Cap-vert : randonnée volcanique sur l’île de Fogo

Sur l'île de Fogo, une des îles les plus au sud de l'archipel du Cap-Vert, la randonnée est reine. Paysages lunaires, eaux turquoises, vallées verdoyantes, volcan et plages de sable noir s'y côtoient pour le plus grand plaisir des randonneurs.

Focus Rando :Cap-vert : randonnée volcanique sur l’île de Fogo
5 jours 2
Randonnée Etoile Chambre d hôtes, Chez l habitant, et Hôtel
Littoral et Montagne Janvier, Février, Mars, Avril, Novembre, et Décembre

De l’archipel du Cap-Vert…

Situé à 450 km à l’ouest des côtes du Sénégal, l’archipel du Cap-vert regroupe 10 îles et 8 îlots. Il est divisé en deux groupes selon l’exposition des îles aux alizés. Au nord, les îles du vent (barlavento) sont composées de Santo Antão, São Vicente, Santa Luzia, São Nicolau, Boa Vista et Sal et au sud les îles sous-le-vent (sotavento) regroupent Brava, Fogo, Santiago et Maio.

Lorsque j’ai annoncé à des proches que je partais en voyage au Cap-Vert, certains m’ont rétorqué : « pourquoi aller au Cap après la coupe du monde ? ».Si la géographie de l’archipel n’est pas encore connue de tous, il n’en n’est pas de même de sa musique et de son ambassadrice, Césaria Evora. C’est sans nul doute en grande partie grâce à la nostalgie des saudades et autres mornas de l’artiste que le tourisme s’est autant développé ces dernières années.

Les plus belles plages sont sur les îles de Sal, Boa Vista et Maio. Les deux premières îles sont le terrain de jeu du tourisme balnéaire. Maio est encore préservée. Deux îles sont propices à la randonnée : Santo Antão et Fogo. C’est sur cette dernière que nous allons.

… à Fogo

Après un premier vol de 6h00 pour rejoindre l’île de Santiago, et un second de 20 minutes entre les villes de Praia et São Filipe sur l’île de Fogo, l’aluguer, une camionnette faisant office de taxi collectif, grimpe sur les flancs du Pico Fogo, le plus haut sommet du Cap-Vert avec ses 2829 mètres.

Depuis la route en pavé qui monte vers le volcan, les premières coulées de lave solidifiées surplombent un hameau et ont recouvert d’anciennes cultures. L’aluguer poursuit sa route et entre dans la gueule du volcan. Le panneau du Parc Naturel de Fogo est là pour nous le rappeler.

Dix kilomètres plus loin, l’aluguer s’arrête au milieu d’un village. Chã Das Caldeira est notre point de chute pour les trois prochains jours de randonnée à la découverte du volcan de Fogo. Ma semaine de randonnée se fait avec Huwans Clubaventure.

Nous entrons chez Leopoldo Montrond qui loue quelques chambres. Derrière la façade en parpaings, on découvre un patio fleuri recouvert de cendres volcaniques. Nous nous installons dans les chambres toute simple lorsque la nuit recouvre l’horizon. Le générateur, acquis grâce aux revenus du tourisme, se met en marche. Ni eau chaude, ni électricité à Chã das Caldeiras, qu’on se le dise. Nous ne sommes pas à Sal. Les voyageurs viennent ici pour randonner sur les flancs du volcan, pas pour se dorer la pilule sur les plages ou sur le bord de la piscine.

Parc Naturel de Fogo
Le parc naturel de Fogo au Cap-Vert englobe le Pico de Fogo et l’esemble de sa caldeira

Le petit Pico et l’éruption de 1995

+ 350 m / – 350  m 4h30

Au réveil, nous découvrons Chã das Caldeiras à la lumière du jour. Il s’agit en fait de deux villages qui se jouxtent : Portela où nous dormons et Bangaeira. Une route recouverte de cendres volcaniques traverse les deux villages. De part et d’autres de la voie, les maisons, en parpaings ou en pierres de lave, se sont construites depuis le début du Xxe siècle. Voici comment…

A Chã das caldeiras, la plupart des habitants s’appelle Montrond. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, l’aristocrate Armand de Montrond fait escale au Cap-Vert pour se rendre au Brésil. Il n’en repartira jamais pour échapper à la police française. On lui attribue 12 femmes et une cinquantaine d’enfants.
En 1912, Manuel Da Cruz Montrond et Miguel Montrond, deux de ses enfants, partent en expédition avec des scientifiques portugais vers le Pico Fogo avec l’idée de construire des canalisations et résoudre les problèmes d’eau de São Filipe. Sur place, ils constatent que la végétation pousse grâce aux terres fertilisées par les cendres volcaniques et la brume. C’est le début de l’agriculture à Chã das caldeiras. En 1917, les premières familles Montrond fondent le village à l’intérieur du cratère, d’où le nom de Chã das caldeiras. Aujourd’hui, il est dit que 80% du village porte le nom de Montrond.

Nous quittons le village de Portela par les champs. Zé, notre guide capverdien, nous fait découvrir les cultures. Les plus nobles sont le café, réputé pour son arôme parfumé et riche, et les vignes à partir desquelles est produit le Manecom, un vin local très peu exporté. Depuis 1998, grâce à une coopération avec l’Italie, un vin de meilleure qualité est mis en bouteille.
Les terres volcaniques permettent aussi la culture du haricot, du ricin, de pommes de terre, du manioc ou encore de nombreux fruits (grenades, citrons, pommes, figues, coings…). C’est étonnant de voir ces cultures dans un environnement aussi aride.

Nous quittons les champs pour grimper sur le cratère du Petit Pico. Ce cône volcanique, bariolé de jaune (souffre) et rouge (fer), s’est créé en 1995 à l’occasion de l’éruption volcanique. Nous redescendons justement par les coulées de lave noire figées pour toujours. N’y a t-il pas plus belle sensation de fin du monde ?

Ascension du Pico Fogo

+ 1025 m / – 1025   m 5h00

L’ascension du Pico Fogo (2829 m) est le clou de la semaine de randonnée. Nous nous levons à l’aube. Le ciel est clair. Nous pouvons nous préparer à quitter le village de Portela avant de remonter la piste qui se dirige vers le volcan.

Le volcan est si large qu’on croirait le toucher en tendant la main. Il faudra 3h30 d’ascension pour arriver au sommet en grimpant par le dyke du volcan.
En chemin, nous nous retournons sur la caldeira. Le panorama sur les éruptions volcaniques du XVIIIe et XIXe siècle est tout simplement hallucinant.

Une fois en haut, nous profitons de la vue sur la caldeira et le cratère sommital pour manger un morceau. D’ici, on voit parfaitement les concours de la caldeira qui constitue auparavant le bord de l’ancien volcan. Il devait alors être gigantesque. Sans doute, pas loin des 5000 mètres de hauteur.

Les nuages montent en altitude. Il est temps de redescendre. Et le moins qu’on puisse dire c’est que le volcan est nettement plus facile et plus fun à descendre qu’à monter. C’est simple, il suffit de courrir dans les scories pour arriver en bas.

Pour le dernier soir à Chã das caldeiras, nous retournons à l’épicerie de Ramiro Montrond pour écouter la traditionnelle représentation musicale du village. Manecom, bières, cacahuètes accompagnent les mélodies capverdiennes. Mélancolie et joie se partage tout naturellement.

Descente sur Sao Jorge

+ 50 m / – 1200 m 7h00

La pluie qui tombe ce matin n’a d’égale que le déchirement qui accompagne notre départ de Chã das caldeiras. Allez savoir pourquoi, je me suis attaché à ce lieu, à ces gens que je ne connais pas.

Nous partons de la caldeira par la piste qui traverse le village de Bangaeira. Sarah, une adolescente de 17 ans, nous accompagne à travers la forêt d’Eucalyptus. Sur notre droite, la lave de l’éruption volcanique de 1951 assombrit un peu plus la mélancolie qui m’entoure. Certaines habitations sont figées dans la lave noire obligeant les occupants à construire de nouveau, ailleurs.

Sarah nous quitte. Elle se dirige vers la falaise. Je regarde la pente sans y voir de sentiers. Elle se met à escalader la montagne pour rejoindre son village sur les hauteurs de la caldeira. « Les habitants de ce village ont l’habitude de se déplacer ainsi » nous dira Ze.

La descente se poursuit à travers une végétation luxuriante. Quel contraste avec les paysages lunaires qui entourent le Pico Fogo ! Comme par magie, un arc-en-ciel déchire le ciel annonçant une fin d’après-midi plus clémente. Nous apercevons même la mer et le village de Campanas de Baixo.

Nous nous approchons de la côte par un joli sentier à travers champs. Des enfants transportant des herbes à fourrage nous dépassent ; plus loin, un cultivateur nous offre un pied de cacahuètes fraîches. La pluie revient avec force. Nous arrivons à Campanas de Baixo où un aluguer nous attend pour nous transférer à Sao Jorge.

Nous nous installons chez l’habitant. Il est prévu que nous dormions sur la terrasse mais il pleut des cordes. Nous délogeons donc nos hôtes qui partent dormir dans la famille. Les hommes d’un côté et les femmes de l’autre s’installent dans une chambre unique en disposant des matelas sur le sol. C’est assez rudimentaire et spartiate mais ça n’est pas pire que dans le désert ou dans un refuge, et finalement c’est assez rigolo. Pendant que les uns font la chasse aux petites bestioles (araignées, cafards…), les autres finissent leur bière ou fument leur cigarette. Elle est pas belle la vie ?

Balade le long de l’océan et baignade

+ 250 m / – 250 m 1h30

Tout le monde a bien dormi. Aujourd’hui, c’est petite rando et grosse baignade. Le temps s’est plutôt bien remis et c’est le cœur léger que nous descendons sur la plage de Puntas dos Salinas où les coulées de lave successives ont formé une piscine naturelle. Sable noir, arche naturelle, roches volcaniques invitent à la baignade. Contrairement aux autres plages de l’île de Fogo, celle-ci permet de se baigner sans danger.

Les pêcheurs n’ont pas pu partir en mer. L’océan est trop agité au large. Ils pêchent donc sur le bord des rochers et nous montrent leurs prises : une langouste, un mérou, de petits poissons exotiques et quelques crustacés. Pas de quoi nourrir une famille mais c’est toujours mieux que rien !

Un aluger nous conduit à São Filipe, la capitale de Fogo, où nous restons une nuit. Il est plaisant de flâner dans les ruelles de São Filipe, la plage de sable noir est aussi mignonne avec ses vagues à décorner un boeuf mais les habitants désertent la ville le week-end. Elle ressemble alors à un vaisseau fantôme.

De Fogo, je garde en mémoire des paysages lunaires extraordinaires, un vin étonnant (pas le Manecom mais le vin mis en bouteille à la coopérative), une musique émouvante mais surtout des sourires et des visages d’une gentillesse sans égale. On va à Fogo sans trop savoir à quoi s’attendre et en on revient conquis juste par sa sincérité.

Informations pratiques

Carte d’identité du Cap-Vert

Les iles du Cap Vert en chiffres :

  • Superficie : 4033 km²
  • Capitale : Praia (Ile de Santiago), 60 000 habitants (1990)
  • Iles de l’Atlantique situé entre les latitudes 14°48′-17°12′ nord et les
  • longitudes 22°44′-25°22′ ouest, d’origine volcanique, et divisées en deux groupes :
  • Groupe des îles Barlavento (“au vent”)
  • Santo Antão 779 km²
  • Boa Vista 620 km²
  • São Nicolau 343 km²
  • São Vicente 216 km²
  • Sal 216 km²
  • Groupe des îles Sotavento (“sous le vent”)
  • Santiago 991 km²
  • Fogo 476 km²
  • Maio 69 km²
  • Brava 64 km²
  • Population : 336 798 habitants (recensement de juin 1990)
  • Langue officielle : portugais
  • Langue nationale : créole
  • Monnaie : Escudo capverdien
  • Religion dominante : catholique (plus de 80%)
  • Président : Pedro PIRES
  • Régime politique : République pluraliste
  • Taux de croissance du PIB : 5,7% (1981-1989)
  • Activités économiques : Agriculture, élevage, pêche ; Industries agroalimentaires, confection, pharmacie, métallurgie
  • légère ; Services portuaires, aéroportuaires, tourisme.
Plantation, Fogo
Les terres volcaniques du cratère du volcan Fogo permettent de cultiver la vigne, le haricot, la tomate, la manioc, le ricin ou encore les pommes de terre.

Climat

Tropical sec, parfois venté. 24° en moyenne de fin octobre à avril, la période la plus propice pour marcher. Certains nuits peuvent être fraîches au milieu de l’hiver (janvier).

Quel souvenir acheter au Cap-Vert ?

Des morceaux de musiques capverdiennes, du grog (rhum) et du punch, du café et du vin de Fogo, du thon en boite… et des souvenirs pleins la tête !

Avec qui partir ?

Huwans Clubaventure organise un voyage d’une semaine pour découvrir l’île de Fogo dont trois jours autour du volcan avec nuits à Chã das caldeiras. D’autres circuits de 8 et 15 jours permettent de découvrir les autres îles dont celle de Santa Antão.

Difficulté

Les randonnées ne présentent pas de difficultés particulières. L’ascension du Pico Fogo présente toutefois un terrain plus délicat à passer et la descente sur Sao Jorge est longue.

Livres de voyage

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