Pendant 5 jours, j’ai roulé sur l’itinéraire la « Meuse à vélo », devenu l’EuroVélo 19, sur une bonne partie de son tracé français depuis les Ardennes jusqu’à Langres. Une randonnée à vélo qui m’a enthousiasmé. Pourquoi rouler sur la « Meuse à vélo » ? Pour les magnifiques perspectives qu’offre cette plongée dans la France des diagonales, le long des boucles du fleuve. Pour les nombreux hauts lieux d’histoire visités en chemin. De plus, c’est facile ! Je vous raconte ça en détail.
Jour 1, de Haybes à Charleville-Mézières
Quelle appétissante mise en bouche que mes premiers tours de roue sur l’itinéraire de la « Meuse à vélo » ! Là, tout de suite, je sais déjà que je vais adorer cette longue balade. Dans une nature indomptée, la Meuse, large mais paisible, se fraie un chemin entre les forêts touffues qui dévalent les monts de part et d’autre.
En silence. Pas de route dans les parages, pas de bruit de moteur, pas d’habitations. Cette portion de la « Meuse à vélo » est sans doute la plus sauvage. Ici -et quasiment jusqu’aux portes de Charleville-, je roule dans le parc naturel des Ardennes. La piste cyclable aménagée sur l’ancien chemin de halage est aussi lisse qu’un billard.
Le gazouillis des oiseaux, le bruit du vent dans les arbres… Au bout d’un moment, je me rends compte que j’ai levé le pied. Inconsciemment. Fini le coup de pédale énergique des premiers km. Comme pour mieux m’imprégner de la sérénité des lieux, prolonger ces instants de pur bonheur en cette magnifique journée d’ été .
Retour à la civilisation, avec même un petit, mais tout petit, zeste d’aventure. A l’entrée de la petite ville de Revin, la « Meuse à vélo » emprunte en effet un tunnel le long d’un canal où l’éclairage brille… par son absence. D’ailleurs, en arrivant, je manque l’entrée du tunnel. Ça me vaut la visite de la petite ville, qui ne figure pas au programme, avant de revenir. En fait, c’est loin d’être déplaisant.
Le bourg de Monthermé, construit dans une large boucle de la Meuse, est franchement joli. Devant les vieilles maisons de pierre, où stationnent aussi bon nombre de camping-cars, des plaisanciers se sont amarrés au quai. Visiblement, je ne suis pas le seul à trouver que l’endroit a beaucoup de cachet.
Un peu plus loin, face aux célèbres rochers des 4 fils Aymon, se trouve le village de Bogny. Je fais une escale à son musée de la métallurgie, installé dans une ancienne manufacture de boulons et ferrures. Histoire d’en apprendre plus sur cette industrie. Bien sûr, elle n’a plus l’importance de naguère -une bonne partie des rivets de la Tour Eiffel provient d’ici- mais elle est toujours bien présente. Si ça se trouve les vilebrequins de ta 308 ont été fabriqués ici ! En tout cas, cette visite m’a bien plu.
En fin de journée, me voici à Charleville-Mézières. La découverte de cette ville, labellisée « d’art et d’histoire », ce sera pour demain matin. En attendant, le décor de ma soirée est la place Ducale, le plus bel endroit de la ville. Et pour cause : elle est la sœur jumelle de la célèbre place des Vosges à Paris.
Jour 2, de Charleville-Mézières à Stenay, via Sedan
Charleville-Mézières, me voici. En fait, il y a du pain sur la planche ! D’abord, ce sont deux villes distinctes -réunies administrativement certes- avec chacune sa personnalité. Construite au début du XVIIe, la place Ducale se trouve à Charleville. Mézières est plus ancienne mais présente aujourd’hui un superbe paysage Art déco. Du musée Rimbaud -né ici, le grand poète a son musée dans un bel et ancien moulin sur les bords de la Meuse- à la basilique Notre-Dame d’Espérance, avec ses magnifiques vitraux, en passant par l’institut de la marionnette, il y a de quoi faire !
Mais l’EuroVélo 19 m’attend. Aujourd’hui la Meuse -à force on finit par bien se connaître- me paraît bien plus large qu’en aval. Curieux. En tout cas, elle est plus « fréquentée ». La proximité de villes plus importantes, le fait de croiser des canaux, notamment celui des Ardennes ? Toujours est-il que les plaisanciers sont assez nombreux. Au passage, on ne manque pas de se saluer de la main, joyeusement. Ben oui, la vie est toujours aussi belle !
Assez vite arrive Sedan, où là encore je fais une halte prolongée. Quoi, on ne passe pas impunément devant le plus grand fort château-fort d’Europe sans le visiter ! Bâti sur un éperon rocheux, il me toise de haut. Sa construction, commencée autour de 1420, a duré plus de 150 ans. Sa taille est vraiment impressionnante : il me faut un bon moment rien que pour parvenir à l’entrée. L’intérieur, étagé sur plusieurs niveaux, est encore plus spectaculaire. De coursives en tours et remparts, j’ai vraiment pris plaisir à m’y promener.
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D’autres beaux endroits m’attendent. Comme Mouzon, une « petite cité de caractère » à une quinzaine de km de Sedan. Petite, certes, mais avec un grand patrimoine architectural. A commencer par une splendide église abbatiale du XIIe siècle. A côté, une ancienne grange des moines abrite un musée du feutre. Ici se trouvait en effet l’une des plus importantes usines de feutre -de la laine bouillie et mélangée- d’Europe.
Puis ce sont de jolies départementales qui m’amènent à Stenay. Donc pas de piste cyclable. Mais je dois dire que c’est loin de me déplaire : il n’y a pas de circulation automobile et la campagne est belle. En fait, aux longues pistes rectilignes je préfère, et de loin, ces petites routes sinueuses !
Jour 3, de Stenay à Verdun
C’est jour de marché à Stenay. Besoin de rien, mais j’y vais quand même: j’adore les marchés ! Du coup, je me laisse tenter par un succulent miel goûté sur un étal.
Dans la foulée, direction le musée européen de la bière, à la sortie du village. Eh oui, un beau bâtiment ancien -l’ancien magasin de la garnison, datant de 1542, devenu par la suite une malterie- abrite des collections qui m’ont bien intéressé. Une salle de brassage complète avec ses cuves, par exemple… Dans les étages, j’ai passé un long moment à admirer « la réclame », à l’époque on ne parlait pas encore de pub, toutes ces affiches vantant des dizaines de brasseries.
Ensuite, c’est une longue route qui m’attend jusqu’à Verdun et, juste avant, les champs de bataille de la Grande Guerre. La première étape est l’ossuaire de Douaumont. Un véritable choc émotionnel. Découvrir ce monument au milieu d’un océan de croix blanches m’émeut. Des images sur des réalités que je sais sans vraiment les connaître. La visite du fort de Douamont, les villages disparus, les champs alentour labourés par les obus et la mitraille complètent le tableau.
Passablement secoué, je descends en roue libre vers Verdun. Heureux de retrouver la gaieté et la joie de vivre, je m’attarde sur une terrasse des quais de la Meuse. Sous un beau soleil, ils m’apparaissent particulièrement souriants.
La nuit venue, je vais applaudir le grand spectacle historique « Des flammes à la lumière », dans une carrière des environs de Verdun. Impressionnant ! Plus de 400 bénévoles -acteurs et figurants mais aussi machinistes ou couturières- évoluent au fil du « son et lumière » dans ce gigantesque amphithéâtre en plein air. C’est une évocation de la Grande Guerre au travers des aventures d’un instituteur de campagne, de sa rencontre avec une infirmière belge. Le spectacle fait se rejoindre la petite et la grande Histoire en une fresque grandeur nature, de la mobilisation jusqu’à l’Armistice.
Jour 4, de Verdun à Neufchâteau
Grosse journée en perspective. Beaucoup de chemin mais aussi beaucoup de belles découvertes. Appétissantes parfois, comme celle des madeleines de Commercy, cette jolie petite ville où j’arrive à l’heure du goûter dans la matinée. Comment résister ?
Puis direction Vaucouleurs par le chemin des écoliers, sans jamais s’éloigner de la Meuse. Elle est de moins en moins large -tout comme la vallée d’ailleurs- mais dessine toujours d’aussi belles boucles. Elles sont mêmes de plus en plus voluptueuses. Je roule en bordure du parc naturel de Lorraine, en direction du sud, sur d’adorables petites routes que je suis apparemment seul à connaître. Dans les prés, les vaches accourent pour nous voir passer! Parfois je croise un tracteur dont le conducteur ne manque jamais de soulever la casquette en guise de salut.
Vient Domremy-la-Pucelle, le village où est née Jeanne d’Arc -celle qui fit serment de bouter les Anglais hors de France- en 1412. Bien sûr je visite sa maison natale ainsi que le musée qui lui est consacré. Sur les hauteurs, se trouve une grande église, la basilique du Bois-Chenu. C’est un important lieu de pèlerinage. Sur le parvis, le soir, se déroule un beau spectacle « son et lumière ». Grâce à une petite armée de bénévoles, il fait revivre l’épopée de la Pucelle.
Profitant du répit de fin d’après-midi, je vais découvrir Neufchâteau, le bourg tout proche. Etonnant de voir les richesses que recèle cette petite sous-préfecture du département des Vosges. Les rues du centre historique sont jalonnées de nombreux hôtels particuliers et de splendides maisons en pierre de taille. Les deux églises sont magnifiquement ouvragées. Classée dans les « 100 plus beaux détours de France », la ville a beaucoup de charme.
Jour 5, de Neufchâteau à Langres
C’est la dernière journée de cette superbe rando et elle sera encore bien chargée. Elle commence dans la verdoyante vallée du Mouzon, un affluent de la Meuse, jusqu’au village de Bourmont.
Il est haut perché et les mollets sont mis à rude épreuve. Il y a d’ailleurs une pente à 12 % qui voit passer le Tour de France de temps à autre. Ça en vaut la peine car Bourmont est une autre charmante « petite cité de caractère ». Elle comporte nombre de belles demeures et hôtels particuliers, ou encore un ancien couvent et une splendide église collégiale. A la sortie se trouve un très beau jardin classé, datant du début XIXe, que je découvre au bout d’une allée de tilleuls centenaires.
Puis je retrouve la plaine, le Bassigny, un pays d’élevage où il y a, paraît-il, plus de bêtes que d’hommes. C’est ici qu’est fabriqué, entre autres, le célèbre Caprice des Dieux.
Par les petites routes, j’arrive enfin à la source de la Meuse, à Pouilly-en-Bassigny. Stupéfaction ! Ce n’est qu’un mince filet d’eau, qui s’ écoule dans le fossé au pied d’une stèle au bord de la petite route, en plein champ. Quoi, c’est ça ? La fontaine du village tout proche a plus de débit. Une âme charitable a même posé un petit écriteau manuscrit -rien d’officiel- pour dissiper les doutes. Oui, c’est ici ! Et ce ruisselet va bel et bien se muer en un large et majestueux fleuve.
Ce devrait être la fin du périple. Symboliquement.
Mais autant faire un crochet jusqu’à Langres, classée « ville d’Art et d’histoire ». Cette ancienne place forte royale qui a connu son âge d’or au XVIe semble être restée en l’état : superbe ! A vélo bien sûr, j’ai pris plaisir à sillonner la petite cité, découvrant d’anciens couvents, les tours et les fortifications, des enfilades d’hôtels particuliers et bien sûr la magnifique cathédrale.
La Meuse à vélo, l’EuroVélo 19
La « Meuse à vélo », devenu la route EuroVélo 19, est un itinéraire transfrontalier de 1 152 km de routes balisées, avec un balisage spécifique. Découpé en 30 étapes, il mène depuis la source du fleuve sur le plateau de Langres en Haute-Marne jusqu’à Hoek van Holland, sur les rivages de la mer du Nord. L’EuroVélo 19 comporte 443 km en France avant de rejoindre la Belgique puis les Pays Bas.
L’EuroVélo 19 emprunte des aménagements existants, comme par exemple la voie verte Trans-Ardennes, tandis que d’autres sont réalisés spécifiquement.
Informations pratiques
Le site de la Meuse à vélo est très complet, fourmille de renseignements pratiques ou touristiques.
Bonnes adresses
- A Haybes, l’hôtel-restaurant Le Moulin-Labotte (***) un havre de tranquillité à l’orée de la forêt, à un tour de roue de l’E19. J’ai apprécié sa cuisine, plutôt recherchée et malgré tout à un prix raisonnable, ainsi que la gentillesse de l’accueil.
- A Charleville-Mézières, le Concept (03 24 22 57 03), un sympathique bar à vin tenu par un maître sommelier avec une belle terrasse sur la magnifique place Ducale.
- A Sedan, le restaurant Saint-Michel au pied du château est une excellente adresse pour qui veut déguster les bons plats locaux.
- A Stenay, l’hôtel-restaurant Villa Motel (***) a l’avantage d’être très pratique, avec un accueil sympa.
- Près de Verdun, le Château des Monthairons (****) un hôtel de charme dans une magnifique demeure historique bâtie à la fin du XIXe, avec une très bonne table et un spa. De plus, le parc est ravissant.
- A Commercy, A la Cloche Lorraine est la plus ancienne fabrique de madeleines. La recette est bien sûr jalousement gardée.
- A Domremy-la-Pucelle, le restaurant Au Pays de Jeanne (03 29 06 48 61) et ses plats du terroir, juste en face de l’église et du musée.
- A Neufchâteau, hôtel l’Eden (***) à un carrefour stratégique entre la gare et le centre historique.
- A Langres, le restaurant La Villa Vauban propose une cuisine créative et gourmande avec des plats faits maison.
Sacoches à vélo
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Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !
Trop chouette, tous ces récits de vélo, ça me donne envie de m’y mettre ?
Merci pour cet article !
Bonjour d’un randonneur qui vient de finir l’euro vélo 19 entre Neufchâteau et Rotterdam
Petite astuce pour ce qui est du ravitaillement en eau en France : dans chaque cimetière se trouve un robinet d’eau potable (pour l’arrosage des fleurs)
Philippe