Au Bénin, j’ai fait avec Nomade Aventure un superbe petit trek en pays somba de quelques jours. Dans le nord-ouest de ce petit pays tranquille d’Afrique noire, je suis allé de tata en tata. Un tata ? C’est une vaste demeure enserrée dans un rempart, hérissée de tourelles. Un véritable petit château-fort en pleine savane. Cheminant entre les champs, devant de magnifiques baobabs, j’ai été envoûté par cette région.
De grosses encoches taillées dans un tronc d’arbre à peine équarri font office de marches. L’échelle menant à la terrasse du tata est rudimentaire. D’une simplicité absolue, sans aucune fioriture. Mais, patinée par les ans, usée et polie par des milliers et des milliers de pieds, qu’est-ce qu’elle est belle !
Avant de l’emprunter à mon tour, je l’admire longuement, la caresse des doigts. Elle rendrait bien dans mon petit chez-moi… Inutile de rêver. D’autant que sa place est ici : elle date visiblement de la construction du tata et, tout comme la bâtisse, a peut-être déjà deux siècles d’existence.
Grimper sur une telle échelle demande d’ailleurs une certaine agilité. Parvenu au faîte, je découvre l’étage. C’est une grande terrasse, un lieu de vie s’ouvrant sur de petites pièces séparées, des chambres à coucher, et, à l’extrémité, le grenier à mil. Le rez-de-chaussée, que j’ai visité auparavant, est plutôt destiné aux animaux qui sont abrités là durant la nuit. C’est là encore que l’on fait la cuisine, que sont remisés toutes sortes d’ustensiles et d’outils. Mais j’y ai aussi trouvé l’autel à prières devant lequel les habitants invoquent leurs ancêtres matin et soir. A l’extérieur, un autre autel encore garde l’entrée. C’est ici, devant les fétiches, que se déroulent parfois des sacrifices d’animaux.
Un château-fort en miniature dans la savane
Chaque tata de ce pays somba est unique. En fait, il y a plusieurs types, selon l’ethnie qui le construit. Tous les tatas s’ouvrent à l’ouest, pour tourner le dos aux mauvais esprits et aux intempéries qui, comme chacun sait, viennent de l’est. Tous sont en banco -de la boue séchée et malaxée- tandis que les tourelles sont coiffées de chaume. Mais chacun a sa propre configuration.
C’est un château-fort en miniature, avec ses remparts, ses tours et ses créneaux. C’est tout juste si je ne me pince pas tellement je me crois dans un dessin animé de Walt Disney !
Depuis le début du trek en pays somba, dans le nord-est du Bénin où je marche en longeant la chaîne montagneuse de l’Atacora, j’ai déjà visité deux ou trois tatas. Pourtant je ne m’en lasse pas, même de seulement les contempler de l’extérieur. Tout en marchant, j’adore voir leur silhouette émerger de la végétation, ensuite distinguer les détails au fur et à mesure. Et puis, il y a ce décor exceptionnel, où les tatas s’intègrent parfaitement : d’immenses et magnifiques baobabs qui déploient leur ramure dans le ciel du pays somba, les scènes paisibles dans les champs plantés de mil ou de sorgho. Aucun engin mécanisé, ici les paysans travaillent la terre à la main, avec des outils simples.
Ce trek en pays somba est une balade dans un étonnant jardin
Ce trek en pays somba que je fais ici est incomparable. Rien de bien difficile, plutôt une belle balade dans un jardin étonnant. Pas de rude montée, puisque le trek en pays somba se déroule sur du plat. Non, tout au plus de jolis et charmant vallons qui renouvellent le paysage. Les seuls adversaires sont la poussière et le soleil qui, même en cette fin d’hiver, est déjà bien arrogant.
Du coup, tout est prétexte à faire une halte. Un puits en pleine campagne, où s’agglutinent des femmes souriantes, aux vêtements colorés, entourées par une nuée de gamins. Quelques agriculteurs dans les champs, qui n’hésitent pas à engager la conversation. En revanche, absolument aucun autre marcheur de notre acabit ne s’est laissé entrevoir. Et les tatas, bien sûr, plus beaux les uns que les autres, devant lesquels s’ébattent chèvres ou cochons en liberté.
Le pique-nique se prend là où la faim se fait sentir. A l’ombre d’un bosquet, en pleine nature. Ou à celle d’un grand arbre planté dans une cour de ferme, de manière tout à fait impromptue. Ainsi, j’ai beaucoup admiré le flegme du propriétaire des lieux, pas autrement interloqué de voir débarquer un groupe de marcheurs assoiffés. L’hospitalité est sacrée : non content de puiser de l’eau pour nous, le vieil homme nous a offert des fruits de son verger : de délicieuses mangues qu’il est allé cueillir pour nous, par pleines brassées !
La deuxième journée de ce trek en pays somba, entre Manta Beni et Boukombé où les tatas sont particulièrement nombreux, m’a franchement enthousiasmé. Parsemée de baobabs, bien sûr, ainsi que d’arbres à karité, la campagne est belle. Elle réserve même quelques surprises, ne dévoilant qu’au tout dernier moment là une rivière coulant entre des falaises ocres, là un canyon sauvage. Les rencontres aussi sont tout à fait inattendues : tour à tour un pasteur guidant un imposant troupeau de moutons, de jeunes femmes tout sourires malgré les lourdes calebasses qu’elles portent sur la tête.
Le Togo n’est qu’à quelques kilomètres. D’ailleurs, de l’autre côté de la frontière où il y a bien sûr aussi des tatas, ceux-ci sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Pas au Bénin. Dommage. Mais ça ne m’empêche pas d’être totalement envoûté par le pays somba.
Informations pratiques
Nomade Aventure propose plusieurs voyages au Bénin, dont celui intitulé « Peuples, faune et merveilles du Bénin », qui traverse le pays du nord au sud. C’est un circuit accompagné d’une durée de 10 jours, avec un programme très varié.
Un guide : Bénin, aux éditions Le Petit Futé.
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !