Durant quatre jours, je me suis initié au ski de randonnée dans le Valais, en Suisse. D’abord à Crans-Montana, une station de sports d’hiver qui mise beaucoup sur cette activité en plein essor. Elle a mis en place un grand « rando parc » avec pas moins de 15 itinéraires -un record- balisés, du plus facile au très difficile. Puis je suis allé vers l’hospice du Grand-Saint-Bernard : une autre belle expérience.
« Attention, tu as tendance à lever parfois ton ski. Or, il faut s’économiser, pas d’effort superflu ! » Tout en guidant notre petit groupe, Séverine Pont-Combe ne peut s’empêcher de donner quelques petits conseils : nous sommes tous des débutants en ski de randonnée.
On a tendance à l’écouter très attentivement : la jeune Suisse n’est pas n’importe qui. Elle est même l’une des principales figures du ski-alpinisme. Séverine Pont-Combe a par exemple gagné avec son équipière française Lætitia Roux l’édition 2019 de la Pierra Menta, une course mythique qui se déroule chaque année en Savoie. De la même manière, elle a remporté plusieurs fois la Patrouille des Glaciers, l’épreuve suisse la plus difficile qui soit. Cette sportive collectionne ainsi depuis des années les titres et les podiums dans cette discipline particulièrement exigeante.
Ski de randonnée à Crans-Montana
Aujourd’hui encore, une balade facile -classée bleue- est à notre menu. Nous progressons sur l’itinéraire n° 13, baptisé « Petit loup ». Un chemin qui monte depuis Aminona, un hameau aux portes de Crans-Montana, jusqu’aux alpages de Colombire à 1 850 m. Cet itinéraire a la particularité d’être le précurseur de ceux qui constituent aujourd’hui le « rando parc » de Crans-Montana.
Cette station du Valais, comme beaucoup d’autres, s’était en effet lancée dans le ski de randonnée avec deux ou circuits balisés en 2015. « Mais il y a vite eu beaucoup trop de monde sur ces rares itinéraires, explique Séverine Pont-Combe tout en montant à nos côtés. Ce n’est pas ça, l’esprit montagne ! »
Il faut dire que le ski de randonnée a beaucoup d’adeptes dans le Valais. A Crans-Montana -qui est en fait composé des villages de Crans et de Montana- il y a par exemple une boutique de location de matériel exclusivement dédiée au ski de randonnée ! Vous n’y trouverez absolument rien pour le ski de piste, ce qui est tout de même rare.
Du coup, la station décide de faire les choses en grand. Ce sera donc un rando parc, avec pas moins de 15 itinéraires. Des faciles, des très difficiles : des bleus, des rouges et des noirs. Comme les pistes. Et de longueur variable, puisqu’ils vont de 1,3 km, pour la Summit, n°3, à pas moins de 34,7 km et 3 059 m de dénivelé positif, pour la X’trème. Les itinéraires -orientés sud- ont tous été tracés par Séverine Pont-Combe : habitant la région, elle a fait de ce secteur son terrain de jeu préféré.
En fait, c’est la veille que j’ai eu étrenné les peaux de phoque ici dans le Valais, sur ce même rando-parc de Crans-Montana. Mais ça m’a beaucoup moins plu, sans doute justement parce que c’étaient les débuts, que je ne me débrouillais pas très bien. De plus, notre guide -à dessein parce qu’il nous jugeait assez bons techniquement pour ça?- nous a fait quitter l’itinéraire débutant.
Du bleu, les panneaux du circuit n° 5 menant de Crans à Arnouva, sont curieusement passés au rouge de pistes voisines menant au même but. Bref, j’ai galéré dans des montées bien raides…
La récompense, ç’aura été la montée, dans l’après-midi et en benne cette fois, à Plaine-Morte, le point culminant à 2 927 m. De là, s’offre une vue à 360°. Je peux admirer le Mont Blanc -sous un angle nouveau- et le Cervin ainsi qu’une vingtaine de sommets à plus de 4 000 m. Et, juste sous mes yeux, le glacier de Plaine-Morte qui est l’une des plus grandes plaines glaciaires des Alpes. Pas mal, non ?
L’hospice du Grand-Saint-Bernard à ski de randonnée
Puis, direction le col du Grand-Saint-Bernard, aux confins du Valais, la frontière entre Suisse et Italie. Le trajet se fait en train -ce n’est pas très loin, quelque 70 km- et en bus pour la dernière partie. En ce début de matinée, on chausse à nouveau les skis de randonnée à partir de l’endroit où la route est fermée, à hauteur de l’entrée du tunnel du Grand-Saint-Bernard. Oh, ce ne sera pas une grande expédition sportive : le dénivelé n’est pas très important, 550 m, pour arriver à 2 473 m. La distance pas très grande non plus, cinq km à peine en un peu plus de deux heures. Et encore, en comptant les arrêts photos. Non, mais c’est une expérience qui m’aura marqué.
D’abord parce que le trajet est très beau. De part et d’autre du vallon -balayé par un fort blizzard dans une température glaciale- qui mène au col, de hautes montagnes comme le mont Mort, le Grand Combin. Ensuite, il n’y a vraiment pas grand monde à part nous. Durant les beaux jours, des hordes de cyclistes et de motards, ou tout simplement des touristes de passage empruntent cette route qui plonge après vers le Val d’Aoste. En hiver, la neige et la glace figent tout cela. Pour se rendre à l’hospice, notre but, ne restent que les raquettes ou le ski de rando.
La porte de l’hospice n’a jamais été fermée à clé
L’épaisse et large porte de bois de l’hospice du Grand-Saint-Bernard n’a jamais, au grand jamais, été fermée à clé. L’hospice a été fondé en 1045 par saint Bernard et depuis il est tenu par des religieux. Au fil des siècles, les lieux ont été agrandis tandis que de nouvelles constructions ont vu le jour. Mais pèlerins -le col se trouve sur la via Francigena- ou simples randonneurs comme nous sont toujours accueillis avec la même chaleur.
Si les bâtiments ne sont pas très spectaculaires de l’extérieur, il en va tout autrement une fois la lourde porte d’entrée franchie. Les murs, en pierre apparente, mesurent plusieurs mètres de large, les couloirs paraissent immenses. De vieux meubles en bois, patinés par les année, parsèment les lieux. Il règne ici une atmosphère très particulière. Empreinte de bienveillance et de fraternité.
L’hospice a été rénové il n’y a pas très longtemps. C’est simple mais confortable. Les douches en face de notre dortoir, car nous passons la nuit ici, sont très modernes et dotées de tout le confort. Plus tard, dans l’un des salons du premier étage, je constate qu’il y a la wifi. J’ai bien aimé explorer les lieux, pour m’imprégner de l’ambiance. Et il y a bien des choses à voir. L’hospice est par exemple la plus vieille station météo des Alpes. J’ai aussi visité une belle église ancienne. Ou encore un musée, plutôt intéressant d’ailleurs, dans un bâtiment voisin auquel on accède par une passerelle maçonnée. Il est ouvert à tous les pensionnaires, en toute liberté, jusque très tard dans la soirée.
Et puis, il y a le cadre, grandiose. L’après-midi de notre arrivée, nous avons d’ailleurs fait quelques belles balades aux alentours.
Une marche en hiver à ski de randonnée vers l’hospice du Grand-Saint-Bernard, c’est une sacrée expérience.
Informations pratiques
Le rando parc de Crans-Montana est accessible moyennant le paiement d’un forfait de 5 FS (assurance et possibilité d’utiliser les remontées mécaniques pour la descente). Il comporte 15 circuits : 4 bleus, 6 rouges et 5 noires. Il est recommandé de s’enregistrer en ligne avant chaque sortie.
Hospice du Grand-Saint-Bernard – Réservez une nuit à l’auberge
Bonnes adresses
Rando shop à Crans-Montana, entièrement dédié au ski de randonnée.
L‘Hôtel Terminus (3*) à Orsières, la gare CFF la plus proche de l’hospice du Grand-St-Bernard, a été rénové de fond en comble. Accueil sympa, joli décor et bonne table.
Y aller
Le TGV Lyria effectue jusqu’à 20 allers-retours quotidiens entre la France et la Suisse pour relier Paris aux principales villes.
En l’occurrence, le plus simple est de l’emprunter jusqu’à Lausanne pour ensuite utiliser les trains locaux. Ainsi, le trajet en train de Paris jusqu’à Sierre, la grande gare la plus proche, dure 5h11. Puis un train à crémaillère monte à Crans-Montana.
Swiss Travel System propose plusieurs formules de transport en Suisse. Notamment le Swiss transfer ticket qui permet de voyager depuis la gare frontière ou l’aéroport d’entrée jusqu’à la destination finale et retour. On peut emprunter sans restriction tous les moyens de transport : train, car postal et même le bateau.
Le Swiss transfer ticket est tout indiqué pour se rendre de Crans-Montana à l’hospice du Grand-Saint-Bernard, via Sierre puis Orsières, la gare la plus proche. De là partent, deux fois par jour, des bus jusqu’à Super Saint-Bernard où débute la randonnée à skis.
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !