2 décembre. Je suis à l’arrière d’un pick-up qui s’enfonce dans le Wadi Rum en Jordanie. Je ferme les yeux pour mieux ressentir le désert. Instantanément je retrouve des marqueurs sensoriels imprégnés dans ma mémoire (odeur, sècheresse, ondes…) depuis ma première randonnée dans le Wadi Rum 11 ans plus tôt. Je m’étais promis de revenir car l’expérience avait été trop courte. Cette fois-ci, je reviens avec Terres d’Aventure pour explorer le Wadi Rum pendant 4 jours.
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Wadi Rum, le plus beau désert de Jordanie
Le désert couvre environ 75% de la Jordanie. Le désert de Badia, le plus vaste, est une étendue caillouteuse peu propice à la découverte à pied. Incontestablement, le Wadi Rum (Prononcez Ouadi Roum) est le plus beau désert de Jordanie. Ses 74 200 hectares sont classés en zone protégée depuis 1997.
Pourquoi le Wadi Rum est-il autant apprécié ? Voici 5 raisons :
- Les couleurs de la roche et du sable changent selon les endroits et l’heure de la journée
- Les couchers de soleil y sont incroyables
- Les formations géologiques y sont uniques et les arches magnifiques
- Les pétroglyphes et vestiges archéologiques témoignent de 12 000 ans d’occupation humaine
- Lawrence d’Arabie a largement contribué à la reconnaissance du Wadi Rum
Place au récit de mes 4 jours de randonnée dans le Wadi Rum.
Sidi Al Barrah – Djebel Burdah
+ 233 m / – 110 m 9,6 kmLe pick-up nous dépose au pied du djebel er Raqa, ce qui nous permet d’éviter de croiser à pied les camps fixes et les hordes de touristes qu’on trouve dans le nord du désert du Wadi Rum. Ce matin, je me suis levé aux aurores à Madaba. Il pleuvait. Quel contraste maintenant que je suis sous le soleil du Wadi Rum. Je dis « je » mais nous sommes un groupe de 9 marcheurs de Paris, Strasbourg et de la région lyonnaise. C’est Hamza, guide Jordanien Terdav qui nous guide. Son français est impeccable. Un policier jordanien nous accompagne également. Il ne porte pas l’uniforme. Tant mieux, ça m’aurait mis mal à l’aise. Il est discret et sympa.
La première image qui me vient en tête en regardant une formation rocheuse, c’est une référence à Alien. Il y a plus apaisant et poétique, c’est sûr. Le Wadi Rum a été le décor de nombreux films : Seul sur Mars, Star Wars aussi.
On passe devant un rocher en forme de champignon. Plus je marche, plus la tête se vide. Je me sens bien, en paix. Être ici et maintenant…
Nous passons au pied du djebel Burdah et de sa célèbre arche perchée à plus de 80 m de hauteur. Nous n’irons pas grimper la montagne pour la rejoindre. Notre bivouac nous attend un peu plus loin dans un petit canyon protégé du vent. L’équipe bédouine a déjà monté les tentes et le thé noir accompagné de petits biscuits est déjà prêt.
Contrairement aux autres randonneurs, j’ai ma propre tente, la MSR Zoic 2, que je souhaite continuer à tester après l’avoir prise au Maroc. Il fait nuit rapidement. Le soleil se couche à cette époque de l’année aux alentours de 16h15. On se couvre et on se retrouve autour du feu. Au dîner, c’est mansaf, le plat traditionnel jordanien à base d’agneau cuit dans une sauce au lait caillé et servi avec du riz ou du boulghour. Le cuisinier l’a agrémenté d’amandes et de persil. Succulent.
Pendant que je pars faire de l’astrophotographie avec Hao, l’équipe locale a allumé la sono. Ils ont l’air de bien s’éclater autour du feu.
Djebel Burdah – Wadi Nuqra
+ 383 m / – 208 m 16,2 kmJe me réveille naturellement sur le coup de 6h00 après une excellente nuit. Elle fut fraîche pour certaines personnes. Equipé de mon sac de couchage Valandré Bloody Mary, je suis paraît pour affronter le froid.
Je ne suis pas mécontent de passer au petit-déjeuner. Et ô surprise, il y a de l’huile d’olive, et un mélange de thym et de sésame. Trempé avec du pain, c’est délicieux. Il y a aussi du Panda Cheese. Et comme il ne faut jamais dire non à un panda, j’en mange aussi.
Vers 8h00, nous levons le camp. Le soleil monte vite et la lumière est déjà forte. Hier soir, un gars et un dromadaire nous ont rejoint. Ils nous accompagneront pour le reste de la randonnée dans le Wadi Rum. Le chamelier s’appelle Mourad. Son dromadaire n’a pas vraiment de nom. Du coup, je l’appelle Sami. Tina est la première à monter sur le dromadaire. Elle ne l’avait jamais fait auparavant et à voir son large sourire sur son visage, elle semble bien apprécier l’expérience. Laure, Corinne et Mélanie s’y essaieront aussi dans la journée.
On longe le djebel Abu Khsheibah pour arriver dans un dédale de canyons qui nous conduit à l’arche d’Um Fruth Haute de 20 m de haut, elle est très facile à gravir. A son pied se trouve une boutique bédouine. Le thé est offert par la maison. C’est bien connu, l’hospitalité est une bonne technique commerciale. D’autres pays devraient en prendre de la graine. Il vendra au groupe keffiehs et épices pour accompagner le thé.
Nous reprenons la randonnée, toujours plus vers le sud. D’abord à travers un siq puis un wadi. Le 4×4 et l’équipe locale nous attendent à l’abri d’un djebel pour le déjeuner. Les salades et la chorba passeront comme une lettre à la poste. Le cuistot est vraiment bon.
L’après-midi s’égraine sans que je ne m’en rende compte. Le désert a ceci de fabuleux qu’il est capable de vous enlever toute notion du temps. En toute fin de journée, ça grimpe un peu dans le sable. Ça se ressent dans les mollets.
L’équipe locale finit d’installer les tentes contre une paroi de grès du wadi Nuqra. On nous sert le thé. On est des vrais pachas. Terdav prend soin de ses voyageurs.
Nous remettons les chaussures, emportons les appareils photos pour une petite balade qui nous amène à un point de vue incroyable sur le sud du Wadi Rum et le djebel Umm ad Dami, le point culminant de la Jordanie avec ses 1854 m. L’Arabie Saoudite se trouve juste derrière. Le coucher de soleil est magnifique. C’est l’un des plus beaux que j’ai pu voir dans le désert.
De retour au camp, nous nous installons autour du feu. Ce soir, c’est capse, riz, poulet et épices. Encore succulent !
Je rejoins ma tente un peu après 21h00. Au Wadi Rum, le temps est dicté par le soleil. Point de TV ni de wifi. Ma foi, on n’a pas l’air malheureux.
Wadi Nuqra – Um Rada
+ 342 m / – 738 m 17 kmLa nuit a été douce. Tout le monde semble en forme dès le réveil. Nous déjeunons au soleil, c’est agréable.
Nous traversons le siq de Nuqra et bifurquons vers l’ouest en alternant wadis, dunes et canyons de grès, tantôt ocres, tantôt rouges.
Je ne peux m’empêcher de penser à Sir Thomas Edward Lawrence lorsque je marche. Personnage légendaire plus connu sous le nom de Lawrence d’Arabie, il a parcouru le Wadi Rum il y a un peu plus d’un siècle avec le chérif de La Mecque pour chasser les Ottomans de la péninsule arabique. Ce qu’il en dira est devenu célèbre et les jordaniens le gardent en partie pour cette raison dans leur cœur : « vaste, plein d’échos et semblable à Dieu ».
Nous déjeunons dans le wadi Sabet. J’y trouve un coquillage fossilisé, preuve qu’en d’autres temps, l’eau recouvrait l’actuel Wadi Rum. Bien protégé du vent, je m’octroie une petite sieste après le déjeuner. C’est Sami, le dromadaire, qui viendra me réveiller en broutant des feuilles de retama.
L’après-midi, nous poursuivons jusqu’à Um Salim en passant par le massif d’Um Sabatah. Au détour d’un djebel, j’observe un couple de roselin du Sinaï. Ce passereau fréquente les déserts montagneux. Le Wadi Rum compte environ 120 espèces d’oiseaux. Au court de cette semaine, on en a rencontré cinq : le roselin du Sinaï, le traquet du désert, le traquet deuil, le corbeau et le rufipenne de Tristam.
Après un thé et une toilette rapide, on se retrouve tous autour du feu pour notre dernière soirée dans le Wadi Rum. La nuit tombe vite une fois encore. Après la soupe de lentilles, le cuistot nous a réservé une belle surprise. Il a cuisiné un Al-Zarb dans le sable à base de poulet, tomates, pommes de terre, oignons et carottes. Mon plat préféré de mes 4 jours de randonnée dans le Wadi Rum et j’avais déjà adoré ceux d’avant. Mais alors celui-là, il était juste incroyable. Les anglais diraient Amazing. Comme d’habitude, il y en avait trop. Mais l’hospitalité chez les arabes passe aussi par le bien manger.
Après le diner, la sono est posée sur le 4×4. Les corps se trémoussent sensuellement au son du haut-parleur sous le regard médusé des étoiles qui apparaissent dans le ciel.
Durant la nuit, je me lèverai pour faire une photo de ma tente. D’habitude, je dors mais là j’avais comme une envie d’aller pisser…
Um Rada – Village du Wadi Rum
+ 162 m / – 67 m 8,2 kmCe matin, c’est l’heure des adieux avec l’équipe locale. J’en profite pour leur tirer le portrait un à un. Ces gars sont géniaux. Un sens du service incroyable.
On se met en route pour cette dernière matinée de randonnée dans le désert. Nous passons la troisième arche réputée du Wadi Rum : le pont de Khor al Ajra. Cette arche doit son nom à ses petites dimensions (4 mètres de haut). Jean-Luc décide finalement de monter sur le dromadaire pour effectuer les derniers kilomètres.
Ces 4 jours à pied dans le Wadi Rum se terminent dans un camp où nous prenons une douche et le déjeuner. Le voyage en Jordanie n’est pas terminé puisque nous mettons le cap vers Pétra, la cité nabatéenne.
Et pour conclure…
Ce que je retiens de mes 4 jours à pied dans le désert du Wadi Rum :
- Des paysages de dingue malgré les traces de 4×4 présentes un peu partout
- Un coucher de soleil splendide pour ne pas dire magnifique
- Des bivouacs incroyables au milieu du désert
- Une équipe locale Terres d’Aventure très compétente, du guide jordanien francophone aux cuisinier, chamelier et chauffeur.
Très franchement, je n’ai pas été déçu de revenir dans le Wadi Rum. Et si on se donnait rendez-vous à nouveau dans 11 ans ? En attendant, je me replongerais bien dans Seul sur Mars avec Matt Damon qui a été tourné dans le Wadi Rum…
Informations pratiques Wadi Rum
Comment y aller ?
Vol international jusqu’à Amman, direct ou avec escale. Mon conseil c’est de réserver un parking longue durée à l’aéroport d’Orly. C’est moins cher que le taxi et on évite les transports en commun parfois galère avec les bagages, sans compter que le parking est ouvert 24/24. Du parking, une navette vous dépose à l’aéroport. J’utilise ce service depuis de nombreuses années. Très pratique.
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Avec qui partir ?
Bien que rien ne l’interdit, s’aventurer seul dans le Wadi Rum n’est pas une mince affaire. On a vite fait de se perdre. Je conseille vivement de passer par une agence. J’ai été très content de l’agence Terres d’Aventure avec qui je suis parti. Elle propose 7 voyages guidés en petit groupe en Jordanie dont « Le désert rouge et la cité rose », le circuit que j’ai réalisé.
Bibliographie
- Les 7 piliers de la sagesse de Lawrence d’Arabie : Amazon – Fnac
- Hiking in Jordan: Trails in and Around Petra, Wadi Rum and the Dead Sea Area : Amazon
- Lonely Planet Jordanie : Amazon – Fnac
- Guide du Routard Jordanie : Amazon – Fnac
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.
Paysage doré dans une région désertique : idéal pour la contemplation et pour se ressourcer. L’architecture terrestre évoque vraiment la planète Mars sans son côté hostile. Cela donne envie d’y faire escale avant une découverte de long en large en profondeur !
Je te confirme Philippe : pour se ressourcer, rien de tel que le désert 🙂