Le désert de Monegros dans le nord de l’Espagne n’a peut-être pas encore les faveurs des amoureux des déserts comme le Sahara mais il est sûr. Pas d’Al Quaïda et un accès direct, rapide et pas cher par avion au départ de Beauvais. Voilà qui devrait changer la donne d’autant que les paysages des Monegros méritent largement le détour.
Monegros : un désert vivant en Aragon
Situé dans communauté d’Aragon, le désert de Monegros est une région semi-désertique coincée entre Saragosse et Huesca. Un périmètre de 2700 km² divisée en trois régions bien distinctes et ô combien différentes : un désert vert au nord qui concentre la majorité des villages et des cultures et une zone sud plus désertique séparée du nord par une sierra forestière culminant à 834 mètres.
C’est sous l’influence de Franco que le désert de Monegros a été repeuplé. Les plus démunis d’autres communautés ont reçu des terres et une maison pour s’installer dans les Monegros. Une quarantaine de village ont ainsi été monté sur pied sur le même modèle : larges rues rectilignes, maisons à un étage équipées d’une basse-cours pour y abriter le cochon et la vache offerte par Monsieur le dictateur. Pour distinguer l’origine des villages, il suffit de regarder le préfixe. Tout village commençant par Al est d’origine arabe comme celui d’Alberuela de Tubo non loin de la Gabarda.
Torrolonnes de la Gabarda
Deux itinéraires pédestres mènent à la fortification musulmane de la Gabarda. L’un part du village d’Alberuela de Tubo surplombé par d’anciennes fortifications musulmanes, l’autre démarre à Sodeto, coupe le canal del Flumen, rejoint le parc d’Aventure avant de s’enfoncer à travers les tours de pierre jusqu’à Rinco del Olivar, un champ d’environ 450 oliviers découvrant les ruines de la petite église de Usón.
Tout autour de nous, les Torrollones, ces pics isolés et souvent énormes, défient le temps avec leur incroyable verticalité. Voilà ce qui rend le secteur unique et attractif.
Autour de Tramaced et Piracés
Dans l’extrême nord des Monegros, deux belles balades peuvent s’envisager. La première au départ de l’ermitage de la Nuestra Senora del Pujol sur les hauteurs du village de Tramaced permet d’aller frotter ses Vibram sur la Serreta de Fraella, un plateau rocailleux menant à l’amphithéâtre du Rincon de Aguasca. Fréquenté par les vautours, il est aussi connu pour son rocher sédimentaire particulier surmonté d’un gland en calcaire. La vue porte de la grande plaine de grès parsemée de champs irrigués jusqu’à la sierra d’Alcubierre.
Toujours plus au nord, le village de Piracés permet de découvrir une large vallée peuplée d’oliviers au bout de laquelle une ancienne voie romaine est oubliée de beaucoup de monde sauf d’Eduardo qui connait la région comme sa poche. D’ailleurs, non loin des fortifications musulmanes qui surplombent le village, une pierre à sacrifices venue d’un autre temps profite à chaque instant du panorama sur la sierra de Alcubierre dont on distingue au loin les éoliennes.
San Caprasio et ses grottes troglodytes
San Caprasio est le point culminant des Monegros (834 m). On ne peut pas dire que cela soit une montagne spectaculaire mais à quelques centaines de mètres, des grottes creusées dans la roche accueillent toujours des ermites. Fermées par une porte, elles disposent du minimum de confort pour méditer quelques semaines ou mois : un lit, du gaz, un peu de vaisselle, un fil pour pendre le linge, un transat, une représentation de la Vierge et une Bible. Lorsque les grottes sont occupées, une pancarte « Respectez l’intimité, c’est occupé » est alors suspendue devant la porte.
En descendant sur la vallée, la randonnée se termine au sanctuaire de la vierge de la Sabina dont le camarille peint sans doute par le gendre de Goya recèle encore des impacts de balle d’affrontements ayant eu lieu pendant la guerre civile.
Le soir venu, c’est l’occasion de goûter aux spécialités locales : les migas sont un plat traditionnel rural qui consiste à faire revenir de très fines tranches de pain sec frottées à l’ail dans de la graisse de porc et qu’on accompagne de saucisses et de quelques fruits. Pour le dessert, s’il reste de la place, le farinoso, cette pâtisserie d’origine arabe à base de farine et d’eau, calera les plus gourmands. La gastronomie des Monegros n’est pas la plus raffinée mais elle a du cœur comme ses habitants.
Les Monegros, les Pyrénées et les romains
La formation géologique du désert des Monegros, similaire au désert des Bardenas, a débuté il y a 40 millions d’année lorsque les Pyrénées ont commencé à s’éroder et à créer des rivières, qui elle même ont fini par se creuser et à se vider. Les sédiments ont été transportés par les fleuves et les rivières avant de se déposer dans des lacs, qui se sont peu à peu transformés en roche par compactage.
Au IIème siècle après Jésus Christ, les forêts de genévrier thurifère parsemaient les Monegros (monts noirs). Les romains les ont complètement détruites pour utiliser les propriétés imputrécides de l’arbre et on entamé la désertification des Monegros. Aujourd’hui, quelques spécimens de genévrier thurifère presque millénaire se rencontrent ici et là dans la région.
Les tozales de Jubierre
Jubierre est l’emblème du désert de Monegros. C’est ici qu’on trouve les paysages les plus extraordinaires constitués d’un réseau important de ravins et ravines dominé par des tozales aux formes singulières. Le long de la piste qui traverse Jubierre, plusieurs itinéraires de randonnée permettent de partir à la découverte de ces pitons rocheux qui défient le temps. Tozal de la Cobeta, Tozales de los Pedregales, Tozal de Colasico, Tozal Solitario, Mirador oriental et Peňa Altar sont autant de buts à des balades extraordinaires. Eduardo est le seul à pouvoir organiser des bivouacs au cœur des tozales, voilà qui devrait plaire à de nombreux randonneurs.
Informations pratiques
Comment y aller ?
Le plus direct est d’utiliser le vol Ryan Air entre Beauvais et Saragosse. Sinon, la voiture est encore le moyen de locomotion le plus pratique si vous n’habitez pas le nord de la France en passant par la E7.
Avec qui partir ?
Planeta40 est une agence locale qui peut vous organiser votre voyage et vos randonnées à la carte dans le désert de Monegros mais aussi dans les Bardenas, Mallos de Riglos et la Sierra de Guara.
Quelle est la meilleure saison ?
Le meilleur moment pour découvrir le désert de Monegros est février (climat stable), le printemps (pour les fleurs) et l’automne. L’été est à éviter en raison des fortes chaleurs (40°C et plus).
Plus d’infos
- Comarca de los Monegros : www.turismolosmonegros.es
- Turismo de Aragon : www.turismodearagon.com
- Turismo Espaňa : www.spain.info
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.