Secret Planet réduit ses émissions carbone

Le changement climatique est désormais une réalité scientifique admise. Ses conséquences délétères sur le vivant sont devant nos yeux et plongent une grande partie de la population dans l'éco-anxiété face à des systèmes politiques et économiques qui peinent à engager une véritable transition. Bien que le voyage de découverte ne constitue qu'une part infime des émissions globales, l’urgence écologique et climatique rend inéluctable, pour chacun, de prendre sa part dès maintenant.

Et en la matière, Secret Planet, tour opérateur lyonnais – bien connu des passionnés d'outdoor au travers de ses marques Tamera (trekking), Unghalak (kayak et canoë) et Expédition Unlimited (Alpinisme et Arctique) – vient de lancer un énorme pavé dans la mare. Secret Planet a, en effet, pris formellement l'engagement de réduire son empreinte carbone de 5 % par an, dans la trajectoire des accords de Paris. Cela revient à réduire ses émissions totales de 37 % en 2030 par rapport à 2019. Pour bien comprendre la portée de cette annonce, il faut souligner la différence entre un engagement de réduction et celui de compensation.

Réduction des émissions vs Compensation

Si le concept de réduction est assez clair, celui de compensation est parfois plus opaque. Il consiste, pour l'essentiel dans le financement, dans les pays en développement, de solutions énergétiques bas carbone (solaire, éolien, biomasse, …) ainsi que dans la reforestation. Ce sont des actions importantes mais qui ne satisfont en aucun cas l'urgence de réduction nette des émissions que soulignent les scientifiques du GIEC. La plupart des agences se bornent au financement de ce type de mesures de “compensation”. Mais pour Éric Bonnem, directeur de Secret Planet, “les remèdes à base de compensation ne représentent qu'un leurre qui vise à nous donner bonne conscience.” Il confesse que Secret Planet a connu une croissance d’activité de près de 25 % par an entre 2015 et 2019. “Faire le constat que cette réussite économique, avait pour bilan des émissions carbone annuelles passant de 1810 à 3430 tonnes de C02 … a été un électrochoc”.

Les remèdes à base de compensation ne représentent qu'un leurre qui vise à nous donner bonne conscience (Eric Bonnem)

L'agence lyonnaise a, dès 2018, été pionnière dans la sensibilisation de ses clients à l’empreinte carbone des voyages et leur a proposé de financer des actions de réduction des plastiques (importante source de gaz à effets de serre) et de reforestation portées par deux ONG. Des actions qu'elle s'est refusée de nommer “compensation”, par honnêteté intellectuelle. Aujourd'hui, Secret Planet a décidé de prendre un engagement de réduction. Il s'inscrit dans la trajectoire des accords de Paris qui visent à contenir l'augmentation de la température moyenne de la planète en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, et de préférence de limiter l'augmentation à 1,5 °C, en reconnaissant que cela réduirait considérablement les impacts du changement climatique. Pour Secret Planet cela signifie, en 2030, de ne pas émettre plus de 2 160 tonnes de carbone, soit une réduction de 37 % par rapport à 2019. D’ici là, chaque année, dès que l’empreinte carbone budget sera atteinte, le voyagiste d’aventure cessera de prendre toute réservation. Ainsi, son « budget carbone » maximum pour 2022 est de 3 260 tonnes. Pour 2023, ce budget sera réduit à 3 100 tonnes. Et ainsi de suite jusqu'en 2030.

Mais avec plus de 85 % des émissions de nos voyages liés au vol international, les marges sont maigres. Éric Bonnem précise la stratégie de Secret Planet : “Bien sûr, nous privilégierons les vols directs et des propositions alternatives de transport international. Nos équipes peaufineront les programmes pour les rendre plus sobres en carbone. Mais cela signifie surtout privilégier un autre modèle de voyage. Ne pas prendre l'avion pour des séjours courts, qui n'offrent qu'une expérience tronquée, des opportunités de découverte et de rencontre trop faibles. Mais au contraire accentuer encore les longues immersions, les trekkings en grandes traversées, construire des approches novatrices qui donnent le temps au temps. En un mot, toujours donner plus de sens encore à notre métier. En 2019, la durée moyenne de nos voyages qui sont partis atteignait 18 jours. En 2021, cette moyenne était de 20 jours. Partir plus longtemps et moins souvent, notre crédo depuis toujours. Proposer des expériences moins fréquentes sans doute, mais plus riches, riches de rencontres avec les peuples traditionnels, de découvertes et d'exploration des environnements polaires ou d'altitude, d'observation de la biodiversité. Concrètement, cela signifie que dans notre offre de plus de 400 programmes, nous ne proposons plus de voyages de durées inférieures à 14 jours si on ne trouve pas un moyen de transport hors avion (train, bus, etc.), […].”

La démarche du tour opérateur lyonnais est indéniablement en rupture avec les pratiques de la profession. Mais on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec celui de l’aéroport d'Amsterdam-Schiphol, l’un des plus fréquentés d’Europe, qui vient d'annoncer un engagement de baisse de trafic de 12 % par rapport à 2019. Et voir là, sans doute, le début d'une nouvelle ère pour le voyage d'aventure.

Pour en savoir plus sur les engagements de Secret Planet sur le tourisme durable, suivez ce lien.