Alaska : Randonnée glaciaire dans le Parc National Wrangell–Saint-Élie

Randonnée glaciaire de 6 jours dans le Parc National Wrangell–Saint-Élie en Alaska. Récit et trace GPS de cette aventure hors-norme.


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Focus Rando :Alaska : Randonnée glaciaire dans le Parc National Wrangell–Saint-Élie
6 jours +2000 m/-1300 m 57 km 4
Randonnée Ligne Bivouac
Etats-Unis Avion
Montagne Juillet, Août, et Septembre

Randonnée glacière et alpine dans les immenses paysages du Parc National Wrangell–Saint-Élie.

Qu’est-ce qui a fait que ce voyage a été extraordinaire pour nous deux ? Est-ce les somptueux paysages que nous avons admirés et contemplés ? Est-ce les rencontres qui ont émaillé ces voyages lors des différentes étapes ? Est-ce ce parfum d’aventure que nous avons pu vivre lorsque qu’au fond du parc national Denali, nous ne savions plus très bien où nous étions ? Je pense que c’est tout cela à la fois. Un voyage riche en émotions.

Précision importante : Les traces GPS ont été réalisées après le voyage sachant qu’il n’y a pas de chemin tracé. Cependant, ils sont bien le reflet de nos aventures.

Vous trouverez les trois récits de nos aventures en Alaska sur le blog i-trekkings.

  1. Le Parc National Wrangell–Saint-Élie en randonnée glaciaire (ce récit)
  2. Le Parc National Denali à pied (à venir)
  3. Le Parc national des Kenai Fjords en kayak de mer (à venir)

J1 – Anchorage – McCarthy

Après être resté une nuit à Anchorage, nous sommes partis vers McCarthy en avion le lendemain. Petit avion bimoteur de 7 places. Nous avons survolé des montagnes avec des champs de glace énormes et des glaciers qui s’échappent pour aller vers la mer ou se fondre en un torrent impétueux. Autant dire que le spectacle commençait d’une manière exceptionnelle.

Nous atterrissons sur une petite piste en terre. On vient nous chercher pour nous amener dans notre Guest house. Il s’agit d’une petite maison au milieu du village de McCarthy, très bien équipée et avec une très belle décoration. Le village est composé de quelques maisons reliées par des pistes. Aucune route n’est goudronnée ici. Au centre, quelques boutiques, restaurants et bars qui font l’animation le soir venu.

Nous allons au bureau des guides où nous faisons connaissance avec Chris qui sera notre guide pour cette randonnée glaciaire dans le Parc National Wrangell–Saint-Élie. Avec lui, nous vérifions le contenu de nos sacs à dos et de nos équipements. Puis, nous allons dans la réserve préparer les encas. Le choix est incroyable entre les fruits secs, les barres et autres friandises. Pour les repas, c’est Chris qui s’en charge.

Après une bonne nuit, nous avons une journée tranquille avant de démarrer notre périple. Nous remontons la piste principale vers Foot Bridge. Cela nous permet de voir les glaciers Kennycott et Root se rejoignant en une vaste moraine. Nous sommes à 500 m d’altitude et cette immensité est impressionnante. Il fait beau avec quelques nuages sur les sommets.

J2 – McCarthy – Base du glacier Nizina – Confluent glaciers Nizina et Regal

+ 300 m / – 0 m 7 km Bivouac

Après une soirée paisible et une bonne nuit, nous rejoignons Chris au bureau pour le départ. Nous prenons un van pour nous rendre à l’aérodrome. Notre avion atterrit et des trekkeurs en descendent. Nous embarquons à leurs places et nous voilà partis pour une demi-heure de vol. Le temps est nuageux. Nous survolons le lac à la base du glacier Nizina encombré d’icebergs et voyons ce glacier qui remonte sur des kilomètres. Nous atterrissons sur une petite piste près du lac. D’autres trekkeurs attendaient l’avion pour rentrer. Cela n’arrête pas. Nous déchargeons et mettons les sacs sur le dos. L’avion repart nous laissant seuls.

Nous remontons le long du lac. Immédiatement il y a des empreintes et des déjections d’ours. Ils sont donc là.

Les icebergs se reflètent dans l’eau bien que celle-ci soit sombre tellement elle est chargée de sédiments. Une fois le lac passé, nous longeant le glacier en suivant la moraine. Le ciel tend à s’éclaircir. Marcher sur la moraine n’est pas chose facile. D’abord parce qu’il n’y a pas de chemin, ensuite parce que c’est accidenté avec des montées et des descentes sur un sol instable. Nous progressons. Le temps s’écoule dans ce dédale. L’orientation est simple puisqu’il s’agit de remonter le glacier jusqu’au confluent avec le Regal glacier. Nous déjeunons puis nous mettons les crampons pour marcher sur le glacier.

La marche est facile, car le glacier est relativement plat, comme il n’y a plus de neige, les crevasse sont visibles. Il faut se méfier des moulins. Ce sont des trous dans lesquels s’engouffrent des torrents d’eau courants sur le glacier. En jetant une pierre dans ces trous, on entend le son du caillou qui s’enfonce profondément sous la glace. Certains de ces moulins ont regelé au fond créant ainsi des trous remplis d’eau de couleur bleu azur. Magnifique « blue hole ».

Nous traversons le Regal glacier et nous nous retrouvons sur la moraine entre Regal glacier et Rohn glacier. C’est de la glace recouverte de pierres. Nous commençons à voir l’origine de Regal glacier, mais les nuages encore présents nous masquent encore le sommet.

J3 – Confluent glaciers Nizina et Regal – Glacier Rhon

+ 100 m / – 0 m 6 km Bivouac

Nous dormons sur cette moraine isolée du froid grâce à nos matelas autogonflants.

Nous nous levons, prenons notre petit déjeuner copieux et démarrons vers 10:00. Le ciel est encore couvert. Nous finissons de traverser cette énorme moraine parcourue par un torrent sinueux que nous atteignons par une désescalade où Chris a posé une broche pour sécuriser la descente. Il nous faut maintenant traverser le torrent. Pas compliqué, mais il ne faut pas se louper. Il se passe alors une chose incroyable, Chris trouve sur la glace un fer à cheval. Quel hasard ! Depuis quand est-il ici ? Bien des questions se posent d’autant qu’au cours de cette journée, nous trouverons encore sur le glacier d’autre débris, des bouts de fer et de bois.

Nous déjeunons avant de traverser le Rohn glacier sur la moraine. Le temps s’éclaircit. Les nuages remontent laissant entrevoir davantage la source du Regal glacier qui est derrière nous. Au confluent des deux glaciers se trouvent le sommet de la Licorne. Il est significatif par sa forme et se dresse tel un phare pour nous indiquer la route à suivre. Il nous faut l’après-midi pour traverser le Rohn glacier.

Nous arrivons sur les bords, le glacier est lisse et plat à cet endroit. Il véhicule un énorme bloc. Nous plantons la tente pour la nuit. Le ciel est bien dégagé et les vues des montagnes sous différentes lumières et différents angles sont fantastiques. Nous nous endormons après une journée bien remplie.

J4 – Glacier Rohn – En remontant vers le glacier Frederika

+ 600 m / – 0 m 6 km Bivouac

Le lendemain, le ciel est ensoleillé. La nuit a été froide. Il est 8:00, mais le soleil vient déjà nous réchauffer. Nous quittons le glacier pour monter à l’assaut du col aujourd’hui. Nous atteignons la terre ferme. Un torrent qui descend de la montagne à créer une énorme grotte dans le glacier. Difficile d’en apprécier la hauteur, mais c’est impressionnant et nous nous sentons petits.

Nous montons le versant bien raide. La végétation rase devient plus importante. Nous sommes à 200 m au-dessus du glacier, nous faisons une pause qui va durer une heure. C’est une plateforme herbeuse pleine de myrtilliers. Il fait beau et la vue est à couper souffle. Sur la gauche les glaciers Regal et Rohn qui forment le Nizina glacier puis le Regal glacier dont on voit en face la naissance à partir de cet énorme champ de neige et de glace d’où émerge le mont Regal à 4220m. Ensuite, c’est le pic de la Licorne avec le Rohn glacier qui s’écoule à ses pieds tel un long fleuve tranquille. Ce fleuve, qui fait de merveilleuses courbes avec des traits de différents gris, remonte lui aussi au loin vers ce champ de glace sans que nous puissions le voir. Enfin, un autre glacier sans nom qui vient également au contact du Rohn glacier. Les montagnes enneigées émergent de ce paysage de glace avec un superbe soleil. Nous sommes subjugués par ce spectacle de la nature.

Durant cette pause, nous avons la visite d’un écureuil arctique qui vient nous observer. Il ne voit pas souvent des humains. Nous reprenons notre ascension. Le terrain est herbeux avec quelques petits lacs cernés de linaigrettes blanches et des paquets de fireweed ou épilobe en français qui donnent au paysage des taches roses sur les versants.

La végétation diminue au fur et à mesure de notre ascension pour pratiquement disparaitre vers 1600 m où a lieu notre bivouac. Ce soir, nous avons la plus belle chambre du monde. Nous avons la vue de ce matin mais 500 m au-dessus donnant une autre perspective. Le soleil se couche avec quelques nuages. C’est magnifique.

Nous avons une averse vers 22:00 et le vent a bien soufflé toute la nuit. Le sommeil n’en a été que plus léger. Cependant, ce matin, le ciel est bleu. La vue n’en est que plus belle puisque le soleil vient de derrière et nous réchauffe.

J5 – En remontant vers le glacier Frederika – Base du glacier Frederika

+ 700 m / – 700 m 11 km Bivouac

Nous repartons vers le col sous cet air un peu frais, mais ensoleillé. Dès le col franchi, un nouveau paysage s’offre à nous. En face, le pic Frederika et son glacier. Derrière nous, Regal mountain immaculé. Nous remettons les crampons. Pour redescendre vers le glacier Frederika, il nous faut en descendre un autre. La vue est bien évidemment superbe avec des pics qui émergent des glaciers.

Un peu plus bas, nous reprenons un peu de terre ferme très raide pour retrouver le glacier principal. Nous mettons de nouveau les crampons pour le descendre. Nous allons marcher près de 8 km pour atteindre notre camp du soir. La descente est agréable. La marche est aisée, le beau temps est de la partie et les paysages sont grandioses.

Nous bivouaquons sur la partie postérieure au glacier au bord du torrent issu de ce glacier. La vue est très dégagée avec le glacier et les pics d’un côté et la vallée de Slolaï Creek.

La nuit est calme et ce matin le soleil vient nous apporter sa chaleur. Nous discutons encore beaucoup au cours du petit-déjeuner avec Chris. Soudain, il nous signale la présence d’un ours de l’autre côté du torrent. Cat le localise, moi je le verrai juste disparaitre dans la végétation.

La partie glacier est maintenant finie. Nous allons maintenant remonter les gorges de Skolaï Creek. Dans un premier temps, nous suivons le torrent issu du Frederika glacier en surplomb au travers du bush avec cette végétation plus ou moins haute et dense. Nous nous signalons auprès d’éventuels ours par des « Hi Bear, we are here ! ».

Puis, nous redescendons le long du torrent jusqu’au confluent avec Slolaï Creek. Outre quelques empreintes de chaussures, il y a surtout des empreintes d’animaux. Nous identifions les ours, mais aussi loups et lynx ainsi qu’élans ou caribous. Ils sont là, mais nous les voyons peu. Nous remontons Skolaï Creek jusqu’à une cabane. Ce sera le seul vestige humain de cette randonnée glaciaire dans le Parc National Wrangell–Saint-Élie. Elle est délabrée. Il y a un livre d’or à l’intérieur où je laisse quelques mots. Après le déjeuner, nous remontons au travers du bush pour surplomber les gorges qui sont trop étroites pour les suivre au niveau du torrent.

À la sortie du bush, nous croisons deux lagopèdes des saules (Willow Ptarmigan) qui se laissent photographier. Le ciel est presque sans nuages, c’est divin.

Nous plantons la tente pour notre nouveau bivouac quelques centaines de mètres après avec une vue encore incroyable. Au-delà de la vallée de Skolaï Creek, nous pouvons voir le Nizina glacier d’où nous sommes partis il y a 4 jours ainsi que Regal Mountain dans son suaire blanc.

J6 – Base du glacier Frederika – Skolaï creek

+ 100 m / – 0 m 5 km Bivouac

Après une nuit un peu venteuse, nous reprenons notre marche au soleil au-dessus des gorges entre prairie et bush. Puis, nous approchons de la gorge pour voir une magnifique chute d’eau. Nous faisons une pause au milieu des myrtilliers qui nous régalent de leurs fruits.

Nous continuons notre remontée. La vallée s’élargit et nous devons maintenant trouver un passage pour traverser Skolaï Creek. Nous étudions les différentes possibilités avec Chris et faisons notre choix. Nous descendons d’abord une rive très pentue pour arriver au niveau du torrent. Nous faisons tomber les pantalons et mettons nos chaussettes « waterproof » ainsi que nos sandales et nous traversons en nous tenant les uns aux autres. La traversée se fait sans encombre.

Nous déjeunons et faisons une pause à discuter, à profiter et à contempler. Tout autour de nous n’est que beauté. Le torrent et son lit devant nous, Castle Peak à 13:00, des montagnes enneigées à 15:00, un glacier suspendu à 17:00, Frederika Peak à 11:00 et derrière la vallée des Seven Sisters qui tient son nom des 7 glaciers suspendus.

Nous remontons sur deux ou trois kilomètres la vallée pour atteindre la piste où l’avion vient nous chercher demain en fin d’après-midi. Nous y plantons la tente.

J7 – Dans Skolaï creek – Glacier Russel

+ 300 m / – 300 m 13,7 km Bivouac

Après une nuit très calme, le ciel est plutôt gris ce matin même si des éclaircies sont visibles. Nous allons explorer la vallée des 7 Sisters avec un sac léger. Nous croisons un premier groupe de lagopèdes toujours aussi peu farouches puis nous montons pour accéder à la vallée. Les sommets sont sous les nuages et la visibilité n’est malheureusement pas des meilleurs.

Au fur et à mesure de notre progression, nous apercevons les différents glaciers avec un principal au fond de la vallée qui génère une énorme moraine sur la fin. Encore une fois le spectacle est magnifique.

Au loin, très loin, sur l’autre versant, au soleil, nous pouvons apercevoir cinq Dall Sheep qui sont des mouflons blancs. Lors de la redescente, nous croisons une nouvelle famille de lagopède à queue blanche (Rock Ptarmigan). Une mère avec ces poussins. Cette dernière prévient ses petits de ne plus bouger et du fait de leur mimétisme avec l’environnement, nous ne les voyons plus. Moment extraordinaire.

Nous redescendons au camp et faisons nos sacs. Il nous reste plus qu’à attendre l’avion. Pour le retour, nous survolons notre lieu de départ, la base du Nizina glacier avec son lac et ses icebergs. Puis retour sur la piste de McCarthy.

Ce soir, nous invitons Chris au restaurant. Nous buvons deux bouteilles de vin californien. Puis, nous allons dans le bar d’à côté où un groupe joue de la musique rock-blues. Nous y buvons quelques bières puis nous dansons comme le font les gens du coin. L’ambiance est fabuleuse. Un merveilleux moment de détente sous l’emprise de l’alcool.

Le lendemain, la tête embrumée, nous disons au revoir à Chris en le remerciant pour sa gentillesse. Nous prenons un petit Cesna puis un Navajo Pepper pour rejoindre Anchorage. Prochaine étape : le Parc National Denali à pied.

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