Carnet de Trekking en solitaire sur le Mare a Mare sud entre Propriano et Porto-Vecchio. Ce sentier de randonnée, d’une mer à l’autre, au coeur de l’Alta rocca, invite à parcourir l’intérieur de l’île, ses villages (Quenza, Levie, Santa Luci di Tallano, Serra di Scopamena) et ses forêts (Ospédale), loin de l’agitation estivale du GR20.
La Corse, cette petite île détachée du continent français, est une île qui aime les superlatifs. Plus qu’une île aux plages magnifiques, c’est une véritable chaîne montagneuse posée sur le fond de la méditerranée. Paradis des amateurs de plage, son GR 20 est considéré comme le plus beau et le plus dur sentier de Grande Randonnée de France.
Loin de la frénésie estivale du GR 20, la Corse dispose d’autres sentiers de Grande Randonnée : les Mare a Monti (nord et sud) et les Mare a Mare (nord, centre et sud). Pour ma première incursion en Corse, j’opte pour le sud en cumulant deux des sentiers de randonnée : le Mare a Monti sud et le Mare a Mare sud. je relis ainsi Porticcio à Porto-Vecchio.
Le récit qui suit est la partie qui concerne le Mare a Mare sud entre Propriano et Porto-Vecchio. Vous pouvez aussi lire le récit de ma randonnée sur le Mare è Monti Nord, une des plus belles randonnées de Corse.
Burgo – Santa Lucia di Tallano
+ 1023 m / – 744 m 15,8 km Gite d’étape communal U FragnonuJe démarre le Mare a Mare Sud à Burgo et non pas à Propriano car je viens du Mare a Monti sud. A la sortie de Burgo, je descends par un sentier à droite qui mène au ruisseau de Barael. Le chemin monte en épingle jusqu’à Fozzano. Le village perché à 400 mètres dispose d’une tour du 15e siècle et de la tombe de Colomba, jeune femme corse rendue célèbre par Mérimée pour avoir poursuivit la vendetta jusqu’à la mort de ses ennemis.
Le sentier continue de monter jusqu’à 700 mètres d’altitude dans les environs des ruines d’Altanarja, hélas sans beaucoup d’ombres.
Je ne vous ai pas encore parlé de mon compagnon de route : un mâle, robuste, court sur patte. Je l’ai nommé Nestor. C’est un chien de chasse. Il avait rejoint Burgo en suivant deux randonneuses belges depuis Santa Lucia di Tallano. Ma mission est de le ramener dans son village !
Il m’épargnera ainsi la solitude des jours précédents. Avec lui, j’ai partagé mon repas, le sentier et une baignade. Merci Nestor pour ses moments passés ensemble !
Mais revenons au sentier. Dans la descente, belle vue sur Bavella. Je gagne le pont de Piombatu et la rivière Rizzanese où l’appel de la baignade est trop tentant malgré les interdiction d’Edf. Je ne le sais pas encore mais je reviendrai la semaine suivante dans les parages dans le cadre d’une randonnée équestre d’une semaine sur la montagne Corse.
Le sentier grimpe ensuite entre les arbres jusqu’à Santa Lucia di Tallano. Le gîte n’ouvre qu’à 16h30. je m’assois à une terrasse de café et me repose. Sous le gîte, un moulin à huile permet d’assister à des démonstrations de trituration à l’ancienne de l’huile d’olive.
Installation au gîte (chambre et espace commun convivial et pratique) où j’y rencontre un couple de lillois qui effectue le Mare a Mare sud dans l’autre sens.
Santa Lucia di Tallano – Serra di Scopamena
+ 989 m / – 542 m 12,9 km Gîte d’Etape ScoposJe quitte le village de Santa Lucia di Tallano vers 8h00 après avoir fait le plein de provision pour la journée. Le sentier grimpe jusqu’à Altagène (balisage incertain au début), descend en pente douce avant de remonter jusqu’au col de Tavara au pied du Monte Grossu (802 m).
Le sentier descend encore sous une épaisse forêt jusqu’à la rivière Rizzanèze (385 m). Il est 10h50. Je décide de m’arrêter un peu ici pour le midi et profiter de la rivière : baignade, lecture, déjeuner et sieste. Tout un programme !
Je ne repars qu’à 14h00 pour monter jusqu’à Serra di Scopamena. Le sentier longe un ruisseau, le traverse et débouche sur la D20 que je prends à droite. Un peu plus loin, je m’égare et perds 1h00 dans l’affaire mais retrouve mon chemin. J’avais bifurqué au premier pont à gauche par une sente qui monter dans le bois. En fait, il fallait emprunter le sentier au second pont et rejoindre l’ancien hameau en ruine de Mamma. Un peu plus loin, je perds une nouvelle fois les traces du GR au sud est de Sorbollano. Sans difficulté, je récupère le bon sentier et arrive au village de Serra di Scopamena (850 m).
Installation au gîte d’étape où je suis le seul client. Ce soir, j’assiste au café du village à la demi-finale contre le Brésil : un régal !
Serra di Scopamena – Levie
+ 670 m / – 942 m 20 km Gite d’étape de LevieDe Serra, deux options pour rejoindre Levie : une courte de 3h00 et une longue de 6h00. j’opte pour la grand boucle. Du gîte, je passe la Poste puis le camping du village. Je laisse la première variante de coté et monte vers Pianu Sottanu, large plateau alternant maquis et pinède.
Au passage, je passe le col d’Arja la Foce (1040 m). Le balisage est ici par moment, plus ou moins, absent ou en partie effacé, mais l’orientation s’avère plutôt aisée compte tenu de la bonne visibilité sur les sommets vosins (Punta di a Cuciurpula – 1164 m et la Punta Illarata – 1300 m). Le sentier continue à travers le maquis jusqu’aux bergeries de Lavu Donacu. Je passe la rivière et rejoins par une petite pente la piste du plateau de Jallicu. Le sentier descend ensuite sous couvert arboricole jusqu’au village de Quenza. En chemin, petit arrêt au ruisseau de Coti (baignade).
Il est 11h00 lorsque j’arrive à Quenza. Je m’installe au café des sports et commande un coca et une pizza (délicieuse). Deux heures plus tard me voilà repartie vers Levie par une piste en légère descente, sac sur le dos, bâtons dans les mains.
J’y croise un cochon sauvage ou en semi-liberté qui détale en me voyant, pénètre dans un enclos où loge une mule. N’appréciant pas la présence de ce nouvel intrus, elle s’approche du cochon qui la charge. La mule prend la poudre d’escampette pour éviter le cochon.
L’itinéraire se met à descendre plus fort et atteint la rivière Saint Antoine (585 m). Petite halte pour tremper mes pieds dans l’eau fraîche. Le chemin monte à nouveau jusqu’à l’intersection avec la seconde variante du Mare a Mare sud (700 m) puis à la chapelle Saint Laurent (750 m). La sente se poursuit sous de gros chênes et longe le site archéologique de Cucuruzzu et Capula.
Après la cabane du site archéologique de Cucuruzzu et Capula, je prends la route puis bifurque à nouveau sur un petit sentier qui conduit à Levie (620 m).
Comme les jours précédents, attente à la terrasse que le gîte ouvre ses portes. Ce soir encore, je suis seul : ça devient une habitude !
Levie – Cartalavonu
+ 925 m / – 529 m 13,4 km Gite d’étape Le Refuge de Cartalavonu8h00, je pars pour cette neuvième et avant dernière étape de marche (en comptant le cumul avec le Mare a Monti sud). Le sentier descend pour longer la D59 et coupe une première fois un ruisseau (520 m). Le chemin progresse sous un tapis forestier, coupe un second ruisseau, puis la rivière Fiumicoli (280 m). Elle se prête bien à la baignade mais hélas il n’est que 9h00.
Je continue donc mon Mare a Mare Sud vers Carbini (560 m) que j’atteins 2h00 plus tard.Le village dispose d’une très belle église classée du XIIe siècle. L’Eglise Saint Jean Baptiste est un bel exemple de l’art Roman de Pisé.
Le sentier sort du village par un faux plat à travers la pinède et s’élève rapidement par de petits lacets. A 1000 mètres d’altitude, je m’accorde une pause de près de 3h00. Assis à l’ombre contre un rocher, seul je refais le monde.
Reposé, je repars, passe le col de Mela (1068 mètres) puis le col de Foce Alta (1171 m). Un sentier part du col pour gravir la Punta di a Tacca Marta (1314 m) mais je n’ai plus d’eau ni même le courage. Je continue donc ma route.
Avant d’arriver au gîte, belle vue sur le lac de l’Ospédale et l’Alta Rocca. Le gîte est spartiate et son confort est sommaire. Les patrons semblent davantage privilégier leur restaurant au cadre plus chaleureux. Dommage !
Cartalavonu – Porto-Vecchio
+ 103 m / – 1121 m 17 km8h00 : départ pour cette ultime journée de marche. Je vais rejoindre la station balnéaire de Porto-Vecchio.
Le sentier traverse le versant occidentale de la forêt de l’Ospédale qui possède de jolies spécimens de pins laricio dont certaines peuvent atteindre 50m de haut.
En moins de 30 minutes, je rejoins le village de l’Ospédale et continue ma descente vers la mer. Le chemin coupe à cinq reprises la D 368 et débouche sur un plateau qui annonce la fin de la forêt et le début du maquis.
J’arrive à Alzudi Gallina après 2h00 de marche et m’engage sur le D159 qui va à Porto-Vecchio. Il ne reste que du bitume jusqu’à la ville. Je fais donc du stop. Trente minutes plus tard, un gars me prend et me dépose au rond point des quatre chemins à l’entrée de la ville.
Je monte au centre de Porto-Vecchio pour y prendre un bus pour Bonifacio où je reste quelques jours avant d’entamer une randonnée équestre d’une semaine. Fin de mon Mare a Mare Sud.
Informations pratiques sur le Mare a Mare Sud
Difficulté
Le Mare a Mare sud est un sentier de randonnée de moyenne montagne de niveau plutôt facile. Il est adapté aux marcheurs qui savent enchainer plusieurs journées de marche de 5 à 6 heures.
Balisage
Balisage en orange bien entretenue. Pas de difficulté particulière pour s’orienter et trouver son chemin par beau temps.
Période conseillée pour randonner sur le Mare a Mare Sud
Cet itinéraire est accessible toute l’année grâce à son couvert végétal qui procure de l’ombre l’été et à son faible enneigement l’hiver. La meilleure période reste cependant le printemps et l’automne pour éviter les grosses chaleurs et avoir une luminosité plus douce.
Topo-guide
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.