L’arrivée sur Lamayuru est saisissante. Mon regard balaye l’horizon : des montagnes aussi loin que je puisse voir ; parfois aux pointes acérées bien noires, ou tendres et arrondies aux veines de couleurs rouges, vertes et ocres. Au milieu de ce désert minéral se dessine une gompa blanche flanquée de fenêtres en bois sculpté. Tel un repaire d’aigle, elle domine le village d’où n’apparaissent que des toits plats. Au fil des générations, ces maisons se sont serrées contre le promontoire. Les plus anciennes, en ruine, forment un labyrinthe de murs de pierre au travers desquels on se fraye un passage pour rejoindre le sommet.
Parmi tous ces lieux, nous nous souviendront particulièrement du chemin de circombulation du monastère emprunté par les lamas et les pèlerins. Inlassablement, ils font le tour, passant devant la guirlande de chortens. L’acclimatation à l’altitude s’étant faite doucement, il est temps de rentrer sur Leh et de partir, enfin, pour le Zanskar.
L’idée de dormir dans des grottes les prochains jours rend cette dernière nuit dans un lit un peu irréelle. Cela fait des mois que nous nous préparons à ce voyage, tant sur le plan matériel, qu’au niveau psychologique. Ce n’est quand même pas anodin, au plein cœur de l’hiver, justement lorsque les températures sont les plus basses, d’envisager de remonter le fleuve gelé et de nous laisser enfermer dans le vallée jusqu’à que les cols soient de nouveau franchissables. Mes rêves éveillés hésitent entre le sentiment de crainte ou d’enthousiasme.
Texte & Photos : Marie-Laure VAREILLES ; Esquisses : Ansatu Schlumberger