TREK – TROISIEME JOUR – PAUSE DEJEUNER.
Réveil à 2h30, donc pour un départ à 3h15. Avec un light breakfast. Mais qui m’a greffé deux poteaux à la place des jambes ? Quant au froid ? Remarquable ! J’ai tout essayé jusqu’à la couverture de survie façon sandwich. Mais plus je mettais de couches moins j’avais chaud. D’où deux possiblités : soit il faisait de plus en plus froid, soit c’était pas la bonne technique.
Ce qui est assez étonnant c’est qu’à aucun moment je me suis dit « je n’y vais pas ». De toutes façons, j’allais mourir de froid dans cette tente, alors autant aller voir le lever de soleil depuis le sommet du Mont Rinjani.
Dans les premiers mètres en vraie côte, j’ai bien compris qu’il aurait mieux valu que j’étire mes quadriceps hier soir. Cela dit, vu que j’avais aussi mal aux fessiers et que je les avais étirés je ne suis pas sûre que ça aurait changé grand chose.
Montée : trois heures. Dans le noir, avec les frontales. Le sol est plus que meuble : on a l’impression de marcher dans du sable grossier. Rien ne tient. Il faut absolument mettre son pied dans le pas de quelqu'un pour avancer.
Alors comme dirait l’autre : on va pas s’mentir. C’était l’enfer. J’en ai chié, grave de grave. Pas d’autre mot. Pour autant à aucun moment, je ne me suis dit j’arrête là. D’abord parce qu’il faisait nuit noire et ensuite parce qu’il faisait froid. Enfin parce que je n’allais pas craquer à 2 m du bol de sangria. Et les trois heures sont passées, plutôt vite. Je me demande si je n’étais pas en train de dormir à certains moments parce que je ne me rappelle pas de tout.
En tout cas, le noir, c’est plutôt bien : on n’a aucune idée de ce qui nous attend. Et au moins, on n'est pas démoralisé.
Le soleil s’est levé quand nous avions presque atteint le sommet avec Victoria (Antony a renoncé à la dernière portion). En haut, c’était magnifique. La vue sur le lac et le volcan d’un côté. Sur Lombok et les îles et la mer de l’autre. Le mont qui projette son ombre dans le ciel (toujours pas compris comment). On voyait les dernières arrivant monter sur la crète. Dire qu’on est passées par là… C’était fou.
Bon, vous l’aurez compris, les descriptions de paysage, c’est pas mon truc (sûrement parce que ça n’a rien de drôle ou potentiellement drôle).
Nous sommes restés un petit moment en haut, avons mangé nos biscuits au chocolat bien mérités. Et nous sommes redescendus, en nous rendant commpte du chemin parcouru dans le noir : le sol, sa composition (entre le sable et la neige), et ses couleurs: du rouge au noir, puis le vert au fur et à mesure qu’on descend.
C’était comme descendre dans de la neige, mais les jmabes ont souffert.
Nous sommes arrivés au campement vers 8h30 pour un petit dej de pionniers
– But we ARE pionners, m’a confirmé Victoria.
C’est pas faux. Monter à 3726m en pleine nuit, je pense qu’on peut dire ça comme ça.
Nous sommes repartis vers 9.30 pour 5 autres heures de descente. Et quand on en a déjà 5 dans les pattes, avec des contractures insupportables, c’est l’enfer. Je déteste les descentes parce que j’ai toujours peur de me casser quelque chose (au hasard, une cheville droite), mais alors avec des jambes en bois, sans sommeil et la montée du matin, sans compter qu’il commençait à pleuvoir et donc le sol était très glissant : ça devenait mission impossible. J’avançais comme une tortue dans les mini marches creusées par les pas et les racines qui formaient des escaliers elles aussi. La tortue – la torture.
Arrivée au POS III, j’étais au bout du rouleau. J’ai du mettre 10mn à m’asseoir comme une vieille. Mais la pause de 10mn avec des crakers au fromage a du être salvatrice, à moins que mes muscles ne se soient habitués à la douleur : la marche suivante allait beaucoup mieux !
Déjeuner au POS II et encore deux heures de descente. Nous avons fini le parcours à travers les fermes et le village de Sembalun: l’Asie comme on l’imagine avec des gens en train de planter des trucs sous des chapeaux chinois.
Arrivés à Sembalun, nous avons été transférés par pick-up à Senaru, pour une 2eme transfert à nos hôtels respectifs. J’ai enlevé mes piscines, pardon mes chaussures, avec une bonheur certain : mes pieds étaient tellement fripés qu’entre deux plis, du sable avait pu s’incruster !
Lombok, c’est magnifique, d’un poit de vue paysage? Encore super sauvage et authhentique avec des huttes en bois. Comprendre : pauvre. Miséreux, je ne pense pas (l"Inde, c’est la misère). Malheureux, je n’en sais rien. Mais en tout cas, ils ont tous l’air d’avoir un toit. En solide, peint ou non, en bambou mais un toit. Et quels que soient les villages, les poules traversent la rue, les enfants jouent tout nus dans la rue, et font des coucous au loin sans rien demander (pas même un stylo), le vacher mène ses vaches je ne sais où, mais par la plage et les gens transportent toutes sortes de choses improbables sur leurs motos : guitares, vélos, 12 personnes…
Dans la voiture j’ai booké un hôtel, cher : 400.000 Rs mais au moins j’avais un point de chute et après le trek, j’aspirais davantage au Hilton qu’au boui-boui avec SDB commune.
On a laissé les anglais dans leur hôtel de luxe et j’ai débarqué au Dharmarie, avec un certain a priori sur les tauliers, mais Mun, l’un des deux, a été super sympa, m’a remisé le prix, m’a proposé un laudry (yeeeeeees) et même mon départ pour Padang Bai demain.
J’ai réalisé mon grand rêve de ces trois derniers jours : prendre une douche brûlante, me laver les cheveux et me glisser dans un bon lit douillet après quelques pages d’un livre, au chaud.
Et j’ai souri, pensant que le matin même, je partais en montagne à la frontale pour voir un lever de soleil à 3726m.
Oui, je l’ai fait.