A la découverte du bivouac
Après m’être éloigné de la montagne pendant quelques années, ma compagne et moi avons décidé de nous lancer dans la randonnée itinérante. Un premier trek réussi dans les Aiguilles Rouges nous a ouvert la voie et donné l’envie de recommencer. Nous y avions pris l’option refuge, mais l’idée de s’essayer au bivouac nous avait trotté dans la tête toute la randonnée.
A peine rentrés que nous planifions déjà un nouveau départ. Après quelques recherches et discussions avec des amoureux des Pyrénées, nous voilà partis pour le massif du Néouvielle. Finalement, les principales questions ne tournaient pas autour de la randonnée mais de l’organisation pour la nourriture et pour l’eau : c’était une première ! Nous avons décidé de faire une liste de nos repas à l’avance. Thé, pain et fromage pour le petit déjeuner. Graines, barres de céréales maisons, pain et fromage pour la journée. Soupe, pâtes ou riz, fromage et compote pour le soir. Pour l’eau, nous avons choisi l’option du filtre.
La réserve naturelle de Néouvielle
La réserve naturelle de Néouvielle se situe dans le département des Hautes-Pyrénées en région Occitanie en France, dans le prolongement du Parc National des Pyrénées. Elle s’étend sur près de 2 000 ha et compte environ 70 lacs. C’est un massif granitique dont les roches se sont formées il y a environ 300 Ma et qui a été façonnée au grès de l’évolution tectonique des Pyrénées. La biodiversité y est emblématique et très importante, ce qui lui a valu le classement de réserve naturelle dès les années 30.
Attention, le bivouac est interdit sur le territoire de la réserve naturelle, sauf au niveau de l’aire de bivouac du lac d’Aubert. Le gardien de la réserve veille au grain !
A noter également pour la suite de la lecture : dans les Pyrénées certains cols sont nommés « hourquettes » ; ce qui signifie « fourche » en gascon, se rapprochant ainsi de la forme des cols.
Jour 1 : Parking Tournaboup – Refuge de Bastan
+ 1200 m / – 440 m 13,4 km 7h00Départ à 9 h 30 au parking Tournaboup, au pied du télésiège de Caoubère, la tête dans les nuages. Le ciel est bas, il fait frais et les sommets sont bien cachés. Nous partons en direction de la Hourquette Nere en suivant le GR10 jusqu’à la Cabane d’Aygues Cluses où nous croisons bon nombre de randonneurs. Une fois la cabane atteinte, nous quittons le GR10 pour un chemin moins emprunté. En continuant vers la Hourquette, nous avons quand même le droit à quelques éclaircies nous laissant apercevoir les rochers qui nous entourent.
Arrivés au pied de la Hourquette, la pente est raide et nous sommes contents d’avoir pris les bâtons. Première remarque sur l’autonomie : les sacs sont lourds. Nous profitons de quelques myrtilles pour nous motiver ; il semble faire soleil de l’autre côté.
Gagné ! Arrivée au sommet de la Hourquette, un beau soleil nous chauffe et fait briller quelques lacs en contrebas. En face, le Pic de Bastan nous fait de l’oeil au travers de nuages passagers, et nous distinguons à son pied notre nouvel objectif : la Hourquette de Caderolles. Le temps de manger quelques graines, un morceau de fromage et nous voilà repartis.
Dans la descente, nous tombons sur un groupe de vaches bien installées et, semble-t-il, en admiration devant la montagne ; nous entendons quelques marmottes bruyantes, mais bien cachées ; nous retrouvons les nombreux randonneurs de ce weekend prolongé que nous avions perdus en quittant le GR10.
Ensuite, la Hourquette de Caderolles se monte par un chemin rocailleux, exposé au soleil l’après-midi et raide. Coup de chaud de la journée. Le sommet offre une vue plongeante sur les lacs de Bastan d’un côté et de la Hourquette de l’autre. Direction le Col de Bastanet, puis c’est la descente vers le refuge de Bastan où nous devons passer la nuit.
Pendant la descente, pas de vaches ni de marmottes, mais bien un nombre impressionnant de randonneurs et de campeurs, pour le coup bruyants et bien visibles. Entre le lac supérieur et les lacs du milieu, il doit y avoir plus de 50 tentes. Il y a même des guitares !
Après une tarte aux myrtilles au refuge, nous descendons aux lacs du milieu, en contrebas, pour installer notre tente. Nous qui avions un peu peur de l’isolement pour notre première nuit, pas d’inquiétude, nous sommes bien entourés.
Finalement, le brouillard tombe rapidement et avec lui le froid. Nous nous couchons tôt.
Jour 2 : Refuge de Bastan – Lac d’Aubert
+ 710 m / – 790 m 11,7 km 7h00Nous nous levons au petit jour avec quelques 5°C auxquels nous ne nous attendions pas vraiment. La nuit a été longue avec ce froid. Nous sommes contents de nous lever pour nous réchauffer un peu. L’estomac n’est pas réveillé, nous rangeons rapidement le camps après un thé bien chaud. Ça dort encore dans les tentes voisines.
La descente rapide jusqu’au lac de l’Oule commence enfin à nous réchauffer. C’est finalement les premiers rayons de soleil, perçant au dessus des montagnes, qui font le plus de bien. Nous sommes bien des animaux diurnes.
Arrivés au lac de l’Oule, le corps chaud et le ventre éveillé, c’est l’heure du petit déjeuné. Nous prenons le temps pour un brin de toilette. Nous lézardons au soleil qui est pleinement de la partie pour ce deuxième jour.
Nous prenons ensuite la direction du col d’Estoudou et entrons dans la fameuse réserve naturelle de Néouvielle par une sacrée montée dans la pinède. Bien qu’à l’ombre des arbres, nous suons à pleines gouttes ! Après une pause bien méritée au col, quelques graines et une bonne tartine de crème solaire sur les bras, nous nous lançons dans l’ascension du Soum de Monpelat. Le chemin est un vrai labyrinthe et nous le ratons à plusieurs reprises…
La vue y est imprenable et nous voyons enfin le Pic de Néouvielle dominant les lacs d’Aubert et d’Aumar où nous passeront la nuit. Jusque là, nous gardions en tête la possibilité de gravir ce 3000 dit accessible, nous commençons à nous poser quelques questions en l’observant.
La suite est une longue descente, sans encombre jusqu’au lac d’Aumar. Nous croisons cependant de nombreux promeneurs venus jusqu’aux lacs en bus pour la journée.
Nous profitons de notre arrivé en milieu d’après midi pour faire un plongeon dans le lac d’Aumar. Baignade très agréable après cette chaude journée. Rapidement, le gardien de la réserve vient à notre rencontre pour nous orienter vers l’aire de bivouac au dessous du lac d’Aubert. Bien qu’encore tôt, nous décidons d’aller y prendre une place car l’aire n’est pas grande.
C’était une très bonne idée. Ce n’est pas une aire de bivouac, c’est un terrain de camping ! Quand certains arrivent en grosses chaussures et avec un sac à dos enguirlandé d’ustensile de bivouac, d’autres arrivent en tong, matériel de camping tout droit sortis du coffre de la voiture, garée sur le parking. Les tentes sont collées les unes aux autres ; on entendra même les voisins ronfler ! Un conseil, sortez de la réserve pour passer la nuit.
Avant de nous coucher, nous prenons la décision de ne pas faire le Pic de Néouvielle. Si la nuit est aussi froide que la dernière et avec le poids de nos sacs à dos, nous risquons d’avoir des difficultés à terminer notre parcours. L’objectif n’étant pas de faire un 3000 mais de découvrir le bivouac.
Jour 3 : Lac d’Aubert – Parking Tournaboup
+ 350 m / – 1030 m 14 km 6h00La nuit a été plus agréable. Pour nous maintenir au chaud nous avions sorti la couverture de survie. Nous prenons le temps pour un petit déjeuner et avant que le soleil ne perce les montagnes nous sommes partis. Direction la hourquette d’Aubert pour la dernière montée du parcours où nous croisons peu de monde. La vue plonge sur les lacs de la réserve, le soleil est encore bas, à l’horizon les montagnes se cachent derrière une légère brume. Il fait bon se lever tôt.
Arrivés sur la hourquette, il y a un vent assez fort et nous ne nous attardons pas. Nous nous lançons donc dans la longue descente finale. L’environnement est nettement plus rocheux et on devine la présence d’un glacier disparu. Le chemin est légèrement aérien jusqu’au fond de vallée, puis on se laisse doucement porter jusqu’au lac dets Coubous où nous profiterons d’une pause repas.
Au cours de la descente, la végétation reprend ses droits et s’installe entre les blocs. On y trouve une multitude de myrtilles qui ralentissent fortement notre avancée. Comment résister à ces délices ?!
Avec la perte d’altitude, on retrouve la chaleur de la vallée. Finalement on était bien là haut. Une dernière descente raide et glissante après le lac dels Coubous et nous trouvons notre vallée de départ sous un nouveau jour : il fait beau et chaud. On en profite pour prendre une dernière pause et faire durer encore un peu ce périple, à l’ombre d’un jeune buisson, un verre d’eau de montagne à la main et les deux pieds dedans.
Epilogue de nos 3 jours de randonnée dans le Néouvielle
Cette première expérience du bivouac dans le Néouvielle a été une franche réussite et nous vous recommandons vivement ce parcours. A condition cependant d’éviter les période de forte affluence (juillet-août ?) au risque de vous retrouver sur des autoroutes (jour 2 surtout avec la proximité des parking) ou sur des campings d’altitude.
L’itinéraire est parfait pour une première expérience, il ne présente pas de difficulté particulière et il y a de nombreuse possibilités de bivouac. N’oublions pas les plus expérimentés qui pourront l’agrémenter par l’ascension du Pic de Néouvielle, un 3000 qui semble accessible. Notons également la présence de nombreux lac permettant quelques baignades rafraîchissantes.
Si vous rêvez d’itinérance, n’hésitez plus, lancez vous.
Passionné de montagne depuis tout petit et ayant pratiqué l’escalade et l’alpinisme, je me suis récemment mis à la randonnée en itinérance. Après deux expériences réussies, les projets foisonnent, en France et à l’étranger.
Près de 40 ans que je parcours les Pyrénées sans jamais m’en lasser.
Superbe massif du Néouvielle.
En effet, c’est un chouette massif qui mérite d’être parcouru.
Un chouette récit, qui donne envie d’y aller à son tour. vivement le retour des beaux jours !
Bonjour votre récit nous a mis l eau à la bouche et nous aimerions le faire vers le 20 mai. D a près votre expérience c est faisable ou pas
Bonjour Camille,
C’est trop tôt à cette époque. Pas avant mi-juin selon l’état d’enneigement.
Bonsoir
Moi et ma femme sommes intéressés pour faire ces 3 jours de trekking mais avant cela je voulais connaitre la niveau de difficultés, et quel niveau sportif faut il avoir.
Je pensais le faire vers le 2à Juin?
merci d’avance
Bonsoir,
Il n’y a pas de grande difficulté sur le parcours, la randonnée reste sur les sentiers balisés et fréquentés. Pour le niveau sportif, il faut de bonnes bases, mais si vous avez l’habitude de la randonnée, ça le fait !
Bonne randonnée !
ClémentM
Bonjour,
avez-vous une alternative/conseil pour réduire ce trajet sur 2 jours?
merci
Bonjour, merci pour ce récit, nous aimerions faire ce circuit fin juin, est-il nécessaire de réserver au refuge de Bastan et au camping si nous faisons un bivouac ? Merci.