Quatrième jour de ciel azur, vide de semence nuageuse. Ma traversée s’annonçait brûlante et intensive. Pour me rassurer, je me répétais qu’il me restait encore trois jours avant de souffler une journée entière, ainsi que de réduire le nombre effarant de kilomètres.
Mon hôtelier évoqua à nouveau ce que je déniais à accepter : la distance jusqu’à Rochefort, même avec un parcours restreint, représentait au moins 27 kilomètres. Davantage que mes calculs initiaux. Au mieux, l’auto-stop s’avérait salvateur.
Dans la salle du petit-déjeuner, décorée d’une multitude de photos et affichant des tables vides, le patron relata le fréquent passage des pèlerins de Compostelle dans son établissement. Entre ces cyclistes chevronnés et cette dame aux pieds échauffés terminant le trajet dans un gîte de Roquefort, la floraison de ces croyants évoquait courage ou inconscience. L’absence de dénivelé, il est vrai, incite à de grandes balades sans se rendre compte des dangers les plus hypocrites : la platitude du pays joint à un manque criant de fraîcheur en cas de fortes chaleurs. Un équipement sommaire et de l’eau en suffisance peuvent pallier à ces désagréments ; toujours est-il que certains se croyant à l’abri ont « omis » d’emporter une autre nécessité : la trousse de secours !
Sitôt mes affaires prêtes, je m’engouffrai sur la route de Mont-Marsan enveloppée d’une atmosphère déjà pesante. Les sept premiers kilomètres, j’évoluais sur une chaussée herbeuse parfumée à l’infâme gaz d’échappement et de poids lourds. Leur vacarme assourdissant, à leur passage à mes oreilles, brisait trop souvent – et brutalement – ma solitude. Deux heures après mon départ, je traversai la commune d’Estigarde. Au bourg, sur la droite, une petite route menait, en un raccourci de vingt kilomètres, à Roquefort. Ce chemin de traverse, sur lequel je serpentais sans croiser âme qui vive ou qui roule, perçait quelques hameaux.
A l’approche du village Veille-Soubiran, j’essuyai un essoufflement grandissant. Un repos fut vite décrété au pied de la paroisse Notre-Dame du Bas-Armagnac qui, généreusement, fournissait une bonne étendue de protection ombragée sur un airial.
Avec une pointe de découragement – il faut bien l’avouer ! –, je repris le chemin. Sous le dard écrasant du soleil, je m’effondrai au bout d’une centaine de mètres. Le désespoir prit naissance, semblable à une défaite trop souvent refoulée. Un bourdonnement motorisé, par miracle, me fit remuer mes dernières illusions. Encore assis sur le talus, je tournai la tête vers la route déjà empruntée : une voiture arrivait.
Péniblement, je me levai et, sans grande conviction, je haussai le pouce. Je chancelais sur mes jambes en sueur et courbais l’échine tel un bossu par sa difformité. Le regard hagard et inconsistant faisait de moi un pauvre bougre perdu et imploré. J’agitai à peine le pouce et, abattu, le baissai illico une fois le véhicule dépassé. A ma grande stupéfaction, la voiture s’arrêta quelques mètres plus loin.
Un homme et une femme occupaient les sièges avant, tous deux en débardeur et exhibant leurs tatouages sur leurs larges épaules. Je compris qu’ils quittaient leur travail pour retourner chez eux ; des baguettes de pain et des outils traînaient à l’arrière. Je dus me faire une petite place pour m’installer dans un confort somme toute relatif.
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Ils me firent économiser près de dix kilomètres. Ils me déposèrent à Saint-Gor, village présumé vert et environné d’une forêt de pins. Pour ma prochaine escale, cinq kilomètres restaient à parcourir. Insignifiant par rapport au nombre réellement franchi ce jour-ci.
Après un salut à ces landais généreux, me voilà sur une route garantissant une bonne protection solaire et sans relief intéressant.
Ville étape de Saint Jacques de Compostelle, Roquefort (« Le rocher fortifié ») se souligne par ses belles maisons traditionnelles landaises, en pierre de taille, et le vestige de murs d’enceinte. Au confluent de l’Estampon et de la Douze, cette ville pittoresque se situe également à la lisière de la forêt de Haute Lande et du Pays d’Armagnac. De même, elle fait partie intégrante de la voie de Vezelay jusqu’à Compostelle. Voici pour les présentations…
L’hôtel restaurant « Le Colombier » était localisé proche du centre-ville, dans une ruelle calme. Une piscine couvrait l’arrière, entourée de pins maritimes. Ma chambre à deux lits, grâce à sa situation géographique au premier étage, ne souffrait nullement de la grosse chaleur extérieure ; fraîche et disposant d’une bonne luminosité, elle s’octroyait un privilège incontestable.
Je mis en œuvre mon rituel avant de prendre possession des lieux : une séance photographique, avec pour cadre une chambre bien drapée et un agencement des objets tels que je les découvrais.
Le soir, j’appliquai des soins intensifs aux pieds pour les soulager ; une plaie vive rouge, apparue deux jours auparavant au-dessus d’un talon et longue de trois centimètres, me contraignit à une plus grande prudence. En conséquence, mes gestes se traduisirent en mouvement lent, presque incapable de me mouvoir sans soutien.
La soirée fut consacrée au visionnage d’un film de cape et d’épée : « La fille de d’Artagnan », l’esprit vagabondant sur les sentiers landais et les halages.
Je suis un passionné de montagne. J’aime prendre de l’altitude, à l’instar de ceux qui prennent du recul.
Ma pratique du trek se compose en solitaire depuis de nombreuses années, en semi-autonomie sur plusieurs jours, souvent l’été, rarement l’hiver. Photographe passionné, j’apprécie de faire des reportage-photos pour exprimer la beauté des paysages, à califourchon sur les plus hauts cols. Aussi, je retranscris par écrit toutes mes aventures pédestres, avant de partager ces découvertes par le biais de mes sites dédiés au voyage.
Nul besoin de consulter un spécialiste en cas de déprime ou de crises d’angoisse, la randonnée en montagne est mon médicament naturel !
Mes sites à consulter pour continuer ensemble l’aventure :
* Photos de voyage
* Carnets de voyage
* Annuaire de voyage
* Handi-cv.com sur les sommets