15 jours de randonnée en solitaire dans le Vercors

15 jours de randonnée en solitaire dans le Vercors de Grenoble à Pont en Royans en passant par le nord et ses forêts, le plateau d'Ambel et Fond d'Urle, le lumineux sud Diois et la traversée des hauts plateaux. Un trek physique, sauvage et époustouflant.

Focus Rando :15 jours de randonnée en solitaire dans le Vercors
15 jours 3
Randonnée Ligne Refuge
Forêt et Montagne Juin, Juillet, Août, et Septembre

randonnée en solitaire dans le Vercors

Grenoble – Saint-Nizier du Moucherotte

Arrivée par le train en fin de matinée à Grenoble. 15 km env. jusqu’à Saint Nizier du Moucherotte. Sac : 16 kg env. pas réussi à faire moins. Campement ferme de Rony.
Forte chaleur. Mettre les jambes en route. Faire comprendre au dos et aux épaules que ce n’est que le début.

Saint-Nizier du Moucherotte – refuge de Gève

Je prends la direction du Nord Vercors en suivant une partie du GR9. Après quelques prairies, je longe la crête jusqu’à la Buffe. Magnifique panorama. Paysage forestier. Epineux. Impression d’être enveloppé par de grands arbres sombres. Vers 15h, la météo change : vent et grosse pluie viennent fouetter la peau. Au niveau du Pas de la Clé, je m’enfonce en forêt de Gève et atteint un refuge. Surprise, c’est un refuge payant en demi-pension. Trempé comme une loutre, je m’offre un petit luxe.

randonnée en solitaire dans le Vercors

Refuge de Gève – Serre de Satre

Je pars avec la brume dans les pieds jusqu’au Bec de l’Orient puis descend vers l’ouest. Marron et vert forêt m’accompagnent. Le cerveau mouline et traine le corps. Bonne montée Pas de Pertuson. Arrêt à Rencurel pour un café et à nouveau grosse montée jusqu’au Serre de Satre. Je passe la nuit là, dans une cabane à la Evil Dead.
Quelques raideurs genoux/dos/nuque.

Serre de Satre – Pont en Royans

Matinée dans la forêt des Coulmes. Je visite la Goulandière avec son abri, beaucoup plus sympa que celui du Serre de Satre et j’arrive au bord des gorges de la Bourne. Je me pose face au belvédère du Ranc et lis un chapitre de « Au commencement était l’homme » de Pascal Picq. En début d’après-midi, je prends le temps de visiter la grotte de Choranche. Sensation d’aller dans le ventre du Vercors. La montagne comme une peau que je parcours dedans/dehors. Arrivée à Pont en Royans en milieu d’après-midi. Je me pose au bord de la Bourne, face aux maisons suspendues en attendant ma pote Naty qui habite le bourg de Pont en Royans.

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Repos à Pont en Royans

Journée de pause à Pont en Royans. Diverses rencontres et visite des ruines des trois châteaux. Je revois mon itinéraire et décide de le changer en écoutant divers avis. Je me ravitaille pour 4 jours. Hâte de me remettre en marche me sentant plutôt en forme.

Pont en Royans – Bouvante le Bas

Je me dirige vers Bouvante le bas (maillet), en suivant en partie le GR9. Je décide de ne pas prendre la variante du Pas du Pas, réputée très ardue et je le regrette car hormis deux descentes assez raides, sous bois, en matinée et en fin d’après-midi, la marche fut épuisante et peu intéressante, alternant forêt et route. Le soir, une famille aux tendances anarchistes m’accueille. Très belle rencontre. Belles personnes. Précieux lien humain qui pose de la joie.

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Bouvante le Bas – Plateau d’Ambel

J’emprunte des petits chemins, y compris un hors piste dans les ronces pour arriver vers midi sur le plateau d’Ambel. Je suis saisi par un paysage à la végétation rase, jaune sec, sculpté par le vent. Je déjeune et rempli mes gourdes (2,5 l. au total) à la ferme d’Ambel. Il faut être vigilant avec l’eau car le Vercors étant karstique, offre peu de fontaines. Je fais une boucle en bord de crête sur le plateau d’Ambel en passant par la Tête de la Dame avant d’arriver au spacieux refuge du Tubanet. Le mot qui me venait constamment à l’esprit lors de cette marche sur le plateau d’Ambel, c’est « sauvage ». Le vent soufflait si fort que j’avais du mal à m’arrêter pour contempler les splendides vues sur le massif. Magnifique et désolé/aride et accueillant : mon propre relief interne, organique.

Plateau d’Ambel – refuge de Vassieux

Je marche vers le Font d’Urle le long de la falaise, vent dans les oreilles. Les vents sont tapis, flèches, gueules ouvertes, tours et poussées. Au pas de l’Infernet, je m’arrête et le vent me pousse dans le vide. Je mets mon corps en contre et je repars. A la porte d’Urle, je ne peux m’empêcher de hurler. Cri sans son.
Je pense à « La horde du contrevent » d’Alain Damasio et je me perds sur le plateau d’Urle parmi des hordes de chevaux. Je déjeune face à un paysage dément. Formation rocheuse comme un désert en plein ciel. La beauté immobile du chaos. Rêve aux arêtes tranchées. Je retrouve mon chemin sans véritable souci. Puis, visite au musée de la préhistoire à Vassieux (ravitaillement eau) et nuit au refuge de Vassieux, tout petit. Ai toujours été seul, jusqu’à présent, dans les refuges.

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Refuge de Vassieux – Die

Descente jusqu’à Die. Peu de difficultés. Le paysage change : sableux, calcaire. Lumière et chaleur s’immiscent doucement.
Très belle journée à Die où je savoure les petits instants de civilisation : un café en terrasse, la caissière du magasin bio, pupilles de travers, bon restau le soir (café des lys).
La nuit, près de ma tente, je regarde longuement le ciel étoilé, nappe que je peux toucher du doigt.

Die – Chatillon

Beaucoup de dénivelé pour cette journée reliant Die à Chatillon en diois. J’ai rallongé mon parcours pour passer par l’abbaye de Valcroissant, lieu paisible et isolé. Je caresse le glandasse en le longeant. En début d’après-midi, je peine un peu sur la 3eme grande montée de la journée, en sous-bois. Chatillon est une jolie petite ville aux viols (rues) très typés. Je profite d’une bière au café de la mairie jouxtant un bel arbre qui offre de l’ombre, en écoutant une vieille dame à côté de moi parler de chatillon avant et aujourd’hui.

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Chatillon – cabanes de Chatillon

Préparatifs pour la traversée des hauts plateaux : ravitaillement (le sac atteint plus de 18km !), prévisions météorologiques (des orages sont annoncés), niveau des fontaines et brasses dans la piscine du camping municipal pour ramollir les muscles. Je pars en début d’après-midi sous une forte chaleur. Pour atteindre les cabanes de chatillons sur le plateau, il faut grimper 1200 m de dénivelé positif environ, sur 7 km. J’y arrive en 2h30 sans problèmes, je tiens une forme du tonnerre. Le paysage, aux cabanes, est saisissant : vue sur le cirque d’Archiane et les Alpes. Il y a 8 randonneurs avec moi, ça change ! Le soir, je reste longtemps dehors à regarder le ciel s’obscurcir. Les nuages s’étiraient en de longs filets noirs, orange et roses. La lune était éclatante.

Cabane de Chatillon – cabane de Pré-Peyret

La météo s’annonçant houleuse, je modifie mon parcours. J’opte pour une version moins risquée en empruntant le GR91 jusqu’au Prey-perret. J’avais prévu initialement d’aller jusqu’au Pas de l’aiguille en passant par la plaine de la gache puis de rejoindre le Grand Veymont en coupant par Peyre-rouge. Les nuages menacent toute la matinée et déclenchent leur colère pluvieuse en début d’après-midi, mais je suis arrivé. J’ai donc, bien fait de modifier le parcours. Toute la matinée, nous nous suivons avec 2 autres randonneurs, dans une nature pleine de souffle, rocaille, herbes folles. La sensation du temps est différente. Raccord plein entre l’environnement et moi.
A un moment, nous pouvons voir à 10m de nous, un envol de vautours fauve que nous avons dérangé en plein repas. C’est comme voir une peinture qui gonfle l’âme.

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Cabane de Pré-Peyret – cabane de l’Aiguillette

Je profite d’une accalmie en milieu de matinée pour rejoindre le pied du Grand Veymont. J’ai prévu une courte distance car je sais que tempête et orages vont se manifester. A mi-parcours, la pluie se met à tomber. L’orage approche. Je suis sur un bord de crête et vois la cabane en contrebas. J’arrive pile poil. Hélas, une fois descendu, je ne trouve plus la cabane et je me prends l’orage de plein fouet. Je peste, je tourne en rond et décide de remonter sur la crête, le danger au creux des nerfs. Je la distingue à nouveau : elle était adossée à une paroi rocheuse, invisible d’en bas avec la pluie et le vent et les éclairs furieux. La cabane de l’aiguillette est minuscule, sans poêle. Je suis trempé jusqu’à l’os. Je reste là, bloqué pendant 24h, le temps que les éléments déchainés se calment. Tout nécessite une fine gestion : eau, nourriture, distance, poids, habits. Il doit faire environ 3 ou 4 degrés dans la cabane mais je garde un bon souvenir de ce moment.

Cabane de l’Aiguillette – La Jasse du Play

Le matin, je dois attendre que la brume opaque qui recouvre tout, se dissipe avant de me remettre en route.
Ascension du Grand Veymont : vue sur les Ecrins et le Mont Blanc. Je redescends et emprunte un chemin par le balcon est, superbe, parfois en vire. Je grimpe le pas de Berriever, très très raide parmi les bouquetins. Une superbe lumière peint la roche, les animaux entrain de se cogner les bois et moi-même. L’instant est magique : encore aujourd’hui, en me le rappelant, il m’emplit de joie et de plénitude. Plus loin, je pose quelques cailloux à la mémoire des résistants tombés. J’arrive à la Jasse du Play en fin de journée. Il y a beaucoup de randonneurs à cet endroit. Il fait frais et beau.

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La Jasse du Play – Pont en Royans

Je pars tôt en suivant le GR 91 jusqu’aux pelouses de Darbounouze où je profite du soleil en lisant un peu. Ensuite, je quitte le GR pour aller vers Saint Martin en Vercors. En chemin, j’explore la première salle de la caverne de l’ours. Je ne suis pas équipé pour passer la première chatière. J’arrive à Saint Martin vers 15h et décide de poursuivre jusqu’à Pont-en-Royans en passant par le pas de l’allier. Il y a de magnifiques sentiers avec de jolies vires. Cette dernière journée représente ma plus longue marche et signe la fin de l’aventure. Je suis plein d’énergie. Le Vercors est un dragon sauvage, bestial mais qui procure beauté et souffle de vie.

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