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Hornstrandir : rando wilderness dans les fjords oubliés de l’Islande

La péninsule d’Hornstrandir au nord-ouest de l’Islande est le paradis des randonneurs. Le wilderness prend ici tout son sens : pas de route ni de ville et des fjords à couper le souffle.


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Focus Rando :Hornstrandir : rando wilderness dans les fjords oubliés de l’Islande
2 jours +808 m/-808 m 25,7 km 3
Randonnée Boucle Bivouac
Islande Avion et Bateau
Littoral et Montagne Juin, Juillet, et Août

11h30. Nous arrivons à Ísafjörður depuis Hólmavík où nous avons fait étape la veille dans notre roadtrip autour de l’Islande. Ísafjörður est la ville la plus peuplée du nord-ouest de l’Islande avec 2 600 habitants environ. Nous n’y venons pas pour la pêche qui reste encore la première industrie de la ville mais pour l’Hornstrandir, ce petit bout de terre sauvage qui fait face à la ville. Imaginez un peu, un territoire sans ville et sans route, accessible uniquement par bateau. Le pied pour un trek en Islande. C’est là que nous allons.

Borea boat dans le port d'Ísafjörður

Nous passons chercher les billets du bateau qui vont nous permettre de rejoindre la péninsule d’Hornstrandir. Une fois fait, nous prévenons le ranger de la réserve naturelle de notre itinéraire. Il nous rappelle les règles strictes concernant l'aire protégé à cette période ainsi que les consignes de sécurité. Tout est bien résumé sur cette page en anglais. J'ai remanié l'itinéraire hier à la baisse compte-tenu de la neige encore très présente. Je ne le savais pas encore mais celui-ci allait encore changer.

Nous laissons des bagages à l’hôtel. On nous informe pendant que nous cassons la croûte que les conditions de neige sont tout à fait exceptionnelles pour la période. Pour le moment, personne n’a pu réaliser l’itinéraire que nous avons prévu car les cols, même s’ils ne sont pas très hauts, sont recouverts de congères verticales et les risque d’avalanche sont bien réels. Nous sommes le 8 juin.

2 jours de trek au lieu de 5

Le trek que j’avais prévu initialement devait se réaliser sur 5 jours avec un départ de Hesteyri pour une arrivée dans le fjord de Veiðileysufjörður. Mais le climat est resté bloqué sur l’hiver en ce 8 juin. Les cols du nord de la péninsule de Hornstrandir sont dangereux à passer et nécessitaient cordes, crampons et piolets car des congères s’étaient formées.

Du coup, sur place, je pense à une option B : marcher deux jours au départ de Hesteyri (ce trek), puis prendre le bateau navette de Hesteyri pour le fjord de Veiðileysufjörður et faire un aller-retour vers la falaise d’Hornbjarg peuplée d’oiseaux marins et paraît-il de renards polaires. Nous n’avons pas pu réaliser la deuxième partie du plan B car le bateau qui pouvait nous y emmener a cassé son moteur le jour où on devait le prendre. La poisse !

Trek Hornstrandir

Ces deux jours de trek dans la péninsule de Hornstrandir m’ont vraiment plus pour le côté wilderness de la randonnée. Il va falloir que je me reprogramme un vrai trek par là et assez vite !

Trek Hornstrandir

La vidéo du trek

En route pour Hesteyri

14h00. Le bateau quitte le port d’Ísafjörður. C’est une petite embarcation d’une dizaine de passagers. La traversée secoue mais le pilote conduit son engin comme un métronome. Pendant ce temps là, nous cogitons pas mal sur notre itinéraire. Nous finissons par nous mettre d’accord et dire que nous aviserons sur place. Environ 1 heure plus tard, nous débarquons à Hesteyri, un village fantôme quasi abandonné composé de quelques maisons pour la plupart inhabitées. Peut-être que lors des beaux jours, les propriétaires reviennent sur les lieux de leur enfance. L’impression de bout du monde est ici à son paroxysme. Rejoindre la plage est déjà toute une aventure. Le pont s'est cassé par les dernières tempêtes et la mer est agitée. Le ton est donné.

Sterne arctique

Hrólfur, le propriétaire du petit café, nous demande notre itinéraire. Je lui montre sur la carte notre projet.

— Pour aujourd’hui, ça passera mais pour le reste de l’itinéraire, les cols seront très difficiles et très dangereux à passer.

— À ce point-là ?

— Oui. Ayez bien en tête qu’ici il n’y a aucun réseau téléphonique, rien pour appeler des secours. Ne prenez aucun risque, marchez en tête sécurité.

Le départ à la sortie d'Hesteyri

C’est sur ce nouveau message d’avertissement que nous démarrons le trek. Et puisque la première étape semble réalisable, nous ne la modifions pas. Direction Látravík.

Hesteyri – Látravík

+ 285 m / – 275 m 8,5 km Cabane

Nous quittons Hesteyri et ses quelques maisons. Aucun des passagers du bateau ne prend notre direction. Un couple longe la plage, et les quatre vidéastes animaliers français restent à Hesteyri pour quelques jours. Nous voilà seul au monde, into the wild.

A la sortie d'Hesteyri

1ers névés

Dès que nous prenons de l’altitude, nous traversons nos premiers névés. Et cela dès 125 mètres au niveau du niveau de la mer. Ça promet !

Le chemin, recouvert par la neige en très grande partie, passe entre les sommets Kagrafell (507 m) et Búrfell (498 m) en longeant la rivière Heysterara au début. Il est assez rectiligne. L’itinéraire est assez évident, même sans balise. Au pire en cas de brouillard, nous avons le GPS en plus de la carte.

Au passage du col sans nom, nous manquons de décoller. Le vent est en furie. Bien que nous ayons fini notre ascension, la partie la plus rude reste à venir. Tout le plateau n’est qu’un énorme névé sans relief. Le vent nous fait face. Il faut batailler pour avancer. Nous suivons d’énormes cairns pour nous orienter. Il se met à pleuvoir. Le vent redouble et nous fouette latéralement. Nous peinons de plus en plus à avancer et à garder notre équilibre. Les bâtons sont d’un précieux soutien.

Les névés ne tardent pas à arriver

La cabane providentielle

La baie de Látravík est en vue. Je pense de plus en plus à notre bivouac. Où allons-nous poser la tente ? Et arriverons-nous même à la planter avec cette tempête ? Nous descendons dans l’herbe détrempée. Il nous reste un bras de rivière à traverser pour rejoindre la plage. Nous slalomons entre les nombreux ruisseaux éphémères formés avec la fonte de la neige. Plusieurs fois, nous nous enfonçons les pieds dans des mares de boue jusqu’à hauteur des chevilles. Quelle galère ! Face à la rivière, nous évaluons la traversée. Une vingtaine de mètres. Seul problème. Le niveau d’eau semble très élevé. Sans doute au dessus des hanches. Nous décidons de ne pas traverser dans la tempête. Nous commençons à avoir froid. Il serait stupide de tenter une traversée. Nous cherchons donc de ce côté-ci de la rivière un emplacement pour la tente. La moindre zone d’herbe est complètement imbibée d’eau. Nous voyons la cabane de Stakkadalur.

Sur le plateau, nous suivons les cairns

Nous y allons avec l’idée de planter la tente autour. Vue de l’extérieur, la cabane semble en très bon état. Personne à l’intérieur. A notre étonnement, elle est ouverte. Nous y entrons pour nous abriter et attendre que la pluie et/ou le vent cessent. Puis devant tant de confort et comme la météo ne s’améliore pas après deux heures passées à l’intérieur, nous décidons d’y rester pour la nuit. Même s’il ne fait que 10°C à l’intérieur, nous serons mieux que dehors.

La vue depuis la cabane de Stakkadalur
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On finit par déballer les sacs à dos, à préparer le couchage et à sortir les plats lyophilisés pour prendre le repas. Nous ne tardons pas à nous coucher.

Látravík – Hesteyri

+ 430 m / – 445 m 16,2 km Bivouac

7h30. On se réveille difficilement. Il fait toujours aussi froid dans la cabane. Dehors, le ciel est gris mais les nuages sont nettement moins menaçants et le vent a baissé d’un ton. Comme il ne pleut plus, on en profite pour faire sécher les chaussures, les semelles et les chaussettes qui sont encore bien humides. Le vent a des pouvoirs redoutables pour faire sécher le linge.

Cabane de Stakkadalur

Retour à Hesteyri ?

Pendant ce temps-là, nous prenons notre petit-déjeuner. Johanne n’est pas très enclin à faire l’itinéraire de base et moi je n’ai pas envie de l’emmener dans cette galère. Nous décidons donc rapidement de ne pas nous y engager. Trop de neige et de glace sur les cols. Sans raquettes et sans crampons, ce n’est vraiment pas safe. Que faire ? Nous décidons de retourner à Hesteyri pour y prendre le bateau qui passe le lendemain avec l’idée de nous rendre ensuite dans le Veiðileysufjörður pour rejoindre à pied les falaises d’Hornbjarg. Hors de question pour autant de rentrer par le même chemin, d’autant que la météo s’améliore rapidement et que c’est un grand ciel bleu qui nous domine.

Látravík

9h30. Nous prenons la direction de la plage de Látravík. Derrière elle, le sable balayé par le vent recouvre une épaisse couche de neige glacé. Je n’ai jamais vu ça ailleurs auparavant. Nous nous dirigeons vers le Mannfjall (272 m) qui domine l’océan Atlantique. Nous le contournons par un gros pierrier qui s’échoue dans la mer. Nous croisons nos premières empreintes de renard arctique. Nous ne verrons hélas pas l’animal de la journée.

Où passer le gué ?

Nous longeons la rivière Miðvíknaos Il est prévu selon la carte et le GPS de la couper à la sortie du lac Miðvík. Mais, le niveau d’eau est particulièrement élevé. Johanne voulait passer à l’embouchure mais avec le matériel photo et vidéo, je préfère ne pas tenter le coup. Nous longeons donc le cours d’eau pendant un bon moment et finissons par le couper à trois reprises sur des portions courtes et peu profondes. L'eau est glaciale ! Une fois sortie de ce passage, nous nous arrêtons pour manger nos plats lyophilisés. Avec ce beau temps, nous avons le temps de nous arrêter une heure pour reprendre de l’énergie.

Un petit gué à traversée

Tous les chemins mènent à Hesteyri

La pente se fait de plus en plus raide. Nous apercevons quelques cairns qui balisent grossièrement l’itinéraire (il n’y en avait pas depuis le matin). Nous passons à l’est du Litlafell (467 m). Les névés sont de plus en plus présents. Le vent s’est levé. Il est glaciale. Le ciel reste au beau fixe. Nous devons nous détourner de la trace GPS car elle traverse des congères.

Dans la descente, Johanne commence à fatiguer. Manque de chance, je fais une erreur de balisage et nous voilà dans le mauvais vallon. En quelques minutes, notre itinéraire s’est vu rallongé de quelques kilomètres. Nous retrouvons le sentier côtier. Il est détrempé à cause de la fonte des neiges. Hesteyri est en vue. Il nous faut cependant un certains temps pour rejoindre la ville fantôme car c’est un vrai marécage que nous devons passer.

Panorama sur la baie de Látravík

Nous arrivons fatigué. Nous plantons la tente dans l’espace bivouac. Un couple d’australien a déjà installé leur camp. L’aire comprend deux tables de pique-nique, un point d’eau et un toilette.

Pendant que Johanne prépare le repas, je vais sur la plage observer les oiseaux : sternes arctiques, eiders à duvet, harle huppée, phalarope à bec étroit, pluviers dorés, goélands et mêmes cygnes chanteurs en seulement quelques minutes. L'avifaune est riche dans le fjord alors que nous n'avons rien vu dans l'intérieur des terres.

Baie d'Hesteyri

Le bivouac à Hesteyri

Nous dinons face à la mer et nous couchons au son des sternes arctiques et du clapotis des vagues qui déferle sur le sable.

Renard arctique en guise d'épilogue

Au réveil, le ciel est couvert. Nous prenons notre temps car le bateau qui devait arrivé à 10h00 est annoncé pour 11h30. J’en profite pour faire un tour entre les maisons d’Hesteyri. J’aperçois un renard arctique sur la plage et le suis de loin pendant près d’une heure. Il est actuellement entrain de perdre son pelage hivernal et je commence à observer ici et là des poches noirs sur son pelage. Je me mets à l’affut derrière quelques touffes d’herbes, le vent de face. Le renard approche. Je le shoote. Je rentre au camp et range mon sac à dos. Satisfait !

Renard arctique

Nous allons attendre le bateau au café tenu par le sympathique Hrólfur. En chemin, deux phoques se laissent observer non loin du bord. Ils sont scoktchés à un petit rocher. Ils sont mignons. Le bateau a du retard car le Borea Boat qui nous a amené a cassé son moteur. Un bateau de remplacement fini par arriver en fin de matinée. Il ne pourra pas nous conduire à Veiðileysufjörður où nous avions envisagé de poursuivre notre trek jusqu’aux falaises d’Hornbjarg. Nous décidons finalement de rentrer sur Ísafjörður et de poursuivre notre roadtrip en Islande. Cela nous laissera plus de temps pour découvrir les falaises de Látrabjarg et ses milliers de macareux moine et même d’aller sur l’île de Flatey que nous n’avions pas prévu de visiter.

Je n’ai finalement qu’une envie. Y retourner pour explorer l’Hornstrandir plus en profondeur et pourquoi pas réaliser l’itinéraire qui était avant le départ du trek.

Deux phoques dans la baie d'Hesteyri

Informations pratiques

Comment s’y rendre ?

Icelandair assure des vols quotidiens depuis Paris CDG vers l'aéroport de Keflavik situé à moins de 50 km de Reykjavik. En recherche d'un certain confort à un prix serré, essayez la classe Economy Comfort : Le siège du milieu reste libre, accès au loundge avant le départ, snacks et boissons offerts gratuitement pendant le vol. J'ai essayé. Je valide !

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Pour rejoindre Ísafjörður, trois options : la location de voiture, le bus et l’avion. Pour le bus, vous pouvez voir à cette url www.straeto.is, pour l’avion avec Icelandair bien entendu.

Hesteyri, point dedépart du trek

Météo

Pour vérifier la météo avant de démarrer le trek, rdv sur le site d’Icelandic Meteorological Office.

Cartes

Hornstrandir de Mal og Menning. Carte recto/verso avec un côté à 1 :100 000 et un autre à 1 :55 000. L’ensemble de mes deux itinéraires (réalisé et prévu) sont couverts par la carte 1 :55 000. La carte comprend aussi quelques informations culturelles et fauniques. Ferdakort édite également une carte de la zone au 1 :100 000.

Hornstrandir

Difficultés

Par météo clémente, ce trekking comme celui que nous avions prévu n’est pas physiquement difficile. Il se réalise par contre sur un territoire exempt d’infrastructures pour se loger et sans possibilité de prévenir les secours en cas de besoin. En conséquence, cette randonnée s’adresse à des marcheurs ayant l’expérience de la randonnée en bivouac et prêt à accepter cet isolement. Pour cette raison, je conseille fortement l’usage du GPS. Savoir s'orienter en montagne est ici indispensable.

Plus d’infos sur la région et l’Islande

 

Grégory ROHART
Fondateur d'I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j'apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu'entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J'accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d'être dans la nature et l'apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.

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