Des résidus nuageux ponctuèrent la matinée, vite dissipés par une brise favorable : petit vent du nord apportant de la fraîcheur dans l’agitation des pins. Brocas abrite d’anciennes forges, reconstituées dans l’ancienne minoterie communale avec haut-fourneau. Tradition oblige, une visite d’agrément sur les lieux fut incontournable.
A proximité d’un étang, le musée de Brocas proposait également une exposition sur les techniques industrielles de moulage du 19ème siècle. A la porte d’entrée, un écriteau annonçait une ouverture au public qu’à partir de l’après-midi. Impossible à attendre : une courte promenade en longeant l’étang, aux senteurs boisées, fut amplement suffisante pour rassasier ma soif de découverte et de beauté. L’architecture des propriétés aux alentours était étonnante par leur disposition et leur originalité structurale.
Dans la perspective de reprendre mon voyage pédestre, une certaine langueur m’a soudain submergé, causant un retard considérable sur mon horaire. Ce laisser-aller était cyclique, dans une configuration légitime où je purgeais lentement une fatigue intellectuelle, à l’instar d’une accumulation d’une fatigue physique. Cet état était pourtant nécessaire pour vider l’esprit et ainsi autoriser un libre accès à l’inspiration littéraire qui me faisait tant défaut dernièrement.
Par dépit, j’empruntai une nouvelle fois la route entre Brocas et Labrit ; cette fois en sens inverse et, de surcroît, sans l’intervention inespérée d’un conducteur sympa. Ici, une réflexion s’impose. Les voitures ne s’arrêtent jamais le matin, considérant les auto-stoppeurs « aptes » à engloutir encore de nombreux kilomètres avant de solliciter une aide providentielle. Le moment propice pour une telle demande ne survient qu’en fin d’après-midi, ou pire : en début de soirée. Les automobilistes s’aperçoivent ainsi de l’état d’épuisement avancé des randonneurs et, du coup, les prennent « en pitié », avant de les prendre à bord. Ce constat se vérifie à chaque fois. La météo joue également un rôle prédominant dans cette décision ultime et totalitaire, pour un conducteur, d’accepter une personne étrangère dans son véhicule. Rien de bien défini pour autant.
Avec ses sept kilomètres de dénivelé, la distance à pied jusqu’à Labrit fut, sous cet angle, autant indispensable que pénible. A juste titre, Labrit, mignon village de la Grande Lande, est le berceau de la famille d’Albret ; au 12è siècle elle y a fait bâtir un château, détruit de nos jours mais dont il reste encore les vestiges, baptisées « Le château de terre » et classées Monument Historique.
En début d’après-midi, j’effectuai une halte sur la place du village, à l’ombre d’un passage piétonnier. Histoire de déjeuner enfin, car l’herbe chaude au bord des routes était malheureusement peu assortie pour un tel plaisir. Les rues étaient désertes, un silence englobait les alentours comme dans un désert. Les rares voitures filant vers Luxey, au nord, rompaient cette monotonie. Les habitants étaient-ils tous cloîtrés chez eux, dans la fraîcheur légitime de leurs murs ? Ou bien avaient-ils saisi la poudre d’escampette pour se dorer et barboter sur une proche plage ? Cette effrayante solitude m’amenait à des interrogations métaphysiques.
Il me fallut poursuivre mon chemin, sitôt le ventre plein et ma soif en eau étanchée. A la sortie de Labrit, je me tenais seul, face à dix-huit kilomètres me séparant de Luxey. Sûr, un tel parcours dans ces conditions brûlantes, à l’approche des seize heures, était impossible à opérer en un temps record. L’évidence de profiter une fois encore de mon pouce, en m’efforçant d’apitoyer l’automobiliste de passage, serait inévitable.
La patience fut de rigueur, là aussi. Pour cause, l’heure de quémander une telle assistance était loin d’être proche. De même je remarquai le peu de voitures circulant sur cette route ; le minimum de chance de tomber sur la bonne personne était ainsi réduit.
Ma lenteur générée par le poids de mon sac à dos me faisait bénéficier d’un certain voyeurisme : de modestes sentiers depuis la départementale menaient, après une vingtaine de mètres, à des résidences magnifiques dissimulées sous des chênes. Leur jardin spacieux et fleuri reflétait tout le soin apporté à cet art végétal qui contribuait, indirectement, à l’embellissement de la région. La Grande Lande est merveilleuse et généreuse dans l’immensité de ses arbres ; la préserver est un acte vital.
J’actionnai mon arme secrète, d’un mouvement léger et gracieux. Le gesticulant à l’approche des automobilistes, je fixais du regard le chauffeur, les yeux cernés de lassitude, le visage ceint d’une transpiration perceptible, la mine de celle d’un chien battu. Rien n’y faisait. La plupart me dépassaient sans l’ombre d’une miséricorde. Je les maudissais.
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Au bout d’une demi-heure, une petite voiture blanche s’interrompit à ma hauteur. A son bord, un jeune aux cheveux rasés consentit à me conduire jusqu’à Luxey. Augmentant parfois le son de l’autoradio, au rythme des percussions endiablées, il fut peu enclin à la discussion. Son goût à la vitesse se ressentait pleinement sur les lignes droites, écrasant la pédale de l’accélérateur comme on écrase un champignon d’un coup de talon.
Le paysage landais défilait en accéléré, les rares virages me donnaient le privilège de contempler autant des champs qu’une lignée d’habitations typiques.
Le garçon me déposa au centre de Luxey, sur la place principale. Pour mémoire, ce village accueille l’Ecomusée des Produits Résineux, témoin de l’âge d’or de la résine dans la seconde moitié du 19è siècle. Un détour vers la Maison d’Estupe Huc (« éteins le feu » en gascon) vous apprendra l’essentiel des procédés visant à lutter contre les incendies : véritable fléau du massif forestier aquitaine, soumis à rude épreuve et à l’imbécillité des inconscients.
Il est souvent ardu de savoir comment se tenir en maison d’hôtes. Bien que la formule « Vous êtes chez vous » reflète l’esprit de confraternité, des cas se présentent où cette notion est difficilement abordable. La maison d’hôtes à Luxey est ainsi : les propriétaires ont si l’habitude d’accueillir des pèlerins ou touristes que la gêne devant des inconnus leur ait étrangère. Au lieu-dit « Au jardin de Bernard », une maison contemporaine se dressait seule au bord de la route, en face d’un élevage de faisans.
La femme fut un vrai moulin à paroles, amorçant sur une idée et rebondissant subitement sur une autre, sans enchaînement. Après avoir vécu longtemps à Paris, dans sa prime jeunesse, elle et son mari ont acquis leur maison landaise quatre ans plus tôt. Aux yeux des villageois, ils sont encore considérés comme des étrangers. Les habitants des Landes ont la houleuse réputation d’être fermé, à l’image des forêts de pins qui ferment les routes des deux côtés de la chaussée. La femme me narra alors sa vie, celle des voisins et, bien entendu, l’histoire des Landes. Cette origine est relatée par l’Ecomusée de Marquèze, proche de Sabres, mon étape suivante.
Dès mon arrivée dans leur salon, en fin d’après-midi, la femme eut tendance à me retenir pour déjà commencer une vive discussion ; je l’arrêtai afin de visiter ma chambre et de déposer mes affaires. Pourtant, aussi communicative fut-elle, elle se rattrapa vite en m’invitant à me rafraîchir dans le salon, autour d’un verre de jus d’orange. Incapable de l’interrompre dans le flot de ses pensées, je l’écoutai en hochant parfois de la tête. Elle prit soin, également, de m’interroger sur mes aventures pédestres. A souligner qu’entre-temps, je n’avais eu l’occasion, ni de changer de vêtement, ni de me doucher. Se dégageait ainsi de moi un léger parfum de moiteur, couplé à celle de mes pieds enfermés encore dans mes grosses chaussures de randonnée. Je devais certainement représenter un triste tableau apocalyptique. Ici entra son mari, torse-nu, bermuda très court, sandales et un corps haletant la sueur extrême : il venait de passer l’après-midi dans le jardin, sous le soleil de plomb, cultivant son potager et perfectionnant sa basse-cour.
A l’inverse, lui est moins bavard mais tout aussi intéressant par sa façon de parler crûment. Quoi qu’il en soit, ils furent des hôtes sympathiques auprès de qui je recommanderais volontiers.
J’eus du mal à arrêter leur verbiage, quoi qu’intéressant, afin de me reposer dans l’attente du dîner.
Ce qui est fort appréciable avec les tables d’hôtes, c’est le menu provenant souvent du potager. Les légumes faits maison furent succulents dans leur préparation. La viande venait de la région d’origine de la femme, la Normandie. Le soir, nous passâmes dans le salon, pour visionner un vieux film où excellait Jean Gabin. La femme me prépara une infusion issue de plantes indoues.
Retour dans ma chambre. La nuit, les moustiques me prirent pour un sucre à sucer. La lecture d’un livre intitulé « Connaître les Landes » m’a enfoui dans l’histoire de ce territoire secret aux multiples facettes. Ainsi qu’à l’accoutumée, mes paupières s’alourdirent et le sommeil m’accapara à la vitesse d’une mouche me fuyant pour éviter de se faire massacrer.
Je suis un passionné de montagne. J’aime prendre de l’altitude, à l’instar de ceux qui prennent du recul.
Ma pratique du trek se compose en solitaire depuis de nombreuses années, en semi-autonomie sur plusieurs jours, souvent l’été, rarement l’hiver. Photographe passionné, j’apprécie de faire des reportage-photos pour exprimer la beauté des paysages, à califourchon sur les plus hauts cols. Aussi, je retranscris par écrit toutes mes aventures pédestres, avant de partager ces découvertes par le biais de mes sites dédiés au voyage.
Nul besoin de consulter un spécialiste en cas de déprime ou de crises d’angoisse, la randonnée en montagne est mon médicament naturel !
Mes sites à consulter pour continuer ensemble l’aventure :
* Photos de voyage
* Carnets de voyage
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* Handi-cv.com sur les sommets