise qui domine de toute sa hauteur le village (un Baou), j’arpente encore la route sur de longs linéaires. Je plonge dans un territoire qui se densifie au fur et à mesure que je m’approche de la plaine du Var : l’étalement urbain est maître, les nombreux villages perchés que j’aperçois depuis Gattière sont bien intégrés dans un maillage viaire qui irrigue l’ensemble de la plaine, et ce, à flux tendu. Il faut dire que d’où je suis, dans ce village perché au-dessus de la rivière du Var, je suis à seulement 20 minutes de Nice en voiture. Ces villages attirent pour leur cadre paysager, leur tranquillité, leur vue impressionnante sur la plaine qui en font des lieux de résidence de choix, d’autant plus qu’ils demeurent à proximité de Nice et d’Eco-vallée. Chaque village semble conserver sa silhouette médiévale avec, j’imagine, leurs vieilles maisons mitoyennes, leurs arcades, leurs ruelles étroites, leurs places fleuries et leurs fontaines. Et à leurs marges, à flanc de colline, des tâches résidentielles prennent place et grossissent peu à peu dès lors qu’il y a de la place pour construire. Je constate que le long de la Méditerranée, on trouve souvent de la place pour construire…
Je rejoins la rivière du Var que je dois traverser pour rejoindre Aspremont : je trace droit. L’environnement n’est pas des plus agréables. Autrefois plaine agricole de Nice, c’est à partir des années 1960 que la plaine commence à subir son développement désordonné. La plaine alluviale s’est peu à peu faite grignoter par la construction anarchique de logements, de routes, de zones industrielles et commerciales, tandis qu’un habitat diffus gagnait les coteaux. S’ensuit alors l’endiguement du fleuve qui voit son lit se creuser. L’activité agricole disparaît au profit de l’industrie.
C’est à Aspremont, dominé par le Mont-Chauve et son fort désaffecté, que je me sépare du GR®51 pour descendre vers Nice via le GR®5. Je conclus la série de villages traversés en me baladant dans Aspremont. Les maisons sont organisées en spirale, bâties en cercles concentriques autour de l’église gothique; l’ensemble forme une couronne au sommet de la colline. Tout autour, les cultures sont également organisées en terrasses circulaires, où poussent arbres fruitiers, vignes et oliviers. Je fais mes au revoir avec les ruelles pavées, les passages voûtés, les petites fontaines et gros lavoirs, les façades en pierres de taille et les façades colorées pour les plus récentes, les jardinets secrets et les terrasses fleuries de bougainvilliers ou de lauriers. Tous ces coins et recoins que j’aime tant.
Avant de descendre sur Nice, je profite d’une dernière soirée pour observer depuis mon promontoire le massif de l’Esterel, la vallée du Var et le massif du Mercantour d’un côté, du sud au nord, et la ville de Nice de l’autre avec au loin, la frontière italienne qui se devine. J’assiste à un véritable spectacle de couleurs et de lumière, mêlé à un jeu de nuages mouvants.
Le lendemain, je descends vers Nice en traversant des quartiers de villas à flanc de colline, puis de belles copropriétés, le tout dans un écrin paysager typiquement Méditerranéen, avant de rejoindre la ville dense et agitée. Je tombe sur le marché, des personnes viennent m’aborder par curiosité, il fait beau, des amis se retrouvent, des familles font leur sortie du dimanche en allant au square du coin, de nombreux cafés bordent l’avenue. Je profite de cette ambiance en prenant moi aussi un café tout en parcourant les pages du journal local. Le tronçon méditerranéen, c’est terminé. Je ne réalise pas ce que je viens de faire jusqu’à présent, mais une chose est sûre, là maintenant, je me sens bien. Les Alpes arrivent.
Je marche depuis toujours et j’ai appris à chérir les grands espaces en pleine nature dans lesquels je me retrouve pleinement, et plus particulièrement dans les Alpes. Ayant la bougeotte et ayant soif de découvertes, je suis à l’affût de nouvelles expériences et/ou de nouveaux horizons tout en veillant à concilier sport en pleine nature et visites culturelles pour mieux appréhender les espaces que j’arpente.
>> Depuis avril 2024, je me suis lancée dans un Tour de France (TDF) à pied de près de 15 mois et plus précisément le long des frontières de l’hexagone.
Entre trek et balades urbaines, je pars à la découverte des territoires et des gens qui les habitent.
La marche a de précieux qu’elle permet d’appréhender les territoires sous un autre angle et bien que ce projet soit avant tout personnel, je ne peux partir sans ma casquette d’architecte-urbaniste. Mon angle de recherche : les territoires « habités », notamment au regard du patrimoine, des influences culturelles ainsi que des enjeux climatiques et environnementaux.