Après une découverte à pied de l’île de Fogo en 2010, me voilà de retour au Cap-Vert quatre ans plus tard pour randonner cette fois-ci sur l’île de Santo Antão en compagnie de La Balaguère. Au moment de poser le pied sur l’île de São Vicente où était originaire Cesaria Evora, je me souviens de l’extraordinaire accueil que nous avions reçu des Cap-Verdiens. C’est sans aucun doute cette douceur de vie qui m’a fait revenir dans l’archipel. Après une nuit et une découverte rapide de Mindelo, la capitale de São Vicente, c’est en ferry que nous rejoignons Porto Novo, porte d’entrée de Santo Antão dans le sud de l’île.
La vidéo de la randonnée à Santo Antão
3 jours en itinérance dans le nord-est de Santo Antão
Cap en minibus vers le nord de l’île et le village de Coculi tout proche de la ville de Ribeira Grande. A peine débarqué du minibus, nous nous enfonçons dans une vallée verdoyante et croisons plusieurs trapiches, les distilleries traditionnelles du grogue, l’eau de vie locale. Forcément, on s’arrête à l’une d’entre-elles, on découvre, on déguste. Impossible de faire une halte à toutes les installations, on serait saoul très vite, d’autant qu’il fait très chaud. Le chemin nous mène à Caïbros où nous passons notre première nuit chez l’habitant.
La seconde journée, peu de kilomètres sont au programme. C’est que le chemin se limite à une montée et à une descente. Au milieu, le col de Cabo do Mocho. Toute l’ascension se déroule sous la menace de la pluie sur un bon sentier au milieu des agaves ; c’est parfois bien raide. La réputation des chemins de Santo Antão n’est pas usurpée. De l’autre côté du col, l’alizé a nettoyé le ciel et les nuages restent bloqués de l’autre côté du Mocho. Le midi, on fait une halte chez Johanna. L’accueil est chaleureux, même fraternel. Sa maison située au milieu des champs qu’elle cultive avec sa famille est aussi au pied d’un piton sans nom que les grimpeurs iraient bien astiquer. Dans l’assiette, on retrouve les produits du jardin et la fameuse cachupa, le plat national cap-verdien. A base de maïs et de haricots secs, il s’accompagne de toute sorte de légumes et de viandes. A chaque cap-verdien sa cachupa maison qu’on mange à tous les plats, y compris au petit-déjeuner.
Pour cette dernière journée dans le nord-est de l’île, nous longeons la côte au départ de Cha di Igreja jusqu’à Ponta do Sol. Le chemin en balcon taillé à la sueur des hommes longe l’océan. Quel changement radical de paysage avec les journées précédentes. Nous passons le village abandonné d’Arambas avant de nous arrêter dans un petit bar de Forminguinhas (les petites fourmies) pour le déjeuner. Un peu plus loin, entre le va-et-vient de la marée et au milieu de deux énormes rochers, nous scrutons les remontées à la surface des tortues marines. Pas facile à observer mais très excitant… Après avoir passé le col de Selada do Covo au terme d’une montée qui se mérite, nous plongeons vers le village coloré de Fontainhas considéré comme l’un des plus beaux de l’île.
Tous les chemins mènent au grogueLe grogue est une eau de vie cap-verdienne à base de canne à sucre apparentée au rhum agricole. Associé à la mélasse, le grogue se transforme en ponche (punch). On distingue quatre grandes étapes dans sa fabrication : la récolte de la canne à sucre, son pressage, sa fermentation et enfin sa distillation. Le grogue est à Santo Antão ce que le whisky est aux écossais. Les trapiches sont partout sur l’île et jamais très loin des sentiers. A Santo Antão, tous les chemins mènent au grogue. La moindre occasion est toujours bonne pour lever un verre. D’ailleurs à regarder de plus près les yeux vitreux des ouvriers agricoles, on comprend très vite qu’ils ne sucent pas que des glaçons. « Quand le grogue est fabriqué avec du jus de canne et pas du sucre ajouté, pas de mal de tête » lance Caline, notre guide. A la fin de la semaine, on a fini par le croire… |
Autour d’Alto Mira
Après une journée de marche dans la ribeira do Paul, la plus riche de Santo Antão, transfert vers Chã Queimado, le second village d’Alto Mira. Installé au pied d’un magnifique cirque montagneux, il fait face à une vallée plongeant dans l’océan. De la terrasse, on observe le jour qui décline et les étoiles qui scintillent à foison.
Direction la mer. C’est simple, il suffit de descendre la vallée d’Alto Mira composée d’une multitude de villages. Ici, le paysage est plus sec que dans le nord-est de l’île. Les montagnes et en particulier le Gudo de Cavaleiro (1810 m) font barrage aux nuages. Les villageois sont dans les champs pour la récolte des carottes ou entrain de piler du maïs. L’océan arrive comme une récompense même si cette fois-ci, on ne peut pas s’y baigner en raison de vagues trop dangereuses. Il reste une dernière grimpette avant de revenir sur Alto Mira II pour notre seconde nuit dans le village.
Pour finir la semaine en beauté, le chemin nous conduit au col de Forquinha à travers un dédale de roches volcaniques. La montée est courte et rude. Derrière la vallée de Cha da Morte s’égrène à perte de vue. Dans l’une des rares maisonnettes de la vallée, Caline nous arrête chez Francesca et Antonio, tous deux âgés de 82 ans. Antonio est dans ses champs lorsque nous arrivons. Il remonte les 100 mètres de dénivelé qui le sépare de nous et nous accueille les bras ouverts dans sa maison qu’il a construite de ses mains en 1966. Rapidement, la conversation s’anime, les verres se remplissent. Ici, le grogue est 100% artisanal. On le bois cul-sec. « Pénalty » scandent les Cap-Verdiens.
Informations pratiques
Comment s’y rendre ?
Vol direct Paris – São Vicente ou avec une escale à Sal avec la TACV ou la TAP. Pour trouver votre vol au meilleur prix, utilisez notre comparateur de billets d’avion.
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Avec qui partir ?
Cette randonnée d’une semaine a été réalisée avec la Balaguère, spécialiste des randonnées et des voyages à pied. La Balaguère propose 12 circuits accompagnés et en liberté au Cap Vert de 8 à 15 jours sur les îles de Santo Antão, São Nicolau, São Vicente, Santiago et Fogo.
Livres
- Petit Futé Cap-Vert
- Carte Cabo Verde Santo Antão au 1 :40 000 d’AB Kartenverlag
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.