Pour commencer, qui êtes vous réellement (âge, professions, passions)?
Nous sommes un jeune couple de Montpelliérains qui s’est engagé dans une traversée de l’Europe en marchant et rien qu’en marchant. Julia, 30 ans, est juriste et a soutenu sa thèse 4 jours avant de prendre la route! Mathieu, 29 ans, est consultant en politiques publiques et programmes européens.
Julia aime la danse swing des années 30, les dîners entre amis et les grasses matinées. Mathieu aime nager, faire la cuisine et jouer aux échecs.
Mais ça c’était avant, aujourd’hui on marche, demain on ne sait pas…
Nous étions tous deux des marcheurs occasionnels, comme beaucoup de gens qui partent quelques jours sur les sentiers du littoral, de Compostelle ou dans les Pyrénées, mais pas plus.
Quelles ont été vos motivations pour partir (pourquoi un tel périple à pied et dans quel cadre s’inscrit ce voyage)?
Les gens nous demandent souvent comment nous est venue cette idée saugrenue de ne voyager qu’à pied. En fait, nous aimons le fait de voyager lentement, d’être notre propre moyen de locomotion, de savoir que pour avancer il nous suffit de mettre un pied devant l’autre, avec pour tout carburant un bon litre d’eau !
Nous aimons l’idée que de tels projets ne naissent pas forcément dans la tête de grands aventuriers, mais peuvent aussi germer dans l’esprit de “monsieur et madame tout le monde ”!
Le choix de l’Europe comme itinéraire s’est imposé naturellement car nous baignions dedans depuis quelques années du fait de nos activités respectives. Enfin, surtout dans ses règlements et ses directives. Nous avions envie de sortir des livres, des textes… la théorie c’est bien mais la pratique c’est mieux !
Le vieux continent est devenu si immédiatement accessible qu’il cesse parfois d’émerveiller. Pourtant, il y a de nombreuses choses à découvrir ou à redécouvrir, pour peu que l’on se donne la peine d’y voyager autrement. Nous cherchons à témoigner d’une Europe du quotidien, au delà des méandres de la politique de l’Union.
Notre projet est soutenu par l’Union européenne via le programme jeunesse en action et la ville de Montpellier. Les enfants de l’école de Cherveux suivent également notre aventure, qui est mobilisée comme vecteur d’apprentissage sur l’Europe et d’initiation aux usages numériques.
Pourquoi avoir choisi cet itinéraire entre Lisbonne et Tallinn ?
L’idée de l’itinéraire était de rallier les deux capitales de l’Union Européenne les plus éloignées et de former ainsi une « grande diagonale » de 7000 km de TALLINN à LISBONNE. Le parcours et nous amène à sillonner 12 pays, des confins orientaux du continent, jusqu’aux rives de l’Atlantique.
Il y a aussi dans cet itinéraire quelques jolis morceaux de montagne puisque nous ne traversons trois massifs majeurs : les Carpates, les Alpes et les Pyrénées. Nous avons traversé le premier sous un grand ciel bleu avec quelques marmottes qui prenaient la pause et le second en raquettes, foulant une neige immaculée.
A mi-chemin de votre périple, que ressort-il, à quelles difficultés avez-vous dû faire face (kilomètres, fatigue, éloignement, isolement)?
Globalement, nous nous trouvons en très bonne forme. Souvent même les gens que nous croisons sur la route doutent un peu de la réalité de notre projet et nous disent: “vous vraiment avez bonne mine, on ne dirait pas que vous venez d’aussi loin”
Après, il est évident que 7 mois d’itinérance complète sont éprouvants. Il y a forcément des petites douleurs, au dos, aux articulations, aux pieds et il faut apprendre à vivre avec. Mais davantage que le physique, qui tient globalement bien, c’est sur le plan psychologique que l’aventure est exigeante. Il faut refaire son sac chaque jour, aller à la rencontre de nouvelles personnes, organiser sa route, raconter la même histoire presque tous les soirs.
La rigueur dans l’organisation quotidienne est essentielle pour tenir la distance…
Nous avons voulu adopter un mode de voyage qui nous permette d’aller au maximum au contact des gens du coin, que ce soit via le Couchsurfing ou le hasard des rencontres. Par conséquent nous ne dormons que très rarement à l’hôtel, et plutôt que d’isolement, c’est plutôt de sur-sollicitation dont nous souffrons parfois! Lorsque des gens nous accueillent à bras ouvert et nous réservent une hospitalité chaleureuse, il faut parfois se faire un peu violence pour reprendre la route le lendemain matin!
Aujourd’hui avec l’expérience de ces 3500 premiers kilomètres dans les jambes, vous organisez-vous différemment dans votre marche (organisation du sac, haltes, étapes, repos)?
Rien n’a fondamentalement changé dans notre organisation depuis le départ, si ce n’est des petits ajustements en fonction du terrain et de la saison.
Par exemple, pour la traversée de Alpes, nous avons dû nous équiper de raquettes et de bâtons. Pour les vêtements, nous avons juste ajouté une épaisseur pour l’hiver, suivant le principe de l’oignon (multicouche): un collant et une doudoune en plume. Inversement, on porte moins d’eau qu’en été. Donc l’un dans l’autre, le volume du sac est stable.
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Plus généralement, nous avons évidemment gagné en endurance et nous avons tendance à couvrir des distances plus importantes et faire des journées plus denses. Cela nous permet de nous ménager occasionnellement des plages où nous arrêtons de marcher quelques jours.
Quel type de matériel utilisez-vous ( marque du sac, contenance du sac, type de chaussures, pantalons, vestes, tentes) ?
Notre liste de matériel est publiée sur notre site( www.europedespetitspas.com/le-projet/materiel/) . Difficile d’en faire ici un tour complet, du coup nous pointons uniquement les principaux éléments.
Notre SAC A DOS: Sur les conseils des comparatifs i-trekkings, nous avons choisi des sacs Deuter ACT’LITE 50+10. Nous en sommes vraiment ravis, il sont vraiment légers, confortables, pratiques et d’une robustesse bluffante: ils sont encore comme neufs après plus de sept mois de rude mise à l’épreuve. 50 litres sont la contenance parfaite pour nous. la rehausse permet d’absorber un petit surplus, lorsque nous devons avoir quelques jours d’autonomie pour les vivres.
LA TENTE: MSR Bubba Bubba HP. Nous en sommes contents, rien à redire, mais cela reste un produit un peu cher de notre point de vue.
LE MATELAS. THERMAREST NEO-AIR regular. Très confortable, résistant, léger…. Une fois que l’on a testé ce type de matelas, je crois qu’ il est impossible de revenir aux mousses ou aux auto-gonflants !
LA PROTECTION DE LA PLUIE. Nous avions des vestes gore-tex (Millet). Nous en sommes assez déçus. Au bout de quelques semaines, elles ont perdu leur déperlance sous l’effet des frottements. Au final, la seule protection efficace et durable contre la pluie que nous ayons trouvé, c’est le parapluie!
LA POPOTE. Nous avons opté pour le gaz, avec une popote en titane (snowpeak trek 1,4L) et un réchaud MSR superfly. Nous en sommes contents, même si c’est parfois un peu compliqué de trouver les recharges dans certaines zones.
LES CHAUSSURES. Nous en avons écumé quelques paires, certaines nous ont donné satisfaction (MERRELL beatle femme, SALOMON exit Peak Homme) , d’autres non (MERRELL chamelon Homme). Globalement nous choisissons des chaussures de type mid, plutôt souples. Une paire nous dure environ 3000 km.
Au vu de ce voyage qu’est ce qui vous marque le plus? (rencontres, partage, nouvelle approche de la marche)
Il est encore difficile pour nous de répondre à cette question car nous sommes encore dans le temps du voyage (il nous reste encore 2500 km) et nous n’avons pas forcément encore tout le recul nécessaire. La première chose, c’est l’incroyable sentiment de liberté que procure l’expérience de la marche au long cours. Ensuite même si l’on croise des paysages sublimes, ce sont les rencontres qui marquent le plus profondément.
Chaque journée est un peu comme une pochette surprise, on ne sait jamais à quoi s’attendre. On traverse évidemment des petits galères par moment, mais c’est justement dans ce type de circonstances que surgissent des rencontres improbables. Ce sont celles-ci qui laissent les plus forts souvenirs et qui font qu’il n’y a pas de lassitude du voyage.
Après, contrairement à ce dont certains voyageurs témoignent, nous n’avons pas forcément l’impression que cette aventure nous ait profondément métamorphosés. Nous sommes restés les mêmes, peut être un plus heureux, un peu plus confiants en nous-même et aussi un peu plus sages, Nous avons retrouvé le goût des choses simples de la vie: prendre un bonne douche et manger une soupe après une journée sous la pluie!
A qui conseillerez-vous une telle expérience?
A tout le monde! Il n’y a pas d’age pour la marche et c’est aussi un mode de voyage qui présente l’avantage d’être économique. Bernard Ollivier a entamé une longue marche sur la route de la soie à 60 ans passés.
Il raconte lui-même que les endorphines que l’on sécrète sont un puissant remède aux petites douleurs. On devient même un peu euphorique au fil du temps, presque accros au sac à dos!
La marche est une expérience positive, qui permet de s’affirmer et de prendre confiance en soi. Il y a d’ailleurs une association, le Seuil, qui utilise la marche au long cours comme moyen pour des jeunes avec une expérience de délinquance à “reprendre pied” dans la vie.
La marche permet aussi de “lever le pied”, pour tout ceux qui vivent une vie un peu stressante et souhaitent se donner le temps de la réflexion. Il n’y a qu’à voir l’engouement actuel pour les chemins de Compostelle.
3 conseils aux futurs marcheurs qui voudraient entreprendre un tel périple?
- Le premier conseil serait “osez”. Le plus dur finalement, c’est de .partir. L’écrivain Paul Morand disait que “s’en aller, c’est gagner son procès contre l’habitude”. Il faut triompher de ses peurs et accepter de larguer les amarres. Mais après on ne regrette pas….
- Le second conseil serait : allégez au maximum votre sac. Il sera toujours temps, si quelque chose vous manque, de l’acheter en cours de route. Et vous verrez, c’est sera surement l’inverse, vous renverrez des choses superflues chez vous.
- Le troisième conseil serait : prenez les jours les uns après les autres. Lorsque l’on entame un voyage de plusieurs milliers de kilomètres à pied, les premiers temps peuvent être difficiles et démotivants. C’est là que l’on mesure vraiment le caractère vertigineux de la distance. Il faut prendre chaque étape au jour le jour, se dire qu’on part chaque matin pour une ballade. C’est le secret pour une marche au long cours!
Plus d’informations sur www.europedespetitspas.com
Passionné de hauts sommets, de paysages de montagnes, de grands espaces, la randonnée est pour moi le meilleur moyen de s’évader.
La description du flaneur chère à M. Kundera semble véritablement me coller à la peau.