En décembre 2019, je me suis rendu pour la 3ème fois à Pétra en Jordanie. La fois précédente, j’avais rejoint la cité nabatéenne à pied depuis la réserve de Dana. Cette fois-ci, j’ai passé trois jours à découvrir Pétra à pied et en bivouac avec l’agence Terres d’Aventure après avoir exploré le désert du Wadi Rum.
10 choses à savoir sur Pétra
Inscrite au patrimoine de l’UNESCO, Pétra est l’un des sites archéologiques majeures dans le monde au même titre qu’Angkor, Tikal ou les temples égyptiens. Voici 10 choses à savoir avant de découvrir Pétra.
Qui a construit Pétra ?
Habitée depuis la préhistoire, Pétra a été créée par les Edomites. Au VIème siècle avant J.C, les Nabatéens prennent possession de Pétra et la font prospérer jusqu’à l’annexion par les Romains en 106 de notre ère après avoir asphyxié la ville économiquement.
Temples, tombeaux, canalisations, barrages et autres monuments de l’actuel Pétra ont été construit depuis la période Nabatéenne jusqu’à la période byzantine.
Qui sont les nabatéens ?
Les Nabatéens sont un peuple commerçant arabe de l’Antiquité. Au III° siècle avant J.C, les Nabatéens s’organisent en royauté et Petra devient leur capitale. Centre économique, elle se situait au carrefour des routes commerciales transportant encens, épices, myrrhe et autres denrées précieuses entre l’Arabie du Sud, l’Égypte, la Syrie et la Méditerranée.
Combien d’habitants y avait-il à Pétra ?
Selon les estimations, entre 20 000 et 30 000 habitants auraient habité à Pétra au plus haut de son apogée. Ce chiffre peut-être extrapolé grâce au nombre de places du théâtre qui pouvait abriter de 3 000 à 8 000 personnes selon les sources.
Comment Pétra a été abandonnée ?
Pétra est progressivement dépeuplée au V et VI siècle pendant la période byzantine à la suite de tremblements de terre. A cette même époque, l’Islam s’étend et les byzantins abandonnent définitivement la cité tout comme la majorité des arabes.
Il est vraisemblable qu’au fil des siècles Pétra ait toujours été habitée par les bédouins. Aujourd’hui, les bédouins ont du quitter Pétra depuis le classement du site par l’UNESCO pour être relocalisés à Umm Sayhoun. En échange, ils ont le droit de commercer sur le site de Pétra.
Qui a redécouvert Pétra ?
C’est Jean Louis Burckhardt qui révèle à nouveau Pétra au monde occidental en 1812. Explorateur et orientaliste suisse, il pénètre dans Pétra déguisé en arabe sous le nom de Cheikh Ibrahim.
Il prétexte vouloir sacrifier une chèvre au prophète Aaron dont le tombeau se trouve au-delà des ruines au sommet du djebel Haroun pour traverser ce qui sera Pétra. Il répand la nouvelle aux occidentaux installés en orient et en Egypte. Vous connaissez la suite…
Combien de jours pour visiter Pétra ?
Si certains voyageurs visitent Pétra en une demi-journée, ils ne découvrent qu’une toute petite partie du site. Je préconise minimum deux jours pour visiter Pétra. 3 jours est la durée idéale pour visiter l’ensemble du site de Pétra à votre rythme.
Quel est le prix d’entrée à Pétra ?
Le prix d’entrée à Pétra dépend de la durée de votre visite.
- 1 jour : 50 dinars jordaniens (environ 63 €)
- 2 jours : 55 dinars jordaniens (environ 70 €)
- 3 jours : 60 dinars jordaniens (environ 76 €)
A noter que les excursionnistes à la journée en Jordanie (à l’exception des personnes arrivant du port d’Aqaba) paient 90 dinars jordaniens la journée (environ 114 €)
Quand découvrir Pétra ?
Pétra peut se visiter toute l’année. Le nombre de jours de pluie dans un mois ne dépasse pas deux jours en moyenne. Pour autant, les mois les plus agréables au niveau des températures sont avril, mai, septembre et octobre.
Ma dernière découverte de Pétra était début décembre. Il peut faire un peu froid mais il y avait beaucoup moins de monde que lors de mes précédentes visites au printemps.
Où dormir à Pétra ?
La majorité des voyageurs qui visite Pétra dorme à Wadi Musa.
Quelques hôtels recommandés :
- Catégorie beaux hôtels : Petra Moon Hôtels – Petra Boutique Hôtel – The Old Village Hôtel & Resort
- Catégorie intermédiaire : La Maison Hôtel – Sunset Hôtel – Petra Corner Hôtel
- Catégorie petits budgets : Petra Main Gate Appartement – Petra Cabin Hôtel & Restaurant – Bedayah B&B
Pourquoi le bivouac est-il la meilleure option selon moi ?
Pour autant, l’hébergement que je plébiscite pour découvrir Pétra est le bivouac. Pourquoi ? En dormant à Wadi Musa, vous entrez par la porte principale en même temps que le flux normal des visiteurs. En bivouaquant avec une agence comme Terres d’Aventure, vous entrez par des sentiers dérobés très peu empruntés. C’est la garantie de découvrir une partie de Pétra seul ou presque.
Pétra à pied en 3 jours avec bivouac
Après avoir passé 4 jours de randonnée dans le désert du Wadi Rum, je découvre à nouveau Pétra à pied et en bivouac. Récit.
Little Pétra – Wadi Al-Maysra
+ 180 m / – 240 m 6,2 kmNous arrivons sur le site de Little Petra un peu avant 15h00. Nous pénétrons dans le siq Al Barid à partir du parking. Long de 350 m de long, le défilé de Little Pétra connu aussi sous le nom de siq Al Barid est en grande partie dans l’ombre à cette heure de la journée. Il n’y a pas grand monde.
A l’entrée du site, un temple avec une façade à fronton nous accueille. Il est vraisemblable qu’il ne s’agissait pas d’une tombe car Little Petra était un caravansérail sur les routes commerciales de la région. Ici s’arrêtaient les marchands et leurs dromadaires de passage. Plus loin, on observe des citernes, des escaliers, un autre temple et un bâtiment qu’on dénomme la « maison peinte ». Cette salle triclinaire possède derrière les grilles les restes d’une fresque peinte représentant des vignes, des oiseaux, des fleurs, un joueur de flûte, un personnage avec un arc. Le plafond est endommagé par la fumée des bédouins qui ont vécu ici pendant de nombreuses années.
J’aurais bien traîné plus longtemps mais la nuit tombe vite en décembre (vers 16h30). Nous resortons de Little Pétra par là où nous étions arrivés et prenons la direction du site néolithique de Beidha (-6500 avant J.C). Nous nous arrêtons quelques instants devant les ruines de ce qui est l’un des tous premiers villages au monde construits selon la technique de la maçonnerie sur pierre.
Nous passons devant des bergers bédouins et leurs chèvres et continuons vers le Wadi al Maysra. Juste avant d’arriver à notre campement, nous assistons au coucher de soleil entre deux parois montagneuses.
Nous faisons connaissance avec Nasser et Mourad son fils. Nous campons sur leur terre. Les tentes sont déjà montées. J’ai personnellement pris ma tente. Alors que je monte ma MSR Zoic 2, Nasser passe me voir et me conseille de la monter ailleurs car la météo annonce de la pluie le lendemain et je risque d’être inondé. Je la monte donc sur un petit promontoire sous un genévrier.
Ce soir, Nasser a préparé un magloubé, un plat typiquement oriental à base d’agneau, aubergine et riz. Succulent !
Wadi Al-Maysra – Deir – Wadi Farasah – Wadi Al-Maysra
+ 777 m / – 777 m 13,4 kmCe matin au réveil, le plafond nuageux est bas et menaçant. Pas de quoi remettre en cause notre motivation pour découvrir Pétra à pied ! Après le petit-déjeuner, nous partons par un sentier en balcon qui normalement offre de joli point de vue sur les montagnes d’Aqaba. Hélas, on ne voit rien, le paysage est bouché.
C’est sous un ciel gris que l’on arrive devant le monastère du Deir. Hamza, notre guide, en profite pour nous donner quelques explications sur Pétra. Le Deir est le plus grand monument de Pétra : 45 m de large pour 42 m de haut. La façade est structurée en 2 étages surplombée par une urne. Il fut édifié selon toute hypothèse en hommage au roi nabatéen Obodas Ier. A l’époque byzantine, il fut utilisé comme monastère comme le prouvent certaines croix à l’intérieur de l’enceinte.
Nous poursuivons notre découverte de Pétra à pied en descendant les 800 et quelques marches. Le temps s’éclaircit. Les premiers visiteurs sont en train de les monter, certains à dos d’âne. Pauvres ânes !
On déboule face au Qsar al Bint aussi appelé le palais de la jeune fille. C’est le seul bâtiment de la ville basse qui était debout lorsque David Roberts a découvert Pétra en 1839 ; en tout cas si l’on se fit à ses croquis.
On quitte la ville basse pour emprunter un chemin pas très visible au début qui monte derrière le Qsar al Bint et passe au dessus de la rue à colonnades d’un côté et toute une série de tombes sur Al Habis. On passe devant la colonne du Pharaon.
On arrive ensuite dans la zone la plus intéressante du Wadi Farasah composée de plusieurs monuments : la tombe au fronton cassé, la tombe de la Renaissance, la tombe du Soldat Romain, le Triclinium et la tombe du Jardin. La tombe du Soldat Romain est le monument le plus fini de style romain de Pétra. La tombe doit son nom à la statue visible dans la niche centrale qui représente un homme en armure ayant l’apparence d’un soldat romain. Il y a souvent beaucoup moins de monde ici car c’est un peu à l’écart des grands axes du centre de Pétra. C’est l’un de mes coins préférés à Pétra.
Un peu plus loin, nous nous arrêtons quelques instants devant la fontaine du lion. Le félin, creusé dans la paroi rocheuse, devait avoir une gueule ouverte dans laquelle l’eau coulait.
Nous poursuivons la montée vers le sommet du djebel Attuf. C’est la partie la plus raide de la journée. Dans la montée, nous avons une autre vue sur la tombe du Soldat Romain. Plus loin, on passe devant les restes d’une inscription écrite en nabatéen.
On passe les Obélisques puis on arrive sur le Haut lieu des sacrifices. Surveillé par une tour isolé en ruines, les prêtres Nabatéens utilisaient ce lieu vraisemblablement pour effectuer des rituels religieux et faire des sacrifices en l’honneur de leurs Dieux.
Sous la tente d’un marchand bédouin, nous prenons le pique-nique. Tant mieux car il fait assez froid et il y a du vent. Ça nous permet aussi de boire un excellent thé noir au thym.
Du sommet du djebel Attuf, on domine aussi le site des Tombes Royales. C’est parfait, c’est notre prochaine destination. Pour nous y rendre, on descend la montagne par un siq étroit qui débouche sur les commerces du siq externe. Après un arrêt aux toilettes, direction les tombes royales en passant devant le théâtre.
Les Tombes Royales sont composées de cinq tombeaux troglodytes taillés dans le djebel al Khubta. Contrairement à son appellation, il ne s’agit pas de tombes royales mais leurs dimensions suggèrent que ces tombeaux ont été édifiés par des personnalités importantes. Il y a d’abord le tombeau à l’Urne dont la salle de 300 m² a été utilisée comme Eglise à l’époque byzantine. Juste à côté, le tombeau de la Soie est surtout intéressant pour son grès arc-en-ciel. La tombe suivante est le tombeau corinthien. Même s’il a beaucoup souffert des injures du temps, il a un charme fou. Son style se rapproche de celui du Trésor que nous visiterons le lendemain. Il reste deux tombeaux : le tombeau du Palais, une tombe à étage aux dimensions démesurées et le tombeau de Sextius Florentinus, gouverneur romain.
De là, nous nous dirigeons vers l’Eglise byzantine découverte au début des années 90 et surplombées d’une protection. Elle date du Vème siècle. Un peu au dessus, on peut voir les colonnes de la chapelle Bleue qui porte ce nom en raison de ses colonnes en granit bleuâtre égyptien. Ce monument nabatéen a selon toute vraisemblance était transformé en église au VIème siècle.
Nous revenons à hauteur du musée et poursuivons la randonnée par le wadi Al-Maysra que nous remontons jusqu’au campement.
La soirée s’égraine aux blagues et devinettes de Nasser. Allez je vous en partage une. Nasser nous montre son index. « Pourquoi, vous ne mangerez pas ce soir avec ce doigt ?
Personne ne sait répondre. Réponse de Nasser.
- Parce que c’est mon doigt. »
Wadi Al-Maysra – Wadi Musa par le Kazneh
+ 380 m / – 340 m 9,4 kmIl a plu une bonne partie de la nuit. Cela ne m’a pas empêché de bien dormir. Ma dernière journée de découverte de Pétra à pied peut commencer.
Au réveil, le ciel est encore bien chargé et je démonte ma tente alors qu’elle est toujours mouillée. Le temps de prendre le petit-déjeuner, plus un nuage n’apparaît à la sortie de la tente messe.
Avant de partir, on fait la traditionnelle photo de groupe, on donne le pourboire à Nasser et on file découvrir Pétra pour la dernière matinée.
On descend le wadi Al-Maysra jusqu’au musée, passons par la voie à colonnades. C’était la principale artère de Pétra. Entièrement pavée, elle était longée latéralement par des arcades colonnades sous lesquels devaient se trouver des boutiques. Je verrais bien un village Star Wars, plein d’extra terrestres, vivre dans ce bouillonnant centre-ville.
Etape suivante : le Kazneh, le trésor de Pétra. C’est le monument que tout le monde veut voir. C’est un tombeau nabatéen de type hypogée, dont l’imposante façade est taillée dans le grès. Il a été rendu célèbre aux yeux occidentaux par le film Indiana Jones et la Dernière Croisade en 1989. Le Kazneh est vraiment une petite perle architecturale. Il y a hélas souvent beaucoup de monde. Fort heureusement, nous sommes arrivés avant le gros de la foule que nous avons croisé en remontant le siq vers la ville de Wadi Musa.
En sortant du site, on passe par le musée de Pétra qui met en lumière l’histoire nabatéenne tout en mettant en valeur des antiquités provenant de Pétra.
Ma découverte de Pétra à pied est terminée. Pétra, superbe Pétra. Je ne peux que vous conseiller de visiter Pétra. Et si l’âme d’un aventurier sommeille en vous, optez pour une formule avec bivouac.
Informations pratiques – Pétra à pied
Comment y aller ?
Vol international jusqu’à Amman, direct ou avec escale.
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Avec qui partir ?
J’ai réalisé ma découverte de Pétra à pied avec l’agence Terres d’Aventure. Le circuit intitulé « Le désert rouge et la cité rose » m’a aussi permis de découvrir le désert du Wadi Rum. Terdav propose 7 voyages guidés en petit groupe en Jordanie.
Bibliographie
- Pétra, la cité des caravanes : Amazon – La Fnac
- Hiking in Jordan: Trails in and Around Petra, Wadi Rum and the Dead Sea Area : Amazon
- Lonely Planet Jordanie : Amazon – Fnac – Nostromo
- Guide du Routard Jordanie : Amazon – Fnac
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.