Lors d'un voyage à vélo de plus de deux mois au Maroc, j'ai troqué plusieurs fois mon biclou vert contre mon sac à dos. Aujourd'hui, je vous emmène en randonnée dans le Djebel Saghro.
Vous pourrez prochainement retrouver mes autres randonnées au Maroc sur I-Trekkings : une randonnée en boucle de 3 jours vers Imilchil, le canyon de Melloul et Aqqa n'Imghalen 3 jours de marche, ainsi qu'une autre rando de 4 jours passant par le sommet du M'Goun (4071 m).
Même s'il n'y a aucune difficulté technique à cette randonnée de deux jours dans le Djebel Saghro, je place cette rando en niveau trois à cause de l'isolement et le besoin d'autonomie en navigation. Aucun balisage bien sûr et parfois des secteurs hors-sentiers.
Le Djebel Saghro est un massif situé dans l'Atlas marocain, entre Tinghir et Zagora. Il culmine à 2712 mètres, se trouve à l'Est de Ourzazate, à 70 km au sud du Haut Atlas central. C'est la partie orientale de l'Anti Atlas. Paysage lunaire de plateaux, de pics, de canyons, parcourus par des oueds, de forêts, le tout dominé par des pitons de basalte. Sa géologie est très ancienne, on y retrouve des roches volcaniques, mais aussi sédimentaires et l'érosion a façonné des monolithes qui pourraient faire croire qu'on se trouve à Monument Valley, en plus petit.
J1 : De l'auberge à Igli
+ 435 m / – 105 m 11 kmJ'ai laissé mon vélo et mes affaires à l'auberge sur la gauche de la route à 1360 m après avoir passé le col Tizi n'Tazazert en venant de Tinghir et en direction de N'Kob, à proximité d'un hameau nommé Imi N'Oufourar. Sur la droite de la route, en tournant la tête, déjà un aperçu se dessine avec une belle vue sur les tours Bab n'Ali.
Le premier jour, je suis partie par la piste carrossable en compagnie d'un vieux berbère au visage bien malicieux qui m'a accompagnée jusqu'au hameau de Bou Louz. Après avoir monté un peu, nous sommes redescendus pour cheminer dans une gorge bordée d'une falaise où un oued coule. Un homme passe la charrue avec son cheval à Bou Louz, la vallée Aqqa n'Oufourar est verdoyante et les jardins sont à refaire après les précipitations exceptionnelles qui ont fait déborder la rivière. Les limons ont recouverts les jardins et endommagé gravement les cultures. Je poursuis jusqu'au village de Oufourar, fin de la piste. Les habitants sont un peu étonnés de voir cette femme seule et sont très prévenants, m'indiquent le chemin et prennent le temps de me faire la conversation.
Après une bonne pause, je remets mon sac et m'en vais voir plus loin. Avant de parvenir à Igli, le paysage s'ouvre plus encore et je commence à découvrir, émerveillée, des monolithes surprenants et une barrière rocheuse au pied de laquelle un chaos de roches semble barrer l'accès. A Igli, il y a un gîte d'étape, mais j'ai tout prévu pour bivouaquer, donc après avoir vu le jovial propriétaire et visité ses jardins, vu son puits aussi, je vais m'installer un peu plus loin au pied du “dos de chameau” et profiter de ce merveilleux paysage sous les étoiles avant de rentrer dans mon duvet alors que le froid se fait un peu plus piquant.
Jour 2 : De Igli à l'auberge
+ 370 m / – 700 m 13,7 kmC'est une petite journée au profil descendant qui m'attend. Je prends tout mon temps, attends non seulement que le soleil se lève, mais aussi qu'il fasse sécher ma tente avant de me mettre en route. Je me dirige alors vers le hameau de Tiglit où les chiens me tiennent à distance des habitations. Je passe en contrebas et remonte sur la sente après le village. Le patrimoine bâti ancien qui assurait la sécurité et la protection de ces quelques maisons m'impressionne, mais peut-être le village était-il plus important à l'époque…
Je me dirige maintenant vers un monolithe qui me fait penser, par sa forme, à un éléphant de face, je ne sais pas pourquoi, c'est comme ça, mais en tout cas, ce caillou a quelque chose de fort. Plus loin sur le plateau aride, alors que je me dirige vers un col à 1690 m entre des falaises, je tombe sur une équipe de tournage en plein travail. Leurs 4×4, leurs tentes, et leur importante installation.
De l'autre côté de ce col, les paysages sont différents, des pointes arrondies, comme des doigts tournés vers le ciel, un campement berbère et les gamins qui, en me voyant arriver, courent à ma rencontre, espérant me vendre l'une ou l'autre de leurs petites réalisations en laine. Des sentiers partent dans toutes les directions et sont une incitation à la découverte. C'est beau partout. Je continue à tourner vers l'Est jusqu'à un autre col à 1640 m. J'y approche sans qu'elle me voie, une très jeune bergère qui chantonne, assise sur un promontoire merveilleux, tout en ne lâchant pas ses chèvres des yeux. Nous échangeons comme nous pouvons, elle habite Oufourar. Après cet intermède, je bascule vers les tours Bab n'Ali et n'ai plus qu'à me laisser glisser naturellement dans le milieu du vallon pour atteindre la route et mon auberge.