Aucun / Estaing

Tout est imprévisible dans un trekking. Obligation de faire face à tous les tracas qu'impose une telle itinérance, depuis le mauvais temps jusqu'à l'hébergement où rien ne se déroule comme souhaité.

Focus Rando :Aucun / Estaing

Ma nuit au gîte Haugarou fut courte. Un engourdissement des paupières pouvait encore me faire surprendre. Mon aventure de la veille demeurait vivace dans la mémoire de mon hôtesse. Elle me le fit remarquer en fin de petit-déjeuner. Cela sonnait comme des reproches perpétuels et une mise en garde. Elle avait indéniablement raison sur mon départ tardif de Lourdes, or je ne pouvais pas en assumer l’entière responsabilité.

Ayant difficilement récupéré mes forces lors de ma brève nuit, je haletai vite dès mon départ du gîte. Cet effort se ressentit dans sa pleine mesure en suivant un sentier forestier et abrupte qui grimpait jusqu’à 1509 mètres d’altitude.

Au col de Bazès, le panorama dévoilait ses atouts, derrière moi, sur la vallée du Bergons et les montagnes béarnaises. En face, le Val d’Azun m’offrait une perspective montagneuse et automnale. A perte de vue, les pics enneigés doraient sous le soleil matinal. Mon topo-guide suggérait d’emprunter une sente en contre-haut, pour atteindre le col de Berbeillet (1633 m). Selon vos possibilités physiques, préférez une piste sud-ouest qui contourne le pic de Cantau (au pied duquel vous trouverez la cabane de Bazès, 1529 m) et descend au col de Soum. Promenade agréable permettant de bénéficier d’une vue dégagée sur le massif ouest pyrénéens.

A midi passé, j’arrivai aux abords du lac de Soum (1530 m). Lac de 0,6 ha, très connu des randonneurs à ski de fond de la station du Val d’Azun et cerné de pics vertigineux, c’est une grande mare où le bétail trouve de la fraîcheur lors des chaudes journées d’été.

Sur les hauteurs du lac, j’examinai une mer de nuages qui se développait à l’ouest, dans les Pyrénées Atlantiques, et progressait dans ma direction. Trois kilomètres après, je parvenais au col de Soulor, sous un soleil de plomb et un ciel exempt de semences nuageuses. Ici, à 1474 mètres d’altitude, je fis halte pour déjeuner. Le col est coupé par une voie routière, depuis Arrens jusqu’au col de l’Aubisque. Une autre départementale mène à Arbéost et Pau. Trois snack-bar au moins se côtoient dans ce modeste lieu touristique où se vendent les fromages du pays.

Depuis le col de Soulor, j’atteignis rapidement le col de Saucède. Ainsi je quittai le GR101 pour effectuer la jonction avec le GR10. A ce col, ma vision s’orienta encore vers l’ouest d’où grossissait en profondeur la précédente mer de nuages, qui dès lors devenait océan.

Maintenant, le chemin traversait cols et vallées jusqu’à Arrens, au sud-est. La boue s’invitait aussi au voyage, à l’instar d’une brume très opaque qui, à une certaine hauteur, m’empêchait toute visibilité à plus de 30 mètres. Éperdu, je peinais à reconnaître les signalétiques dans les herbages. Maintes fois, j’ai dû revenir en arrière pour être sur le bon sentier et suivre une crête. En contrebas, se devinaient des précipices. Ma marche fut au ralenti afin d’éviter les dérapages sur le sol glissant et ne pas rater le bon tracé. Plus loin, je débouchai sur un chemin descendant, en lacet, qui rejoint une vallée. Après avoir enjambé le ruisseau de Bernet, il faut suivre une piste carrossable, parsemée de feuilles mortes ; les premières cabanes aux volets fermés apparaissent, et la brume se leva enfin.

Le village Arrens se distingua à travers les feuillages. Ce village montagnard et pittoresque du val d’Azun (878 m) est associé au village Marsous ; ensemble ces deux hameaux forment la dénomination commune “Arrens-Marsous”. Ils sont le carrefour entre plusieurs départs de randonnées et d’excursion. A visiter aussi : l’arboretum d’Arrens-Marsous, aménagée sur un ancien pâturage abandonné en 1960 et entretenu par l’office national des forêts.

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Sans pénétrer dans Arrens, je suivais ses abords sur une route afin de récupérer à droite, une centaine de mètres après, le pont du Labadé. Magnifique pont en pierre. Au-dessous, bondissait le gave d’Arrens. A partir d’un sentier à gauche, je montai dans la forêt, longeant ainsi l’arboretum d’Arrens-Marsous. Ce chemin en lacets permet de rejoindre le col de Bordères (1150 m), au bout d’une heure, et d’éviter de prendre la route. Or en quittant la forêt pour m’avancer désormais sur le bitume, je voulus faire usage de mon pouce pour solliciter une aide providentielle. 19 heures approchaient à grands pas, nulle envie d’atteindre mon hébergement dans la nuit. Peu de passage de voiture sur cette voie routière ; je croisai seulement un camping-car qui ne s’arrêta pas. Je me résignai à effectuer quelques distances kilométriques supplémentaires avant de tenter ailleurs l’auto-stop.

A gauche, je m’enfonçais dans un sous-bois. Nouvelle montée éreintante. Mes jambes peinaient à me supporter, mon gros sac alourdissait mon avancée et m’épuisait. En amont de ce sentier, je gagnais une fois encore la route. Le col de Bordères était proche mais l’atteindre me décourageait. Le ciel s’assombrissait, la nuit descendait, une légère brume envahissait à nouveau la région. Mes épaules furent déchargées de mon sac, et mes affaires furent balancées sur l’herbe humide. Après une attente de cinq minutes, j’entendis un bruit de moteur en provenance d’Arrens. Je reprenais espoir. C’était une camionnette. Je me positionnai de sorte à être vu par le conducteur, et j’agitais mon pouce à son apparition. Miracle ! la camionnette commença à ralentir, puis à s’arrêter à ma hauteur. Je pris mes affaires et traversai la route pour parvenir à la place conducteur. Une femme était au volant, je lui indiquais ma destination ; elle connaissait le gérant de mon futur hébergement. Elle accepta ainsi de m’y conduire.

Je m’installai à l’arrière. Aucun confort ne m’entourait. Je dus rester debout et maintenir mon équilibre en m’appuyant sur les sièges avant. Le col de Bordères fut franchi en flèche et la vallée d’Estaing se profila vite à l’horizon. La nuit tombait lourdement. A quelques kilomètres du lac d’Estaing, que je devais rejoindre le lendemain, la camionnette prit à gauche sur une route montante et fit halte devant une maison. Nous étions au gîte d’étape Les Viellettes.

L’hébergement était plongé dans l’obscurité. Pas âme qui vive. Cette situation inhabituelle intrigua la conductrice. Elle grimpa un petit chemin pour traverser une terrasse éclairée d’une habitation. Une dizaine de minutes s’écoula. Elle revint. Elle venait d’apprendre par la soeur du propriétaire, qu’elle venait de quitter, que celui-ci reposait à l’hôpital suite à un accident de voiture. Pour cause, le gîte restait fermé. A nouveau, je dus improviser pour espérer obtenir un hébergement cette nuit.

J’ai rendu visite à cette soeur. Elle me semblait très embarrassée par la situation, non pas que j’apparaisse pour quémander une chambre mais à cause de l’accident qui bouleversait ses projets – elle habite dans une autre région et doit être contraint de rester à Estaing, sans pouvoir partir à son travail. Avec une inquiétude difficilement dissimulée, elle accepta d’ouvrir le gîte pour m’accueillir. Mais depuis sa fermeture, me dit-elle, le chauffage a été coupé. Ce fut ainsi dans un établissement froid, sibérien, que je pénétrai. A l’étage, elle m’indiqua ma chambre : un lit jouxtait la porte, tandis que deux lits superposés s’alignaient dans un coin. La salle de bain m’inspirait peu de confiance quant à son utilité à me procurer un peu de chaleur : l’eau chaude aussi avait été coupé. Je serais obligé de dormir sans chauffage, enfoui sous une tonne de couvertures. Je grelottai à l’avance.

Avec la femme, je tombai d’accord sur l’heure à laquelle elle me préparerait, le lendemain, mon petit-déjeuner. Pour ce soir, elle me proposa de m’apporter une assiette de soupe. J’acceptai, avec une certaine amertume. Quel triste spectacle ! Moi, assis seul dans une salle froide, face à une soupe qui refroidissait à vue d’oeil, et autour, dans le gîte, une affreuse solitude ; personne avec qui discuter. Que serait-il advenu si j’avais appris à l’avance l’accident de mon hôte ? Où serais-je allé, sinon à Estaing ? Que de questions sans réponse !

Je me couchai, en conservant sur moi mes vêtements de la journée et enroûlé dans deux couvertures.

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