Le massif du Grand Paradis offre des randonnées extraordinaires tant par la beauté des lieux, de la faune et de la végétation. Nous avons marché dans de nombreux lieux, mais cette année est un vrai coup de cœur, surtout qu’en plus la neige était très présente en juillet donnant à ce trekking un esprit particulier. Voici donc le récit de nos 8 jours de trek dans le massif du Grand Paradis en Italie.
Préparation de notre trek dans le massif du Grand Paradis
Le matin est consacré à la préparation des sacs à dos puis nous partons vers le Pont-Breuil en Italie en passant par le col du Montgenèvre, Turin et remontée de la vallée d’Aoste et enfin la vallée vers le Pont-Breuil.
Le ciel est orageux quand nous arrivons. Nous plantons la tente au camping et la pluie arrive.
J1 : Pont-Breuil – Lac Leità
+ 759 m / – 7 m 11,2 km – BivouacIl pleut. Nous attendons jusqu'à 9h30 et partons vers 10h30. Le soleil est revenu. Après un début très raide sur un beau sentier, nous arrivons sur une vallée d’altitude très longue et très large. Les panoramas sont superbes sur les montagnes enneigées autour, dont le Grand Paradis. Cat a eu du mal au démarrage (ben oui c'est normal, comme à chaque fois ! 😉.
Au cœur de cette vallée, le Plan du Nivolet, circule un magnifique torrent qui serpente. Les fleurs sont omniprésentes cette année.
À l’extrémité de la vallée, nous passons un refuge accessible en voiture, donc du monde. Après le refuge Citta di Chivasso, un coup de cul pour monter aux lacs. C’est un super bivouac avec vue incroyable sur le massif du Grand Paradis au bord du lac Leità.
J2 : Lac Leità – Lac De la Goletta
+ 772 m / – 891 m 9,5 km – BivouacAprès une nuit agitée, le soleil nous réchauffe dès 7h. Nous profitons encore de la vue puis à 8h démarrage de la journée de trek. Un départ un peu sec, un replat et la montée au col Rosset. La vue tout au long est splendide. Au démarrage de la montée au col, maman chamois et son petit circulent sur le névé et se laissent prendre en photo.
Arrivés en haut, nouvelle vision, autres paysages. Différents, mais aussi beaux. Nous grignotons et oublions au sommet nos graines. Le début de la descente demande une attention particulière. Nous croisons plusieurs personnes lors de notre descente. Certains ayant passé le col de demain nous indiquent qu'il y a de la neige et les crampons sont un plus. Ça tombe bien, je les porte.
Une remontée puis descente vers le refuge Benevolo auquel nous ne nous arrêtons pas. Nous poursuivrons notre ultime montée du jour, 300 m. Nous apercevons notre premier bouquetin avec ses énormes cornes, mais il est trop loin pour la photo. Nous trouvons notre bivouac près d’un petit lac à 2 500 m. Encore dans un endroit incroyable avec vue sur le col Basac Deré enneigé de demain.
J3 : Lac De la Goletta – Grandalpe
+ 717 m / – 1315 m 15,8 km – BivouacUne bonne nuit réparatrice, bien sûr toujours hachée mais moins que la précédente. Calme, pas un bruit si ce n'est les bruits des torrents qui coulent de partout. La tente ce matin est trempée par la rosée et comme nous sommes à l'ombre jusqu'au départ. Elle est donc pliée mouillée.
Nous démarrons. Une petite montée pour la mise en jambe. Un bouquetin en balade. Hop dans la boîte à images. Bien que nous voyons des animaux régulièrement, c'est toujours la même émotion. Le chemin est plat jusqu'au superbe lac de Goletta puis ça grimpe. 500 m encore pour atteindre le col.
D’abord, dans la caillasse puis un premier névé, de la caillasse et un deuxième névé qui nous amène au sommet. La vue lors de la montée était magique. De l'autre côté, c'est une merveille, un gigantesque cirque glaciaire entouré de sommets et pics enneigés. Nous profitons de cette vue, puis c'est la descente avec de la caillasse et des névés pendant une heure. Les crampons n'ont pas servi finalement. Pas de danger particulier. Au bout d'un moment, nous voyons le refuge Mao Bezzi apparaître. Le minéral se transforme en végétal. Nul doute que cette année la neige est abondante.
Peu avant le refuge, nous déjeunons et nous reprenons la route. Nous passons le refuge, le sentier devient alors piste au bout d'un ou deux km. Et la piste nous amène en bas non sans nous montrer les lys martagon qui jalonnent la descente au milieu d'autres fleurs.
Un peu de bitume sur 200 mètres et nous entamons notre ultime montée du jour à partir de Surrier. Magnifique chemin fleuri. Raide au début puis plus calme ensuite. Nous arrivons sur notre spot à 16h30 à 2 000 m. J'en profite pour me laver et faire une lessive.
Le vent est présent ce soir, ça va vite sécher les affaires, aidé par ce magnifique soleil qui nous a accompagné toute la journée.
J4 : Grandalpe – Valgrisanche
+ 905 m / – 902 m 13,3 km – BivouacLa nuit a été calme. Grand soleil ce matin et le vent est tombé très tôt dans la nuit. Nous démarrons vers 8h15. Nous commençons par une piste qui entre dans le vallon de Saint-Grat. Après 2 km, nous prenons le chemin qui nous amène au lac de Saint-Grat.
Les paysages qui nous entourent sont encore magnifiques, de belles montagnes enneigées. Le chemin nous fait passer auprès d'une belle cascade avec un magnifique pont de pierres. Nous poursuivons.
La pente s'incline. Nous voyons le cirque où est niché le lac mais nous ne le voyons pas encore. Nous traversons de petits névés. La pente est plus raide pour atteindre le lac. Magnifique. Une eau bleue avec des glaçons dessus. Nous sommes à 2 450 m. Nous profitons de cet instant puis reprenons notre route. Le chemin que nous empruntons est parallèle à celui de la montée, mais à 400 m plus haut laissant voir les alentours de manière différente.
Nous devons cependant mettre nos crampons, car quatre névés barrent le chemin. Nous n'avons pas droit à la chute sinon c'est une descente de 200 m sur le névé sans possibilité de nous arrêter et de nous écraser sur les pierres en contrebas. C'est donc avec d’infinies précautions que nous les passons. Nous continuons toujours en balcon. Reprenant la vallée qui surplombe Valgrisanche.
Nous apercevons la retenue d'eau en bas et en face le chemin que nous allons monter demain. Après avoir passé le lieu-dit Arp Vieille, le chemin est une ancienne route militaire. Il est empierré, pavé. Incroyable le travail réalisé.
Enfin, nous arrivons à notre bivouac juste au-dessus de Valgrisanche . Encore une fois avec une belle vue. Il est 15h30. Les nuages montent progressivement. Peut-être un peu de pluie ce soir. Toutefois, la météo nous annonce des orages toute la journée de dimanche. À suivre. Demain, il doit faire beau.
J5 : Valgrisanche – Sous le col Fenêtre
+ 1197 m / – 1008 m 12,3 km- BivouacLe ciel est bleu et la nuit a été excellente. La vue est toujours aussi belle de notre promontoire. 8h et c'est parti pour une nouvelle journée de marche sur notre trek dans le massif du Grand Paradis. Toujours cette descente construite par les militaires. Nous arrivons à Valgrisanche. La petite épicerie est bien là et ouverte. Nous refaisons les niveaux sur l'alimentation qui nous manque pour la fin du trek. Et nous repartons. La météo annonce toujours de la pluie pour demain. À quelle heure et quelle quantité ? Nous consulterons les précisions demain matin. Nous sommes à 1656 m. L'attaque est vive. Le sentier raide. Ce n'est pas plus mal, nous sommes reposés.
Le sentier est dans les bois. Il ne fait donc pas trop chaud. Après 400 m en d+, la pente s'infléchit un peu. À la sortie des bois, une grande zone de pâturage avec des chalets de bergers. Nous sommes sur l’autre versant de la vallée où nous marchions hier. C'est toujours aussi joli. Tous ces pics enneigés. Nous passons le refuge de l’Epée et montons vers le bivouac envisagé. Comme il n'est pas trop tard et que nous marchons bien nous décidons de passer le col Fenêtre dès cet après-midi et redescendons de 600 m pour le bivouac.
Autant la montée était tranquille que l'autre côté est vertigineux. Nous y allons. Le chemin est bon finalement. Raide. Tout en lacets. Jusqu'à tomber sur du très gros névé. J'essaie de traverser sans crampon. Pas bon. Nous les mettons. Il s'agit de crampons légers. Insuffisant. Je veux faire demi-tour pour passer de l'autre côté. Mon pied glisse et moi avec. Je glisse sur le névé pendant 60 m environ. Je fais tout ce qu'il faut pour ne pas prendre de vitesse ou au moins limiter la chute. Je vois des pierres qui m'arrêtent. Ouf quelques coupures sur les mains, ça saigne mais je suis entier et je n'ai rien perdu pendant la chute, bâtons, casquette et lunettes, tout est là. Je me redirige vers le bord du névé. Cat m'y rejoint.
En fait, nous passons à l'opposé du chemin tracé. Le névé est trop grand. Mais vers la fin, il faut tout de même le traverser. Nous y allons très prudemment. C'est fait. Nous continuons la descente. Au premier torrent, je nettoie les plaies. De belles coupures heureusement superficielles.
Enfin, un endroit plat pour notre bivouac avec une vue à couper le souffle. Il est 17h quand la tente est montée. À 18h le soleil est déjà caché par la montagne.
J6 : Sous le col Fenêtre – Refuge de la Marmotte
+ 423 m / – 477 m 4,9 km – RefugeIl est 4h30 quand l'orage commence à gronder. Heureusement il n'est pas directement sur nous. Il pleut mais pas très longtemps. A 5h il s'éloigne. Le temps change vite car à 23 h on voyait les étoiles. Nous nous levons à 6 h et à 7 h, nous commençons la descente vers Rhèmes-Notre-Dame. Le ciel est gris, le plafond bas. L'herbe est humide et mouille pantalon et chaussures. La descente s’effectue sans difficulté. Nous nous arrêtons à un bar pour prendre un café et voir la météo, car il y a du signal. Pluie à partir de 10/11 h et jusqu'au soir avec des quantités importantes.
Décision est prise, nous allons jusqu'au refuge de la Marmotte et nous verrons pour y dormir. Coup de chance car compte-tenu de la météo il y a un désistement. Nous sommes très bien accueillis. Comme nous sommes arrivés tôt nous choisissons nos lits. Chambre de 8 avec salle de bain. La douche chaude fait du bien.
La pluie arrive. Bien dense. Mais nous sommes à l'abri. Il va pleuvoir trois fois d'une manière intense avec quelques coups de tonnerre. 11 h, 14 h et 17 h.
Nous faisons la connaissance de deux autres français. Philippe qui est en reconnaissance pour sa compagne, qui va faire l'ultra trail le tour des Géants en septembre (330 km et 2400 m de d+) et Étienne qui est parti de Suisse et marche encore une dizaine de jours.
De belles rencontres. La journée passe vite. Nous déjeunons, discutons et dormons ensemble car au final nous ne serons que 4 dans la chambre. Les repas sont excellents. Bref c'est parfait. La nuit est bonne.
J7 : Refuge de la Marmotte – Pian Borgnoz
+ 1243 m / – 707 m 13,9 km – BivouacLe ciel est bleu mais bien nuageux sur les sommets. Les nuages nous suivrons toute la journée. Bien que certains versants seront bien ensoleillés . L'ombre nous suivra pratiquement toute la journée. Nous attaquons le chemin vers le col Encelor (3048 m).
Les 900 m seront soutenus toute la montée. Avec Cat, nous avons notre rythme. La fin est assez délicate mais sans neige. De l'autre côté, le Grand Paradis avec son sommet dans les nuages et de beaux lacs en contrebas. Peu après le début de la descente, six jeunes bouquetins nous font l'honneur de nous accompagner quelques pas.
Toujours en descendant nous voyons assez loin un chamois se prélasser sur un névé. Nous contournons les lacs et remontons vers le col Manteau. Le début est aisé, mais il faut traverser un chaos de pierres. Le chemin est par moments plus difficile. Arrivés en haut, nous déjeunons. En contrebas, un autre lac où nous devions dormir. L'absence de soleil nous fait aller un peu plus loin et être moins visibles des éventuels gardiens du parc. L'accès se fait en continuant le chemin en balcon au-dessus de Pont. Et nous nous arrêtons au Plan Borgnoz à la vertical du chemin que nous avons pris au démarrage ainsi demain en 1h30 nous serons en bas. La vue est splendide encore une fois. Chaque bivouac aura été un enchantement.
J8 : Pian Borgnoz – Pont-Breuil
+ 0 m / – 720 m 4,8 km – BivouacLa nuit a été fraîche. Très rêveuse. A 7 h le soleil se montre. La tente est bien mouillée par l'humidité de la nuit. Nous n'avons plus qu'une heure trente de descente ce matin pour terminer la boucle. Nous prenons notre temps. Le ciel est bleu, sans nuages. Nous profitons de ces ultimes instants dans ce merveilleux environnement.
Finalement, nous partons vers 9 h. La vue sur le Grand Paradis est incroyable ainsi que sur la vallée que nous avons remonté le premier jour. Nous rejoignons l’ultime descente qui était notre première montée. Beaucoup de monde dans la montée. Arrivés en bas, c'est un café croissant qui nous attend. C'est déjà la fin de notre trek dans le massif du Grand Paradis.
Le cœur toujours serré quand il faut quitter des endroits aussi majestueux.
Trekkeurs avec ma compagne depuis de nombreuses années en France et ailleurs en bivouac.