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Interview de Robert Dompnier de l’agence Tirawa, spécialiste du Bhoutan

Le Bhoutan est le pays de l’Himalaya qui fait rêver le plus les voyageurs. Robert Dompnier s’y est rendu plus de 60 fois, d’abord comme simple visiteur, puis comme reporter-photographe et maintenant comme guide pour l’agence Tirawa qu’il a co-fondé en 1999. Il nous parle de son attachement pour le Bhoutan.

Comment a débuté votre histoire avec le Bhoutan ?

L’histoire a démarré il y a 27 ans. En réalité, depuis que j’étais petit, je rêvais d’Himalaya. J’ai d’abord commencé par visiter les pays faciles d’accès comme le Népal et le Ladakh au nord de l’Inde. Je suis ensuite allé au Tibet que j’ai adoré. Au milieu des années 80, j’ai ouvert des cartes pour savoir où je pouvais encore aller en Himalaya. Je tombe sur le Bhoutan, un pays grand comme la Suisse. On me disait « c’est un pays magnifique mais c’est très dur d’accès, c’est difficile d’y entrer et c’est très cher ». J’ai tenté ma chance avec quelques amis en avril 1987. Et là, je tombe à la renverse. Le Bhoutan correspondait à tout ce dont j’avais rêvé avec ses hautes montagnes enneigées, ses petits monastères accrochées aux falaises, ses moines en robe rouge… A la différence du Tibet, du Ladakh et du Népal, le Bhoutan avait parfaitement gardé ses traditions. Les femmes et les hommes portaient tous leurs vêtements traditionnels. Les monastères étaient plein de moines. Les festivals religieux étaient d’une splendeur sans égal. Les traditions artisanales étaient encore très vivantes. Un pays absolument unique et fascinant dans le monde d’aujourd’hui. Je suis immédiatement tombé amoureux du pays et depuis 27 ans, ça n’a pas changé.

Dzong de Timphu - © Robert Dompnier

Dzong de Timphu – © Robert Dompnier

Et combien de fois y êtes-vous allé ?

On compte surtout au début. Après, ça n’a plus d’importance mais plus de 60 fois je pense. Il faut dire que pendant quelques années, je travaillais comme reporter photographe pour le magazine de la compagnie aérienne Bhoutanaise Druk Air. Pendant 6 ou 7 ans, j’allais quatre fois par année au Bhoutan. J’ai ensuite fait une recherche personnelle sur les Brokpas, une minorité qui vit dans l’est du Bhoutan. Ils sont 3 000 ou 4 000 individus à vivre avec des coutumes et des traditions différentes. Cette région vient de s’ouvrir au tourisme depuis 2 ou 3 ans. Mais il y a 15 ans, Elle était totalement fermée aux étrangers pour des raisons stratégiques car elle est très proche des frontières de l’Inde et de la Chine. J’ai eu un permis spécial pour m’y rendre grâce aux relations que j’avais pu nouer en 15 ans de voyage dans le pays. Je suis actuellement entrain de terminer cette étude. Depuis 1999, je suis retourné au Bhoutan de nombreuses fois dans le cadre de voyages Tirawa.

Jiche Drake (6794 m) - © Robert Dompnier

Jiche Drake (6794 m) – © Robert Dompnier

A l’heure de la mondialisation, le Bhoutan perd-il ses traditions ?

Le Bhoutan est un pays exceptionnel dans le monde d’aujourd’hui. Pour autant, je n’ai jamais dit qu’il était un paradis. Le Bhoutan comme tous les pays de la planète fait face à des problèmes d’ordre politique, économique et sociaux. Il y a eu de gros changements depuis 15 ans. Le Bhoutan se trouve absorbé dans une mondialisation galopante. Finalement, de nouveaux problèmes ont émergé notamment chez les jeunes. L’éducation est obligatoire et gratuite au Bhoutan. Tout le monde va à l’école, filles comme garçons. Il y a environ 6 ans, l’Etat a embauché de nombreux jeunes diplômés parce que le pays était en plein développement mais aujourd’hui les postes sont pourvus et les jeunes sortent toujours diplômés des écoles mais sans pouvoir trouver d’emploi derrière. C’est un très gros problème au Bhoutan qui en entraîne d’autres : consommation d’alcool, de drogue et parfois suicide. Le gouvernement a changé en juillet 2013. La problématique de la jeunesse est devenue la priorité du nouveau Premier Ministre Tshering Tobgay.

Village de Thangza - © Robert Dompnier

Village de Thangza – © Robert Dompnier

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Ce constat concerne t-il tout le Bhoutan ou principalement la capitale ?

Il concerne essentiellement les villes comme Thimphou, la capitale. Le monde rurale n’est pas touché directement mais le problème c’est que les jeunes qui ont fait des études n’ont plus envie de rester à la campagne à labourer les champs et à traire les vaches. Du coup, il y a une forte migration vers les villes où ils se retrouvent sans emploi.

Equipe franco-bhoutanaise pour le projet d'escalade - © Robert Dompnier

Equipe franco-bhoutanaise pour le projet d'escalade – © Robert Dompnier

Le projet d’escalade que vous avez initié rentre t-il dans cette problématique de la jeunesse ?

Il y a une vingtaine d’années, l’escalade a démarré au Bhoutan. Il y a d’ailleurs un club à Thimphou et la majorité des grimpeurs ont entre 30 et 40 ans. Je les connais bien à force de venir dans le pays. Ils ont sollicité mon aide pour construire un mur d’escalade artificiel dans la capitale. Ils avaient déjà grimpé à droite et à gauche autour de Thimphou mais ne disposaient pas d’un mur pour s’entraîner et n’avaient pas les moyens pour s’en faire un. Le gouvernement a pris connaissance de ce projet qui était au départ celui d’un club et s’est dit que si le Bhoutan avait une offre dans le domaine des arts et des sports, ça pourrait participer au mieux-être des jeunes même si ça ne règle pas le problème du chômage. Le projet a été soutenu par le Premier Ministre Tshering Tobgay qui fait beaucoup de course à pied, vélo et VTT. Il y a dans les valeurs du sport et de l’escalade en particulier des valeurs d’abnégation qui lui ont plus. Le projet de mur d’escalade a alors pris une nouvelle envergure. Mes amis bhoutanais du club d’escalade sont revenus vers moi en novembre 2013 pour me dire qu’ils avaient le soutien du gouvernement et du Premier Ministre en me demandant « Comment tu peux nous aider ? ». Il n’y avait plus à tergiverser. J’ai immédiatement envoyé un email à deux amis : Robert Berger Sabattel, le patron de la société Prisme qui fabrique des structures pour les sports verticaux comme les parcours aventure et de via ferrata. Je lui ai dit qu’il fallait y aller. Prisme pour la partie technique et Christophe Dumarest, grimpeur français professionnel comme ambassadeur. Avec Christophe et deux personnes de la société Prisme, nous sommes allés tous les quatre au Bhoutan en février 2014. Comme il s’agissait d’un projet soutenu par le gouvernement, nous avons été invités comme experts pour réaliser une évaluation. A 30 minutes de Thimphou, nous sommes allés sur le site des falaises de Wangsisina pour grimper à droite et à gauche. Nous avons observé tous les rochers pour étudier les possibilités d’escalade. Sur cette immense zone de 2 km de long, un lieu assez facile d’accès a été identifié. Il suffit de construire un pont suspendu au dessus de la rivière et de faire un chemin qui arrive au pied des falaises pour s’y rendre mais ça les Bhoutanais, ils savent le faire sans aucun problème. Ce coin est parfait pour le projet car il offre à la fois des voies simples pour les écoles d’escalade, les débutants et les enfants, et à côté il y a également des voies très difficiles de plus de 100 mètres qui s’adressent aux très bons grimpeurs.

Parallèlement, nous sommes aussi allés à Thimphou où il y a un lieu dans la ville même où l’on peut faire un peu de grimpe et puis nous avons évoqué l’idée de construire dans un lieu qui s’appelle « Youth center » un mur d’escalade artificiel. Le rapport de ce voyage d’évaluation est en cours et sera remis au gouvernement bhoutanais en mai. C’est le point de départ du projet. Si le gouvernement bhoutanais donne son accord sur le projet, on espère pouvoir retourner au Bhoutan pendant l’automne 2014 pour équiper les voies et construire le mur artificiel.

 

Escalade au Bhoutan - © Robert Dompnier

© Robert Dompnier

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